De la haine à l’indifférence

images[5]Pendant 5 ans, Nicolas Sarkozy a subi un torrent de haine et d’insultes sans précédent pour un chef de l’Etat, de la part des extrêmes, des socialistes et même de son propre camp. On se souvient des unes de magazines –  « nul », « fou », « voyou »-  de cet incident ultra-médiatisé au cours duquel un homme refuse de lui serrer la main au prétexte que « tu sens mauvais », de cette institutrice affichant en classe une caricature du chef de l’Etat comme représentation du « méchant » et de tous les pamphlets rageurs qui s’entassaient dans les vitrines des librairies. La raison principale de ce grand lynchage collectif, de la part des élites et non du peuple, tenait au modèle de dirigeant que Nicolas Sarkozy tentait d’incarner, avec ses forces, mais aussi ses faiblesses et ses erreurs, un modèle fondé sur le volontarisme, l’action, le mouvement, et surtout, l’ordre, l’autorité, l’intérêt national, devenus des principes insupportables à tant de milieux bienpensants. Avec François Hollande, c’est tout autre chose. Nulle raison de le haïr pour sa personne: le caractère est affable, accommodant, sympathique. Il n’a pas vraiment de projet politique à long terme, ni, jusqu’à présent, de velléité de réforme douloureuse. Il ne veut pas se faire d’ennemi, ménage à peu près tout le monde en dehors de l’ex-président et son entourage, le rejet de ces derniers tenant lieu chez lui de « mythe fondateur ». Un autre danger le guette pourtant, pire que la détestation, celui de l’indifférence, du désintérêt général. « Avec 2,8 millions de téléspectateurs, François Hollande a réalisé, dimanche 16 juin, l’un des plus mauvais résultats d’audience de « Capital » sur M6 » trouve-t-on sur le site du Nouvel Observateur ce matin. Un président ressenti comme sans relief, sinon ennuyeux, transparent, ignoré des Français, qui changeront de chaîne en le voyant apparaître sur le petit écran, dans une pays rongé par le chômage des jeunes, la désindustrialisation, une violence endémique et le chaos de ses banlieues. Que peut-il en sortir ? Quand on est chef de l’Etat, au regard de l’Histoire, mieux vaut probablement susciter la haine que l’indifférence.

[Merci infiniment aux éventuels intervenants pour la modération du ton de leurs propos, qui ne fait qu’ajouter à leur intérêt et représente une condition vitale à la survie de ce blog…]

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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53 commentaires pour De la haine à l’indifférence

  1. brink dit :

    En regardant François Hollande, le verbe et le geste embarrassés, répondre aux questions du journaliste de « Capital » par des « alors là, justement, on va faire que », on n’avait pas l’impression de voir le président mais un vague « cadre sup » qui s’employait à justifier un plan social…

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  2. koufra dit :

    Qu’est ce qu’une nation
    * Sans monnaie,
    * Sans armée, sans politique etrangère propre à ses intérêts,
    * Sans pouvoir législatif, avec un pouvoir éxécutif restreint,

    Si on rajoute aux 27 états désunis d’Europe, les Etats Unis d’Amérique… Nous ne serons plus que ce que la Syrie était à l’Empire Français, un protectorat.

    On ne peut reprocher aux USA de défendre leurs intérêts, par contre on peut s’interroger sur notre incapacité à défendre les notres.

    Si on finit par subdiviser l’Europe en région, c’en sera finit des Nations et le vieil adage s’appliquera : « Diviser pour mieux régner ».

    Il me parait impossible que la France accepte cela. François Hollande presente comme une victoire le fait d’avoir ‘sauver’ l’excepion culturelle francaise mais passe sous silence que le projet de zone transatlantique n’a aucun mandat du peuple et que pour TOUT le reste, nous allons céder (y commpris probablement la PAC).

    vae victis….

    Amitiés

    Koufra

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  3. JD75 dit :

    Cher Maxime,
    Il y a une nuance de taille entre une France s’estimant seule au monde et une France qui défend ses intérêts propres sans les subordonner à ceux des autres – ils s’en chargent; merci pour eux! – ni se soucier du qu’en dira-t-on.
    Nous avons maints et maints exemples sous les yeux où l’impossibilité d’un accord de fond entre nations souveraines a laissé le champ libre à une bande d’intrigants et d’incapables qui ont été très rapidement corrompus ou stipendiés pour mener des politiques qui n’étaient finalement profitables qu’à des tiers illégitimes (je viens en une phrase de vous résumer l’histoire de l’UE depuis quarante ans; vous pourrez creuser ce sujet un écoutant François Asselineau, qui en rajoute peut-être un peu dans la gestuelle, mais dont le discours est factuellement exact : http://www.u-p-r.fr/ ).
    Donc, quand Annick – ou vous même, dans une certaine mesure – évoquez la nécessité d’une solution collective, voire mondiale, d’intégration, etc., etc. j’appelle simplement votre attention sur le fait qu’elle est illusoire car le ver est dans le fruit. On ne trouve pas une solution à un problème avec les modes de raisonnement et les équipes qui ont causé le dit problème. Et on n’a probablement pas le temps de réinventer la roue…
    Pendant près de quinze siècles, la France a défendu ses intérêts propres, dans des situations au moins aussi compliquées que maintenant au regard des normes de l’époque, et cela ne l’a nullement empêché de commercer ni de rayonner. Il ne me semble pas que la France de Louis XIV, ni même celle de Louis-Philippe ou du général de Gaulle, était assimilable à l’Albanie d’Enver Hodja… C’est pourtant bien ce genre de caricatures qui est opposé à toute personne parlant de « France d’abord ! ». Ce que l’on faisait encore couramment dans les années 1960, avant les trahisons successives des « zélites mondialisées », qu’est-ce qui empêche objectivement d’en reprendre le chemin? les multinationales et les banques? quelle est leur légitimité au regard de la puissance publique soutenue par le peuple?

    Je dirais même au contraire que plus la France est indépendante plus elle est respectée, dût-elle aussi agacer. Récemment encore, on se souviendra du prestige d’un Chirac opposant – à bon escient – un refus aux Américains en 2003, à comparer au mépris indifférent qui a accompagné dans les chancelleries l’alignement servile et misérable d’un Sarkozy sur les vues de Washington.

    Bien cordialement,

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  4. Annick dit :

    Bonjour JD75,

    Attention, c’est presque de l’Attali dans le texte, et c’est bien ce que l’on tente de vous faire avaler : il faut une reconstruction mondiale, un « nouvel ordre mondial », après, pourquoi pas, un petit chaos mondial des familles juste un peu provoqué; et pour cette reconstruction, il faudra un gouvernement mondial avec des « zélites » mondiales, par exemple hiérarchisées exclusivement selon leur fortune, peut-être ?
    C’est exactement le programme dont on veut vous convaincre à longueur de désinformation (excepté pour les zélites; elles ne vont pas vous dévoiler leurs petits secrets, quand même)…

    Ciel ! Voilà que je fais de l’Attali dans le texte ! 🙂
    Preuve que, quand l’auteur d’un post écrit, il suit son idée. Idée pas forcément assez explicite pour celui qui la lit et la traduit, lui aussi, selon son propre cheminement.

    Il s’agissait d’un sujet précis, qui touche à la finance, à la corruption qu’elle induit, aux filières organisées de telle sorte qu’il est impossible d’y mettre de l’ordre sans la coopération et la volonté de tous les pays, puisque cette organisation est mondiale (y compris aux USA, avec le Delaware, paradis fiscal) et s’appuie sur les règlementations de chacun des pays qu’elle utilise, pour contourner les règlementations de ceux qu’elle spolie.
    Encore que, il y aurait beaucoup à dire sur la spoliation qu’infligeraient les paradis fiscaux, que, seuls, les enfers fiscaux suscitent. Si certains pays ne tondaient pas leurs contribuables, ceux-ci ne chercheraient pas à mieux protéger le fruit de leur travail et leur patrimoine.

    J’étais loin d’appeler à un gouvernement mondial. Quelle horreur !
    Un « petit chez-soi » me va très bien. Je ne me sens pas « citoyenne du monde », ce qui ne signifie pas non plus que je sois fermée aux autres, aux échanges internationaux qui relèvent de la liberté de chacun, liberté d’aller et venir, liberté d’entreprendre…
    Mais « liberté » appelle « responsabilité ». C’est bien cette responsabilité des gouvernants qu’il faut appeler pour que chacun des pays, chez lui, reprenne en mains cette finance devenue folle et que, tous ensemble, ils s’accordent sur des règles précises.
    Ce n’est pas possible autrement, mais ça ne va pas être facile, les résistances sont nombreuses, les déclarations pas toujours franches, les lobbies puissants. Alors oui, la tâche est ardue et… mondiale !

    Maxime, je redonne ici le lien de la vidéo perdue :

    Bien à vous,

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  5. Gérard1 dit :

    Bonjour Maxime, bonjour à tous

    De la haine OUI, de l’indifférence NON

    http://generationgav.wordpress.com/

    On ne peut rester insensible à ça. Pour un gouvernement qui a voulu rassembler, JAMAIS les français n’ont étés aussi divisés. (Et une pensée particulière pour Nicolas) 4 mois de prison dont 2 ferme, et simple remontrance pour les voyous du RER D .

    Mes amitiés Maxime, et à tous

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  6. Frederic_n dit :

    Je remercie Maxime pour sa réponse .
    Mais je voudrais en appeler à la lucidité à ceux des posteurs qui généralement sont hostiles à l’Europe pour remarquer que nous venons de vivre à une véritable leçon de chose avec la récente déclaration de Hollande sur les retraites ( engros il dit qu’on ne touchera pas aux avantages des fonctionnaires .. comme on pouvait s’y attendre)

    Pour ce faire Hollande s’est appuyé sur …. vous .
    C’est désormais simple lorsque vous êtes un homme politique actuel et que donc vous rejetez l’intérêt national ( qui passe par l’europe) au profit d’une approche purement électroraliste. Il s’agit de se mettre dans une situation de dépendance ou si vous voulez d’irresponsabilité, dans laquelle on ment – mais en faisant plaisir au peuple – en vilipendant le pouvoir bureau cratique de Bruxelles. Comme on aime cela , y’a pas de risque. Ce faisant et au lieu d’être le responsable de la Nation, on se met dans une attitude de négociation / mobilisation : celle qui plait toujours au peuple ( enfin à l’image du peuple qu’on véhicule dans ce pays) . Indépendance nationale, non à Merkel , l’euro et bla et bla et bla : il suffit de vous lire, cela marche, on y croit même à droite .
    Ce point acquis on va « arracher ces revendications  » à ceux à qui on a délégué le pouvoir ( aux Bruxellois) comme jadis la CGT arrachait ses revendications au pouvoir national . Et bien sûr on va vous expliquer que l’on n’a pas cédé à Bruxelles puisque .. les fonctionnaires sont protégés. Et hop le tour est joué

    Je suis désolé de vous le dire en face : relevant du régime du privé je suis lésé par les réformes des retraites qui privilégient toujours le public. Il y avait une fenêtre de tir pour rectifier la chose
    Vous par vos discours antieuropéens avez contribué à la fermer.
    Je ne vous remercie pas

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    • frédéricN, pourquoi, vous ne nous remerciez pas? c’est une discussion conviviale où toutes les opinions s’expriment… Bien que fonctionnaire, je suis entièrement d’accord avec vous sur le fait que l’inégalité entre les retraites du public et du privé est un scandale honteux, une monstrueuse inégalité. Mais je ne vois pas en quoi l’Europe, je veux dire Bruxelles, pourrait être d’un quelconque secours là dessus. La Commission europénne est faite de 40 000 fonctionnaires qui bénéficient de régimes de rémunération, fiscaux et de retraite encore bien plus avantageux que celui de nos fonctionnaires nationaux. Il ne faut pas compter sur eux pour mettre le doigt sur le scandale des inégalités de statuts entre le privé et le public: ce serait scier la branche sur laquele ils sont assis. Les seules responsabilités à cet égard se situent en France et les politiciens français sont seuls coupables, soit par lâcheté, soit par démagogie, de laisser perdurer un tel scandale.
      Maxime

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  7. JD75 dit :

    Bonjour Maxime, Bonjour Annick,

    Annick, je vous cite: « Maxime a raison il faut tout reconstruire. Mais la tâche est ardue, parce que… mondiale ».
    Attention, c’est presque de l’Attali dans le texte, et c’est bien ce que l’on tente de vous faire avaler : il faut une reconstruction mondiale, un « nouvel ordre mondial », après, pourquoi pas, un petit chaos mondial des familles juste un peu provoqué; et pour cette reconstruction, il faudra un gouvernement mondial avec des « zélites » mondiales, par exemple hiérarchisées exclusivement selon leur fortune, peut-être ?
    C’est exactement le programme dont on veut vous convaincre à longueur de désinformation (excepté pour les zélites; elles ne vont pas vous dévoiler leurs petits secrets, quand même)…

    Maxime, je reprends dans le même ordre d’idée votre réponse à un précédent mien commentaire: « je pense qu’il existe un patriotisme compatible avec l’ouverture et le rayonnement international ». Je suis bien d’accord avec vous dans l’absolu, même si, après avoir beaucoup voyagé autrefois, je reste sceptique sur la plus-value de « l’ouverture » tant vantée par nos médias; ou plus exactement, si la connaissance des autres cultures peut être positive, comme toute connaissance, je me garderai bien de confondre connaissance et mélange, alors que c’est bien ce que tente de nous faire croire la doxa politico-médiatique.
    Face, donc à ce souhait « d’ouverture », je rappellerai à qui veut bien l’entendre qu’autrefois, quand la nation était en danger, la première chose que l’on faisait était de passer le pays en état de siège avec fermeture quasi-complète des frontières. Il est bien entendu, comme l’expliquait justement M. Valls, que l’ennemi est à l’intérieur. Je me garderai cependant de « stigmatiser » (marque déposée) les mêmes personnes que lui, nos susdites islamo-racailles – auxquelles le régime ne s’attaque d’ailleurs nullement sérieusement, comme l’impressionnante liste des faits divers et des relaxes en justice à géométrie variable le prouve – n’étant que l’aboutissement de l’œuvre d’autres ennemis intérieurs du peuple français, ô combien plus puissants, qui portent beau le costard-cravate, passent beaucoup de temps dans les aéroports et délivrent au pouvoir officiel feuilles de route, appuis médiatiques et financements de campagnes…

    Tout ceci pour dire qu’il faut assurément d’urgence que le vieux peuple de France nettoie « ses » écuries d’Augias, mais que s’il veut préserver sa simple existence, il faut qu’il se borne d’abord à son périmètre national, ce qui implique en premier lieu le colmatage d’un certain nombre de brèches béantes, car aucune solution supra-nationale autre que celle de ses ennemis ne pourra voir le jour, les instances internationales étant déjà noyautées de longue date. « L’ouverture », pourquoi pas, mais on verra après, une fois le périmètre réaffirmé et assaini…
    A chacun son troupeau, et les vaches seront bien gardées.

    Bien cordialement,

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    • jd75, il me semble que l’idée de la France seule est totalement mythique, les enjeux réels concrets, sont en partie imbriqués à l’échelle européenne et mondiale. D’ailleurs, la France seule, cela n’a jamais existé. Cela n’empêche pas l’existence d’une nation qui ambitionne de conduire son destin mais cela oblige à tenir compte de la réalité « globale ».
      Maxime

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  8. Koufra dit :

    Lorsque nous renoncerons a l’arme atomique, c’en sera finit de l’indépendance, voir de l’existence de la France en tant que nation.

    Le sujet sera amené sur la table d’ici la fin du mandat de Hollande.

    Je ne nie pas qu’il ait du hasard et de la lâcheté mais je reste persuadé que cela suivent la force.

    par ailleurs nous sommes bien d’accord que si les USA chutent, nous aurons a faire a d’autres puissances…. Dont la main forcera probablement plus les décisions.

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    • koufra, la logique du fédéralisme, c’est bien le transfert intégral de la défense (donc la dissuasion nucléaire) les affaires étrangères et la monnaie transférée à l’Etat fédéral. pour la monnaie, c’est déja fait. Pour les 2 autres, je me suis toujours demandé si les partisans du fédéralisme en étaient conscients.
      MT

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  9. elkana dit :

    Maxime, je ne pense pas que les millions de Français méprisés au cours des manifs pour tous soient indifférents. Il faut même espérer qu’ils n’oublieront pas.

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  10. Koufra dit :

    On peut avoir deux visions des choses, soit les choses procèdent du hasard et de la lâcheté soit, c’est organisé.

    La régularité, la récurrence, le fait d’aller systématiquement contre le bon sens, tout cela ne plaide pas pour le hazard.

    L’Europe est a mon sens un outil de mise sous tutelle delà part l’empire américain d’occident.

    Les élites locales sont sélectionnées dans ce. but, faire passer cela lentement pour éviter la rébellion de la population et que les abandons de souverainetés soient faits par des locaux, si possible que cela soit vote par le peuple, sinon tant pis on fait passer par l’assemblée.

    Militairement intégration forcée dans l’OTAN, dans ce qui oblige a en adopter les normes, par économie d’échelle, obligation d’être au niveau, on finit par réduire la taille de l’armée, réduire la taille de l’industrie d’armement et devenir dépendant.

    On peut accuser l’Europe mais c’est globalement que le changement s’opère, sans la collaboration active de certaines élites, rien ne serait possible.

    Ce n’est pas un diktat puisque c’est un jeu de dupe, les politiques utilisent Bruxelles pour se cacher de leur propre responsabilite.

    Combien de temps avant que pour des raisons budgétaires, nos politiques renoncent a la force nucléaire purement et simplement ou mutualise cette force au niveau européen avant intégration politique de la zone transatlantique ?

    Amitiés

    Koufra

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    • Koufra, personnellement, je crois beaucoup plus aux forces du « hasard et de la lâcheté », comme vous le dites si bien, qu’à une sorte de projet global organisé.
      Maxime

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