Humour ou propos criminels?

Le Monde: « Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche 12 mai pour protester contre « la répression de l’insolence et de l’humour » après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre « des menaces » qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.[…]

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi 6 mai au soir un préavis de grève pour dimanche. C’est le jour où est diffusée l’émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d’ordinaire Guillaume Meurice

L’humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l’attente d’une éventuelle sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benyamin Nétanyahou tenus à la fin d’octobre. Il avait comparé le premier ministre israélien à une « sorte de nazi mais sans prépuce », ce qui lui avait valu des accusations d’antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.« 

C’est toute la question de la liberté d’expression et de ses limites qui est posée ici. La liberté d’expression n’est jamais absolue : diffamation, injures publiques ou appel à la violence et au meurtre. L’humour en question franchit allègrement les limites de l’immondice et rappelle justement la barbarie nazie et la manière dont les SS s’y prenaient parfois pour identifier les Juifs. Ce qui est certain, c’est que la règle doit être la même pour tous: ce n’est pas la personnalité ou l’identité idéologique de l’auteur de propos criminels qui doit prévaloir mais la nature même des paroles en question quel qu’en soit l’auteur. Bref, le fait d’être un humoriste prétendument de gauche à France Inter ne vaut pas immunité. Le traitement doit être exactement le même, que les paroles viennent d’un bienpensant de gauche ou d’une personnalité classée à droite ou extrême droite. Imaginez le tollé absolu si la même déclaration ordurière, ouvertement antisémite, procédait de …….. Les défenseurs de Guillaume Meurice, au nom de la liberté d’expression, seraient les premiers à s’indigner et à réclamer un juste châtiment.

MT

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Splendeurs et misères de la courtisanerie

Radio-France: « En toute discrétion, puisque le rendez-vous ne figurait pas à l’agenda officiel, le couple Macron a reçu à sa table plusieurs figures de la Sarkozie ! Dans le Salon des ambassadeurs de la présidence, là où se tient chaque semaine le Conseil des ministres, le président et son épouse ont longuement dîné avec, entre autres :

  • l’ancien sénateur Les Républicains Pierre Charon
  • l’ex-patron de la police nationale Frédéric Péchenard
  • l’ancien communicant de Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier
  • mais aussi Hervé Marseille, éminent sénateur centriste.

Quelques minutes plus tôt, Pierre Charon avait reçu des mains du chef de l’État les insignes d’officier de la Légion d’honneur […] Sans surprise, les discussions ont porté sur la suite du quinquennat et surtout sur l’après Européennes […] Comme l’ancien président, tous pensent qu’Emmanuel Macron n’a pas d’autre choix pour échapper à l’enlisement de son mandat que de sceller un accord avec la droite. Le chef de l’État en parlait d’ailleurs aussi le 7 mars lors d’un autre dîner secret, cette fois-ci avec Gérard Larcher, le président LR du Sénat… Le score prédit à François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes n’étant pas glorieux, il s’agirait pour le président de racheter les LR à la baisse. Possible déroute de la droite le 9 juin…« 

Sauf à être une sorte d’Ayatollah de la vertu, un genre de Robespierre fanatisé, les ententes et les compromis électoraux ne sont évidemment pas interdits en politique. D’où la sempiternelle question d’un accord entre « la droite » et la macronie qui se pose depuis 2017. Pour autant, ce sujet ne doit pas relever de l’entre-soi, d’une décoration remise dans les prestigieux salons de l’Elysée qui flatte l’ego, d’un dîner offert sous les dorures du salon des ambassadeurs… Une entente politicienne doit se fonder sur l’intérêt général. Bref, la question n’est pas celle du menu de gala et des vins servis l’autre soir, ni de l’émotion du récipiendaire. Elle est celle du bien commun.

Autrement dit, les sarkozystes sont-ils satisfaits de la politique menée depuis sept ans et des résultats obtenus en matière de dette publique, de politique sociale, de logement, de sécurité, d’immigration, de commerce extérieur (industrie), d’inflation et de chômage, d’énergie, de santé, de libertés publiques, de prélèvements obligatoires, de bon fonctionnement de la démocratie, d’exemplarité, de confiance populaire, de diplomatie européenne et internationale? Ils ont parfaitement le droit d’en être satisfaits. Et sur cette base, dans tous ces domaines, ont-ils un projet commun, avec la macronie, pour poursuivre la transition ou transformation (sic) du pays? Si la réponse est oui sur ces différents points, ils ont en effet raison de vouloir se fondre avec elle pour profiter de sa popularité dans le pays. Si la réponse est non, cela signifierait qu’ils se sont comportés, l’autre jour, comme des courtisans. Et des imbéciles s’ils pensent sincèrement que ce genre de spectacle de l’entre-soi est de nature à faire obstacle à la poussée lepéniste (et plus généralement, au climat de défiance envers la politique).

[NB: j’ai moi-même fait un bout de chemin de sept années avec la « sarkozie », dans l’espoir de servir mon pays; inutile de dire que je ne me reconnais en rien dans l’attitude de mes anciens amis que j’ai connus mieux inspirés].

MT

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Pourquoi la disparition de Bernard Pivot nous attriste autant

Bernard Pivot animait l’émission Apostrophe dans les années 1970 à 1990. Elle était un rituel du vendredi soir de 21H à 23H sur France 2, un moment de pur bonheur télévisuel, tel qu’il a entièrement disparu, sur les grandes chaînes nationales en tout cas ou d’information en continu. S’il fallait allumer sa télévision une fois dans la semaine à l’époque, c’était pour Apostrophe. Bernard Pivot incarnait la curiosité intellectuelle de l’honnête homme (ou femme) au sens du XVIIe siècle.

Son émission consistait à présenter des livres récents de littérature, de réflexion ou d’histoire, dont il recevait les auteurs. Elle avait un immense succès et les ouvrages présentés se vendaient à des dizaines de milliers d’exemplaires. Bernard Pivot entretenait un climat d’échange et de réflexion autour des livres qu’il présentait, et parfois créait l’événement (révélation de la véritable identité d’Emile Ajar, prix Goncourt qui n’était autre que Romain Gary).

Chez lui ne se trouvait pas l’once d’un donneur de leçons, d’un fanatique ni même d’un partisan – nul ne savait pour qui il votait par exemple. Impartial, il posait des questions, s’intéressait aux auteurs et à leurs livres, pas à lui-même, s’effaçait dès qu’il pouvait derrière la discussion. Ainsi, il était aux antipodes de la vie médiatique dominante de 2024: hystérique, superficielle, nihiliste, narcissique et vaniteuse. Pour ceux qui ne l’ont pas connue, rien ne ressemble moins à un débat de prétendus experts, vaniteux et arrogants, sur LCI ou BFM, que l’émission Apostrophe. Bernard Pivot représentait l’intelligence au sens le plus noble du terme: le questionnement, la pensée et la passion de la beauté littéraire.

En plus, il était bon vivant, humble, gentil, sympa, tout simplement.

Souvent, je me suis demandé pourquoi une émission telle qu’Apostrophe n’avait jamais été reprise depuis une trentaine d’années même sous une autre forme. L’absence d’un talent équivalent? Sans doute, mais cette réponse est insuffisante car des personnalités cultivées, bosseuses et intelligentes (toujours dans le même sens de la curiosité intellectuelle), il s’en trouve sans doute, quand même… L’abêtissement général, l’effet de l’effondrement scolaire dans le pays, en raison duquel cette émission n’aurait plus aucun succès en termes d’audimat? Peut-être en partie, mais l’explication est insuffisante car une partie du public qui faisait le succès de Bernard Pivot est toujours de ce monde… Plus grave sans doute: une telle émission, qui poussait les Français à lire et réfléchir – plutôt qu’à s’exciter – serait finalement peu conforme aux objectifs de la « France dite d’en haut », la France dirigeante ou influente, médiatique, financière ou politique: une France populaire qui lit et pense est moins propice aux manipulations en tout genre.

Non, ce n’est pas de la nostalgie, ni même du « c’était mieux avant » de le constater tout simplement: l’esprit Pivot a disparu, comme assassiné… La France dite « d’en haut » a dernièrement tenté de l’entraîner dans une polémique au sujet d’une émission en 1975 où il n’avait pas su empêcher Daniel Cohn Bendit de proférer des ordures pédophiles. Or, c’est tout le contraire: le présentateur d’Apostrophe ne censurait jamais le contenu des propos, cultivant la liberté d’expression et la responsabilité, il avait le mérite de dévoiler des pratiques répugnantes et criminelles, mais à l’époque, le leader révolutionnaire de mai 68 était une sorte de vache sacrée – qu’il est demeuré sous d’autres formes et toujours influent dans les allées du pouvoir… Cette polémique injuste a sans doute gâché les dernières années de Bernard Pivot. Il faut y voir l’ultime soufflet d’une époque abêtie et nihiliste envers un homme d’honneur et d’intelligence.

MT

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Qu’est-ce qu’un président de la République?

La France n’a plus de chef de l’Etat depuis belle lurette. C’est une erreur d’appeler président de la République ou chef de l’Etat le personnage qui, de quinquennat en quinquennat, surtout les derniers, occupe la place à l’Elysée. Son rôle, implicitement confié par la puissance médiatique qui l’a mis en avant pour le placer à l’Elysée, est d’occuper les esprits à n’importe quel prix, d’attirer l’attention sur sa personne au prix de mille contorsions et délires verbaux, manipulation des peurs, de l’indignation ou de la quête d’une idole qui caractérise la médiocrité ambiante. Tel est sa mission implicite: capter quotidiennement les regards voir plusieurs fois par jour pour les détourner d’un processus d’effondrement de l’intelligence, de la culture, des paysages (cf billet précédent), de la solidarité, des équilibres financiers, de l’Etat, de l’indépendance nationale, des frontières, de l’esprit d’unité, de la puissance technologique et du rayonnement international… C’est à cela que sert, avant tout, aujourd’hui un (e) occupant (e) de l’Elysée, quel(le) qu’il (elle) soit dans la pratique actuelle, à force de coups de menton vaniteux, avec la collaboration active d’une floppée de petits courtisans crétins et serviles placés dans tous les cercles d’influence. Or, un chef de l’Etat, c’est tout autre chose dans la tradition française, monarchique ou républicaine. Il est une autorité intellectuelle et morale, au-dessus de la mêlée, au service du pays, lui proposant un cap, incarnant la continuité et l’unité de la France. Sadi Carnot, Loubet, Fallières, Raymond Poincaré, Gaston Doumergue, Vincent Auriol, René Coty puis dans un autre style Charles de Gaulle, Georges Pompidou, furent des chefs de l’Etat dignes de ce nom. Un président doit être intelligent (au sens de visionnaire, pas de manipulateur), cultivé, connaître son histoire à la perfection (puisqu’il l’incarne), d’une parfaite éducation, relativement discret pour préserver l’autorité de sa parole. Il doit connaître et aimer passionnément le peuple dans son ensemble, le lui faire sentir et lui inspirer la confiance et l’esprit d’unité, le rassurer plutôt que le manipuler par la peur ou le mépris, la quête de boucs émissaires, d’une parfaite exemplarité et réunir sur son nom l’estime, la confiance, d’au moins les quatre cinquièmes de la nation. Un président clivant ou impopulaire est une anomalie: il n’est plus en mesure d’accomplir sa mission d’autorité morale et intellectuelle au-dessus de la mêlée. Un président doit savoir choisir son entourage et laisser au Premier ministre et au gouvernement le soin de gouverner sur la base du choix politique d’un projet de société fait uniquement lors de l’élection législative. Dans le maëlstrom que nous vivons en ce moment, l’ouragan de crétinerie qui souffle, l’avalanche diarrhéique qui nous submerge d’absolument partout (pardon pour la crudité de la formule), il manque cruellement au pays ce pilier, cette boussole, ce capitaine dans la tempête – qui serait le dernier à quitter le navire – cette autorité morale et intellectuelle, visionnaire et impartiale, dont la mission est avant tout d’inspirer la confiance que serait un authentique chef de l’Etat. Je dis cela parce que je le pense!

MT

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Le massacre des paysages et de l’horizon marin par les usines d’éoliennes

[Le texte ci-dessous, tribune collective, est publié par la fondation Concorde. La dévastation des paysages les plus précieux, notamment du rivage marin, qui incarnent le patrimoine naturel et culturel, la liberté, l’évasion et la beauté est une faute monstrueuse.]

Tribune collective: « De tous les maux qu’infligent les éoliennes à la France et aux Français, le plus flagrant est, sans conteste, le viol des paysages, des sites et des monuments de la France. Avant-même que de mesurer l’ampleur de la gabegie financière, de l’absurdité énergétique, des effets dévastateurs sur la biodiversité et la santé, de la corruption, de l’atteinte à la démocratie, le saccage prévisible de notre patrimoine paysager et culturel aurait dû constituer, pour nos gouvernants, une raison majeure de s’opposer au désastre.

Hélas ! Il semble que le respect de la beauté ne figure pas dans I’ADN de nos derniers présidents, ni de leurs ministres. En multipliant le nombre des éoliennes, la loi de 2015 sur la transition énergétique et la programmation pluriannuelle de l’énergie de 2019 détruisent, avec acharnement, le vrai visage de notre pays, celui de cette France rurale que l’on ne cesse d’accabler.

Ces paysages appartiennent à tous, et pas seulement à ceux qui y résident. Leur valeur sentimentale, artistique, culturelle est inestimable. Ils ont inspiré tous nos grands écrivains, peintres et poètes. Tous, sous une forme ou sous une autre, ont célébré dans leurs écrits ou leur peinture la singularité de leur région, la beauté des sites, la force et la véracité des terroirs et le respect qu’ils inspirent.

La liste est longue des sites défigurés ou en passe de l’être, depuis la montagne Noire dans l’Aude jusqu’aux collines de la Drôme provençale ou au massif du Vercors, en passant par les monts du Beaujolais, la campagne bretonne, le Cap Corse, la Vallée des peintres dans le Berry, la basilique de Vézelay… Le constat, navrant, qu’aucun des ministres de la culture de François Hollande ou d’Emmanuel Macron ne se soit insurgé contre le saccage des fleurons paysager de la France est révélateur de l’inculture qui sévit au plus haut niveau de l’Etat.

Sauf à considérer que les paysages de la France ne font pas partie de notre culture alors même que la convention européenne du paysage, pourtant ratifiée par la France en 2006, rappelle que le paysage non seulement constitue une composante essentielle du bien-être individuel et social, mais qu’il est aussi l’expression de la diversité du patrimoine naturel et culturel des populations, tout comme le fondement de leur identité. Et les tribunaux ne sont pas en reste, qui rejettent, dans la très grande majorité des procédures, les arguments des opposants à un projet éolien tirés des atteintes au paysage.

Avec les éoliennes les paysages et les bords de mer dénaturés. Pauvre Victor Hugo qui fustigeait déjà, en 1815, la destruction des édifices historiques et des paysages : « Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. La destruction d’un édifice historique ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs que leur intérêt aveugle sur leur honneur. Misérables hommes, et si imbéciles qu’ils ne comprennent pas qu’ils sont des barbares ! »

Si, à défaut d’être sensibles à la beauté, nos dirigeants savaient compter, ils auraient compris que, le tourisme constituant une manne financière pour notre pays, détruire l’attractivité de nos régions constitue un non-sens économique. Mais, là-encore, l’incurie est loi… Il est vrai que l’état des finances de la France lui permet sans doute de se passer des 63 milliards d’euros de recettes générés par le tourisme international en 2023. A moins de rêver que les touristes étrangers se précipiteront dans notre pays pour y voir tourner nos éoliennes… quand elles tournent.

Que peuvent cependant proposer nombre de départements aux visiteurs, sinon la beauté, l’authenticité et la virginité de leur environnement ? Ce sont pourtant sur ces régions à faible densité humaine que les spéculateurs de l’éolien jettent leur dévolu, pensant, sans doute, et à tort, qu’ils y rencontreront moins de résistance. Les éoliennes détruisent la singularité, la beauté de ces territoires qui attirent de plus en plus de gens, venus pour s’y ressourcer où y habiter. Priver ces régions de leur principal attrait, à l’heure où tout le monde souhaite les redynamiser, est absurde. Or, la France est bradée aux spéculateurs du vent. Le tapis rouge leur est déroulé. Et il est plus facile de construire une éolienne, en zone agricole, qu’un abri de jardin. Dernier avatar du « En même temps » ? »

Liste du groupe des scientifiques et des citoyens pour l’électricité. Philippe Ansel –Economiste– Rapporteur des études de Concorde. Fabien Bouglé – Essayiste auteur de : Nucléaire les vérités cachées – Eoliennes la face noire de la transition écologique – Guerre de l’énergie aux Editions du Rocher. Jean Louis Butré – Président de la Fédération de l’environnement durable Patrice Cahart – Ecrivain – ancien conseiller à la Cour de cassation – auteur de « La peste éolienne » Edouard de Lamaze – Avocat – Conseiller régional de Normandie Bernard de la Villardière – journaliste Luc Domergue – Conseiller économique Pierre Dumont – Industriel – auteur – Eoliennes, chronique d’un naufrage annoncé – Editions F. Bourin Michel Faure – Industriel Hervé Machenaud – Membre de l’académie des technologies – auteur de la « France dans le noir c’est maintenant » Editions Manitoba belles lettres. André Merlin – Ancien Président Fondateur de R.T.E Xavier Moreno – Président du C.E.R.E.M.E Michel Rousseau – Président de la Fondation Concorde Charles Thimon – Réalisateur contact@cereme.fr info@fondationconcorde.co

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L’élection européenne 2024, symbole de l’effondrement intellectuel de la vie politique (pour le Figaro Vox)

10 juin 1979 : la Communauté européenne, composée de neuf Etats, élit pour la première fois son Parlement au suffrage universel à l’initiative, notamment, de Valéry Giscard d’Estaing, le président français, et de son ami Helmut Schmidt, Chancelier d’Allemagne fédérale. Les têtes de listes françaises sont alors des personnalités politiques de premier plan : Simone Veil, ancienne ministre de la Santé et Ministre d’Etat de VGE, François Mitterrand, leader du parti socialiste, Georges Marchais, son partenaire de l’union de la gauche, secrétaire général du parti communiste et Jacques Chirac, ancien Premier ministre, chef de file du néo-gaulliste RPR. Ainsi, quatre des principaux responsables politiques du pays décident de relever le défi des premières élections européennes. Le 18 juin 1989 (comme en 1984) le niveau des têtes de liste demeure toujours aussi élevé avec un ancien chef de l’Etat, VGE, un ex-Premier ministre Laurent Fabius, toujours Simone Veil et Antoine Waechter, chef de file écologiste.

A compter surtout de 2004, les leaders politiques se détournent de ce scrutin et abandonnent la place à des personnalités de second plan : Henri Weber pour le PS, Tokia Saïfi pour l’UMP, Jean-Louis Bourlanges pour les giscardiens, Jacky Hénin pour le Front national (représenté jusqu’alors par Jean-Marie le Pen). L’évolution de la participation à ce scrutin reflète le niveau des têtes de liste dans la hiérarchie politique :  de 60% en 1979, elle passe à 40% en 2004. 

Au fil des années, le débat d’idées, les échanges de fond s’effacent de la campagne des européennes. Le crêpage de chignons organisé entre Mme Valérie Hayer et M. Jordan Bardella, le 2 mai 2024, donnait un bel exemple de la pauvreté intellectuelle, de la manipulation et du mépris de l’électeur – et d’abord pourquoi ces deux-là au détriment de tous les autres ? Le débat télévisé de juin 1979 entre les quatre têtes de liste avait une tout autre allure, manifestant une certaine hauteur de vue sur le danger bureaucratique de l’intégration européenne, l’intérêt d’une assemblée élue au suffrage universel pour tenter de le conjurer, le fonctionnement de la démocratie, et, toujours, dans un climat de respect mutuel. Tous les quatre – même François Mitterrand – s’entendaient pour refuser la marche vers une Europe supranationale au détriment des démocraties nationales… Comment imaginer, aujourd’hui, un débat de ce niveau, autant sur le fond comme sur la forme ?

2024, confirme d’ailleurs la tendance observée surtout depuis vingt ans : celle d’une fuite des leaders politiques expérimentés face à cette élection.  Les interdictions de cumul des mandats n’expliquent pas entièrement ce désamour. Jadis, les plus hauts responsables politiques n’avaient aucun complexe à exercer un mandat de parlementaire européen (Jacques Chirac, Simone Veil, VGE, Michel Poniatowski, Edith Cresson etc.) Or, il est sidérant que parmi les six premières têtes de liste françaises aux élections du Parlement européen en 2024, par ordre de préférence sondagière, M. Bardella, Mme Hayer, M. Glucksmann, M. Bellamy, Mme Aubry, Mme Maréchal, pas un seul n’a jamais exercé les fonctions de ministre… Aucun n’a assumé des fonctions politiques de haut niveau dans une collectivité territoriale… Et au total, l’expérience professionnelle réelle et sérieuse des six (hormis M. Bellamy, professeur), cumulée, semble bien dérisoire…

Faut-il croire que l’expérience de l’exercice de vraies responsabilités dans la conduite de l’Etat, d’une mairie, d’une entreprise ou dans la vie quotidienne, serait désormais inutile pour légiférer sur les affaires de l’Europe qui concerne tous les citoyens ? Le renouvellement de la classe politique est certes nécessaire mais pas au prix de la déconnexion et de l’amateurisme…  

D’ailleurs, que retiendra-t-on de cette pré-campagne des Européennes ? D’abord, à l’image de la politique nationale, l’obsession des coups de communication à travers par exemple la course aux débauchages (à ce jeu, le RN a pris une longueur d’avance), la politique spectacle tournée vers la récupération des tragédies de l’actualité (guerres d’Ukraine, du Moyen-Orient, violences en France).  Le niveau des prises de paroles et des débats est généralement insipide ou relevant du cliché, à l’image de cette tête de liste, interrogée sur l’immigration qui finit par bafouiller que ce sujet relève des « seuls acteurs économiques » (sic). Tout se passe comme si le syndrome de la « savonnette » qui imprègne l’élection présidentielle devait contaminer l’ensemble de la démocratie : le jeu d’acteur et de séduction, la quête du sensationnel et du bon coup médiatique n’en finissent pas d’anéantir le débat d’idées. Sur ce plan, M. Bardella et M. Glucksmann se révèlent pour l’instant, d’assez loin, les plus performants. Mais comment ne pas voir à quel point la pré-campagne, d’où sont absents les grands sujets sur l’avenir de l’Europe, patauge dans la polémique et l’ère du vide ?

Alors pourquoi les candidats aux plus hautes fonctions de la République, quels que soient les partis, se dérobent-il face à ce scrutin contrairement à son esprit initial ? Au point même d’y déléguer des sous-lieutenants qui visiblement ne sont pas tous à la hauteur…   Le paradoxe est d’autant plus saisissant que le Parlement européen exerçait en 1979, dans une Europe à neuf, un rôle largement consultatif alors qu’il est devenu en 2024 le véritable législateur tout-puissant de l’Union européenne à 27… En vérité, au-delà des professions de foi les plus européistes ou fédéralistes (thème de « la souveraineté européenne »), les responsables politiques ont intégré l’impopularité croissante des institutions de l’Union européenne, ressenties comme bureaucratiques et éloignées des peuples – ou pire, l’indifférence qui s’exprime dans un taux d’abstention prévisible de plus de 50%.  Ils ont calculé que pour leur image personnelle, mieux valait ne pas s’y frotter, ou de loin… Au fond, la classe politique de 2024 (dans son ensemble) est sans doute beaucoup plus européiste que celle de 1979, mais beaucoup moins européenne…

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Que penser des romans de Michel Houellebecq?

M. Houellebecq est l’auteur de romans le plus vendu et le plus populaire de France, parfois considéré comme un génie contemporain, traduit dans le monde entier, auquel le prix Nobel de littérature a échappé de peu. Un phénomène, donc… Pour être franc, je lis certes beaucoup de romans mais rarement des auteurs contemporains (sauf les récits de Sylvain Tesson)… Alors dernièrement, je me suis immergé dans l’œuvre de Michel Houellebecq, Particules élémentaires, Plateforme, Sérotonine… MH a un côté Zola dans le réalisme social qu’il exprime et sa manière de rédiger tient semble-t-il un peu de Céline pour l’usage fréquent de l’argot ou de la grossièreté ou de Marcel Proust pour la structure de certaines phrases qui n’en finissent pas mais pourtant fluides et limpides. La drôlerie de ses textes tient au contraste permanent qu’il entretient dans chacun de ses livres entre la provocation anticonformiste de ses héros ou plutôt anti-héros et le conformisme idéologique contemporain. Ses romans expriment toujours la descente aux enfers du mâle blanc quadra ou quinquagénaire, de culture catholique (mais sans Dieu) et hétérosexuel face à la mondialisation, la disparition de la société et des valeurs traditionnelles, l’émergence d’une nouvelle idéologie dominante fondée sur la sublimation des minorités et l’hyper-narcissisme (wokisme mais il n’utilise pas le mot) . Alors ses anti-héros cherchent le bonheur dans l’amour qui s’achève par l’échec, sombrent dans un gouffre sans fin, se noient dans l’alcool, le sexe (les mots « chatte » et « bite » quasiment à toutes les pages), la drogue ou les antidépresseurs. Que dire? Un bon livre est toujours celui qui donne du plaisir. MH a un style, c’est évident. Il peut être drôle et certains passages sont hilarants, comme je l’ai dit, ceux où de « gros beaufs » mettent en fureur les dignes représentants du boboïsme le plus caricatural. Son réalisme social? Certes, mais il se retrouve aussi dans tous les journaux. D’excellents passages, mais aussi, on peut s’y ennuyer ferme avec des longueurs lassantes qui poussent à sauter les pages par dizaines… Et puis, est-ce vraiment du réalisme? Dans ses romans, toutes les femmes ou presque sont des nymphos affamées de sexe et la plupart des hommes qui y sont décrits oscillent entre perversité et impuissance… La vraie vie ne correspond pas vraiment à ce tableau et le sexe n’y a pas, pour le commun des mortels, la place qu’il lui donne. Ses clichés jusqu’à la démesure (gros Allemands pédophiles, Japonaise zoophile, etc.) relèvent de l’humour provocateur poussé à sa quintessence… Dans l’ensemble, on est plus dans le fantasme que dans le réalisme même si certaines scènes sont parfaitement crédibles comme celle des attentats ou massacres islamistes ou le désespoir du monde paysan ou encore la bureaucratie bruxelloise. Au fond, tous ses livres fondés sur la descente aux enfers du mâle blanc hétérosexuel se ressemblent un peu … Un talent, certes, qui procède du sulfureux mélange d’humour et de désespoir… Un génie? Je ne l’ai pas trouvé ni ressenti, mais peut-être suis-je à côté de la plaque… A la limite, s’il fallait lire un roman de MH, je conseillerais Plateforme, une caricature virulente du tourisme sexuel en Thaïlande et à Cuba, le plus vivant avec une véritable histoire et une touche d’exotisme et de romantisme… Eviter l’ennuyeux et laborieux Sérotonine (évidemment, c’est très subjectif). Quant à Soumission et Anéantir, je ne les ai pas (encore) lus.

MT

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« L’union des droites ne passera par aucun des partis politiques actuels » (mon article pour JDD hier)

[Ci-dessous une tribune demandée par le JDD sur l’idée « d’union des droites », sur une base historique. Le papier fait réagir, plutôt négativement: ce que j’ai essayé de montrer, c’est que le redressement du pays ne saurait provenir que des Français eux-mêmes et sûrement pas de magouilles entre les partis politiques actuels dans un contexte immensément volatil ou dominent l’incrédulité et l’écœurement – en tout cas bien plus incertain que le message exprimé par les sondages]

Une photographie montrant M. Bardella, Mme Maréchal et M. Bellamy sur une même scène des « Eveilleurs » alimente la rumeur d’une possible « union des droites » ou alliance électorale entre le RN, Reconquête et les Républicains. En additionnant leurs forces et les suffrages tels qu’annoncés par les sondages, une coalition de ces trois partis dépasserait les 40%. Ainsi, l’union des droites seraient-elle la recette « magique » d’un retour de la droite au pouvoir en 2027, après quinze ans de pouvoir socialiste y compris sous sa version macroniste ?

Et d’abord, « l’union des droites » a-t-elle jamais fonctionné dans l’histoire récente ? Sans doute faut-il remonter à la célèbre classification des trois droites françaises conçue par René Rémond : conservatrice et catholique ou légitimiste ; bonapartiste ou nationaliste, étatiste et centralisatrice ; et enfin orléaniste, libérale, décentralisatrice et pro-européenne. Ces critères sont toujours en toile de fond de l’histoire des droites en France, malgré des nuances et des frontières parfois mouvantes. Pendant la Ve République, ils se retrouvent plus ou moins à travers le clivage entre un courant gaulliste ou néo-gaulliste, groupant la droite conservatrice et étatiste (produit de la fusion des deux premières de René Rémond) et le mouvement giscardien, ou issu du giscardisme, libéral aussi bien sur le plan économique que sociétal et pro-européen.

Les succès électoraux de la droite, aux présidentielles comme aux législatives, ont toujours eu pour source l’union électorale de ces deux droites, néo-gaulliste et libérale. Elle a remporté les élections législatives de 1973, 1978, 1986, par exemple, dans le cadre d’accords électoraux. Elle a gagné les présidentielles quand elle s’est retrouvée, au premier tour, ou le cas échéant, au second tour, derrière un candidat unique : 1969, 1974, 1995 et 2007. En revanche, elle s’est effondrée quand elle était divisée, à l’image de 1981.

Faut-il déduire de ces précédents qu’une union des droites d’un nouveau genre entre LR, le RN et Reconquête, permise notamment par la « dédiabolisation » du RN, serait la voie royale d’un retour au pouvoir ? l’analogie avec les heures de gloire de la droite rassemblée vient spontanément à l’esprit. Le parti de Mme le Pen, puissant dans les sondages, semble revendiquer aujourd’hui les idées qui furent jadis portées par le courant néo-gaulliste : centralisme, nationalisme, étatisme. Les Républicains, faibles dans les sondages mais forts de leur ancrage local, reprennent quant à eux l’antienne libérale notamment sur le plan économique ou européen. Alors, n’est-il pas temps d’allier nationalistes/étatistes et libéraux  pour réapprendre à gagner ? Beaucoup de militants des deux camps le réclament.

De fait, cette hypothèse, fondée sur la transposition aujourd’hui de schémas de jadis paraît à la fois irréaliste et illusoire. Elle ignore le bouleversement, intervenu notamment depuis les années 2010 mais surtout 2017, de la nature même de la vie politique.  Les débats d’idées ou affrontements de projets de société, à l’image des élections de 1974, 1981 et même 2007, malgré ce qu’ils pouvaient avoir de superficiel, ont quasiment disparu. La vie politique est devenue un spectacle médiatique – une sorte de Grand-Guignol – autour de quelques gourous. Son objectif essentiel n’est plus de convaincre par des arguments mais de séduire par des bons mots, des mimiques et des coups de communication. Aujourd’hui, qui a la moindre idée des différences de programme entre les partis politiques ? Non qu’elles soient inexistantes, mais elles s’effacent derrière la logique de séduction. Dès lors, le temps des alliances dans l’objectif de transcender des différences pour faire triompher un projet – puisque les projets ont quasiment disparu – est révolu.

L’émotionnel a remplacé la réflexion sur l’avenir. Les passions de haine ou d’adoration d’un leader se sont substituées à la notion de confiance ou de bien commun.  L’affectif a pris la place de l’engagement. Dès lors, comment s’allier avec des personnes qu’on déteste ou qu’on méprise ? La politique se limite désormais, pour l’essentiel à l’allégeance/soumission à un gourou.  La supposée « union des droites » telle que certains la rêvent, reviendrait tout simplement, pour ce qu’il reste de la droite LR, à s’agenouiller devant Mme le Pen.

De plus, ce grand spectacle éthéré (hors sol), se déroule sur fond d’incrédulité et d’indifférence des Français envers la chose publique.  Les législatives de 2022 ont donné lieu à un taux d’abstention de 54% (record absolu). 53 % des Français se désintéressent de l’élection européenne. 80% d’entre eux, selon le sondage CEVIPOF sur la « confiance », ont une image défavorable de la politique. Alors, une prétendue « union des droites » (coalition LR/RN/R) serait perçue dans l’opinion comme une magouille politicienne à grande échelle, une de plus. L’image de la droite LR est aujourd’hui minée par la défection de plusieurs de ses principaux leaders qui ont rallié la « macronie » – par opportunisme. Un arrangement de ce qu’il reste de la droite LR avec le parti de Mme le Pen ou celui de M. Zemmour, achèverait de plonger ce mouvement dans le discrédit, se traduirait par sa vassalisation et sans doute, sa disparition.

En outre, une manœuvre de ce genre ne garantit même pas une victoire électorale. Certes il est plus ou moins acquis dans les nombreux commentaires de presse, que l’œuvre de « dédiabolisation » de Mme le Pen est une réussite. Pour autant, son personnage comme son parti, demeurent extrêmement clivants dans le pays et rien n’assure, loin de là, qu’ils soient vraiment en mesure de réunir en 2027 les suffrages de 50% de l’électorat lors d’un second tour.

L’idée ou le projet « d’union des droites » tel qu’il est entendu aujourd’hui relève d’une approche à courte vue. Plus encore qu’en 2017, les élections nationales de 2027 s’annoncent comme explosives. Une quasi-certitude : le macronisme est condamné à la disparition en raison de son impopularité et l’interdiction constitutionnelle d’un troisième mandat consécutif. Dans un contexte politique infiniment volatil, impalpable, imprévisible, soumis au maelström des émotions collectives et des manipulations, de nouvelles passions et de nouveaux visages vont émerger (à l’image de ces élections européennes). Les cartes seront rebattues. Le RN qui a tant prospéré comme opposant attitré du macronisme pourrait connaître un revers de fortune du fait de la disparition de celui-ci, et subir à son tour un effet de lassitude. Les frontières partisanes seront de nouveau chamboulées comme en 2017, mais peut-être encore plus violemment.

En 2027, les Français auront le sentiment de sortir d’un tunnel de quinze années dominées par une forme d’esbroufe narcissique comme masque d’un effondrement économique et financier, sécuritaire, social, diplomatique, scolaire et intellectuel… Le gagnant, celui qui parviendra à émerger de ce chaos, par-delà les clivages, pourrait être alors celui qui saura le mieux tourner la page, s’imposer comme l’anti-Jupiter, susceptible d’incarner l’achèvement de cette période délétère et l’entrée dans une ère politique différente. Comment ? En tendant une main de réconciliation au pays, fondée sur le respect intangible du peuple et l’action collective au seul service de ce dernier et du retour de la confiance. C’est alors que la vaste majorité de ceux qui aiment la France, d’où qu’ils viennent, pourrait s’unir en dehors des anciens clivages, sans illusion excessive ou naïveté mais avec détermination.

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Science po, le désastre absolu

La direction de Science po Paris a conclu un accord avec les manifestants anti-Israël qui occupent et bloquent le fonctionnement de cette école depuis plusieurs semaines. Les termes de cet accord ne paraissent pas encore clairement connus: levée des sanctions, condamnation d’Israël, fin de certaines collaborations [à vérifier]… Voici donc un ancien fleuron de l’université française qui bascule en officine idéologique anti-Israël. L’école libre des sciences politiques a été créée après la défaite de 1870 pour renouveler les élites dirigeantes françaises, devenant l’Institut d’Etudes politiques (ou science po) à la Libération. La scolarité, pendant longtemps, était dominée par un concours d’entrée extrêmement sélectif, puis trois années d’études intenses qui s’accompagnaient souvent d’un cursus parallèle ou complémentaire (droit, histoire, science éco). On y enseignait l’histoire, le droit public et l’économie pour l’essentiel. A partir des années 1990, les divers pouvoirs politiques et les dirigeants de cette école, ont délibérément choisi de briser le caractère sélectif de cet outil dans un objectif de nivellement. L’école a été prise de gigantisme et au prix d’un endettement faramineux s’est étendue sur plusieurs campus. Les promotions ont triplé. Le principe même du concours d’entrée (anonyme) a été aboli au profit d’un système de choix sur dossier et entretien dont l’unique objectif était la diversification sociale et l’uniformisation idéologique. Les scandales sexuels ou conjugaux sont venus frapper cette école dont en particulier l’affaire O.D et dernièrement la démission du directeur pour violences conjugales. Science po est à l’image des élites politique françaises actuelles, en plein naufrage dans l’extrême pourrissement. Tel est le résultat de l’idéologie du nivellement, la promotion de la médiocratie, la volonté délibérée de broyer tout ce qui valorise le travail, la réflexion et le mérite. Cet esprit de destruction systématique des institutions et de l’intelligence a été, répétons-le, voulu. Il est conforme à l’idéologie présidentialiste qui caractérise la politique française: le phœnix élyséen resplendit par contraste avec les ruines des institutions naguère les plus prestigieuses. Seul, le « monarque » doit attirer la lumière. Et cela soulève plus généralement la question de la sélection des élites (au sens sociologique) dirigeantes françaises. Est-ce bien différent dans les présumées plus grandes écoles comme X, l’ENS ou HEC ou autres et les meilleures universités? A l’expérience personnelle (partielle il est vrai), je suis totalement sidéré par la bêtise et le conditionnement idéologique des plus brillants de leurs toutes dernières promotions: formatés, bornés, pataugeant dans le conformisme, privés du moindre sens critique et liberté de pensée, bardés de certitudes, inaptes à l’échange, à toute remise en question! Le saccage de la méritocratie dite républicaine n’est-il pas la source même de l’effondrement du pays auquel nous assistons chaque jour? (économique, financier, social, scolaire, sécuritaire, etc.)? Et ce n’est sans doute que le début…

MT

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Comprendre le pacte européen sur l’asile et la migration

Le pacte européen sur l’asile et la migration fait relativement peu parler de lui dans les médias et pourtant, il devrait compter pour l’avenir des Européens. Il vient d’être approuvé par le Parlement européen le 10 avril dernier. Auparavant, il avait été adopté par le Conseil des ministres européens le 20 décembre 2023. Constitué de neuf règlements européens et d’une directive, ce pacte, en négociation depuis des années, est censé apporter une réponse à la crise migratoire de 2015-2016 qui se prolonge. Il doit entrer en vigueur à partir de 2026.

Au bref, quel est son contenu? Il prévoit un filtrage des migrants irréguliers (300 000 en 2023 selon Frontex) sur tous les points de leur entrée dans l’Union européenne (grands aéroports, frontières terrestres orientales, rives de la Méditerranée…). Des centres d’accueil fermés seraient installés à proximité des points d’entrée. Les migrants présentant une demande d’asile pour être autorisés à entrer en Europe feraient l’objet d’un tri. Ceux dont la demande d’asile a peu de chance d’être acceptée (taux d’acceptation du statut de réfugié concernant les nationaux de leur pays d’origine de moins de 20% dans l’UE) feraient l’objet d’un examen accéléré sur place de leur demande d’asile dans les 12 jours. En cas de rejet de leur demande, ils seraient renvoyés dans leur pays dans un délai de 12 jours. Cette règle ne serait pas applicables aux mineurs non accompagnés, autorisés à entrer dans l’Union européenne. Les autres demandeurs d’asile (plus de 20% de taux d’acceptation par pays d’origine), seraient autorisés à entrer dans l’Union européenne. Leur demande d’asile serait examinée dans le pays par lequel ils sont arrivés – principe maintenu du règlement Dublin III. Mais 30 000 d’entre eux feraient l’objet d’un transfert dans d’autres pays de l’Union pour l’examen de leur demande, selon une clé de partage liée à la population totale. Les pays refusant de les prendre en charge – conformément à la règle du pacte- seraient sanctionnés d’une amende de 20 000 € par demandeur d’asile. En période de crise ou d’afflux massif, les règles changent. Le taux de 20% d’acceptation pour mettre en oeuvre la procédure accélérée peut être remonté à 50%. Le nombre de demandeurs d’asile répartis dans toute l’Europe peut excéder les 30 000. etc.

Mon avis? une impressionnante construction bureaucratique, une sorte de Gosplan fondé non sur des produits industriels et agricoles mais sur des êtres humains qui n’a aucune chance de jamais fonctionner. Tout repose sur la possibilité de renvoyer massivement dans leur pays des demandeurs d’asile déboutés dans un bref délai. Absurde: quand ils ont détruits leurs documents d’identité et refusent de décliner leur identité, voire s’opposent physiquement à leur retour, on n’a jamais su les rapatrier, sauf exceptionnellement selon des procédures d’identification lourdes et aléatoires. L’enfermement dans des centres sur toute la zone frontalière et l’organisation pratique du tri soulève de gigantesques difficultés pratiques face à des centaines de milliers d’arrivés. Et puis la répartition impérative: c’est toujours le même raisonnement, on traite les gens comme des marchandises inertes sans tenir compte du fait que ce sont des personnes qui finiront toujours par ce rendre où elles le désirent malgré toutes les escortes et les surveillances policières. Cette logique de la contrainte physique a toujours lamentablement échoué comme le savent tous ceux qui ont travaillé sur le sujet (Convention puis règlements Dublin I, II et III…). La seule issue possible et raisonnable à la crise migratoire est un traitement des demandes en amont, dans les pays d’origine ou de transit, et une répression sans faille des filières esclavagistes qui organisent les transferts par la Méditerranée, accompagnés d’un effort massif européen d’aide au développement. Mais il est tellement plus difficile de choisir et de décider, d’agir dans le concret, que de construire des usines à gaz à force de règlements et de directives!

MT

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Pétition pour la tenue d’un référendum sur la fédéralisation de l’Union européenne.

Le Figaro de ce jour publie une pétition signée de 50 personnalités du monde politique et intellectuel, de tous les courants, demandant l’organisation d’un référendum sur les projets institutionnels en cours visant à fédéraliser l’Union européenne, c’est à dire l’émergence d’un pouvoir étatique central sur l’effacement des démocraties nationales (et j’ai l’honneur d’y voir associé mon nom). Le texte affirme qu’un tel bouleversement ne peut pas se faire sans le consentement du peuple dès lors que se joue son destin. En voici un bref extrait conclusif:

Pour ce qui nous concerne, nous refusons cette dérive. Nous pensons, dans le sillage du général de Gaulle, qu’un système fédéral post-démocratique est contraire au génie de l’Europe et de la France et à l’imaginaire collectif qui, depuis mare nostrum, produit du commun à partir de la diversité de ses nations et de leur culture propre. La déconnexion définitive entre les peuples et la machinerie européenne achèvera la déresponsabilisation des dirigeants nationaux et décuplera les réactions nationalistes, au risque de nous conduire au chaos.

Quelle que soit notre vision de la France et de l’Europe, et l’avis que l’on porte sur la réforme et les élargissements en préparation, nous devons exiger qu’un pareil saut qualitatif dans l’inconnu d’un système supranational, qui minore l’identité des peuples, l’existence des nations et l’expérience des États d’Europe, soit soumis au référendum.Il est urgent d’ouvrir le débat sur ce qui se prépare. Les élections de juin 2024 doivent être l’occasion de se prononcer en connaissance de cause sur le projet de fédéralisation en cours ainsi que sur les élargissements en vue.

Signataires : Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la « Revue politique et parlementaire » ; Stéphane Rozès, politologue ; Arnaud Montebourg, ancien ministre et entrepreneur ; Marcel Gauchet, philosophe et historien ; Michel Onfray, philosophe ; Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel ; Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel ; Marie-Françoise Bechtel, ancienne députée ; Anne-Marie Le Pourhiet, professeur émérite de droit public ; Xavier Driencourt, ancien ambassadeur ; Benjamin Morel, maître de conférences en droit public ; Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, CNRS ; Éric Anceau, historien ; Julien Aubert, Ancien député ; Jean-Yves Autexier, Ancien député ; André Bellon, Ancien président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale ; Florence Bergeaud-Blacker, Docteur en anthropologie, CNRS ;Marion Bierry, Metteuse en scène ; Guillaume Bigot, Politologue, éditorialiste ; Bernard Bourdin, Philosophe du politique et théologien ; Christophe Boutin, Professeur de droit public ; Gaël Brustier, Politologue et essayiste ; David Cayla, Économiste et essayiste ; François Cocq, Essayiste, auteur de « Alerte à la souveraineté européenne » ; Denis Collin, Philosophe ; David Desgouilles, Chroniqueur, romancier ; Jean Dufourcq, Stratégiste militaire ; Nicolas Dupont-Aignan, Député ; Frédéric Farah, Universitaire et économiste ; Philippe Grégoire, Agriculteur, co-président du SAMU social agricole ; Michel Guénaire, Avocat et écrivain ; Philippe Guibert, Ancien directeur du Service d’information du gouvernement ; Alexandre Jardin, Écrivain ; Alain Juillet, Ancien directeur du renseignement à la DGSE, Ancien haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès du Premier ministre ; Catherine Kintzler, Philosophe, professeur des Universités honoraire ; Florence Kuntz, Ancienne députée européenne ;Georges Kuzmanovic, Analyste géopolitique, président de République souveraine ; Maire-Noëlle Lienneman, Ancienne sénatrice ; Jean-Claude Mailly, Ancien dirigeant syndical ; Jean-Philippe Mallé, Ancien député ; Jérôme Maucourant, Economiste ; Nicolas Meilhan, Entrepreneur ; Bruno Moysan, Musicologue ; Joachim Murat, Expert en industrie de défense et sécurité ; Olivier Petros, Ancien dirigeant dans l’industrie et la banque ; Céline Pina, Journaliste ; Bertrand Renouvin, Directeur de la revue Royaliste ; Jérôme Sainte-Marie, Sondeur et essayiste ; Jacques Sapir, Économiste ; Maxime Tandonnet, Essayiste, ancien haut fonctionnaire ; André Tiran, Professeur de sciences économiques émérite, ancien Président de l’Université Lyon.

MT

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Une violence propre aux jeunes? (ou jeunesse-émissaire)

Depuis environ 10 jours, la mode politico-idéologique est revenue à la violence des jeunes, à l’issue d’une série de tragédies sanglantes. Quelque temps auparavant, le sujet central portait sur le déficit public et la dette de l’Etat. Encore un peu avant, c’était la perspective d’une intervention de l’armée française en Ukraine… Une thématique dominante chasse l’autre… Par séquence d’une semaine à dix jours… Tout va si vite. Et demain? Croyez bien, je n’affirme pas ici des certitudes mais une impression, qui mérite débat… Le pouvoir politique multiplie les annonces et les mises en scène sur la « violence des jeunes » (sic). Tout cela est bien connu, nous avons l’habitude. Les annonces portent sur des solutions autoritaires: l’encadrement militaire par le SNU obligatoire pour tous (promis lors de la campagne de 2017 – où en sommes nous?). Maintenant l’air du temps va encore plus loin et profitant de la tension internationale, parle de rétablir le service militaire. On a eu « l’uniforme scolaire » comme autre solution miracle approuvée par toute la classe politique dans un grand élan consensuel imbécile. Bizarrement, la mode est passée. Désormais il est question d’internat et de supprimer les allocations familiales aux familles des délinquants. C’est un vieux refrain qu’on entend depuis au moins 20 ans. Et toujours exactement le même, dans les mêmes termes… Des lois ont été votées et des crédits ouverts… Les coups de menton se succèdent… Et puis rien… Comme si le disque était rayé… De décennies en décennie, les pouvoirs politiques pataugent dans l’impuissance. Peut-être faudrait-il avoir un diagnostic avant de prendre des vraies/fausses décisions qu’on appelle « annonces » et qui ne servent jamais qu’à leurrer le pays d’un gouvernement, d’une majorité à l’autre. Quel pourcentage des « jeunes » sombre effectivement dans l’extrême violence, celle qui fait couler le sang? Si c’est une infime minorité, les solutions globales de type SNU obligatoire ou uniforme ne servent à rien sinon à faire payer l’immense majorité des jeunes pour une poignée de délinquants qui relèvent de la police et de la justice. Par ailleurs, que peut faire le pouvoir politique: peut-être devrait-on réfléchir en termes de modèle de société à offrir aux jeunes. L’obsession de la performance sportive, (foot, JO), de la frime vestimentaire, de l’argent roi, le déferlement porno sur Internet, peuvent-ils conduire à autre chose qu’à la promotion de la violence? Est-ce utopiste d’espérer sur le long terme, une société privilégiant la passion de la littérature, de la musique ou de l’histoire sur les clowneries des milliardaires du football? Et puis l’exemplarité: une vie politique réduite au grand Guignol stérile et vaniteux, détaché de tout souci de la vérité et du bien commun, ne favorise évidemment pas la cohésion sociale et un climat de paix civile notamment chez les jeunes.

MT

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Lecture: Crista Schroeder, « C’était mon chef », Mémoires de la principale secrétaire d’Hitler (présentés par François Kersaudy), Perrin 2024

Les éditions Perrin publient, pour la première fois en français, les Mémoires de Crista Schroeder, la principale secrétaire d’Hitler, notamment à partir de son arrivée au pouvoir en 1933, avec une présentation et des annotations de François Kersaudy. Le témoignage porte sur l’ensemble de la période où le Führer a dominé l’Allemagne. Le récit abonde d’anecdotes sidérantes, concernant la vie de la petite communauté des proches d’Hitler à Berchtesgaden, mais surtout ses dernières années, dans son bunker de la Tanière du loup d’où il dirige l’opération Barbarossa d’invasion de la Russie puis la débâcle de la Wehrmacht.

Le témoignage se compose de passages d’un journal intime et de lettres envoyées à des proches. Ce témoignage est capital pour tenter d’approcher la personnalité d’un personnage qui fut à l’origine du plus grand cataclysme de l’histoire de l’humanité, une guerre mondiale qui a causé 100 millions de victimes mais aussi, pour essayer de comprendre comment tout un peuple ou presque a obéi aveuglement à un dictateur qui emportait le monde – et son propre peuple – à l’apocalypse. Car, à bien des égards, Crista Schroeder incarne l’Allemagne de cette époque. Disons que cet ouvrage constitue une pièce capitale pour la compréhension de l’histoire du XXe siècle.

Pour cette secrétaire, à l’image de tout l’entourage, il est acquis que le Führer est une sorte de prophète infaillible et l’obéissance vient essentiellement de la conviction que ce dernier dispose d’une sorte d’intuition surnaturelle. Lui-même ne cesse de revenir sur le don visionnaire qu’il prétend posséder : Un jour dans une pièce près de l’escalier (où se tiennent les deux secrétaire dans son bunker de Haute-Silésie), nous avions demandé à Hitler, « pourquoi vous ne vous êtes pas marié? » Il nous répondit […]Je ne veux pas d’enfant. Je pense que la vie est généralement très difficile pour les descendants d’un génie.

Crista Schroeder s’ennuie à mourir dans le bunker entre les séances rituelles du thé en fin d’après-midi, en présence d’Hitler, la logorrhée obsédante de ce dernier, où il répète toujours les mêmes choses et le harcèlement des moustiques. La courtisanerie autour du Chef y atteint son paroxysme. Toute objection y est formellement interdite et taboue, entraînant le bannissement de son auteur de la communauté des familiaux du Führer. Celui-ci ne parle guère en privé des questions politiques ou militaires mais ses phobies de l’alcool, du tabac et de la viande hantent sa conversation de manière obsessionnelle.

Un jour, Crista tombe en disgrâce après un long monologue où Hitler annonce son intention d’interdire l’alcool et le tabac dans la Wehrmacht (et l’ensemble de l’Allemagne après la guerre) : Tout le monde approuva en hochant la tête. Moi seule, un peu éméchée, par ma visite au mess, intervint en affirmant sans retenue « Oh, Mein Führer, laissez donc ce plaisir à ces pauvres garçons! » Sans accorder d’attention à mon intervention idiote, Hitler continua à expliquer comment la nicotine et l’alcool détruisaient la santé des gens et abrutissaient leur cerveau. J’engageais alors l’artillerie lourde et je déclarais: « On ne peut pas réellement dire ça, Mein Führer, Hoffmann fume et boit à longueur de journée, pourtant, c’est l’homme le plus alerte dans le magasin… Entendant cela […] il se leva très vite sans un mot et parti sur un au revoir glacial, le visage sévère, et je compris alors ce que j’avais fait.

Pendant plusieurs mois, le Chef n’adresse plus la parole à sa secrétaire qui sombre dans une profonde déprime et tombe malade. La réconciliation n’interviendra que bien plus tard, quand la secrétaire s’engagera à ne plus fumer ni boire. Le portrait qui se dégage de ce récit au jour le jour est celui d’un Hitler littéralement obsédé par une forme d’ascétisme qui s’aggrave au fil des défaites militaires. D’après elle, au-delà de l’horreur viscérale du tabac et de l’alcool, son végétarisme absolu, Hitler n’avait d’ailleurs que des relations passionnelles, possessives mais platoniques avec ses maîtresses, y compris Geli (sa nièce de 16 ans) et même Eva Braun. [Un point qui surprend au regard d’autres témoignages].

Mais ce qui est saisissant, pendant que sous ses ordres se déroule le massacre génocidaire de dizaines de millions d’hommes, femmes et enfants, et leur souffrance indicible, c’est la médiocrité infinie du personnage. Hitler veut faire croire à son génie – et y parvient sans mal devant un entourage crédule – tandis que tout le système est fondé sur la croyance en ce génie. Toutefois, dans sa vie quotidienne, il se comporte comme le dernier des imbéciles. Au sujet d’une cuisinière diététiste recrutée par le Chef: Malheureusement, le destin de la charmante Viennoise prit un tournant tragique lorsqu’elle tomba amoureuse d’un jeune aide de camp de Martin Bormann. Ses origines raciales furent examinées et l’on découvrit que sa grand-mère était une enfant trouvée, ce qui mettait en question la pureté de son lignage aryen. Hitler ne toucha plus à la nourriture que préparait la malheureuse femme – en dissimulant cela sous le retour de ses problèmes gastriques. La bêtise, maître de ce monde?

MT

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Réflexion sur M. Mélenchon, Eichmann et l’université de Lille

Avez-vous suivi le dernier scandale? Le président de l’université de Lille a refusé à M. Mélenchon la possibilité de faire un meeting pro-palestinien dans ses locaux. En représailles, le leader de LFI l’a comparé à Adolf Eichmann, symbole de la « banalité du mal« , du bureaucrate qui se rend coupable, par obéissance servile, de participation à la Shoah et de crime contre l’humanité. Premièrement, les Universités, comme les grandes écoles, ont pour unique objectif la formation des étudiants. Elles devraient être sanctuarisées au regard de la propagande politique. M. Mélenchon, pas davantage que les autres leaders politiques, surtout en période électorale, n’a aucun droit acquis à venir y faire des discours politiques. Le président de l’Université a eu raison de lui refuser ce passe-droit et il faudrait que tous les présidents d’Université prennent modèle sur son comportement et en écartent toutes les idéologies et la propagande. La connaissance, l’intelligence, la recherche et le mérite qui devraient être les quatre points cardinaux de l’Université une institution publique, neutre et impartiale, ne sauraient s’accommoder de la propagande politicienne. M. Mélenchon, comme d’autres politiciens, n’ont qu’à se payer des salles privées pour leurs meetings! Ensuite, comparer le président de l’Université à un criminel ayant pris part au génocide des Juifs est parfaitement dégueulasse. C’est tellement facile d’insulter une personne – qui n’a pas de sang d’un génocide sur les mains – en la comparant à un criminel nazi… L’insulte est tout aussi facile à retourner à son envoyeur dans ce genre de situation: Déat, Doriot, Darquier de Pellepoix, ou encore Heydrich, Himmler, Goebbels, Klaus Barbie… Facile, facile… La loi française condamne sévèrement et heureusement les propos révisionnistes qui nient le massacre de six millions de Juifs d’Europe par les nazis et leurs complices. Utiliser le thème de la Shoah comme mode d’insulte – envers des personnes qui n’ont évidemment rien à voir avec le crime génocidaire – est une manière de banaliser ou galvauder ce dernier et dès lors, une attitude qui, par la confusion qu’elle engendre, n’est pas si étrangère que cela, par son effet, au révisionnisme, et devrait être tout aussi sévèrement condamnée.

MT

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Avenir de la droite française

A mes yeux, il ne fait aucun doute que l’espace existe pour un vaste courant politique dont les racines se situent au XXe siècle chez Poincaré, Tardieu, de Gaulle et Pompidou. Il préconise une démocratie nationale, parlementaire et référendaire, le respect intangible du peuple, la priorité donnée à l’intelligence scolaire, l’indépendance nationale et l’intérêt général, une société fondée sur la liberté individuelle et l’entreprise, la maîtrise des frontières, la prospérité économique, les équilibres financiers, la souveraineté et la sécurité des biens et des personnes. Par commodité, ce courant s’appelle aujourd’hui « la droite française« .

Il est inconciliable avec toute dérive du pouvoir vers l’esbroufe vaniteuse, bavarde, arrogante et impuissante, la personnalisation du pouvoir à outrance, au détriment de la Nation et le mépris du peuple; il est aussi inconciliable avec toutes les formes d’extrémisme issues des pires traditions totalitaires ou maurrassisme dégénéré dont les airs de Sainte-Nitouche, aujourd’hui, ne devraient leurrer personne. Ce courant, dit la droite française est aujourd’hui en grande difficulté. Alors qu’il pourrait rassembler lui-même les deux-tiers du pays sur ses idées et ses projets, il se situe à moins de 10% dans les sondages. Pourquoi semble-t-il emporté dans le déclin?

Evidemment, ce courant a subi le contre-coup de la catastrophe électorale de 2017, suivie d’une vague de trahisons opportunistes dont son image a du mal à se remettre. Mais au-delà, le fond du problème, c’est qu’il n’a jamais réussi à redevenir lui-même. Ecartelé entre le macronisme et le lepénisme, il s’est placé à la remorque de ces deux courants, par exemple en soutenant l’un sur une impopulaire réforme des retraites (les inutiles et provocateurs « 64 ans »), et l’autre sur la plus que douteuse « préférence nationale »(s’attaquer aux droits sociaux des étrangers en situation régulière – ce n’est pas le sujet aujourd’hui).

Cette droite française n’est pas non plus parvenue à rompre avec les fantômes du passé qui continuent de la hanter. Elle en revient toujours à vouloir s’accrocher à une histoire maudite de ces dix dernières années qui lui ont coûté si cher, à l’image de la nouvelle et invraisemblable micro-polémique entre M. Sarkozy et son ancienne « tête penseuse » (voir Figaro de ce jour). Elle n’a pas su renouveler suffisamment ni ses hommes ou femmes, ni ses idées ni ses projets, ancrée dans ses vielles lunes du sado-libéralisme (une chose est bonne quand elle blesse le peuple, à l’image des « 64 ans ») alors que la France attend désormais tout autre chose. Son message devrait être celui d’une réconciliation entre la politique et le peuple et la restauration d’une démocratie française digne de ce nom (le pouvoir du peuple), de ses fondamentaux historiques (voir ci-dessus), de la confiance populaire (dans le contexte d’un abstentionnisme de 54%), de l’indépendance nationale en politique extérieure. Or, elle passe totalement à côté de ce discours en ce moment… Dommage, dommage…

MT

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Ma vision personnelle de la politique française actuelle à la veille des Européennes

Le régime politique français actuel – je ne parle pas seulement des institutions mais du fonctionnement de la vie politique – a quelque chose de détestable. Le système présidentiel a commercialisé la vie publique à outrance: les électeurs sont appelés à choisir entre des savonnettes au détriment des débats d’idées et de projets et même au détriment du choix de personnalités fondé sur leur expérience, leur intelligence, leur caractère et leurs réussites passées. On vote uniquement pour une gueule, une petite gueule, un sourire, une dentition, une cravate, une voix, un coup de menton, une haleine médiatique. Le triomphe de la peste savonnette va de pair avec l’abrutissement collectif : effondrement scolaire et intellectuel, hystérie footeuse ou olympiste, invasion des cerveaux par les ipad et les jeux vidéo…

La peste savonnette a contaminé le déroulement des élections du Parlement européen qui ressemblent, en tout cas sur la scène française, à un grand Guignol absurde avec ses Guignols, ses gnafrons, ses gendarmes et les coups de bâton. 53% des Français déclarent ne pas s’y intéresser. Ce désintérêt, annonciateur d’un abstentionnisme du même ordre, a quelque chose de sain du point de vue démocratique: la mauvaise soupe ne passerait-elle pas chez une majorité de Français?

Et aussi, il relativise tout le reste. La tête de liste lepéniste qui fait l’objet d’une invraisemblable et vertigineuse surexposition médiatique, fanfaronne avec ses 30% annoncés par les sondages. Le lepénisme a certes réussi a cristalliser le mécontentement populaire mieux que d’autres, à l’occasion d’un scrutin qui se présente avant tout comme un exutoire de la souffrance et de l’humiliation collective. Mais 30% avec une abstention de 53%, cela fait moins de 15% d’adhésion populaire: on est bien loin, bien loin, d’une poussée venue des profondeurs du pays. Idem pour le socialiste: 12% dans les sondages se ramènent à 6% de taux d’adhésion. Franchement, pas de quoi pavoiser… Quant à la droite LR, enkystée autour de 3 à 4% réels, elle paye hélas pour ses compromissions avec le pouvoir actuel auquel elle se trouve désormais associée dans l’inconscient collectif.

Tout cela démontre que la situation politique demeure extrêmement volatile. Même s’il faut le déplorer amèrement voire s’en indigner, la démocratie, les débats d’idées, les projets et les partis politiques sont morts et enterrés. Les prochaines élections nationales de 2027 se joueront plus que jamais sur un coup de dés, une affaire de savonnettes, de marionnettes et de matraquage sondagier, de scandales éventuels, montés de toute pièce, et de petite gueule médiatique et puis c’est tout. Elles seront, comme les deux précédentes, à un seul tour. Celui qui réussira, par un trou de souris, grâce à sa petite gueule médiatique et avec la complicité sondagière, à se glisser au second tour contre l’inévitable et inamovible Mme le Pen, avec 20% des voix, aura par avance gagné les présidentielles (sauf si c’était M. Mélenchon, et encore…). Et le reste s’enclenchera avec la possibilité d’obtenir une majorité à l’Assemblé nationale à la faveur d’un gigantesque taux d’abstention. Tout ceci pour dire que le jeu est extraordinairement ouvert, instable, mouvant et l’avenir politique de la France, profondément, vertigineusement imprévisible et incertain.

MT

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Défense de la fonction publique (le Figaro du 12 avril 2024)

Le thème du « licenciement des fonctionnaires » ou de la suppression de la sécurité de l’emploi dans la fonction publique, est revenu au goût du jour. Le sujet mérite d’être approfondi, à l’aune des faits et non de l’idéologie. Certes, l’article 15 de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, dispose : « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. » L’un des principes fondamentaux de la société française, à valeur constitutionnelle, affirme la responsabilité du fonctionnaire. Ce dernier n’est pas intouchable, ses manquements, ses fautes sont sanctionnables, y compris par le limogeage.

D’ailleurs le code de la fonction publique, issu notamment des lois de 1946 et 1983, ne dit pas autre chose. Son article  L. 533-1 prévoit la révocation pour les fautes les plus graves. En outre, le L.553-1 définit les cas de licenciements possibles : « pour abandon de poste ; pour insuffisance professionnelle [ou encore] en vertu de dispositions législatives de dégagement des cadres. » Dans la pratique, la sanction suprême est appliquée : de 2009 à 2018, 450 policiers – pour ne prendre que cette catégorie de fonctionnaires particulièrement exposée à la violence quotidienne, ont été révoqués en raison de fautes graves.

Les licenciements pour insuffisance professionnelle sont certes exceptionnels, mais en aucun cas en raison du statut de la fonction publique qui les prévoit noir sur blanc… Les fonctionnaires de l’Etat, au nombre de 2,5 millions, dont environ un million de professeurs, sont placés sous l’autorité du Gouvernement. Si le pouvoir politique (ou ses relais dans la hiérarchie administrative), est confronté à des situations d’insuffisance professionnelle – absentéisme, incompétence, négligence –, il incombe à lui seul de prendre ses responsabilités. Les outils existent. La question est celle de la volonté et le courage de les utiliser.  

Les révocations ou les licenciements de fonctionnaires – parfaitement possibles – sont encadrés dans des procédures notamment d’évaluation et de concertation destinées à établir la véracité et la gravité des faits reprochés à un agent public.  Il ne suffit pas à un ministre ou un directeur de claquer dans les doigts. Dès lors, la tentation de dirigeants politiques, quelles que soient les époques, peut être en effet de renforcer leur pouvoir discrétionnaire de révocation ou de licenciement des fonctionnaires en supprimant ou en réduisant au minimum les procédures. Une telle réforme est-elle vraiment souhaitable ?

Certes, tout fonctionnaire a un devoir d’obéissance envers sa hiérarchie, au sommet de laquelle se trouve un Gouvernement. Cependant, l’article L.121-10 du code de la fonction publique, fondé sur la tradition démocratique, prévoit : « l’agent public doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. »

Ainsi, dans certaines situations exceptionnelles, le fonctionnaire a aussi un devoir de désobéissance qui est l’une des garanties d’une société démocratique. Face à des situations de corruption ou d’atteintes graves aux libertés, il est de sa responsabilité de savoir dire « non ». Et l’histoire souligne que ce type de situation n’a malheureusement rien d’hypothétique. En dehors même de ces cas particuliers, la liberté de pensée du fonctionnaire conditionne sa capacité à fournir un conseil libre et éclairé au pouvoir politique (bien entendu sans décider à sa place). Banaliser les modalités de licenciement du fonctionnaire – en faisant peser une menace permanente sur sa tête – serait une manière de porter atteinte à sa liberté et indépendance intellectuelle, au cœur de son métier et d’autant plus fondamentale qu’il se situe à un niveau de responsabilité élevé.

Une telle mesure irait d’ailleurs dans le même sens que la remise en cause progressive du concours comme mode essentiel de recrutement. La sélection par le mérite, les connaissances, une réflexion et des aptitudes professionnelles – plutôt que par la cooptation (amicale, familiale, politique ou clanique) – constitue un autre pilier de l’indépendance intellectuelle des agents publics. Or, 21% des effectifs de la fonction publique sont désormais recrutés hors concours, par voie de contrats souvent temporaires et aisément révocables.

La fonction publique a beaucoup perdu de son attrait dans la société française depuis un quart de siècle. En 1997, elle comptait 642 000 candidats pour 40 000 postes offerts. En 2021, le nombre de candidats n’était plus que de 177 000 pour le même nombre de postes offerts. Les écarts de rémunération avec le secteur privé – à niveau de formation égal – expliquent largement ce désaveu (par exemple, un professeur agrégé, soit généralement bac +7, commence sa carrière, après un concours extrêmement sélectif, à environ 2 000 € net). D’ailleurs en 2023, 3 000 postes de professeurs n’ont pas été pourvus ! Est-il bien utile dans ce contexte de dévalorisation accélérée d’un métier – le service public – de remettre sur le tapis la question du licenciement des fonctionnaires ?

Le 29 août 1980, Raymond Barre, Premier ministre, déjà qualifiait les fonctionnaires de « nantis ». L’augmentation des effectifs (« l’emploi dans les administrations publiques a augmenté de 0,5% par an entre 2019 et 2021, contre 0,9% pour l’emploi total » selon l’OCDE), n’explique évidemment pas, à elle seule, l’ampleur des déficits et le gonflement d’un tiers de la dette publique en sept ans (de 2 200 à 3 100 milliards €). Les dirigeants politiques d’un Etat, qui sont absolument et entièrement responsables des difficultés ou de ses malheurs de la Nation dont ils ont la charge, du fait de leurs choix ou de leur non-choix, ne s’honorent jamais en désignant les serviteurs de cet Etat, les fonctionnaires, comme boucs émissaires de leurs propres insuffisances.

MT

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Soudan, le massacre oublié

Le Figaro: « Les premiers coups de feu ont déchiré Khartoum au petit matin du 15 avril 2023. L’affrontement entre l’armée et une milice était presque attendu, tant les nuages s’étaient accumulés depuis des mois, annonçant la tempête. Alliés de circonstance pour d’abord détrôner, en 2019, le vieux despote Omar el-Béchir puis pour accaparer le pouvoir aux dépens des civils, le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée et président, et son ancien vice-président le général Mohammed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, à la tête des puissantes Rapid Support Forces (RSF), n’ont jamais caché leurs ambitions […] Pour autant, nul ne s’attendait à ce que l’affrontement dure si longtemps ni s’étende à presque tout le pays, jetant 8,6 millions de civils, soit 16 % des Soudanais, sur la route selon les données de l’ONU. »

Le pire n’est jamais certain dit-on, mais se vérifie souvent… Le Soudan est un pays que je connais bien pour y avoir vécu ma première expérience professionnelle à l’âge de 24 ans, comme secrétaire d’ambassade… J’en garde le souvenir d’un peuple extrêmement chaleureux, hospitalier, amical et généreux même dans la misère endémique… Le Soudan est un immense pays, le plus grand d’Afrique par la taille à cette époque. A la confluence des deux Nils, le Nil bleu et le Nil blanc, il possède de formidables richesses naturelles en terres agricoles et en matières premières, qui pourraient en faire le grenier de l’Afrique. Déjà à l’époque, le pays était ravagé par la guerre civile entre le Sud et le Nord. En 1985, la chute de la dictature islamiste du despote Nimeiri (un gros dictateur ventripotent et sanguinaire), renversé par une révolte populaire soutenue par l’Armée, nous semblait alors ouvrir la voie d’un retour à la paix civile et il était même question de démocratie et d’un espoir de prospérité. Or, rien ne s’est déroulé comme espéré… Aujourd’hui, plusieurs décennies ont passé et le Soudan a sombré dans un chaos total qui embrase sa capitale Khartoum et tout le pays, dévasté par une guerre sanglante entre les forces armées officielles et une milice. Cette guerre atroce se traduit par le massacre de centaines de milliers de femmes et d’enfants, l’éradication de villages entiers, les incendies, les pillages, une épouvantable famine, des millions de personnes déplacées. Ce qui est à la fois étrange et scandaleux, c’est l’indifférence du monde pour l’horreur qui y sévit. L’émotion planétaire se polarise sur certains conflits, l’Ukraine ou Israël, mais celui-là, comme d’autres, sont largement occultés. Affirmer, comme certains « penseurs » qu’il est normal de privilégier la proximité géographique dans l’appréciation des horreurs est un comportement relativiste qui revient à faire de la distance le premier critère de la solidarité humaine. Hypocrite aussi, comme si la sensibilité à la détresse des populations était liée à des intérêts et à leur degré de médiatisation. Et j’ose à peine dire, sur fond de racisme inconscient, quand les malheurs épouvantables de l’Afrique se perdent dans l’indifférence…

MT

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Le RIP foutaise ou le RIP et les ripoux

Pour la deuxième fois en quelques mois, le Conseil Constitutionnel s’est opposé à la présentation d’un RIP ou référendum d’initiative populaire. Après le RIP sur les retraites, retoqué en mai 2023, c’est le RIP sur l’immigration qui est balayé par les « sages » car à son tour, prétendu non conforme à la Constitution. Tout ceci est franchement absurde, minable, malhonnête. Je ne parle pas ici du fond des projets. La droite LR, une fois encore, a été mal inspirée. C’est quelque chose que je n’ai jamais cessé d’écrire ou de dire depuis toujours: prendre le sujet de l’immigration par le biais de la mise en cause des droits des étrangers en situation régulière – alors que la vraie question de la maîtrise des flux migratoire est la lutte contre l’immigration illégale et la maîtrise des frontières – est simplement idiot, contradictoire, une banale imitation de la toute lepénienne « préférence nationale ». Mais tel n’est pas le sujet que je voulais aborder aujourd’hui, c’est celui du RIP. On prétend, donner au peuple la possibilité de choisir son destin en passant par dessus les corps constitués. Et par deux fois, sur ces questions cruciales, un organisme, incarnation même du corps constitué, désigné par le pouvoir politique, présenté comme juridictionnel, s’oppose frontalement à des tentatives de faire s’exprimer le peuple sur des sujets cruciaux pour lui, sous des prétextes juridiques, dont, pour les retraites comme pour l’immigration, chacun sent bien qu’ils recèlent des intentions politiques. Il faut reconnaître aussi la nullité des responsables politiques. Sur les retraites, la droite LR s’était farouchement, obstinément opposée au RIP en invoquant sa contrariété avec la Constitution. Son cynisme ou sa sottise de l’époque lui est revenue en boomerang sur l’immigration. A ce titre, c’est plutôt réjouissant, dans la logique de l’arroseur arrosé. Mais idem pour la gauche: à l’origine du RIP retraite, elle était vent-debout contre le RIP immigration dont elle souhaitait la censure. Une gauche intelligente eût dit: laissons le peuple se prononcer. Mais la gauche est bête, comme la droite. Et de toute cette épouvantable sottise, de cette entreprise de tromperie de la nation, de cette grande foutaise antidémocratique, entièrement fondée sur le mépris du peuple, le mépris des gens, c’est la pourriture extrémiste sous toutes ses formes qui profite.

MT

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Lecture: Céline, par François Gibault, Mercure de France (trois tomes 1979-1985)

Voici une biographie de Céline (Louis Ferdinand Destouches), aussi impressionnante par le volume (plus de 1000 pages en trois tomes) que réellement fascinante, éblouissante. L’histoire de ce personnage depuis sa naissance en 1894 à sa mort en 1961, est tout simplement époustouflante et cette biographie déjà ancienne nous emporte au plus profond des pires abîmes du XXe siècle. Pour l’apprécier pleinement, il est impératif d’avoir lu les livres les plus célèbres de l’écrivain, au moins Voyage au bout de la nuit, Mort à Crédit et d’un Château l’autre. L’auteur de cette biographie est lui-même écrivain, avocat de Lucette, l’épouse de Céline après la mort de ce dernier. Il a écrit cette somme en la fondant sur une documentation considérable et inédite en particulier la correspondance privée de l’écrivain.

Certaines figures littéraires comme Paulhan, Nimier ou Jouhandeau ont considéré Céline comme l’un des plus grands écrivains français du XXe siècle, sinon le premier d’entre eux. En effet, Céline est l’inventeur d’un style qui consiste en la transposition sur le plan littéraire du langage populaire parlé. D’où une prose étrange, absolument révolutionnaire pour l’époque, constituée de phrases hachées, brisées, d’interjections, d’exclamations et d’expressions argotiques. Ce médecin exerçant dans un dispensaire populaire de la banlieue ouvrière au Nord de Paris (Bezons) trouvait son style dans la gouaille populaire, mais chacune de ses phrases, donnant de prime abord une impression de négligé, était précieusement ciselée et le fruit d’un travail approfondi. Son chef d’œuvre et premier roman, Voyage (récit halluciné d’un combattant de la Grande Guerre de 1914-1918), publié chez Denoël, a manqué le prix Goncourt d’un cheveu, par frilosité du jury.

Le cas Céline soulève l’éternelle question de la rencontre du génie et d’une personnalité médiocre, sinon indigne. Mort à Crédit est en partie une charge violente contre ses parents qu’il traîne dans la boue et ridiculise. Or, cette biographie, première sidération – stupéfaction – nous apprend qu’il était plutôt un enfant roi, choyé par son père et sa mère qui ont tout donné pour lui. Puis, son attitude avec sa première épouse bretonne, dont le père lui a inspiré une carrière médicale, se révèle détestable. Avec elle, Céline a eu une fille, Colette, avec laquelle il entretenait des rapports complexes. L’écrivain a détesté son gendre, sans raison précise, par jalousie intense, et n’a jamais accepté de le rencontrer comme il a toujours refusé tout contact avec ses cinq petits enfants, au prétexte de ne pas vouloir s’attacher à eux, éconduisant méchamment l’un d’eux (à la fin de sa vie) quand ils chercha à établir un contact… En revanche, il s’entourait en permanence d’une véritable ménagerie de chats, de chiens et d’oiseaux qui ne le quittaient jamais.

Mais surtout, à la fin des années 1930, l’écrivain a fait naufrage dans un antisémitisme délirant aux accents haineux. Ses pamphlets publiés à l’époque comme Bagatelle pour un massacre, sont de véritables appels au meurtre. Et les lettres privées de Céline, dont l’auteur, par volonté de transparence, divulgue de larges passages, le montre encore plus violent que dans les textes destinés à la publication. Céline a pris clairement partie en faveur de l’Allemagne hitlérienne. Entre 1940 et 1944, il multiple les contacts avec les autorités militaires et civiles allemandes pour obtenir diverses faveurs comme l’autorisation de se rendre à Saint Malo où il dispose d’un appartement. A titre privé (ou scientifique, dit-il) il se rend en Allemagne en 1942. Alors il est vrai qu’il n’est pas le seul dans le monde littéraire à se comporter de la sorte, et l’ouvrage souligne combien le tout-Paris littéraire, artistique, cinématographique, sauf exceptions, a fricoté avec l’occupant, y compris les bonnes consciences progressistes à l’image de JP Sartre. Non, il n’était pas le seul… Et puis, Céline haïssait les Allemands (qu’il appelait « les boches ») et ne quittait jamais son style provocateur, clochardisant, demi-fou, clamant dès 1942, lors de dîners mondains en présence d’Otto Abetz et des généraux allemands: Votre Hitler est foutu et l’Allemagne aussi! Mais il était intouchable car bénéficiant de protections en haut-lieu…

Menacé par la Résistance, il fuit Paris en juin 1944 avec sa seconde épouse Lucette et son chat Bebert pour l’Allemagne, où il passe quelques mois à Sigmaringen (le point d’attache des collaborateurs français). Ses rapports avec le maréchal Pétain et Pierre Laval sont exécrables, il les déteste et les méprise, comme il déteste et méprise presque tout le monde. Puis il quitte l’Allemagne dans des conditions rocambolesques, toujours en compagnie de Lucette et de son chat pour le Danemark où il avait dissimulé toute sa fortune en or, issue de ses droits d’auteur. Après la fin de la guerre, il est emprisonné à Copenhague mais il échappe à l’extradition vers la France grâce au dévouement extrême de son avocat, Mikkelsen qui l’héberge généreusement pendant plusieurs années une fois sorti de prison. Plus tard, dans un accès de paranoïa, Céline accusera son sauveur et bienfaiteur de lui avoir volé son or et de l’avoir ruiné…

Au début des années 1950, Céline bénéficie d’une amnistie de la justice française: il n’aurait pas participé à un mouvement actif de Collaboration ni frayé avec le régime de Vichy, et n’aurait pas directement de sang sur les mains – aucune dénonciation n’a pu être prouvée contre lui. En outre, ses écrits antisémites sont pour l’essentiel antérieurs à l’occupation allemande donc, selon la justice, ne relèvent pas à proprement parler de la Collaboration. Il peut donc rentrer en France. Installé à Meudon, dans une maison qui offre un panorama sur Paris, il poursuit son œuvre, dans la solitude extrême et volontaire et le dénuement auprès de Lucette et au milieu de sa ménagerie. Il publie chez Gallimard d’un Château l’autre (essentiellement ses souvenirs de Sigmaringen), chef d’œuvre au succès mitigé à la fin des années 1950… Et, se défend vigoureusement, face à ses détracteurs, contre toute évidence, d’avoir jamais été ni antisémite ni partisan de l’Allemagne hitlérienne…

MT

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Le grand retour (ou com’ back en anglais)

« Dans le dernier baromètre Elabe pour « Les Echos », il est la quatrième personnalité politique préférée des Français, avec 29 % d’image positive, de loin premier à gauche, et le seul parmi le Top 6 à progresser (+2 en avril). » De qui parle-t-on ainsi? De François Hollande qui « retrouve ainsi les faveurs de l’opinion » (sic). Un historien spécialiste du Directoire et du Consulat me l’avait annoncé un jour, lors d’une réception en 2018: « Vous verrez, quand la France aura atteint le fond de l’abîme, elle regrettera François Hollande« . Alors, oubliées les virées nocturnes en scooter? Oubliée Léonarda? Oubliées les promesses fantaisistes, répétées pendant cinq ans sur la baisse du chômage? Oublié le cirque de six mois sur la déchéance de nationalité comme réponse au massacre du Bataclan, avant un enterrement de première classe? Oubliée l’annonce de la fin de la menace terroriste, un 14 juillet 2016, quelques heures avant la tuerie de Nice? Oublié le chaos social permanent? Et le scandale? Oublié « Un président ne devrait pas dire ça? » De fait, l’opinion semble avoir la mémoire courte. Pourquoi un tel retour, ou plutôt demi-retour en grâce? (4ème avec 29%, comme on dit, au pays des aveugles, les borgnes sont rois). Parce que François Hollande, avec sa silhouette et son air bonhomme, incarne bien « l’anti-macron ». A juste titre: un président « normal » est mieux qu’un président (prétendument) « Jupiter ». Les Français (enfin, les 29%) ont raison, au fond, de préférer la posture de bonhommie à celle d’arrogance : pour un résultat à peu près identique. Mais ils oublient aussi autre chose: l’actuel chef de l’Etat, qu’ils peinent à supporter (au moins 75% d’entre eux) malgré sa double élection, est une pure créature de François Hollande, son fils politique, spirituel, son enfant prodigue, son héritier idéologique. Ils oublient que la politique des mandats Macron (économique, budgétaire, sécuritaire, sociétale, migratoire, sanitaire, énergétique, diplomatique, etc.) est grosso modo la même que celle de l’ère Hollande – sauf sur la fiscalité des milliardaires. Et cela est bien normal dès lors que M. Macron est une pure créature de M. Hollande. Avec une différence quand même: M. Hollande est (me semble-t-il) d’un niveau d’intelligence – au sens de l’intuition, la lucidité sur soi-même, sur les autres, sur le monde et sur l’histoire – sans doute au-dessus de l’actuel président. Le secret d’une carrière politique réussie aujourd’hui – jusqu’à l’Elysée – n’est surtout pas l’intelligence comme définie ci-dessus. C’est la désinhibition, l’absence de sur-moi (au sens freudien) ou de limite, de conscience de soi et des autres, être prêt à absolument tous les mauvais coups, tous les mensonges, les manipulations, la démagogie, sans limites, toutes les volte-face, un cynisme, parfois confondu à tort avec l’intelligence, tous les pires sales coups pour le bien public. Tel est l’un des grands malheurs de la France. Et jamais le bout du tunnel n’a paru aussi éloigné, sinon illusoire…

MT

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Election européenne 2024 ou l’anéantissement de l’intelligence politique

Les élections européennes se profilant – elles auront lieu le 9 juin -, c’est le temps des sondages. Ce samedi, une enquête Elabe* commandée par La Tribune Dimanche et BFM TV donne le Rassemblement national toujours en tête avec 30% d’intentions de vote, devant le camp présidentiel (16,5%) et le Parti socialiste (12%).Plus de treize points séparent la liste RN menée par Jordan Bardella de celle de la majorité présidentielle, emmenée par Valérie Hayer, dans les intentions de vote, des chiffres proches d’un sondage Toluna-Harris Interactive paru mercredi (31% contre 17%).L’intérêt de l’enquête Elabe réside surtout dans la nette progression qu’elle donne à la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann à 12%, 3,5 points par rapport au dernier sondage de cet institut en mars.Suivent ensuite la liste des Écologistes de Marie Toussaint (8,5%) et de La France insoumise de Manon Aubry (7,5%). François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains, est crédité de 7% d’intentions de vote, devant Marion Maréchal pour Reconquête (5,5%).

Les sondages des Européennes se suivent et se ressemblent. Jamais, dans toute l’histoire de France, nous n’avons assisté à une élection aussi bête, aussi diablement stupide et sans espoir. L’actualité, au jour le jour, ne donne pas lieu à la moindre esquisse d’un débat d’idées. Cette élection est comme un bateau ivre sur un océan de malheur collectif et de néant. L’autre jour, (ma parole d’honneur), une dame âgée, retraitée, électrice macroniste habituelle: « qu’est-ce qu’il est « mignon » le socialiste, moi c’est pour lui que je vote« . Le relatif succès de la tête de liste lepéniste est grotesque, comme un petit marquis surmédiatisé, n’ayant jamais travaillé, jamais assumé la moindre micro-responsabilité de sa vie, sans la moindre esquisse d’un projet, d’une proposition, le coup de menton facile, remarquable débaucheur, réciteur des éléments de langage de son parti extrémiste, une sorte de Macron lepéniste. Et que proposent-ils, ces fanfarons, depuis des années, sinon encore plus de démagogie, encore plus de gabegie, encore plus de mégalomanie et de destruction? La droite LR paie quant à elle pour son invraisemblable aveuglement depuis quelques années et son ambiguïté devant le macronisme. Les Ganelon de 2017 en tout genre ont certes leur part de responsabilité dans la catastrophe sondagière par l’effet déstabilisateur de la trahison. Mais la droite LR paye aussi, au-delà des Ganelon, pour son soutien honteux à l’Absurdistan sanitaire inutile, ruineux et liberticide en 2020/2021. Elle paye pour sa soumission à la nullissime et mensongère réforme des retraites jupitérienne. Et ce n’est pas faute de lui avoir hurlé aux oreilles, quand il était encore temps, qu’elle marchait tout droit au suicide – pour n’en recueillir que des quolibets et du mépris. Elle paye pour ses étranges et vénéneux ronds de jambes avec la macronie sur la réforme de l’immigration. Certes, la liste présidentielle s’effondre et elle atteint un niveau abyssal comme jamais pour un parti au pouvoir. Son niveau sondagier exprime la révulsion de toute une Nation devant la dérive narcissique du pouvoir sur fond d’effondrement général (financier, économique, scolaire, sécuritaire, diplomatique, etc.) cette phénoménale conjonction de la destruction du pays dans le chaos, la violence et l’explosion de la dette publique. Cette élection européenne pourrait être l’occasion d’un débat approfondi: pourquoi cet effondrement brutal d’une Nation depuis un demi-siècle? Qu’est-ce qui ne marche pas dans la culture politique, dans la formation, le mode de sélection des élites dirigeantes, dans l’éducation populaire, les institutions politiques et leur fonctionnement ? Or ce débat est comme anéanti, dans un océan de compromission, de mensonge, de débauchages, de prostitution, de magouilles politiciennes, de coups de menton ridicules.

MT

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Pour une motion de censure

Le bruit court en ce moment que la droite LR envisagerait de présenter une motion de censure à l’Assemblée nationale. La gauche Nupes et le RN seraient prêts à la voter. Pourquoi il me semble que ce serait une excellente initiative et que ses dirigeants auraient bien tort de reculer désormais:

  • Montrer que la France demeure (malgré tout) une démocratie ou les parlementaires sont capables d’exprimer en acte le mécontentement populaire;
  • Pour la droite LR, après les erreurs du soutien au pouvoir sur l’Absurdistan sanitaire (2020-2021) et la prétendue réforme des retraites – deux séquences qui l’ont montrée en complice du macronisme – et le fiasco de la loi immigration, renouer avec un électorat qui l’a élue en tant qu’opposition;
  • Sanctionner l’échec des dirigeants actuels dans tous les domaines, financier, mais aussi industriel, sanitaire, énergétique, sécuritaire, migratoire, diplomatique éducatif… ainsi que les dérives mégalomaniaques qui s’attachent à certain mode d’exercice du pouvoir.
  • Frapper les opportunistes ou félons ex-LR qui ont fricoté pour un maroquin et qui sont l’une des causes, par l’image détestable qu’ils ont donnée, des difficultés actuelle de ce parti;
  • Souligner à quel point la fanfaronnade permanente n’est jamais que le masque de la pusillanimité et de l’indécision – car le chef de l’Etat ne prendra jamais le risque de dissoudre l’Assemblée;
  • S’affirmer en tant que force d’opposition contre le RN qui caracole dans les sondages, non pour son projet vide et inexistant, mais pour avoir su capter (par contraste avec les tribulations de la droite LR) l’impopularité du pouvoir;
  • Maintenant que la rumeur a circulé sur la voie publique, renoncer serait un aveu de faiblesse ou pire, de collusion. MT
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Esbroufe/déclin, une mystérieuse corrélation

Georges Pompidou est à la mode en ce moment et il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi. « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire. J’aimerais que les historiens aient le moins que possible à raconter sur mon mandat« . Dans Marianne de cette semaine, Christophe Guilluy écrit à l’inverse: « À l’Élysée, Emmanuel Macron ne pense qu’à la trace qu’il va laisser dans l’Histoire ». Voyez, le contraste est saisissant. D’où une loi fondamentale de « sociologie politique« , pour parler en termes universitaires (et même légèrement pompeux!). Dans la vie publique, c’est-à-dire politico-médiatique, le niveau de l’esbroufe, de la gesticulation, de la fanfaronnade est inversement proportionnel au bien-être collectif et à la réussite d’une politique. Quand la France se sent forte, unie et sûre d’elle, le chef de l’Etat n’a pas besoin de s’afficher ni de pérorer quotidiennement. En revanche, l’exubérance élyséenne ne trompe pas. Elle intervient comme une tentative de compensation, le signe en creux d’un effondrement dans la violence, les déficits, la dette publique, les frontières abandonnées, un épouvantable désastre scolaire, la destruction industrielle, la catastrophe sanitaire et des services publics, l’impuissance de l’Etat et des politiques. Nous avons là un thermomètre infaillible de l’état du pays. Autrement dit, le paraître signe l’échec du faire. Ou la frime est l’expression du désastre. A noter: ceux qui croient trouver un espoir de redressement dans d’autres fanfaronnades sont à côté de la plaque. Aucun Grand-Guignol ne permettra jamais de sortir du Grand-Guignol.

MT

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Quelques paroles d’André Tardieu, tirées de l’abécédaire de ses citations (paroles de circonstances, en ce lundi de Pâques!)

Changement – Pour sauver le pays et le tirer du point mort, il faut changer les institutions, les mœurs et les caractères. (slp)

Christianisme : C’est au christianisme que l’humanité doit la plupart de ses progrès. Il a fondé les droits de l’homme en contestant le pouvoir absolu de l’Etat sur la totalité de la personne humaine. C’est dans l’Eglise qu’est née […] la coutume de la souveraineté du peuple […] C’est la charité qui est la base de la civilisation […] L’Eglise chrétienne a fondé les libertés en séparant l’Eglise de l’Etat […] Elle a été, au Moyen-âge, le seul lien entre les nations européennes (sig).

Civilisation –Le problème présent [de la France] n’est pas seulement celui de son régime politique et social : c’est celui de sa civilisation […] La civilisation française est liberté. Vivre libre ; penser libre ; parler libre ; ne point être exposé, sans garanties, à la bâtonnade, à la prison, à la mort, c’est l’essentiel de la tradition française – ce que depuis plusieurs siècles, on appelle, dans le monde entier, les idées françaises. (hd)Mais alors, prenons garde ! Car une grande offensive est lancée contre notre civilisation. (hd)

MT

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La semaine de 4 jours, dernière lubie politicienne

Curieusement, le thème n’est pas commenté, passe inaperçu, dans un quasi-silence… La semaine de 4 jours fait partie des annonces du pouvoir politique de ces derniers mois. Ils nous disent prudemment que cela ne changera rien en termes de temps de travail effectué. L’idée serait de faire en 4 jours ce que l’on faisait en 5 jours. Pas très réaliste: en prenant par exemple des journées de 8H, cela donne 2 heures de plus quotidiennement. Compte tenu des transports, des enfants à récupérer à l’école, des contraintes ménagères, des journées de 10H sont la plupart du temps difficilement concevables. Et les 10 heures vont inévitablement se réduire comme peau de chagrin dans les faits. Cette idée de semaine de 4 jours sans réduire le travail est celle de politiciens qui n’ont jamais travaillé de leur vie, ou pire, jamais vécu. En fait, l’annonce des 4 jours (à commencer par la fonction publique), est un signal de repli ou de désengagement, de préférence donné au loisir sur le travail. Les services publics éducatifs, sanitaires, sécuritaires, déjà en grande difficulté pour accomplir leur mission vont se trouver encore plus fragilisés. Alors, ces anciens socialistes, enrichis de quelques félons de droite, renouent avec la logique des 35 heures. Ils sont en parfaite contradiction avec leur discours hypocrite sur la nécessité de travailler davantage, à l’origine de l’imbécile et provocateur report à 64 ans de l’âge de la retraite (alors que le même objectif est atteignable de manière infiniment moins injuste par le relèvement du nombre d’annuités) ou encore de leurs prétendues « transformations » du RSA ou de l’assurance chômage. Mais peu importe à leurs yeux. C’est lancé sans consultation, sans dialogue, sans débat, sans réflexion collective, comme sorti tout droit d’un piètre cerveau. Tout ceci fait partie de la nouvelle donne politique (y compris les extrêmes): la seule chose qui compte, c’est la posture, l’image, le reflet narcissique dans le miroir, l’exubérance vaniteuse, faire parler de soi, le buzz médiatique à n’importe quel prix – celui du sacrifice de l’intérêt général dans le plus parfait mépris de la nation, du bien commun et de l’avenir collectif.

MT

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Le chaos dans les lycées, quelle responsabilité?

La démission du proviseur de Maurice Ravel dans le XXe à Paris, à la suite de menaces islamistes, pour avoir exigé d’une lycéenne qu’elle retire son voile conformément à la loi, fait beaucoup de bruit. Alors, les politiciens au pouvoir donnent du menton. Jamais l’éducation nationale n’avait sombré dans un tel chaos: militantisme islamiste, violence, menaces de meurtre, effondrement du niveau. C’est en grande partie la faute des équipes au pouvoir qui sont censées diriger la France, notamment depuis 12 ans. A cause de leurs prétendues réformes, elles ont accéléré l’œuvre de destruction du lycée et favorisé le chaos. Ne soyons pas dupes: les moulinets, les coups de menton, la logorrhée virile et la diarrhée communicante, cette fuite dans l’exubérance vaniteuse et bavarde n’est jamais que le signe de l’impuissance. Ils ont affaibli le lycée par une politique de nivellement avec la suppression des séries spécialisées et le sacrifice démagogique du bac (contrôle continu, « grand oral » imbécile, etc). Les projets de militarisation ou encasernement de la jeunesse – uniforme scolaire, service universel et autres idées piquées à la droite radicale – ne sont rien d’autre que des leurres destinés à distraire l’opinion du désastre en cours. En abandonnant la notion d’excellence scolaire, en saccageant l’enseignement des mathématiques, du français, de l’histoire, de la philosophie, des sciences, en dévalorisant les examens et le mérite, en sabotant la transmission de l’intelligence, nos apprentis sorciers, comme la nature à horreur du vide, ont ouvert la voie à la violence et à la terreur islamiste. Ils sont responsables et coupables mais intouchables dans un régime politique fondé sur l’irresponsabilité. Pauvre Maurice Ravel, de voir son nom associé à une telle débâcle.

MT

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Lecture: Le dictionnaire Georges Pompidou, sous la direction de Christine Manigand et Olivier Sibre, éditions Robert Laffont-Institut Georges Pompidou, mars 2024.

Voici un ouvrage bienvenu en cette cinquantième année du décès de Georges Pompidou. Le dictionnaire est un livre épais de 700 pages. Il nous parle de Georges Pompidou à travers plus de 150 rubriques qui concernent le personnage. J’y ai activement contribué! Mais ce n’est pas pour cette raison que je le recommande.

Le dictionnaire est bien écrit, clair, couvre mille aspects de la vie et de l’œuvre de l’ancien président, sa passion pour l’art et la littérature, ses compagnons, sa vie privée, son action politique et internationale, sa conception de l’intérêt national. Les auteurs sont des historiens, des journalistes politiques, écrivains, quelques responsables politiques et des témoins.

Le succès de Georges Pompidou en ce moment n’est pas si difficile à comprendre. Il incarne sans doute la dernière période vraiment heureuse et sans nuage des Français, une époque de prospérité, de rayonnement international, de puissance industrielle et de relative concorde nationale par delà les différences d’idées. La France d’alors est aimée, écoutée et respectée en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique. Elle est une passerelle entre l’Ouest et l’Est. Georges Pompidou, héritier du général de Gaulle, avec un tout autre style, fut aussi le dernier président populaire, aimé de son peuple avec des taux de confiance de 60 à 70%

Pompidou est une sorte d’anti-modèle des politiciens au pouvoir actuels. « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire disait-il, je souhaiterais que les historiens n’aient pas trop de choses à dire sur mon mandat. » Voilà: l’anti-narcisse, l’anti-bavard, l’anti-Guignol. A une période où la France était prospère et respectée, l’institution présidentielle était une sorte de rocher protecteur plutôt que l’espace d’une mise en scène continue, grotesque et mégalomane qui ne sert qu’à couvrir l’effondrement et l’impuissance. Voici pourquoi les Français le regrettent profondément aujourd’hui. Et voici pourquoi ce dictionnaire Georges Pompidou est passionnant et salutaire!

MT

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5,5% de déficit public, 3200 milliards de dette = une question politique avant d’être technique

Avec 5,5% de déficit public en 2023, la France fait pire que tous les pays de l’UE à l’exception de l’Italie. Les 7 dernières années se sont traduites par une augmentation de la dette publique de 1000 milliards d’€ passant à 3200 milliards, un autre record. Cette situation est dramatique car le poids des remboursements de la dette devient le premier poste de dépense de l’Etat devant l’Education nationale. Un pays lourdement endetté perd son indépendance au regard de ses créanciers extérieurs. La France est mal gérée, mal gouvernée, mal dirigée. Derrière cette catastrophe, il y a toute une conception du pouvoir politique. Le fond du problème: quand la mégalomanie, le narcissisme maladif ou l’esbroufe vaniteuse se substituent au bien commun en tant que boussole de la vie politique. C’est toute l’histoire du « quoi qu’il en coûte« . Partout où l’on passe, on lance des annonces grandiloquentes assorties de promesses de milliards en chèques sans provision. On a tellement peur de mouvements sociaux qui viendraient ternir un peu plus la belle image narcissique qu’on lâche aussitôt partout dans la nature et le plus grand désordre des pelletées de milliards pour les chauffeurs routiers, les agents des transports en commun, les écolo (interdiction de la pêche) etc. Et aussi les promesses démagogiques comme la suppression de la taxe d’habitation (20 M€), le SNU ou l’uniforme scolaire, les mesures démentes de la crise sanitaire, etc. L’annonce mirifique de chèques sans provision donne une prestance médiatique, une importance, une posture qui tend à compenser les échecs et les malheurs collectifs. L’argent magique est supposé compenser la médiocrité d’une politique. Avec l’argent des autres, celui des contribuables futurs, de nos enfants, tout est possible, tout est facile. Et l’irresponsabilité, sous couvert de grands airs savants, devient une habitude, une banalité. Cette irresponsabilité se traduit par le caractère inamovible, intouchable des responsables de cette situation. Ils sont incrustés dans la place, tout confits dans une vanité qui dépassent l’entendement, proportionnelle à leur irresponsabilité, à l’abri de toute sanction. Le système est malade: il nourrit la vanité autant que l’irresponsabilité. Et ce qui est terrible, c’est que la seule alternance envisageable à ce stade (selon les sondages d’opinion) est faite d’individus qui promettent encore plus de démagogie, de gabegie et d’irresponsabilité…Tout ceci procède le la disparition du sens de l’Etat, du sens de l’intérêt général au profit de l’exubérance vaniteuse. Il faudrait une révolution intellectuelle, l’abolition du gouvernement par l’obsession narcissique et un retour au bien commun et la sagesse de l’avenir. Mais aujourd’hui, nous en sommes à mille lieues.

MT

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Sur les statistiques de ce blog

Ce blog personnel existe depuis 14 ans maintenant… Il s’est stabilisé à un niveau situé entre 1000 à 2000 visites quotidiennes. Il est donc inscrit dans la durée, à la fois très modeste et ambitieux tout en restant un site rationnel qui essaye de pratiquer un libre échange d’idées sans délires, sans haine, sans calomnies et sans diffamation. Il est parfois lu ou parcouru par des personnalités des médias ou du monde politique. Beaucoup de ses congénères, créés dans les années 2010, ont disparu, par découragement ou lassitude, mais lui tient bon par delà les années. A quatre reprises, son animateur a reçu l’ordre de le supprimer: d’un secrétaire général de l’Elysée, d’un directeur de cabinet et d’un directeur (deux fois). A quatre reprises, son animateur a refusé d’obéir. Au nom de la liberté d’expression. Tous ceux qui le consultent occasionnellement ou régulièrement ou contribuent à son animation sont remerciés vivement car sans eux, il aurait cessé d’émettre (façon de parler) depuis belle lurette! Des contributions de fond sont toujours bienvenues de type CR de lecture ou témoignage ou analyse, toujours dans le même esprit, sans provocation, ni haine ni mise en cause des personnes! Ces contributions aident à tenir dans le temps. Avec toute mon amitié!

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Les « généraux de plateau »

Attention! ceci n’est pas une critique antimilitariste car on sait bien qu’il ne représentent qu’une infime minorité de l’armée française, mais plutôt le constat d’un phénomène socio-médiatique. Ils sont là désormais, fanfaronnant, omniprésents sur les « chaînes d’info en continu », ce nouvel outil de propagande. Ce qui est sidérant, c’est la ressemblance entre les « généraux de plateau », présupposés experts de la guerre d’Ukraine et les « médecins de plateau », appelés à commenter le déroulement de la crise sanitaire en 2020-2021du haut de leur prétendue science des épidémies. La ressemblance entre les généraux de plateau et les médecins de plateau est frappante : 1) conformisme ou uniformisme dans la mesure où ils répètent tous à peu près la même chose [un peu comme des perroquets bavards]; 2) discours visant à promouvoir une peur apocalyptique dans la population, les millions de morts annoncés du covid comme la menace d’invasion russe sur la France ou d’extermination nucléaire; 3) les velléités liberticides, le confinement et le couvre-feu (absurdes) d’hier comme l’encasernement militaire de la population aujourd’hui (tout aussi absurde dans le cadre des conflits modernes); 4) le maudissement du débat d’idées (les « experts » se prétendent éclairés contre l’obscurantisme) et la diabolisation des réfractaires (les « complotistes » d’hier sur le covid sont devenus les « munichois » d’aujourd’hui); 5) enfin l’allégeance au pouvoir en place. La prétendue expertise, sans cesse démentie par les événements, n’est le plus souvent rien d’autre que le voile de l’imbécilité servile et du conformisme. Elle s’impose ainsi comme un outil de manipulation de masse ou formatage des esprits. Quand certains généraux, comme certains médecins (très minoritaires évidemment) se mettent à parler ou à communiquer plutôt qu’à faire le travail pour lequel ils sont rémunérés, ce n’est jamais un bon signe pour la société, ou plutôt, un symptôme de déliquescence.

MT

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Pour l’image de la classe politique

L’ancien ministre de la santé, M. Veran après avoir quitté le gouvernement, a annoncé son recrutement par la clinique des Champs Elysées, une société privée qui fait fortune en matière de chirurgie esthétique – tout en restant député. (Semble-t-il). Ce Monsieur, médecin spécialiste, abandonne donc sa spécialité, la neurologie, pour gagner beaucoup d’argent dans la médecine ou chirurgie esthétique, pour l’essentiel refaire les gueules et les fessiers de vieilles gens fortunées, vedettes médiatisées ou du show business qui ne supportent pas l’effet du passage du temps sur leur corps. Pendant deux ans, ce médecin a donné des leçons de morale à tout le pays, incarné les mesures liberticides et discriminatoires de la crise sanitaires (confinements débiles, couvre-feu de sinistre mémoire, laisser-passer ou Ausweis de rigueur, bannissement des plages, des montagnes et des forêts, des librairies, terrasses de cafés interdites aux non vaccinés, flicage de la société par les QR code). L’ancien pourfendeur des « déserts sanitaires » abandonne sa spécialité (où les besoins sont cruciaux), tourne le dos à l’intérêt général, ou l’illusion de l’intérêt général, pour se reconvertir (un peu comme M. Cahuzac), dans une pratique entièrement axée sur l’amoncellement du pognon. Alors évidemment, c’est une goutte d ‘eau dans l’océan des trahisons, des volte-face, du cynisme et du mépris des gens qu’est devenu notre vie publique – tout parti confondu. Une goutte d ‘eau supplémentaire, une goutte d’eau de trop qui ne peut qu’amplifier le dégoût et l’écœurement.

[Ce billet m’a été inspiré par un dîner avec des médecins révoltés – où j’ai appris que l’une des pratiques les plus courantes de ce type de chirurgie esthétique est l’agrandissement de la taille de la queue!].

MT

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Liberté de la presse?

L’information est à vérifier. On dit beaucoup de choses qui se révèlent fausses par la suite. Celle là semble énorme, presque caricaturale, sidérante, même si elle ne surprend qu’à moitié. Le directeur du journal la Provence serait en voie de licenciement pour la « une » ci-jointe qui aurait déplu « en haut lieu ». Encore une fois, si cela est vrai, et j’insiste, si cela est vrai… Oui, si cela est vrai, cela signifie que la France n’est plus une démocratie libérale qu’elle est censée être depuis la proclamation de la République en 1870, à l’exception de Vichy (1940-1944). La liberté de la presse est un pilier de la démocratie libérale. Si cette information se révèle exacte, elle signifie que la liberté de la presse est de fait abolie. Donc, cette information, si elle est vérifiée (voyez comme j’insiste), acterait sans la moindre ambiguïté possible que la France n’est plus une démocratie libérale mais qu’elle est entrée, (à son tour, car la démocratie libérale est partout malade), dans la voie d’un système autocratique et liberticide décomplexé. MT

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Russie/Occident la guerre des lâches, des minables et des imbéciles

Moscou a été frappée hier par un attentat terroriste du genre de ceux qui ont ensanglanté la France en 2015. La Russie est historiquement, culturellement, intellectuellement, littérairement, musicalement, l’amie intime de notre pays et son alliée de toujours. Nous souffrons pour elle, dans notre chair, pour cette Russie éternelle que nous aimons passionnément. Ses dirigeants politico-militaires actuels sont d’ignobles mafieux corrompus qui recourent aux plébiscites truqués. Ils lancent des guerres sanglantes et lâches contre des Etats faibles, l’Ukraine étant la 50e puissance mondiale, pour couvrir la catastrophe politique issue de leur gestion et se maintenir ainsi au pouvoir pendant des décennies comme les pires tyranneaux. Et ces nullités politico-militaires sont même incapables de les gagner. C’est idiot de les comparer à Hitler ou Staline car les deux monstres diaboliques et sanguinaires ont eux gagné des guerres. Les minables d’aujourd’hui en sont incapables, même contre les plus faibles qu’ils aient trouvés pour assouvir leur propre instinct sanguinaire. Ils imposent une dictature lâche et ignoble qui enferme et assassine les opposants, musèle la presse, recourt à la propagande et à des plébiscites truqués pour se donner une légitimité. Et incapable de protéger la population russe du terrorisme… L’immense peuple russe, ami et allié historique de la France, celui qui a donné 17 millions de vies humaines pour abattre le nazisme et nous délivrer de la terreur hitlérienne, ne mérite pas des médiocres pareils. Mais les dirigeants occidentaux ne valent pas mieux. Ils sont aussi des lâches qui n’ont pas leur pareil pour taper sur les faibles (Serbie, Irak) et lancer des guerres sans risques pour eux et semer le chaos sanguinaire. Ils se prétendent alliés des Ukrainiens et les excitent par tous les moyens mais les laissent se faire massacrer et détruire leur pays pièce par pièce, hypocritement, jouent les matadors sans bouger le petit doigt. Ils profitent de cette guerre comme une formidable aubaine en attisant les tensions par des jappements de roquet, autorités civiles ou militaires incluses, pour répandre la peur nucléaire dans leurs propres populations afin de couvrir les désastres internes de leur politique. Cette guerre finira un jour car toutes les guerres finissent un jour. Rien n’est plus idiot, monstrueux qu’une guerre, qui ne profite qu’aux milliardaires de l’armement et aux puissants sachant que ce sont toujours les pauvres gens qui trinquent – les enfants. Cette guerre là est particulièrement immonde car elle n’a aucun sens historique et se déroule sous forme d’une surenchère de massacres et persécutions des civils. On espère que la fin de la guerre absurde, une guerre civile européenne, une guerre de lâches, alors que l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, devrait être unie contre les vrais dangers qui la menacent, coïncidera avec la fin de la clique mafieuse, belliqueuse et totalitaire de Moscou mais aussi avec un grand coup de balai dans les classes dirigeantes occidentales (civiles comme militaires), composées de simplets et d’opportunistes vaniteux qui finalement, profitent eux aussi à fond de cette guerre pour jouer les Tartarin arrogants, faire oublier les désastres politiques internes qu’ils ont causés du fait de leur gestion catastrophique, et soumettre leurs propres peuples par la peur.

MT

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Réflexion sur les sondages des Européennes

« Selon le sondage, le Rassemblement national (RN) arrive en tête des intentions de vote des Français avec un score de 30,7% (soit 28 sièges), suivi des centristes de la coalition  « Renaissance, Modem et Horizons »  avec 18,1% (17 sièges). Le podium est complété par les Socialistes associés au mouvement « Place Publique » qui récolterait 12,2%. Le groupe Europe-Ecologie-Les Verts recueilleraient 8,1%, « Les Républicains », 7,6%. »

Avec un taux de participation qui ne devrait pas dépasser les 50%, il convient de diviser par deux le taux d’adhésion des Français aux différentes listes. Ce sondage est terriblement triste et sans espoir.

Le bon niveau sondagier du RN (15% de taux d’adhésion) est illusoire: ce parti, du fait de son isolement, de son idéologie, de son histoire, de ses cadres, de son népotisme familial, ne sera sans doute jamais en mesure d’offrir une perspective de redressement au pays, notamment financier, scolaire, intellectuel.

Qu’environ 9% des Français préservent leur soutien au parti présidentiel malgré l’épouvantable faillite d’une politique qui sombre jour après jour dans un abîme de ridicule ne doit pas surprendre: il se trouve toujours une petite minorité, notamment chez les plus âgés et d’un faible niveau intellectuel pour céder à la logique légitimiste de l’allégeance au chef quel qu’il soit.

Quant à la droite LR [le courant dont je devrais être, en principe, personnellement, le moins éloigné], elle se maintient à un niveau dérisoire, presque honteux, malgré le sérieux de sa tête de liste M. Bellamy, un des responsables politiques de ce pays les moins corrompus par la bêtise et la vanité. C’est entièrement de leur faute: au-delà des trahisons qui étaient plutôt une chance à saisir en les débarrassant des ganelons et autre pourriture, ils n’ont jamais cesser de sombrer dans l’ambiguïté envers le macronisme, sur la crise sanitaire, sur les retraites (cette réforme aussi absurde que narcissique), sur l’immigration et sur tout le reste. Ce n’est pas faute de les avoir prévenus. Mais le pire est qu’ils ne paraissent toujours pas comprendre ce qui leur arrive…

Persuadé qu’il y aurait un espace aujourd’hui pour une nouvelle formation politique reprenant l’héritage de Gambetta, Clemenceau, Poincaré, Tardieu, de Gaulle et Pompidou, celui de la démocratie libérale et patriote. Son projet serait fondé sur la condamnation radicale du naufrage de la politique française en grand spectacle nihiliste et mégalomane sur fond d’effondrement général et la main tendue au peuple en vue d’une réconciliation et du redressement de la France. Je pense qu’il faudrait assez peu au fond pour produire cette étincelle, mais le fait est qu’elle ne vient pas.

MT

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Entretien avec le Figaro Vox concernant la réédition de la biographie d’André Tardieu (Tempus-Perrin)

Le Figaro : Votre biographie d’André Tardieu, publiée aux éditions Perrin, fait l’objet d’une réédition en format Tempus (poche) enrichie d’un abécédaire de ses citations. Pouvez-vous nous rappeler qui était André Tardieu ?

Maxime Tandonnet : André Tardieu était licencié ès lettres, haut fonctionnaire de son premier métier, puis journaliste au Figaro et au Temps. Ecrivain et homme d’Etat des années 1900 à 1930, proche de Clemenceau, puis de Poincaré, plusieurs fois ministre et président du Conseil de 1926 à 1934, il fut l’un des personnages les plus considérables de l’histoire politique française de l’Entre-Deux-Guerres, aujourd’hui plus ou moins oublié ou maltraité par la postérité. Il est aussi, par ses idées, un authentique précurseur du général de Gaulle et de la Ve République, en tout cas telle qu’elle était à ses débuts.

En quoi diffère-t-il des politiques de l’époque, comme Herriot, Blum, Daladier, Flandin, Laval, Reynaud, etc. ?

Tardieu a toujours été un marginal, davantage intellectuel que politique au sens de politicien. Contrairement aux personnages que vous citez ci-dessus, il était extrêmement critique envers le fonctionnement de la IIIe République, dominée par le « despotisme parlementaire » et la valse des gouvernements. Tardieu, quand il a gouverné, était obsédé par la modernisation économique et sociale de la France. Il fut à l’origine d’un plan d’outillage national en 1929, de développement des routes, de l’électrification et de la modernisation de l’agriculture ainsi que de l’instauration des assurances sociales – maladie et retraites – sa réforme la plus essentielle à ses yeux. Il reprochait vivement à la classe politique de son temps d’avoir entravé son action et militait pour une profonde réforme des institutions, destinée à renforcer l’exécutif dans le cadre d’un système démocratique. Trente ans après, ce fut la Ve République du Général de Gaulle (qui a reconnu s’être inspiré de son modèle), en tout cas telle qu’elle était à ses débuts en 1960.

En quoi son message porte-t-il encore aujourd’hui ?

Tardieu était le visionnaire de la fracture démocratique. Il aimait profondément et sincèrement le peuple, qu’il avait appris à connaître dans les tranchées de la Grande Guerre. Il s’indignait de le voir aussi maltraité et méprisé par la classe dirigeante. « Depuis soixante-dix ans, écrivait-il, on se moque du peuple français. Et c’est au peuple français qu’il appartient de décider s’il lui plaît qu’on se moque de lui. » Il dénonçait les mensonges d’un mode d’exercice du pouvoir qui ne représentait que lui-même, ses intérêts particuliers dans le mépris du peuple et de l’intérêt général. Mais aussi, il haïssait les dictatures qu’elles fussent parlementaires ou autocratiques.  La liberté était chez lui la valeur fondamentale. Il préconisait le droit de vote des femmes (contre la gauche radicale de l’époque qui redoutait l’influence des « curés » sur ces dernières) et un gouvernement par référendum de manière à rendre au peuple la souveraineté. Ainsi, son message est-il d’une actualité stupéfiante…

Peut-on dire qu’il était le précurseur d’une forme de populisme ?

Dès le début des années 1930, André Tardieu fustigeait, dans des pamphlets quasi-prophétiques le communisme soviétique, le fascisme et le nazisme. L’antisémitisme lui faisait horreur en un temps où il était tristement répandu. Ayant lu Mein Kampf en allemand, juste après sa parution, il multipliait les mises en garde contre les projets de conquête, d’asservissement de l’Europe ou d’anéantissement du Führer. Dans l’indifférence générale…  Avant même l’avènement à la chancellerie allemande de ce dernier en 1933, Tardieu maudissait la barbarie hitlérienne alors que la classe politique dans son ensemble prônait l’accommodement.   Le salut de la France face au danger hitlérien ne passait pas à ses yeux par le recours à une dictature autocratique mais par la restauration d’une démocratie authentique, fondée sur la liberté, le référendum, le respect du peuple et le renouveau de « l’esprit public » grâce à l’instruction. Il connaissait et admirait beaucoup Churchill.

Comment Tardieu a-t-il achevé sa vie publique ?

Il était une sorte d’Alceste, le Misanthrope de Molière, qui disait sa vérité à tout le monde dans ses livres tels que « le souverain captif » (1936), notamment au monde politique qui avait fini par le détester, y compris ses propres créatures comme Paul Reynaud. A partir de 1935, Tardieu, écœuré et malade, a quitté Paris dans la solitude absolue pour s’installer sur les hauteurs de Menton face à la Méditerranée où il méditait une œuvre historique et littéraire. Il a disparu à la suite d’un AVC en juillet 1939 qui l’a laissé paralysé et muet puis il est décédé en 1945. Tardieu portait un regard désabusé sinon accablé sur son époque. La nôtre n’aurait probablement pas trouvé davantage grâce à ses yeux. La transformation actuelle de la vie politique en grand spectacle narcissique et vaniteux, fondé sur le mépris du peuple, de l’intérêt général et de l’intelligence, est aux antipodes de son message.

Maxime Tandonnet, André Tardieu, Tempus-Perrin, mars 2024, 380 pages, 9€

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4 ans après, le grand confinement (par M. Yves Bourdillon-journaliste)

Il y a 4 ans, jour pour jour, l’Elysée décidait sans débats en qq instants, sur la base de discussions opaques avec un aréopage de chenus, d’assigner à résidence 67 millions de Français à cause du Covid. Passons (puisque cela semble étrangement ne pas choquer la majorité de nos compatriotes) sur le fait qu’il s’agissait de recopier en mode panique panurgienne une prophylaxie JAMAIS utilisée jusqu’ici dans l’Histoire de l’Humanité, donc encore moins testée et validée, ce qui est pourtant la moindre des choses sur le plan scientifique. Passons sur le fait qu’elle avait été inventée, cela aurait dû alerter, par un régime chinois totalitaire menteur (coucou, les enquêteurs sur le labo de Wuhan) prétendant, à tort, que cela lui avait permis de juguler l’épidémie. Passons encore sur le fait que cette prophylaxie n’a pas été probante, au vu du nombre de décès pas vraiment inférieur à ceux des territoires ne l’ayant pas pratiquée (7 Etats US refuzniks, nombre de pays non occidentaux, Suède, etc). Passons sur, par ailleurs, son coût sur le plan psychologique, social, d’enseignement, de faillites, de recul de la lutte contre la faim, de destruction de l’éthique du travail (coucou, ceux qui ont regardé Netflix sur leur canapé et n’arrivent pas à reprendre). Mais ce qu’il faut retenir, surtout, encore et encore, c’est qu’a été instauré un précédent sinistre et totalitaire, selon lequel on pouvait exiger sous un prétexte, aujourd’hui sanitaire, avec un virus à létalité inférieure à 1 % et très ciblé, demain environnemental, policier, « aucune limite hormis notre imagination », que les gens ne sortent plus de chez eux sans cerfa sous peine d’amende, ce qu’aucun Kim Jong Un n’aurait osé imaginer même dans ses rêves les plus fous. Retenir que cela ouvre une jurisprudence, une boite de Pandore où on vous confinera pour un incendie (Athènes, 2022), un coup de vent (envisagé en Normandie 2022), ou qu’on exigera des QR codes à tout propos ; vous vous êtes soumis à ça pour le Covid, le diable est sorti de sa boite, il faudra en montrer pour la grande fête des JO dans certains quartiers, puis pour bien d’autres choses encore. Questions après cet engrenage : alors contents ?

Yves Bourdillon

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Lettre reçue d’une lectrice sur le projet de légalisation de l’euthanasie (débat)

Cher Maxime,

Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre blog que je lis très régulièrement et dont j’apprécie la qualité.

Je voulais réagir à votre billet sur l’euthanasie. Le cas que vous décrivez est effectivement tragique. Il me semble cependant que la loi Claeys-Léonetti autorise la sédation profonde jusqu’au décès et aurait peut-être été applicable dans cette situation.

Le projet du président Emmanuel Macron de légaliser l’euthanasie me semble excessivement dangereux. En effet, comme de nombreuses personnes l’ont déjà écrit bien mieux que moi, aucun garde-fou ne tient, l’euthanasie devient progressivement un « droit », les conditions d’application, strictes au départ, sont toujours plus élargies et l’accès aux soins palliatifs devient de plus en plus difficile. C’est ce qui s’est produit dans tous les pays ayant légalisé cette pratique et c’est ce qui se produira aussi en France si une telle loi est votée. Il n’y aura pas d’exception française.

Le principal risque, à mon avis – et encore une fois, d’autres l’ont déjà largement souligné – est que les personnes âgées, malades, handicapées finiront par se sentir obligées de demander à mourir pour ne pas être un poids pour leurs proches et la société, quand bien-même elles ne le souhaiteraient pas. Le vocabulaire employé, « choisir de mourir dans la dignité », implique que toutes les vies ne se valent pas, qu’il existerait une hiérarchie implicite entre les vies humaines dignes de personnes jeunes et en bonne santé et d’autres indignes. C’est l’exact opposé de la fraternité mentionnée par Emmanuel Macron (quel parfait exemple de « double-speak » orwellien !).

Enfin, à plus long terme, je pense qu’une telle banalisation ferait régresser la société, non seulement sur le plan moral, mais aussi sur le plan matériel. En effet, qui financera les recherches scientifiques pour soigner des maladies aujourd’hui incurables, pour alléger les souffrances physiques provoquées par des dégénérescences ou trouver des solutions ingénieuses pour faciliter la vie des personnes handicapées quand une solution rapide, simple, définitive et économique est à portée de seringue ? Le produit de ces recherches bénéficie parfois à l’ensemble de la société de manière inattendue.

Je ne citerai que deux exemples pour illustrer mon dernier point. La télécommande a été inventée pour les personnes handicapées qui avaient de grandes difficultés à changer de chaîne de télévision lorsqu’il fallait physiquement appuyer sur des boutons. L’usage de la télécommande s’est répandu dans toute la société et a sans doute favorisé l’apparition des chaînes câblées et satellitaires. Il est difficile d’imaginer un poste de télévision avec 250 boutons… Le Botox, dont sont très friandes de nombreuses personnes militant pour le « droit à mourir dans la dignité (et sans rides) » a notamment été développé pour alléger les souffrances de patients atteint de paralysie cérébrale, une maladie incurable et douloureuse…

Si toutes les vies ne se valent pas, on pourrait également s’interroger sur la pertinence de la démocratie ou de l’égalité entre les citoyens. Bref, tous les cauchemars sont envisageables.

Légaliser l’euthanasie représente un véritable basculement de civilisation, menant à la barbarie. Nous pouvons résister à ce mouvement et choisir une société respectueuse de toutes les vies humaines pour nous et les générations futures.

J’ignore si mon petit laïus aura réussi à vous convaincre, mais ce sujet est bien trop grave pour être traité avec la désinvolture affichée par l’actuel gouvernement. J’espère que de nombreuses personnes continueront à se battre pour éviter que ce projet ne devienne une loi.

Bien cordialement,

Amélie Ober

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L’effondrement de Science po

Science po s’appelait, jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, l’Ecole Libre des Sciences Politiques créée au début des années 1870 pour former les élites intellectuelles, administratives et économiques françaises dans la perspective du redressement d’un pays abîmé par la défaite militaire contre la Prusse. Jusqu’à 1990, en gros, cette école présentait un haut niveau d’exigence, formait à l’histoire, le droit public et l’économie. Son succès reposait sur un concours d’entrée sélectif et la qualité d’une formation qui donnait accès, toujours par concours, aux plus hautes fonction de l’Etat. Et puis, l’idéologie du nivellement par le bas a fait son œuvre et vandalisé cette formation. Sous la houlette de Richard Descoing dès les années 1990, Science po a été pris de gigantisme, a recruté des promotions considérables et multiplié ses campus, au prix d’un endettement vertigineux. En 2020, la suppression du concours d’entrée, au profit d’un choix par dossier et sur entretien – donc partial – a parachevé cette œuvre de destruction. A l’heure actuelle, le directeur de science po démissionne en raison d’une affaire privée, comme son prédécesseur, sous la pression des étudiants. L’école de la rue Saint Guillaume est bloquée par des militants favorables au Hamas. Une étudiante de confession juive a été maltraitée à raison de sa religion. C’est tout un ensemble dont les dirigeants politiques sont responsables, avec leur obsession du nivellement par le bas, au cœur de leur religion: neutralisation du bac (depuis 1980 mais accéléré avec le contrôle continu, « grand oral », etc.), et de la spécialisation dans les lycées, suppression de la culture générale dans les concours, puis abolition des concours d’entrée à science po, vandalisme scolaire avec le saccage des enseignements du français, de l’histoire, des mathématiques, des sciences destruction de l’Ecole nationale d’administration et des métiers de la fonction publique ou des grands corps de l’Etat. Car le désastre de science po qui apparaît en pleine lumière, fruit d’une idéologie et d’une politique, n’est que la partie visible de l’iceberg. La crétinisation est en marche. L’asservissement de tout un peuple aussi.

MT

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Aide à mourir, la question de méthode

Voilà, disons le franchement, j’ai beaucoup d’idées sur de nombreux sujets mais je n’ai pas de position arrêtée sur l’aide à mourir en soi. Dans certains cas de paralysie totale sans pouvoir bouger le petit doigt, et de souffrance indicible, d’asphyxie progressive, sans aucun espoir de rémission (c’est du vécu pour un proche) pouvoir apporter une aide à mourir au patient qui le demande instamment me paraît être le bon sens. Mais d’un autre côté, le risque de dérive est évident par exemple des pressions familiales pour pousser à une demande d’euthanasie ou des recours à l’aide à mourir en toute autre circonstances comme une grave dépression. L’expérience montre que ce type de circonstances existe aux Pays-Bas ou en Belgique. Mais ce qui est de toute façon intolérable, inadmissible, c’est que ce genre de sujet touchant à la vie humaine soit soumis aux caprices d’un individu en fonction des circonstances politiques, qui n’a pas d’autre obsession que de faire parler de lui à n’importe quel prix et d’occuper le premier rang de l’affiche sur tout et n’importe quoi. Cela est une infamie. Un tel choix de société de long terme engage avant tout les médecins, les autorités morales et religieuses, les représentants élus des Français. Il relève d’une réflexion et concertation de long terme et non d’un bon coup médiatique ou politique à la veille d’une élection. Dans l’idéal, le politique ne devrait pas se saisir d’un tel sujet qui relève d’une relation entre le médecin, un patient dans le malheur absolu et ses proches (cas ci-dessus). Faut-il réellement changer la loi? Peut-être pour clarifier le cadre légal pour des raisons de responsabilité. Ce n’est pas une raison pour faire de cette question un enjeu politique.

MT

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