La fin des intellectuels en politique (tribune au Figaro Vox)

imagesDans ma  tribune d’hier au Figaro Vox, à partir de la dernière polémique (débile) Pellerin/Modiano, j’évoque l’emprise croissante de la communication et de l’émotion sur la politique au détriment de la réflexion de fond et des intellectuels:

« Les vrais intellectuels en politique représentent une espèce en voie de disparition et les derniers célèbres – par exemple Philippe Séguin ou Jean-Pierre Chevènement – n’ont jamais trouvé leur place dans ce qu’ils qualifient eux-même de « système ». Ils se reconnaissent, non pas à l’étalage médiatique et prétentieux des derniers livres qu’ils ont lus, mais à leur curiosité d’esprit et à leur aptitude à se projeter dans l’avenir. Ils se caractérisent par un comportement fondamentalement non-sectaire, l’intelligence passant à leur yeux avant les clivages idéologiques, partisans ou les conflits d’ambition et aussi par une certaine distance vis-à-vis de leur propre carrière. Le véritable intellectuel en politique, celui qui pense la réalité et développe une vision historique, n’a aucun besoin d’afficher ses dernières lectures. Renouer avec la politique au sens noble du terme, la quête du bien commun, le gouvernement de la cité et la préparation de l’avenir, passe peut-être par un retour des intellectuels en politique. Sommes-nous engagés dans cette voie? On peut en douter… »

Tribune complète:

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/10/28/31001-20141028ARTFIG00179-fleur-pellerinmodiano-pourquoi-les-politiques-ne-lisent-plus.php

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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20 commentaires pour La fin des intellectuels en politique (tribune au Figaro Vox)

  1. Après la bataille, mais je me permets quand même.
    Je ne suis pas d’accord.
    Le débat politique est ce qu’il est. Binaire.
    Opposé à Sarkozy, certains élirent un successeur qu’il jugèrent capable. Ils se sont trompés, c’est que l’on comprend à l’aune de leur changement d’avis. Et bien changeons encore une fois !
    J’ai voté Sarkozy, malgré ses défauts, et votèrent Hollande des gens perdus dont le jugement fut faux. Ils peuvent changer d’avis, d’ailleurs c’est ce qu’il font. Donc on peut agir POSITIVEMENT.

    Et prendre la leçon de l’échec de Sarkozy. En ne le ré-élisant pas… Hélas.

    Ainsi donc, il n’y a pas de fatalité de la déchéance globale. Il n’y a que l’échec répété, dommageable mais répété historiquement, d’une sub-optimalité à réduire. Les méchants ont tort et seront perdants à la fin. N’est ce pas ?

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  2. koufra dit :

    Bonjour Maxime,

    Je me permets de signaler que M. Chevénement a donné une conférence dernièrement à l’IHEDN dont le sujet était : ‘1914-2014 : l’Europe sortie de l’Histoire ?’

    Conférence empreinte de culture, de réalisme, de bon sens de la part d’une personne qui a le sens de l’intérêt supérieur de l’état et de la Nation… Tout cela est « horrible » et désué 🙂

    http://www.ihedn.fr/?q=multimedia-video-des-lundis

    Amitiés

    Koufra

    NB: Si vous êtes disponible pour prendre un café prochainement, ce sera avec plaisir.

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  3. Frederic_N dit :

    Vous avez raison, Maxime de demander le retour des intellectuels en politique… Mais il faut être conscient que le problème de fond n’est pas celui des politiques, mais des intellectuels. On ne va pas refaire le monde ici mais c’est un fait que les intellectuels ont été de gauche en France, totalement dominants et totalement idéologisés. Leur vide actuel produit ce phénomène de « terre brulée » dont vous ne faites finalement que signaler une partie des conséquences
    Mais il faut cesser d’accuser la gauche.
    Ce que votre tribune reflète c’est l’absence dramatique de travail à droite pour combattre cette situation. Le plus souvent les quelques intellectuels de droite sont des mandarins, type Perineau, qui font bien attention à ne pas se mouiller trop dans la politique – et surtout – à ne pas se mettre à dos le pouvoir intellectuel de la gauche qui reste toujours dominant les Universités ( ce qui est pire car ce sont désormais des seconds couteaux).
    On ne s’en sortira pas sans un travail de fond qui permette de repenser les enjeux politiques , et cela ne pourra se faire sans initiatives politiques. Il faut du temps pour faire un intellectuel , il faut créer un espace de débat un minimum sécurisé – car sinon on se retrouve lynché en moins de deux et très peu sont à même de l’assumer. Un peu comme les universités populaires de la gauche. Cet espace ce devrait être à l’UMP de le créer .. Mais elle n’en a certainement pas l’idée
    Il faudra bien s’y mettre

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  4. espritlibre dit :

    @ annick Que cela soit bien clair puisque cela ne l’était visiblement pas : Ce n’est pas Tonton que je regrette, je l’ai combattu autant que je pouvais. Mais lui comme d’autres « Anciens » avaient une vraie culture historique et littéraire, une qualité d’expression dont, oui, je regrette la disparition. Seuls Chevènement, Bayrou et Le Pen père sont encore les témoins de ce temps désormais révolu. A l’heure où les technos qui nous dirigent ont pour toute lecture, comme notre ministre de la culture, des notes, synthèses, dépêches AFP et twitos de 140 caractères, cela fait du bien de montrer aux plus jeunes notamment qu’il n’en a pas toujours été ainsi. C’est ce que j’ai fait avec ma fille en lui faisant écouter du Mitterrand et juste après du Sarkozy, un régal ! Voyez même Jack Lang (non je ne le défends pas,…) aurait fait en sorte de discourir sur Modiano au lieu de revendiquer crassement de ne pas avoir ouvert un livre depuis deux ans. Bref, tous ces gens qui ne sont pas des intellectuels (dans notre Ecole on dit plutôt « bouffon ») ne peuvent évidemment jamais élever un tant soit peu le débat. Si au moins, ils étaient d’habiles techniciens, mais même pas, …

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  5. Régis dit :

    Tout comme espritlibre, j’ai récemment visionné des vidéos de Pompidou et Mitterrand face à des journalistes : inutile de dire que le niveau de leurs interventions était largement supérieur à celui des trois derniers occupants de l »Élysée réunis (surtout des deux derniers, en fait). Ce qui fait défaut aux politiciens actuels, c’est leur totale absence de charisme. Il suffit de comparer les prestations des dindes promues ministres par Hollande à n’importe quelle prise de parole d’une Marie-France Garaud qui avait clairement une autre dimension (et de la classe) !
    Avant d’être des « intellectuels » (et il est clair que ce terme n’a pas que des acceptions positives), ces gens-là se caractérisaient par une solide culture générale qui prenait naissance dans ce que l’on appelle les « humanités ». Avant d’être des économistes, des énarques ou des rejetons de Sciences Po, il s’agissait de fins lettrés amoureux de la littérature française (et pas que).
    Et qu’on ne vienne pas me dire qu’un littéraire est forcément déconnecté de la réalité, l’exemple de De Gaulle suffirait à démontrer le contraire.

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  6. Bernard06 dit :

    Bonjour Mr Tandonnet,
    Des intellectuels, certes, mais cela ne suffit pas. J’aurais tendance à vous demander : et l’action b….l ?
    Une pensée suivie d’une volonté, suivie d’un acte … sinon tout est vain. Dans la vraie vie en tous cas.

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  7. michel43 dit :

    INTELECTUELLES.. une classe de gens; souvent admirer ,pars un petit cercle de BOBOS. de la bonne société qui se congratule et les politiciens sont heureux de les avoirs auprès d » eux . il y en a tant, qui on fait de magnifique conneries et les élites ,était en admirations. KHOMEINY et ses soutiens M.Giscard en personne et de nombreux intellectuelles; la FIN. OUI. tout comme la FIN. des Magouilles et Tripatouillages la FIN des économistes; des élites ; de la Nation ,qui mentent, comme il respire.. comment avoir confiance dans c’est gens la ..qui ignore les difficultés du peuple; comment c’est responsables; n »on pas voulue voir que la FRANCE allais passer a l » AIRE de la ROBOTISATIONS, et de se fait, nous allons voir, des USINES avec très peu d’ouvriers ? QUI dénonçais la vente des bijoux de FAMILLE..qui HURLAIT que nous vivions a crédit avec une énorme dette et intérêts; QUI a métisser la FRANCE. qui a fait rentrer des MILLIONS d » étrangers; au NON de France terre d’accueil et droit de l » HOMME Heureusement que c’est la FIN de c’est gens la ? voyez le BHL cireur de pompes; le Régis DEBRER et ATTALI qui a ruiner la B.R.E.D c »est le meilleur; il a réussie a vivre :avec tout les PRESIDENT. de Gauche et de Droite a mes yeux; UN SEUL sort du LOT..LUC FERRY le philosophe l » avantage de c »est rondouillard du cerveau. Quand il se TROMPE..il ne risque RIEN..

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    • Michel43, intellectuel, cela n’a rien à voir avec les bobos, je parle d’intellectuel en politique, c’est-à-dire de personnes qui réfléchissent au-delà de l’écume de l’actualité et au moins se posent des questions… Tant pis si cela ne vous plaît pas!
      MT

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  8. Ribus dit :

    La fin des intellectuels en politique? A l’époque de Pompidou ou Mitterrand ce n’était pas à mon avis la majorité du genre. Par exemple, Chaban Delmas n’était pas vraiment un intellectuel.

    Le gag de Mme Pellerin met davantage en évidence un problème de baisse de niveau de culture générale des politiques. Mais, vu la réaction de Mme Pellerin apparemment, ils s’en foutent….

    L’important comme vous dites, c’est la com’, la surface, l’immédiat, le buzz et toutes ces sottises qui n’ont finalement aucun intérêt et qui font que l’on s’attarde sur l’accessoire et que l’on délaisse l’essentiel.

    Finalement, Chaban était un précurseur et Fleur Pellerin, son héritière.

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    • Ribus, pas tout à fait d’accord, Chaban avait des défauts mais il a été un bon Premier ministre de Pompidou qui a fait des réformes très importantes et favorisé la modernisation du pays.
      Maxime

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  9. Annick dit :

    Bonsoir Maxime,

    Vous répondez avec cet article et le précédent (sur le changement de nom des partis) à mon dernier post dans votre billet : https://maximetandonnet.wordpress.com/2014/10/27/par-dela-les-incoherences-de-lopinion/
    Nos avis et perceptions convergent, j’en suis heureuse car mon intuition, et mon observation extérieure, sont confortées et validées par votre expérience et votre connaissance du terrain.

    Il est évident que cette gouvernance, sans réflexion ni vision, toujours à fleur de peau, en réaction aux multiples évènements qui émergent chaque jour, est calamiteuse.
    Elle ne résout rien, empêche la prise en compte des véritables enjeux, des écueils, bref c’est l’incompréhension, le flottement permanent et l’échec assurés.

    @esprit libre ,

    Je viens, suite aux polémiques contre Zemmour, de regarder des vidéos d’entretiens de Mitterrand et Pompidou avec des journalistes : Un monde ancien que nous avons vu et laisser mourir, et que pour ma part je regrette…

    Regretter le monde de Mitterrand ?
    Je viens de trouver cet article :

    « Les milliards disparus de la Division Daguet (I) »
    http://reseauinternational.net/les-milliards-disparus-division-daguet-i/

    Lisez les commentaires et suivez les liens.

    Avec un lien ici : http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/indemnit%C3%A9s-de-la-guerre-du-golfe-1991/

    Un autre là : http://maisoncellesautrement.blogspot.fr/2014/06/lesmilliards-disparus-de-la-division.html

    Et sur Mediapart : http://blogs.mediapart.fr/mot-cle/les-milliards-disparus-de-la-division-daguet

    Il y en a d’autres en tapant le titre sur Google.

    Et je suis encore plus écœurée de Mitterrand et toute sa clique de socialistes sainte-nitouche du camp du bien et du juste !!!

    Amicalement,

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  10. Coriolan dit :

    Mme Pellerin fut sincère, c’est tout à son honneur. Les dépêches de son ministère ne sont que de rigueur protocolaire, elle n’y peut rien, car c’est la procédure pour une distinction aussi éminente. Olivier Chevrillon, dans ses Mémoires, paru chez De Fallois, rapportait les propos du ministre de G.Pompidou, Jacques Duhamel, qui se désolait d’etre devenu un « clochard culturel », n’ayant plus le temps de lire, avec ses nombreuses obligations professionnelles. Son dernier portefeuille fut celui de la Culture, il ne garda que son siège de député, du fait de la maladie qui allait l’emporter quatre ans après. Raison de plus pour ne pas perdre sa vie à la gagner, encore faut-il avoir le temps d’y réfléchir, avant l’issue fatale. Lire c’est Vivre!

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  11. Danjou annick dit :

    Qu’est-ce qu’un intellectuel d’après vous Maxime? La définition est large et bien souvent différente en fonction de ceux qui en parlent. Depuis Mitterand, des intellectuels ont occupé et occupent encore les ministères, administrations, secrétariats…Que nous ont ils apporté? Les exemples que vous donnez ne sont oas représentatifs du londe intellectuel en général. On peut être intellectuel et sectaire, intellectuel et intransigeant, intellectuel et borné, on peut aussi avoir la prétention de tout connaître sur tout. Mais votre article est intéressant et donne à réfléchir.

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  12. Coriolan dit :

    Philippe SEGUIN commit plusieurs « erreurs de carrière », en soutenant une fois de trop J.CHIRAC en 1995 et en lui forgeant à cette occasion le terme de « fracture sociale », pour désigné la société duale, qui ne dura que le temps de la campagne électorale, comme toujours avec cet opportuniste-né. C.PASQUA, son allié au RPR soutint E.BALLADUR, avec N.SARKOZY. Son parachutage raté d’Epinal à Paris, et son retrait avant les européennes de 1999 de la présidence du RPR, laissant le champ libre aux européistes. Et son côté déplaisant avec sa mise en cause de l’intégrité de son ami, le couturier Daniel HECHTER, qui le relate dans son autobiographie, dans l’espoir ridicule et mesquin de conquérir la capitale.

    La nécrologie des Intellectuels Compromis a déjà été prononcée par Régis DEBRAY, dans son livre paru en 2000: I.F. Intellectuels français suite et fin. Gallimard.

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  13. espritlibre dit :

    Que Madame Pellerin n’ait jamais lu un livre de Modiano ne me choque pas particulièrement. Ce qui ridiculise notre ministricule c’est plutôt, sitôt la nouvelle de l’attribution du Nobel de littérature connue, de s’être fendue de tweets enthousiastes évoquant l’oeuvre de Modiano comme si elle l’avait lue et pouvait en parler plus de 30 secondes. De l’usage des tweets par les publicitaires politiques pour faire croire que les produits marketing pour lesquels ils bossent s’intéressent à autre chose qu’à la gestion de la boutique et … leur carrière. Une sorte de communion factice, du théâtre comme d’habitude. On ne peut pas leur en vouloir après tout, puisque nous élisons soit des gestionnaires soit des apparatchiks et que la culture est vraiment passée de mode dans la société. Sarkozy avait en son temps, et dans la forme vulgaire qu’on lui connaît, théorisé le refus de toute référence culturelle dans les concours de la fonction publique. Saine réaction « populaire » il contribua à la relance des ventes de « La princesse de Clèves »… Je viens, suite aux polémiques contre Zemmour, de regarder des vidéos d’entretiens de Mitterrand et Pompidou avec des journalistes : Un monde ancien que nous avons vu et laisser mourir, et que pour ma part je regrette…

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