Etat de disgrâce

Lors de la prochaine édition actualisée de mon livre sur l’histoire des présidents de la République, il faudra penser à le noter: cette élection présidentielle de 2022 est la première de la Ve République qui ne provoque pas le moindre état de grâce comme disait Mitterrand, et même qui se traduit par un effet de disgrâce. Les sondages de popularité sont en berne, même le très servile et lèche-bottes JDD le reconnaît. Juste près une élection présidentielle, c’est du jamais vu: jamais. Le parti de la trahison, qui unit traitres de gauche et traitres de droite dans le même éblouissement narcissique élyséen, ne parvient même pas à effectuer la percée sondagière habituelle des lendemains de présidentielles et se trouve menacée (au moins en voix) par la coalition de gauche radicale dite NUPES. Tel est l’effet d’élections présidentielles tronquées, dont le résultat a été fabriqué par avance à travers le matraquage médiatique en faveur du tandem le Pen/Macron dont l’issue était inéluctable: 5 années de gavage et de crétinisation médiatique intense. Le pays est désormais en pleine atonie, sans autre perspective qu’une gravissime crise financière qui se profile à l’horizon. Tout se passe comme si la France, gavée de mensonges, de pitreries et de manipulations jusqu’à la nausée et revenue des illusions, ne croyait plus en rien. Toutes les conditions d’une révolution sont réunies mais cette révolution peut être soit violente et sanglante, soit passive, ou révolution par l’indifférence et le dégoût, le repli généralisé dans l’écœurement.

MT

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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60 commentaires pour Etat de disgrâce

  1. georges dit :

    Il faudra un évènement extérieur pour faire bouger les choses , la mascarade démocratique eurocrate court-circuite toute tentative de changement .

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  2. Timéli dit :

    Quand vous écrivez, MT, que la France est gavée de mensonges, je pense aussitôt à Friedrich Nietzsche qui avait cette pensée sublime : « Ce qui me bouleverse, ce n’est pas que tu m’aies menti, c’est que désormais, je ne pourrai plus te croire »…

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  3. lob dit :

    Maxime, à chaque fois que je viens sur votre blog, j’y trouves une analyse circonstanciées des maux qui accablent notre pays, et à chaque fois les coupables désignés sont les mêmes, pourtant vous vous entêtez à nous les désignez comme porteur des solutions. Rien ne pourras se faire sans mesures radicales, car des coui..s molles dans votre genre, ce sont évertuées à les proscrirent, auourd’hui ne vous en déplaisent, pour les avoir évincées, elles s’imposeront à vous dans leurs versions les plus extrémistes, pour les avoir refusées en temps voulues, elles s’avèrent les seules envisageables à la résolution des maux qui minnent notre société. Vous êtes la synthèse d’une droite qui s’est oubliée dans la bienpensance gauchiste, et qui nous demanderait de compter sur elle. Va chier Maxime, je te préfères Eric

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  4. Brindamour dit :

    M.Tandonnet vous n’êtes pas un vrai démocrate sinon vous salueriez la victoire de notre président réélu au suffrage universel par les Français. Que les Français soient des veaux et que la France devienne une terre d’islam et un coupe gorge c’est un autre sujet.

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    • Anonyme dit :

      NON ,,que veut dire Démocrate ,,,dans un pays ou gauche et droite se sont unis pour éliminer ce FN-RN en changeant le mode de scrutin ,la LEPEN a fait 42% cela a servie ce partis au lieu de le détruire ,ce président élues avec si peut de votant ,comme dans certaines dictature ,combien de députer pour ce partis majoritaire ,PEUT ,très peut ,Démocratie ,vaste rigolade michel43

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  5. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    Le président Mitterrand n’était-il pas aussi prophète, lui qui avait dit : « Je suis le dernier des grands présidents. Après moi il n’y aura plus que des financiers et des comptables. » ?
    N’est-ce pas précisément cette même constatation que vous faites, lorsque vous évoquez cette « France gavée de mensonges, pitreries, et manipulations » qui ne croit plus en rien ?

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    • Pheldge dit :

      sauf que « Mitterrand » et « grand président » dans une même phrase, comment dire …

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  6. Stanislas dit :

    Il ne devrait même pas y avoir état de grâce pour l’escroc marron et sa bande, vu que si nous étions dans un état de droit pas tordu, donc non inspiré par ceux qui nous escroquent, il devrait être en état de taule avec sa bande….. c’est tout.

    Dès qu’on parle collectivité, beaucoup entendent « communisme ». Les privatisations des secteurs monopolistiques ou oligopolistiques (eau, électricité, alimentation etc….) ne dérangent pas grand monde, puisque les télés ont appris aux gens que les services publiques ….berck…….alors que c’est par les fusions/acquisitions que les escrocs vont nous contraindre à mort en transférant la fausse richesse de leurs titres papiers sur de vrais actifs publics et les rentes de l’impôt des citoyens qui en paient (tout le monde si on considère les impôts indirects.)

    Il n’y aura pas de révolution, les techniques policières d’interventions rapides ont été mises en oeuvre avec les jaunes et l’efficacité a été mesurée en nombre d’entrée dans les urgences hospitalières..
    En revanche il va y avoir une sérieuse épidémie de chutes de très haut pour les pigeons, les naïfs, les crédules, les ingénus, les candides, les téléspectateurs de guignoleries des prostitués et mercenaires du business international

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  7. Janus dit :

    Comme la lecture des bons auteurs est indispensable en période d’atonie intellectuelle, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer cette note de Jacques Bainville sur le redressement des finances de la France sous la restauration. C’est instructif et un modèle pour le futur :

    « La Restauration, si. bien nommée parce que la France fut restaurée par la monarchie, avait aussi relevé nos finances. Cela tout le monde le sait, vaguement, comme on sait ces sortes de choses. Mais pour guérir le mal d’argent, qui était sérieux après l’équipée des Cent-Jours et le désastre de Waterloo, comment la monarchie s’y était-elle prise?
    Pour le savoir, lisez le beau livre, aussi riche de substance qu’affranchi de préjugés et de détails inutiles, que M. Pierre de la Gorce vient de consacrer à Louis XVIII. M. Pierre de la Gorce n’a pas écrit l’histoire financière de ce règne mais son histoire politique. Et c’est ainsi, chemin faisant, qu’il montre la méthode par laquelle la Restauration, sans fabriquer de faux billets de banque, avait ramené la prospérité.
    Elle la ramenait de loin. Aux premiers jours de 1816, il n’y avait que 28 millions dans les caisses du Trésor. Pas une minute on n’eut la tentation de masquer ce vide par des émissions légales ou subreptices de papier-monnaie. Le souvenir des assignats démocratiques et révolutionnaires était trop vif, l’exemple trop éclatant. Et le ministre des Finances, gardien vigilant du crédit, s’appelait Louis, comme le louis d’or qui resta la mesure des choses et l’étalon des prix.
    Quand on n’a pas assez de bonne monnaie, et qu’on est bien résolu à ne pas recourir à la fausse, quand on veut se contenter de ce peu de bonne monnaie plutôt que d’aller à La ruine par une richesse fictive, que faut-il faire? Se restreindre. Il n’y a pas d’autre système que les économies. Et, dans une crise financière, l’État doit donner l’exemple de la restriction. Lorsque l’État diminue ses dépenses, toutes celles de la nation diminuent. Lorsqu’elles s’enflent, celles de la nation s’enflent aussi. Tant qu’on n’aura pas compris ce théorème, tous les appels à la sagesse et à la prévoyance des particuliers seront superflus. Dans la mesure où l’assainissement financier est un problème moral, la moralité doit commencer par l’État. Autant dire que c’est un problème politique.
    ***
    Les hommes de ce temps-là, n’étant pas meilleurs que ceux du nôtre, ne surent aucun gré à la Restauration de leur avoir gardé une bonne monnaie et rendu des finances prospères. Ils lui en voulurent plutôt des sacrifices qu’elle leur avait imposés. Une rancune inavouée et qui se cachait sous des prétextes libéraux vint même de là.
    Courageuse, la Restauration le fut. C’est ce qui ressort clairement du sobre exposé de M. de la Gorce. La Restauration aurait pu verser dans la démagogie. Rien n’est plus facile. Lorsqu’aux premiers jours qui suivirent la chute de Napoléon, en 1814, le comte d’Artois était rentré en France, il avait été accueilli partout aux cris de : « A bas la conscription I A bas les droits réunis. » La conscription et les impôts indirects étaient les souvenirs les plus détestés de l’époque révolutionnaire et napoléonienne. Et les impôts indirects, les Bourbons, de loin, les détestaient aussi. En annonçant qu’on les supprimait, on s’attirait une popularité facile. Le comte d’Artois l’annonça. Le gouvernement de Louis XVIII eut la fermeté de revenir sur cette promesse. Combien de gouvernements en feraient autant ?
    Mais il fut plus sage et plus méritoire encore de reconnaître que les impôts, quels qu’ils soient, ne peuvent pas suffire si la colonne des dépenses .ne s’abaisse pas tandis que celle des recettes s’élève.
    Contre qui la Restauration eut-elle à défendre le Trésor public? D’abord contre ses amis. Tout régime a les siens qui demandent à être payés. Un des malheurs de la Restauration, qui est aussi une de ses gloires, fut d’avoir à résister aux royalistes, à repousser les notes que les émigrés apportaient. Un peu d’attendrissement et tout était perdu. Le baron Louis fut comme un dogue devant la caisse. Il encourut une haine qui, dans le fond de bien des cœurs royalistes, se transformait en amertume pour la monarchie. M. de la Gorce a raison de citer sur le baron Louis ce mot lumineux de Chateaubriand « Il pousse jusqu’à la stupidité le culte de l’intérêt matériel. » Qui sait si la future opposition du vicomte à la royauté de ses vœux n’a pas daté de là ?
    Plus tard seulement, dix ans après Waterloo, quand les excédents apparurent, quand le crédit fut affermi, la Restauration consentit à indemniser les anciens propriétaires spoliés par la Révolution. Ce fut le milliard des émigrés, ce fameux milliard qui ne fut même pas un milliard. Encore, dans la pensée politique du gouvernement royal, s’agissait-il à peine de contenter des partisans. Contents, d’ailleurs, ils le furent peu. L’indemnité n’était certes pas égale à leurs pertes. Mais il fallait surtout rassurer les acquéreurs de biens nationaux, toujours inquiets, en mettant fin, une fois pour toutes, à d’irritantes réclamations.
    * *
    La Restauration n’avait pas seulement ses amis. Elle avait aussi ses fonctionnaires. Sans doute elle en avait moins que la République. Ils servaient pourtant le régime. Et, tels quels, il fallait les payer. La Restauration eut cet autre courage de leur imposer pendant plusieurs années des retenues de traitement. C’est en 1821 seulement que ces retenues furent supprimées.
    M. Pierre de la Gorce note de sa plume d’historien : « Pour rétablir le bon ordre, il fallait, dans toutes les administrations financières, des agents assez intègres pour planer au-dessus de tout soupçon, assez désintéressés pour ne pas ajouter à la détresse du trésor leurs propres exigences. » Il note aussi que le corps des fonctionnaires, recruté, presque héréditairement, dans la haute et la moyenne bourgeoisie, avait des traditions, des lumières, un « haut sentiment du devoir professionnel, le dévouement aux institutions monarchiques ». C’est ce qui l’aida à comprendre l’utilité du sacrifice et à le supporter.
    Équitablement, l’historien de Louis XVIII partage entre la monarchie et l’administration l’honneur de cette jalouse épargne des deniers publics. Gardons-nous, de croire pourtant qu’elle n’ait valu à la Restauration que bénédictions et reconnaissance. Le baron Louis fut détesté. Son successeur Corvetto aussi. Les privations n’engendrent pas l’enthousiasme. Et l’intérêt particulier ne se subordonne pas de bon cœur à l’intérêt général. Villèle en fit la dure expérience. Si, comme nous l’espérons, M. de la Gorce écrit l’histoire du règne de Charles X après celle du règne de Louis XVIII, il racontera l’histoire de la conversion des rentes. Nulle opération n’était plus légitime, puisque le 5 pour 1oo avait dépassé le pair. Néanmoins, Villèle fut traité de détrousseur et de banqueroutier. Chateaubriand, le noble vicomte, faisant chorus avec la bourgeoisie libérale et rentière, le couvrait d’invectives. Encore un épisode de notre histoire financière qu’il faut avoir présent à l’esprit pour comprendre combien l’assainissement est difficile.
    Il demande, de la part du gouvernement, un véritable héroïsme. Il demande aussi de l’indépendance. Il n’y a pas de guérison possible, il n’y a pas de salut sans économies, et les économies sont impopulaires. Dans toute la mesure où elle était indépendante de l’élection, la Restauration a été économe. Dans toute la mesure où elle dépendait de l’opinion publique, elle a suscité un mécontentement et des rancunes que ne désarmait pas le retour de la prospérité: « Grande et importante leçon, » eussent dit nos pères. Elle explique la lâche paresse avec laquelle nos gouvernements démocratiques se sont laissé aller, comme la Révolution elle-même, sur la pente facile des assignats et de l’inflation.
    L’Action française, 2 mai 1926.

    L’article date de 1923. Quid novi sub sole ? Rien, rien de neuf, les comportements humains sont toujours les mêmes, leurs moteurs principaux étant toujours l’égoïsme et l’envie (Cf Jacques Esprit « La fausseté des vertus humaines » ou Helmuth Schoeck « L’envie. Une histoire du mal »)
    Toutefois les périodes de l’histoire ne sont jamais parfaitement comparables et notre époque est le fruit des 30 glorieuses où nous accumulions les richesses et de 40 ans en suivant de dilapidation apparemment indolore des trésors accumulés dans la période précédente. Nous avons vécu comme du temps de Sardanapale, dans l’aisance entretenue par la dette. Aujourd’hui, après 70 ans de vie plutôt facile, il va falloir brutalement compter chaque sou et uniquement pour acheter l’essentiel, apprendre à se chauffer moins, à manger moins et à réserver champagne et foie gras pour les seules grandes occasion; Né dans un milieu aisé (profession libérale, dans un famille nombreuse), je me souviens que durant mon enfance et la petite adolescence, les plus petits portaient les vêtements trop petits des plus grands et la garde robe de chacun était limitée à une petite dizaine de vêtements, sans que cela ne nous pose problème.
    Nous allons entrer dans une période beaucoup plus dure et la question qui se pose est : Serons nous capable d’accepter ces privations, d’autant plus difficilement vécues qu’on n’a jamais connu la médiocrité du quotidien et le rationnement nécessaire ?
    L’avenir radieux nous attend !

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