
Le mot connard est à la mode. Le futur best seller de Madame Virginie Despentes, romancière est intitulé Cher connard. Je n’ai pas lu ce livre, il est peut-être excellent, peut-être est-il moyen, peut-être mauvais, je n’en sais rien. D’ailleurs, en général les romans d’auteurs français contemporains, me tombent assez vite des mains malgré toute ma bonne volonté… Quoi qu’il en soit, il sera un best seller au regard du matraquage médiatique dont il fait l’objet. Ici, je ne parle que du titre: c’est important un titre. Les mots grossiers, con ou connard, ou salaud, ou emmerder, sont à la mode. Les politiques comme les écrivains en usent quotidiennement. Le titre du futur best seller de Mme Despentes n’est d’ailleurs pas si original. On est sidéré par le nombre d’ouvrages sortis récemment dont le titre contient le mot connard. Voir par exemple images ci-dessous. La grossièreté se banalise, à l’image de l’époque. Elle est la contrepartie visible de la médiocrité. Elle joue sur la provocation, la recherche du coup médiatique. Elle exprime la difficulté à briller par la qualité d’une politique ou d’un texte. Faute de produire de la beauté, de l’utilité ou de l’intelligence, la grossièreté, d’un politique ou d’un écrivain, permet d’attirer à peu de frais l’attention médiatique par une transgression verbale. Mais qu’est-ce qu’une transgression quand elle est à tel point banalisée? Au fond, la grossièreté dès lors qu’elle est banalisée penche vers la vulgarité. Elle est une manière de violence contre le langage, reflet de la violence physique quotidienne. Chez les grands politiques ou écrivains de jadis, la grossièreté est assez rare ou entre guillemets en tout cas peu fréquente dans les titres. Aujourd’hui, elle se banalise à une vitesse vertigineuse à l’image de l’invraisemblable médiocrité ambiante. MT
h
l
k

r
Une commentatrice, extrêmement lettrée et que j’estime infiniment, écrit sur le blog de Philippe Bilger : « Je classe Despentes dans les seprillières, comme je classe
Houellebecq dans les pistolets urinoirs. »
Je n’en l’estime que davantage.
J’aimeJ’aime
Bonjour cette emission de 1991 rediffusée par Radiocourtoisie
https://www.radiocourtoisie.fr/2022/08/22/langue-francaise-joyau-de-notre-patrimoine-du-9-septembre-1991-confusion-de-mots-limparfait-evolution-de-la-langue-francaise/
Traite notamment de l’usage inadéquat de la grossièreté, et de l’incapacité de l’ecole primaire à enseigner le français.
Rien de nouveau sous le soleil 😄
J’aimeJ’aime
« Les gens mal élevés sont assez portés à penser que la grossièreté constitue un signe d’indépendance. »
Charles Régismanset
J’aimeAimé par 1 personne
C’est le microcosme parisien de la fausse culture et du stupre présenté aux gogos boboïdes.
Trouvé ceci dans les carnets de Ludovic Halevy :
« Maxime Du Camp, dans l’introduction de son ouvrage sur Paris, raconte l’anecdote suivante : Deux généraux russes, un soir de mai 1814, gravissent la colline de Montmartre et de là regardent Paris. « Enfin, s’écrie l’un d’eux, voila Paris et nous allons pouvoir le bruler – Le bruler, pourquoi ? répond l’autre, qui était je crois le prince Schwartzenberg – Pour nous venger de la France – Alors ne brulons pas Paris, Paris est le chancre qui dévorera la France. »
Avec Despentes, Angot et quelques autres du même tonneau, le chancre s’étend et bientôt, tout ce qui a fait la vraie grandeur de la France dans le domaine des lettres aura disparu de manière ignominieuse…
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne sais pas quel accueil recevrait un auteur qui arriverait chez un éditeur avec un manuscrit dont le titre serait « Chère connasse »….
J’aimeAimé par 2 personnes
@Hazère-tyuillope
Mais ces livres avec ce genre de titre de titre existent déjà……….
– l’homme parfait est une conasse, Madame connasse le lâche, La Femme De Berroyer est plus belle que toi, connasse, Madame Connasse clashe Les Mecs, etc.
Il n’y a plus rien à espérer !
J’aimeJ’aime
Rien ni personne n’oblige à lire ces insanités.
Virginie Despentes ?
Ça ne me dit rien de bon…
On méprise.
Si les écrivains actuels n’engagent pas à l’enthousiasme – excepté Sylvain Tesson – on peut redécouvrir Blondin et consort. Étant en train de lire votre bio ( oui, c’est moi qui l’ai achetée et je me garderai d’en faire une critique) j’ai repensé à celui que je considère comme l’un de nos meilleurs stylistes. Il fut l’élève de Georges Bidault au lycée Louis-le-Grand. Il en parle ainsi:
« J’ai été marqué par mon professeur d’histoire deux années de suite. Dès qu’il rentrait dans la classe, il commençait par allumer une cigarette, ce qui ne se faisait pas beaucoup à l’époque. Il nous disait :
« Mes enfants, disons la vérité, vos livres d’histoire sont remarquables, alors je vais vous lire Pagnol »
Et il se mettait à lire. Ça s’est passé comme ça deux années de suite. C’était Georges Bidault, mon professeur. Après j’ai écrit des livres en réécrivant Pagnol pour lui , pour le remercier de son enseignement. »
(Blondin – Le flâneur de la rive gauche – entretien avec Pierre Assouline)
J’aimeAimé par 2 personnes
Cher Maxime Tandonnet
J’ai dans ma bibliothèque un exemplaire d’un roman contemporain dont l’auteur se refuse absolument à utiliser toute forme de grossièreté même si ça lui rend l’expression exacte des sentiments plus difficile. Ce roman publié chez l’HARMATTAN a pour titre » UN BANC SUR LA FALAISE ». Il n’a qu’un seul défaut qui m’intedit d’aller plus loin dans mon propos : J’en suis l’auteur.
Etienne Tarride
Avocat Honoraire
J’aimeAimé par 1 personne
« A quoi sert la grossièreté? »
Très certainement, en l’occurrence, à vendre des bouquins, pour quelqu’un qui n’aurait aucune chance de vendre quoi que ce soit, sans cet artifice …
J’aimeJ’aime
A quoi sert la grossièreté ?
A rien?
A salir?
A avilir?
A rabaisser?
A masquer notre impuissance à régler un problème?
J’aimeAimé par 1 personne
https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/dire-non-a-la-guerre
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour Maxime Tandonnet. Votre billet est excellent. On voit bien que vous parlez en connaissance de cause, votre ancien patron, Nicolas Sarkozy, ayant bien donné l’exemple.
Bien cordialement,
François Klausmann
J’aimeJ’aime
A la fin de « L’Art de toujours avoir raison » Schopenhauer écrit « Lorsqu’on constate la supériorité de l’agresseur et qu’on veut continuer à avoir tort, il faut devenir blessant, grossier. Devenir blessant, c’est s’écarter de l’objet de la querelle (parce qu’on a perdu la partie) pour se tourner vers l’interlocuteur et s’en prendre d’une manière ou d’une autre à sa personne […]. Mais lorsqu’on devient offensant, on abandonne complètement l’objet et on dirige son attaque vers la personne de l’adversaire : on devient donc outrageant, méchant, offensant, grossier. Ce sont les forces de l’esprit qui interpellent celles du corps ou celles de l’animalité. Cette règle est très appréciée parce que chacun est apte à l’appliquer, et c’est pourquoi on y a souvent recours. Une grossièreté triomphe de tout argument et éclipse toute forme d’esprit. La vérité, la connaissance, l’entendement, l’esprit, l’humour n’ont plus qu’à plier bagage et sont battus sur le champ de la divine grossièreté. »
J’aimeAimé par 2 personnes