Pensée pour Denis Tillinac

Avec Denis Tillinac, c’est un grand Monsieur qui vient de nous quitter. Ecrivain, journaliste, chroniqueur, il avait cette caractéristique si rare de dire ce qu’il pensait sur tous les sujets sans crainte du qu’en-dira-t-on. Authentique Gaulliste (et non pas au sens des politiciens), catholique et fier de l’être, d’une incroyable simplicité, il donnait, dès le premier abord, ce sentiment étrange d’être un ami bienveillant que l’on avait toujours connu. Ses relations avec les personnalités politiques? Jamais une once de courtisanerie, il ne cherchait pas à plaire ni à faire plaisir mais à exprimer la vérité telle qu’il la concevait. Pour l’avoir croisé à plusieurs reprises lors de moments combinant la réflexion collective et les réjouissances matérielles, je me souviens de son humour, de sa gentillesse extrême, de l’intérêt qu’il manifestait pour autrui, de son goût de la bonne chère. Pour le combat des idées en faveur de la France, du redressement de son économie, de l’autorité de l’Etat et de la liberté d’expression, sa disparition inattendue – il n’avait que 74 ans – est une perte immense et une mauvaise nouvelle. Il faudra se montrer digne de lui.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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22 commentaires pour Pensée pour Denis Tillinac

  1. Jordi dit :

    C’est une triste perte, un homme aux rares qualités. Dieu ait pitié de son âme.

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  2. Annick Danjou dit :

    Adieu l’ami, je t’aimais bien…
    C’est ce qu’écrivait E Zemmour à B. Maris mort sous les balles de ces fous en 2015.
    Oui Mr Tillinac je vous aimais bien!!

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  3. Coucou dit :

    Bonjour à vous,

    Mathieu Bock-Côté: « Denis Tillinac ou le bonheur teinté de mélancolie » – L’écrivain de la France mousquetaire et du bonheur d’être réac est décédé dans la nuit. Son ami Mathieu Bock-Côté lui rend hommage.

    « (…) On l’a dit: Tillinac était l’écrivain de la droite mousquetaire, de la France corrézienne et du bonheur d’être réac. C’était aussi, et peut-être surtout, l’écrivain de la mélancolie, hanté par la chute de l’Occident dans la modernité, et convaincu que l’homme ne pourrait pas vraiment s’en relever. Il l’avait confessé à sa manière dans Les masques de l’éphémère. «Être d’ici, au tournant du troisième millénaire, c’est marcher en queue de peloton d’une très longue procession funéraire. Ça n’empêche pas de vivre. Ni de contracter avec son siècle des mariages de raison. Tout de même, ça grève le bonheur d’un coefficient élevé de mélancolie. […] La mélancolie nimbait le regret de ce qui nous échappe […]: elle entretient ce sentiment d’être arrivé après la bataille, en sachant que les miens l’avaient perdu». Que faire lorsque vient le temps de défendre un monde que l’on sait en ruine mais que l’on ne veut pas renier?

    Mais Tillinac le mélancolique n’avait rien d’un dépressif. Au contraire. Il avait l’écriture tonique du combattant impénitent, pour qui la vie valait absolument la peine d’être vécue, sous le signe de l’amitié, en trinquant et en banquetant, quitte à en faire une aventure à laquelle se vouer pleinement sans croire totalement aux histoires qu’on se raconte. On le sait, Tillinac était le compagnon de route d’un Chirac qu’il avait grimé mentalement en dernier Gaulois, et qu’il s’était résolu à suivre de manière inconditionnelle, sous le signe d’une amitié virile et chevaleresque. Dans ses livres, il a raconté cette cavalcade.

    Il y trouvait, je crois, l’expression la plus achevée de la vraie camaraderie, qui lie des hommes entre eux autour d’une quête qu’ils sont décidés à mener jusqu’au bout, même si elle semblera finalement dérisoire. Car l’amitié n’était pas feinte et le bonheur de lutter ensemble bien réel. Ses lecteurs rêvaient de le rejoindre pour un «dernier verre au Danton», pour conjuguer batailles et ripailles. Ceux qui l’ont connu en témoigneront: l’homme était d’une générosité exceptionnelle. D’un coup, il transformait un admirateur en ami. Il jouait les bourrus: c’était toutefois un homme sensible et subtil. On le lira encore longtemps

    Car l’écrivain était aussi, à sa manière, un philosophe, pour peu qu’on ne fasse pas de ce dernier un pénible constructeur de systèmes. Tillinac méditait sans cesse sur le monde moderne et sur ce qui restait de la civilisation qu’il avait enseveli. Dans ses derniers livres, il brettait même ouvertement avec lui en brandissant l’étendard du fier réactionnaire au nom de la liberté. Il croyait aux permanences anthropologiques, comme on les appelle aujourd’hui. Il croyait à ce qui enracine l’homme et lui permet de se dépasser, de se transcender. Il ne tolérait pas l’idée d’un monde aplati par la technique et le marché, étranger à l’âme des peuples. Tout son être l’empêchait de se rallier la gauche mais il rêvait d’une droite qui ne serait pas bêtement bêlante et pénitente, capable, d’enfin se porter à la défense des civilisations, et pourquoi pas de la sienne.

    Il l’avait confessé dans Le venin de la mélancolie: «si je n’avais cru en Dieu, vénéré de Gaulle, cultivé mes paradoxes et ne m’étais senti tributaire d’une civilisation menacée, j’aurais sûrement viré à gauche, très à gauche, et c’est peut-être le cléricalisme du PCF qui m’aurait tenté». Tillinac méditait sur les passions politiques, sur le caractère funeste des utopies, sur le caractère tragique de l’histoire, sur l’importance vitale des appartenances. Il savait que la modernité n’était pas aimable mais savait la rendre habitable en s’attachant à la part de l’homme qu’elle ne peut détruire.

    On ferait un portrait bien incomplet de Tillinac si on ne mentionnait pas son courage qui allait bien au-delà de sa capacité par ailleurs admirable à tenir tête l’opinion dominante du petit milieu parisien. Étranger à tout extrémisme politique dans lequel il voyait une «pathologie de l’esprit de révolte», il transgressait sereinement les interdits du moment. Il écrivait ainsi que «l’Islam en Europe n’aura jamais qu’une position d’invité de la chrétienté, avec tous les honneurs dus à un hôte étranger. S’il en était autrement, l’Europe s’anéantirait». Tillinac ne bronchait pas devant la question de l’immigration alors qu’elle valait presque automatiquement à celui qui s’en préoccupait la plus mauvaise réputation.

    Au contact du réel, il rappelait que tout est une question de nombre et de respect de la prédominance culturelle de la société d’accueil, qui ne saurait être transformée en étrangère chez elle. Cela ne l’a empêché d’être un esprit authentiquement cosmopolite, amoureux de toutes les cultures et littératures, et particulièrement attaché à la francophonie. Il croyait simplement que la diversité du monde repose sur le droit de chaque civilisation s’exprimer sa singularité et que la France ne devrait pas en être privée.

    Dans Le Dieu de nos pères, un de ses plus beaux livres, il s’était porté à la défense du catholicisme, et même du catholicisme d’hier, quand «le latin du prêtre avait l’accent du terroir». Il s’y racontait discrètement à la lumière de sa foi, qu’il n’avait jamais perdu. Sans faire la grenouille de bénitier, il tenait à témoigner de sa fidélité à l’Église en rappelant que l’Occident devait «presque tout» au catholicisme. Et c’est à l’ombre de la croix qu’il envisageait avec sérénité sa dernière demeure.

    «Chaque nuit, je vais marcher avec mon chien sur une route qui longe le cimetière où reposent les restes de mes ancêtres. Je sais au mètre près où ma dépouille les rejoindra, c’est comme si elle y dormait déjà. Autant dire que les contingences ne me pèsent pas lourd. Le clocher de la vieille église s’évertue à donner le change en découpant les morceaux du temps. Mais, aussitôt que revient le silence, c’est l’éternité qui grésille sous les étoiles. Ou du moins, sa promesse d’amoureuse. Je la prends comme elle se donne, rien d’autre ne m’importe vraiment».

    Sans avoir le culte barrésien des morts, il envisageait avec sérénité ses derniers jours sous la douceur et l’espérance de la croix en sachant qu’il aura traversé l’existence en ne trahissant jamais l’héritage qui lui avait été transmis, en incarnant à chaque moment de sa vie le sens de la fidélité, le bonheur de l’amitié et le goût de la liberté.» https://www.lefigaro.fr/vox

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  4. Trigwen dit :

    Dans le deuxième paragraphe, il faut lire : « Monsieur Tillinac avait ce plus… »

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  5. Trigwen dit :

    Voilà un journaliste que j’appréciais beaucoup pour son franc-parler, pour les valeurs qu’il défendait. Un homme qui refusait le politiquement correct et la bien-pensance.
    Monsieur Tillinac avait ce lus qu’il n’était pas à la botte de politiques, qu’il n’hésitait pas à les contredire, à les interpeler et à aborder les sujets qui déplaisent, y compris en face d’eux.
    Cet homme que certains considéraient à tort comme réactionnaire était juste un de ces hommes, trop rares, qui n’avait pas perdu le sens ds valeurs qui font la force d’un pays, un homme qui savait ce que signifiait vraiment Nation, Patrie, République ou Etat et ne galvaudait pas ces mots sans cesse.
    Il avait au fond de lui l’amour de la France et savait le dire et le faire comprendre par ses mots forts.
    Voilà un homme qui va manquer au journalisme et dans le débats des grands idées. Il va être difficile de lui trouver un remplaçant à sa hauteur avec son franc-parler et sa culture.

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  6. E Marquet dit :

    « Presque tous ceux que j’admire sont morts. J’ai dû venir au monde trop tard » écrivait-il dans son « Dictionnaire amoureux de la France ».
    Et dans « Considérations inactuelles » : « A l’heure des bilans tu regretteras moins tes égarements que tes renoncements dictés par la prudence et la peur ».
    Ses écrits resteront en témoignage d’une certaine idée de la France qu’on aurait aimé éternelle, mais qui, hélas,se meurt.

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  7. Sganarelle dit :

    « Du bonheur d’être réac » à « l’imposture des valeurs de la république » Dénis Tillinac a dit ce qu’il pensait avec courage et sincérité. Nous perdons avec lui un amoureux de la France et d’un certain art de vivre que nous ne verrons plus.
    «  Paris se vide.. » disait Sacha Guitry lorsque disparaissait l’un de ses célèbres contemporains ..

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  8. Citoyen dit :

    J’abonde dans votre sens Maxime.
    Il m’est arrivé à maintes reprises de lire et d’apprécier ses écrits. Des « comme lui » dans la presse, il n’y en avait déjà plus beaucoup (et ça ne va pas en s’améliorant) …, le manque va se faire sentir …

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  9. Anonyme dit :

    caractériel,, ,,mais sympathique quand même

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  10. nicolasbonnal dit :

    Je l’ai connu, il a failli me publier en 1990 ! Adorable, mais trop chiraquien pour moi ! A Dieu Denis !

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  11. jeanbaptistemarcq dit :

    A reblogué ceci sur La Droite au cœuret a ajouté:
    Hommage à l’écrivain et Gaulliste authentique Denis Tillinac.

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  12. Fredi M. dit :

    Il faudra se montrer digne de lui.

    Eh bien prenez sa place à Valeurs Actuelles…
    Je l’appréciais beaucoup aussi.

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  13. Bernard83 dit :

    Immense tristesse. Je avais avoir un gros problème : je commence toujours mon Valeurs Actuelles par la fin afin de débuter ma lecture par le billet de Denis Tillinac. Comment vais je faire ?

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  14. Pierre-Jean dit :

    @Maxime Tandonnet,
    Pas si sûr que cela que Denis Tillinac « disait ce qu’il pensait sur tous les sujets sans crainte du qu’en-dira-t-on », comme vous écrivez : à mon avis, il devait éviter très soigneusement de franchir la ligne qui l’aurait mis dans le camp des pestiférés quand il s’agissait de parler des sujets sensibles que je ne me donnerais même pas la peine de les citer tant tout à chacun les connait. Vous dites qu’il était gaulliste : très drôle vraiment ! Que faisait-il alors avec Chirac ? Denis Tillinac a été finalement très pratique pour donner une couleur locale corrézienne enracinée au susnommé Chirac : le parfait idiot utile donc. En fait Denis Tillinac est bien représentatif de beaucoup de gens dans la mouvance de cette droite chiraquienne : des gens qui peuvent avoir des idées justes mais qui n’osent jamais franchir le pas, qui se contentent de dire ou d’écrire sans aller finalement beaucoup plus loin.

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    • Anonyme dit :

      comme beaucoup de gens en politique ,un seul m’appréciais ,,,je le remercie ,de m’avoir toujours soutenue ,,,malgré les deux technocrate de son entourage

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  15. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    Tout ce que vous dites de Denis Tillinac est sans nul doute exact, mais pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance de le croiser ailleurs que sur Valeurs Actuelles qui publiait sa tribune hebdomadaire : « Vu de ma fenêtre », il faut ajouter à ses qualités, sa courageuse défense du « populo », et sa dénonciation inlassable du « mépris de classe » – qu’il vienne de la droite ou de la gauche – dont il est victime.

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  16. CYRIL VAILLY dit :

    Merci Maxime pour cet hommage.Je gage que cette disparition n’aura pas le retentissement qu’elle mériterait. J’avais toujours un plaisir véritable à lire ses chroniques et suivre sa pensée, si loin des platitudes habituelles.

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  17. Coucou dit :

    Bonjour à vous,

    Écrivain et ancien journaliste originaire d’Auriac en Corrèze, Denis Tillinac s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi, à l’âge de 73 ans. Pour ses amis corréziens, il était avant tout un bon vivant et un fidèle.

    https://www.lamontagne.fr/tulle-19000/loisirs/denis-tillinac-un-homme-fidele-en-amitie-et-a-la-correze_13843619/

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  18. claude pequart dit :

    Une belle plume nous quitte un vrai amoureux de la vraie France de ses couleurs de ses paysages de ses gloires de ses nuances de ses saveurs la France qui fond sous nos yeux N’est ce pas cette disparition qui pousse vers le tombeau ??

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  19. claude pequart dit :

    Cher Denis vos belles chroniques vont nous manquer cette senteur irremplaçable des chemins creux la couleur un peu surranee de village d’une douce province familière au goût d’enfance Que votre paradis soit celui des paysages que vous aimiez tant nous decrire

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  20. Gerard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    D. Tillinac était aussi un homme érudit, d’une grande finesse intellectuelle.
    Il faut relire l’un de ses derniers livres : L’âme Française : un vrai bonheur .
    Toutes mes condoléances à ses proches.

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