Les hommes de l’avenir

IMG_1531_JPG_800Jeudi soir, j’étais invité par un jeune député Républicain dans une petite ville de province à parler de la crise des migrants et de l’avenir de l’espace Schengen dans le cadre d’une réunion privée. La salle était comble, le public passionné, parfaitement modéré et réaliste dans ses interrogations. Mon intervention était calquée sur la tribune ci-jointe, publiée le jour même par le Figaro Vox. J’apprécie les personnalités politiques de ce genre, sans vanité ni obsession carriériste, d’une belle  hauteur de vue, obsédées par l’intérêt de la France et son avenir. Nous avons longuement discuté lors du dîner et partagions les mêmes idées sur les institutions de la République, la France dans l’Europe et le monde. La difficulté pour les hommes publics de ce profil: comment forcer l’intérêt médiatique sans pour autant recourir à la vieille ficelle politicienne de la provocation stérile?  Nous avons aussi parlé des « primaires de la droite et du centre » . Je lui ai dit : « le destin de la France, aujourd’hui, c’est vous, les élus de la Nation, qui incarnez la souveraineté nationale et l’avenir, sûrement pas les primaires ». Le jeudi précédent, j’avais rencontré un sénateur de même profil, avec lequel j’ai ressenti un grand plaisir à échanger sur les questions de fond. C’est vrai, quoi. Le spectacle médiatique des « primaires », cette parfaite trahison du gaullisme, est accablant, comme le miroir de  la grande comédie du pouvoir exécutif et cette guerre des narcisses, des coups de menton et des polémiques stériles,  dans le plus pur déni de l’intérêt du pays.  Bon, que voulais-je dire? D’après le député qui m’avait invité, l’Assemblée compte une vingtaine de députés « qui ont tout compris » et le disent, une centaine qui n’en pensent pas moins mais hésitent à sortir du bois. Dans le climat actuel de chaos général, de confusion mentale absolue, il me semble que peut-être,  le renouveau de la France  se joue en partie de ce côté-là, dans ce vivier et pas seulement bien sûr…

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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12 commentaires pour Les hommes de l’avenir

  1. Robert Marchenoir dit :

    @ Maxime Tandonnet

    Eh bien, nos avis semblent se rapprocher, bien que vous restiez encore un peu trop imprécis à mon goût. Mais pourquoi insister alors pour promouvoir des formules aussi vagues (et contradictoires) que « superpuissance d’Etats souverains », susceptibles de rallier trop de monde, y compris des gens qui y mettraient un sens opposé au vôtre ?

    Il me semble qu’on n’a jamais intérêt à entretenir l’ambiguïté dans le but d’élargir le consensus. Nous crevons de faux consensus qui obscurcissent les vrais problèmes — lesquels suscitent bien naturellement des conflits d’intérêt. On ne peut les résoudre en les cachant.

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  2. Robert Marchenoir dit :

    Vous écrivez, dans votre tribune du Figaro :

    « [L’Europe] a refusé de se constituer en super-puissance d’Etats souverains, réunis par une volonté politique commune, la conscience d’un destin unique, et capable de peser sur son environnement par la voie d’une coalition militaire. »

    C’est une contradiction dans les termes. Soit les Etats européens sont souverains, et alors on voit mal comment ils pourraient « se constituer en super-puissance ». Soit ils le font, et alors cela implique nécessairement qu’ils renoncent à une part de leur souveraineté.

    Vous revendiquez la conscience d’un destin unique. Qu’entendez-vous par là ? Qu’il est exceptionnel au regard de l’histoire, par l’influence positive qu’il a eu sur l’humanité ? C’est une évidence, mais je vois mal en quoi cela devrait concerner les institutions.

    Que ce destin serait le même pour toutes les nations européennes ? C’est beaucoup plus contestable. Il y a certes une identité européenne, mais il est tout aussi manifeste que chaque peuple européen a sa manière propre, et que les Grecs sont très différents des Britanniques, par exemple.

    Quant à la volonté politique commune, où voulez-vous en venir ? Etes-vous en train de constater une divergence ? Elle est évidente. Pensez-vous qu’il soit possible de retrouver une unité complète ? C’est une illusion. Vous succombez au fantasme totalitaire français, qui s’exprime dans ses diverses variantes (gaulliste, républicaine jacobine, communiste, royaliste, napoléonienne, catholique traditionaliste), selon lequel l’unanimité serait à la fois possible et nécessaire.

    Nous ne sommes déjà pas capables, en tant que peuple, de réaliser cette unanimité chez nous, et vous pensez que nous pourrions l’imposer à l’Europe tout entière ?

    Ce qui est possible, c’est de trouver une volonté politique commune sur des bases limitées, entre un nombre de pays restreint, et en fonction d’accords contingents susceptibles d’évoluer en fonction des circonstances. Nous venons de le voir avec l’accord Cameron-Bruxelles.

    Cela implique une Europe moins « puissante » qu’aujourd’hui, pas plus puissante. Et c’est cela qui est souhaitable. Moins « puissante », elle sera plus efficace pour réaliser ses objectifs fondamentaux, mais limités à ce qui est possible. Par exemple, pour mettre fin à l’invasion migratoire.

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    • Marchenoir, vous n’avez pas compris ma vision des choses: une superpuissance d’Etats souverains, car il gardent le pouvoir de faire leurs lois et leurs choix de société, mais sur une base volontaire, un peu comme le commandement unique français-britannique et Américain en 1918, ils forment une alliance, une coalition, pour défendre leur intérêt commun et préparer leur destin ensemble, avec toute liberté de se retirer à tout moment. Voilà qui est clair je pense, il faut sortir des sentiers battus de la pensée unique et s’élever au dessus des lieux communs.
      MT

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  3. Bonjour M. Tandonnet,
    Pour le personnel politique, la crainte de violences physiques et l’anticipation d’une mort médiatique voire sociale constituent-elles les obstacles à « sortir du bois » ?
    Auquel cas, quelles solutions vous sembleraient adaptées? Faut-il construire une garde prétorienne physique et médiatique pour ces futurs « sortis du bois » ?
    Je vous remercie d’avance pour votre réponse.
    Sévère.

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  4. PhD dit :

    Bonjour Maxime

    Vous écrivez : « l’Assemblée compte une vingtaine de députés « qui ont tout compris » et le disent, une centaine qui n’en pensent pas moins mais hésitent à sortir du bois. »

    Quel a été leur vote concernant le projet de loi sur l’immigration de M. Valls et M. Cazeneuve, présenté et adopté le 18 février ? Pour quelles raisons ?

    Quelle sera leur position concernant le projet de réforme du code du travail qui introduit les revendications religieuses dans l’entreprise (merci Badinter) ? Pour quelles raisons ?

    Vont-il voter le projet inepte de réforme constitutionnelle ? Pour quelles raisons ?

    Ils doivent expliquer clairement aux citoyens ce qu’ils ont ou vont voter, ainsi que les raisons pour lesquelles ils ont choisi tel vote. Ils deviendront alors peut-être crédibles

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  5. Maréchal dit :

    Henri Guaino sur Radio Classique expliquait fort bien les raisons d’un désastre annoncé : les primaires. je cite: « Ce système conduit à enfermer les candidats dans une logique de parti, de l’entre-soi, qui empêche les candidats à aller à la rencontre de l’ensemble des Français. »

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  6. Gerard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,

    Bravo à ces jeunes élus qui « ont tout compris » mais je ne crois pas pour autant qu’ils soient prêts à renverser la table et dire tout haut dans leur hémicycle devant leurs pairs ainés que les primaires sont la plus belle ânerie de la décennie inventée par une gauche stupide et qui déshonore notre République. Une telle initiative les conduirait à se couper de leur parti politique, de leur financement et donc de toute possible réélection.
    Pour mener une telle attaque frontale il conviendrait qu’ils soient beaucoup plus nombreux et surtout qu’ils aient le courage et la force de s’affronter à leurs « barons » ou « éléphants ».
    Le drame est que la droite et le centre soient tombés dans ce piège et que l’on voit déjà poindre une douzaine de candidats à cette primaire de la droite et du centre, pour certains inconnus du grand public ou connus pour les bêtises qu’ils sont capables de dire publiquement, et qui croient sans aucune modestie et surtout sans lucidité en leur destin national.
    Ah comme j’aimerais que des milliers de personnes puissent pourrir ces primaires et voter pour les candidats les plus nuls (cela ne leur serait pas très difficile), histoire de montrer à nos pseudos élites l’ineptie de ce vote.
    La vraie primaire devrait rester le premier tour de l’élection présidentielle avec des conditions de participation plus sévères et plus sélectives de manière à éviter les candidats inutiles et qui polluent de surcroit la vie politique.

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  7. Danjou annick dit :

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/19/31001-20160219ARTFIG00300-immigration-les-dangers-d-une-loi-irresponsable-votee-en-catimini.php
    Et que prévoient-ils contre cette loi, ces hommes de l’avenir? D’un côté il y a les paroles, de l’autre les actes. Je suis plus pessimiste que vous Maxime. On nous endort complètement.

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  8. Tracy LA ROSIÈRE dit :

    Il ne serait pas élégant de ma part d’occuper ce site pour donner des leçons ou des mots d’ordre. Toutefois, si cela m’étais permis, j’engagerais les femmes et les hommes de bonne volonté et de bon sens à ne pas participer aux primaires, qu’elles fussent à « droite » ou à « gauche ».

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