Un thé amer

imagesYPDZWH22Hier, j’ai pris le thé avec un ancien ministre de Nicolas Sarkozy qui voulait me parler en tant qu’ex-conseiller à l’Elysée. Lui s’attend à une atomisation générale au Moyen-Orient qui dépasse la question de l’Etat islamique daesh, puis une déstabilisation du Maghreb et du Sahel, sous la pression démographique, la misère, le désœuvrement, une poussée vertigineuse de l’idéologie islamiste radicale auprès des jeunesses en perdition. En raison de la hausse continue des phénomènes migratoires, le mouvement ne peut que se répandre en Europe et particulièrement en France, à travers la ghettoïsation croissante des banlieues. Selon lui, la vague terroriste n’en est qu’à ses débuts et une guerre civile possible à l’horizon de plusieurs décennies. Ce n’était pas des paroles en l’air mais le constat d’un homme qui a voyagé, écouté, réfléchi. Sans doute est-il trop facile d’occulter les menaces qui pèsent sur l’avenir en les évacuant d’une pirouette idéologique: « droitisation », « lepénisation », « ligne Buisson »… L’angélisme et l’aveuglement volontaire seraient-ils les gages d’une pensée correcte?   Déjà, dans les années 1920, les visionnaires qui annonçaient le retour des haines et une future déflagration européenne étaient traités de réactionnaires. Cet ancien ministre  voulait parler avec moi des solutions possibles. Les remèdes miracles n’existent pas. Les formules ou les annonces ne servent qu’à masquer le vide sidéral de toute vision de l’avenir. « Déchéance de nationalité », « sortie de l’Europe », « référendum »: partout, de l’extrême droite à l’extrême gauche, les slogans jaillissent comme des leurres destinés à répandre les illusions et à attirer les électeurs. Le salut passe par un retour à la volonté politique sur le long terme, le travail, la constance dans l’effort pour restaurer l’autorité de l’Etat, la puissance publique, le respect du bien commun,  de l’intérêt général et de la notion de vérité. Je crois à « l’Europe puissance », unifiée sur la base d’une volonté politique, la mise en commun de ses forces militaires et économiques afin de reprendre la maîtrise de son destin, et non au repli nationaliste qui me semble suicidaire.  Aucun pays isolé n’a les moyens de prendre en main l’essentiel, les questions à la source, la stabilisation et le développement des régions d’origine. La force d’un continent rassemblé, de nations soudées entre elles, peut y contribuer. Rien n’est simple évidemment. Que dire d’autre?

Maxime TANDONNET

 

 

 

 

 

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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32 commentaires pour Un thé amer

  1. Robert Marchenoir dit :

    @ maximetandonnet 16 janvier 2016 à 17:35

    Mais ne vous excusez pas, Maxime Tandonnet. Je vous félicite, au contraire. Vous êtes le premier blogueur français que je croise qui prenne sur lui d’énoncer avec simplicité la règle qu’il souhaite voir respecter sur son blog. Ordinairement, le blogueur français, contrairement au blogueur américain, par exemple, laisse faire n’importe quoi sous prétexte de ne pas apparaître comme un « gros facho », puis finit par reprocher à ses commentateurs de ne pas respecter des règles qu’il n’a jamais édictées.

    J’apporterais une nuance à vos propos, cependant. Vous ne devriez pas dire : « Vous êtes trop long, sur un blog, on ne lit pas des textes aussi longs, il faut une trentaine de lignes maximum. » Dites plutôt : « Je demande aux lecteurs de bien vouloir limiter leurs commentaires à trente lignes ». Aucune science de la blogologie n’a jamais déterminé le chiffre que vous avancez (ou aucun autre), et il y a autant de pratiques que de blogs différents. Je ne compte plus le nombre de blogueurs français qui affirment : un blog, c’est ceci ou cela — et qui se réfèrent, tous, à des principes différents. C’est votre règle, et cela suffit à la justifier.

    Je me permets aussi de relever que, comme tant de Français ayant occupé des postes de responsabilité, vous partez du principe qu’il faut faire comme vous : « Voyez mes billets, leur lecture et reprise sur la toile est proportionnelle à la brièveté ». Eh bien, cher Monsieur, je blogue depuis nettement plus longtemps que vous, et la reprise de mes billets n’est nullement proportionnelle à leur brièveté.

    Au demeurant, la reprise, vous savez… si je postais des images pornographiques, je ne doute pas qu’elles seraient fortement « reprises ».

    Enfin, j’aurais préféré que l’inauguration de cette règle se fasse à une autre occasion qu’un commentaire critique de ma part, mais je pinaille, sans doute…

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  2. anna FJK dit :

    Je retiens et souligne une phrase : « Selon lui, la vague terroriste n’en est qu’à ses débuts [c’est une évidence] et une guerre civile possible à l’horizon de plusieurs décennies. « . Une guerre civile en France, à Paris, Marseille, Lille, Orléans… c’est du concrêt, cela… Cela semble tellement incroyable et pourtant on y est presque : sur les millions de musulmans-citoyens, si même seulement 1% se radicalisait d’ici 10 ans, cela ferait déjà 100 000 ! Comment arrête-t-on 100 000 pilleurs-casseurs-violeurs marchant sur Paris ?
    Honte aux politiques et à leurs conseillers depuis 40 ans… L’Histoire les jugera sévèrement.

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  3. Robert Marchenoir dit :

    Ce qui est fascinant, c’est que vous répondez à un problème politique par des adjectifs.

    Vous demandez que faire, et vous répondez : retour à la volonté politique sur le long terme… travail… constance dans l’effort pour restaurer l’autorité de l’Etat… puissance publique… Europe puissance… volonté politique… respect du bien commun, de l’intérêt général et de la notion de vérité…

    Autrement dit, vous proposez des notions et des valeurs, là où il faudrait des mesures.

    Personne ne nie l’importance de la vertu des dirigeants, et certes il convient de dénoncer la décadence des moeurs politiques à cet égard.

    Mais l’une des pires tares du monde politique est de se payer de mots, et en guise de remède, vous nous proposez… la même chose.

    Connaissez-vous beaucoup d’hommes politiques qui font l’éloge du mensonge, de la faiblesse, de l’irrésolution, de l’absence de stratégie, des intérêts particuliers et de la corruption ? Connaissez-vous un moyen sûr de mettre les Français d’accord sur qui « respecte le bien commun » et qui ne le respecte pas ? Sur qui possède de l’autorité et qui n’en possède pas ?

    En revanche, il est possible, en démocratie, de répondre à une question du type : voulez-vous, oui ou non, diminuer le nombre des fonctionnaires en France de 20 % ? Voulez-vous, oui ou non, que le budget de l’Etat soit à l’équilibre à partir de l’année prochaine et s’y maintienne ? Voulez-vous, oui ou non, limiter l’immigration à 20 000 personnes par an ? Voulez-vous, oui ou non, interdire la construction de nouvelles mosquées ? Voulez-vous, oui ou non, confier à la marine nationale la mission d’interdire aux bateaux d’immigrants illégaux d’atteindre le continent européen ?

    Voilà des questions simples, auxquelles il est possible d’apporter des réponses vraies. Puisque vous soulignez, à juste titre, l’importance de la notion de vérité.

    En revanche, « L’Europe puissance », expression ô combien à la mode, cela ne veut rien dire. Pour faire le tri entre les mots ronflants qui brassent de l’air et la « notion de vérité », je vous propose le test suivant : essayez le contraire de ce que vous êtes en train de nous dire. Y a-t-il un Français, un seul (ou un Allemand, ou un Portugais, ou un Polonais…), qui soit pour « l’Europe faiblesse » ? Non, alors ? Eh bien alors, cela veut dire que « L’Europe puissance », c’est de la flûte et du pipeau.

    Parlons-en, de « l’Europe puissance », puisqu’au-delà de cette formule dépourvue de sens (et exclusivement franco-française, à ma connaissance), c’est le seul point sur lequel vous esquissez un semblant de proposition concrète. Vous préconisez « la mise en commun des forces militaires et économiques ».

    Très bien. Par exemple, pour renforcer la « puissance » de l’Europe en « mettant en commun ses forces économiques », on pourrait imaginer de créer une Banque centrale européenne et une monnaie commune. Ah, zut, c’est déjà le cas. Bon, alors imaginons que Bruxelles ait autorité sur les budgets des pays membres. Ah, flûte, on me dit que c’est déjà fait. OK, mais attendez : on pourrait donner autorité à l’Union européenne pour sanctionner les entreprises communautaires qui se livreraient à des entraves à la concurrence, ou pour imposer des contraintes à Google qui nous marche un peu trop sur les arpions. Ah, ça existe déjà ? Mais alors, elle est déjà vachement « puissante », votre Europe, non ?

    Alors, attendez. Moi ça me plaît bien, votre « Europe puissance ». Pour être puissant, il faut avoir du poids sur la scène internationale, et donc être en mesure de répondre à la fameuse question de Kissinger : l’Europe ? qui peut me donner le numéro de téléphone de l’Europe ? On pourrait donc créer une authentique diplomatie européenne, avec un ministre des affaires étrangères, un vrai réseau d’ambassades à travers le monde, bien puissant, qui nous permette de taper avec notre gros bâton sur les importuns qui se mettent en travers du « bien commun ».

    Allez, soyons fous : je propose 139 ambassades. Pourquoi 139 ? Eh bien parce que c’est presque autant que les Etats-Unis (premier réseau diplomatique mondial, avec 168 ambassades), la Chine (164) et la France (163). Oui, je sais, c’est ambitieux, mais la puissance est à ce prix.

    Quoi ? Vous dites que l’Union européenne possède déjà 139 ambassades à travers le monde ? Et que les diplomates des pays membres s’en plaignent, parce qu’ils se retrouvent en concurrence sur le terrain avec elles ?

    Décidément, vous êtes parti pour me contrarier.

    Comme je suis un homme de dialogue, je vous propose un compromis : on supprime toutes les ambassades françaises (et britanniques, et bulgares), et on porte le nombre des ambassades européennes à 169. Dans le cul, les Américains, si vous me permettez cette expression un peu vulgaire.

    Voilà une proposition concrète, sur laquelle on peut discuter. D’accord, pas d’accord ?

    Après, je vous proposerai de mettre à l’ordre du jour la « mise en commun des forces militaires ». Sans rentrer dans les détails, je pense que nous serons d’accord pour que tous les pays européens se retirent de l’OTAN (mais la Turquie y restera, puisqu’elle ne fait pas partie de l’Europe), pour que l’état-major français accepte de se mettre sous le commandement des généraux bruxellois, eux-mêmes sous les ordres du président de l’Union européenne, chef des armées (la condition de la puissance, c’est qu’il y ait un seul chef), et que l’on diminue de 40 % le nombre des fonctionnaires civils, au lieu de 20 %, pour financer l’augmentation des dépenses militaires qui sera nécessaire suite à notre retrait de l’OTAN.

    Vous voyez qu’avec un peu de volonté politique et de souci du bien commun, on peut y arriver.

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    • Robert Marchenoir, je suis désolé de vous dire cela et vous prie de m’en excuser, mais vous êtes trop long, sur un blog, on ne lit pas des textes aussi longs, il faut une trentaine de lignes maximum; voyez mes billets, leur lecture et reprise sur la toile est proportionnelle à la brièveté. Pardon de vous dire cela mais mieux vaut être franc.
      MT

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  4. fredi maque dit :

    Que dire d’autre?
    Que vous et votre ami constatez les problèmes mais n’avez aucune solution à apporter, que vous vous laissez emporter par les flots de l’histoire.
    Et toujours ce refrain lassant et lancinant : de l’extrême gauche à l’extrême droite…

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  5. Gustave Bermond dit :

    Vous écrivez : « Europe puissance , unifiée sur la base d’une volonté politique, la mise en commun de ses forces militaires et économiques afin de reprendre la maîtrise de son destin… ».
    Pardonnez-moi, mais ne serait-ce pas un bel exemple de wishfull thinking, ou en bon français, d’utopie stérile ? Où voyez-vous le moindre signe d’un volonté européenne partagée pour changer complètement l’objectif fondamental pour l’UE, pour passer d’une alliance de la finance et du commerce à une alliance des peuples pour reconstruire la démocratie ?
    Regardez les contorsions devant les demandes pourtant assez raisonnables de David Cameron, cela ne laisse aucune illusion. Je crains qu’il faille mettre à bas cette UE si nous voulons un jour reconstruire une Europe respectueuse des peuples qui la constitue.

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    • Gustave Bermond, non pas du tout, l’Europe puissance n’a rien d’une utopie, c’est quelque chose de très simple au contraire. Cela signifie, par exemple, que pendant la crise des migrants, les chefs de gouvernement de France, Allemagne, GB, Italie, Espagne, se réunissent et décident en commun une opération militaire contre les passeurs esclavagistes en Méditerranée. Juste ce qu’on n’a pas fait. Chacun a tiré dans son coin, notamment Madame Merkel plongeant dans la folie, avec le résultat que l’on sait.
      MT

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    • Gustave, ah, je pense que je vous ai déjà répondu.
      MT

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  6. Anonyme dit :

    Mais nous sommes déjà en conflit bon sang ,la politique de l’autruche aux relents pacifistes d’avant guerre dans toute sa lâcheté.

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  7. PhD dit :

    Quel dommage que votre interlocuteur n’ait pas eu cette clairvoyance pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont il fut ministre !
    Chevènement disait ;  » un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne »
    Par charité pour votre voisin de thé, j’ose croire qu’il ne prévoyait pas les conséquences funestes
    – de l’arrivée de 220 000 immigrés par an
    – de la destruction de l’état libyen
    – des milliards d’euros deversés dans les banlieues au profit d’assoces plus ou moins douteuses (pendant que nos campagnes crèvent)

    Il y a donc deux solutions
    – soit il ne savait pas, malgré les avertissements de diverses Cassandres, et il me paraît bien tard maintenant pour se rendre compte du foutoir (restons polis) ainsi créé
    – soit il savait, mais il n’a rien dit pour garder son poste
    C’est donc soit un clown, soit un traître.

    Je suis en accord avec vous sur la nécessité du retour de lavolonté politique, du sens de l’intérêt général et du bien commun, mais incarné par qui ?
    Quant à l’Europe puissance, elle ne pourra renaître que sur les décombres du monstre technocratique vendu aux intérêts étrangers, engendré par Monnet et ses complices

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