L’horreur présidentialiste

sans-titreMercredi soir, j’ai discuté avec un ténor des Républicains, l’un des plus cinq ou six plus importants de ces dix dernières années, dont je ne donnerai pas le nom… Nous étions bien d’accord sur presque tout: la déliquescence de la politique, sa fuite dans la communication et la manipulation, le renoncement face au réel, la démence narcissique, l’obsession électoraliste, la dictature des annonces, des postures, des leurres… En revanche nous divergions sur l’essentiel: lui pense qu’il suffit de changer la personne du président de la République et tout ira mieux. Sous-entendu: moi à sa place, plus rien ne sera pareil. Là, je suis en désaccord total. C’est le système présidentialiste qui est devenu fou, qui a plongé dans la démence. Confondre l’intérêt d’un pays avec celui d’un homme est une pure aberration. Le modèle français de l’actuelle VIème République, ou Vème bis, mélange le sort de la Nation avec les soubresauts personnels d’un homme, quel qu’il soit. Se considérant comme l’incarnation du pays, celui-ci est obsédé de sa popularité, soit pour la protéger, soit pour la reconquérir, le cas échéant dans la perspective d’une réélection.  Il entraîne l’ensemble des pouvoirs publics dans le culte de sa personnalité. La vie publique déserte le monde des réalités, glisse dans l’obsession de la communication, de la mise en scène, de la manipulation médiatique. La « trace dans l’histoire » tourne à la névrose. Et c’est ainsi que peu à peu, la France s’enfonce dans l’abîme pendant que les autres pays Européens travaillent et se réforment. La seule solution est de sortir une fois pour toute de cette logique mortelle en réhabilitant la démocratie, autour d’un chef de l’Etat non rééligible, qui préside dans la discrétion et la modestie, s’adresse au peuple une fois par an ou dans les périodes de crise, puis disparaît pour faire son boulot, et un Premier ministre qui gouverne sous le contrôle du Parlement, sur la base d’un programme précis, d’objectifs, d’engagements chiffrés et d’une obligation de résultats.  Refaire de la France une démocratie: cela paraît tout simple mais dans leur crise de démence narcissique,  ils ne voudront jamais! Quand l’ivresse de soi a tourné au coma éthylique…

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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25 commentaires pour L’horreur présidentialiste

  1. PhD dit :

    Bonjour Maxime

    @ Jean : 20 décembre 2015 à 10:13

    Vous écrivez : « Chaque candidat répondrait (en plusieurs séances télévisée en direct) aux questions de personnes reconnues compétentes dans les différents domaines importants de notre société »

    Le gros problème que je vois est le suivant : reconnues compétentes par qui ?
    Les médias, les politiciens eux mêmes, ?
    Quels seraient les critères de compétences en matière d’immigration, de lutte contre la pauvreté, …. ?
    Je crains très fort que cet interrogatoire ne tourne aux réquisitoire si le candidat n’est pas du même bord que l’expert ou à l’inverse, à la complaisance.

    Je me méfie de ces experts, autoproclamés ou consciencieusement sélectionnés par la médiacratie, capable de tordre leur science dans tous les sens pour la faire coller à leur idéologie, avec hélas une impunité quasi totale, les seuls contradicteurs possibles, c’est à dire maîtrisant suffisamment le domaine en question pour démonter l’imposture, n’ayant aucun accès médiatique. (je pense en particulier à feu Albert Jacquard et à tous les chantres du réchauffisme)

    J’estime que le peuple est assez grand pour décider en son âme et conscience, et même si son vote n’est pas conforme à mon souhait, c’est le jeu de la démocratie.

    Il est indispensable par contre que le service public de l’information soit d’une neutralité et d’une honnêteté absolues
    Avec la fin de toutes subventions à la presse qui ne vivrait que de son lectort et des recettes publiciatires afférentes, nous pourrions voir émerger des journaux d’opinion indépendants, affichant clairement la couleur.

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  2. Jean dit :

    Mandat de 5 ans renouvelable une fois, moi ça me va. (7 ans ça a déjà un léger parfum de dictature..et pensez à Hollande pendant 7 ans…
    La société est trop complexe aujourd’hui pour confier le pouvoir à des gens qui sont à leurs façons en marge du monde réel, du monde du travail.
    On devrait imposer aux candidats à la présidence une sorte d’examen de passage. Chaque candidat répondrait (en plusieurs séances télévisée en direct) aux questions de personnes reconnues compétentes dans les différents domaines importants de notre société (économie, éducation, sécurité, justice, immigration, Europe, chômage, précarité, SDF (la honte française), etc.) et tout ceci bien sûr sans langue de bois et en sortant des réponses passes partout habituelles !
    Avec ce système les lanceurs de poudre de perlimpinpin seraient vite démasqués et les journalistes complaisants, écartés des projecteurs qu’ils aiment tant, pousseraient des cris d’orfraie ! Mais ça on s’en tape !
    Merde alors ! Pour n’importe quel petit boulot faut passer un entretient mais pour être président faut juste faire quelques promesses, impossibles le plus souvent à tenir. Donc pour faire court, c’est celui qui enfume le plus qui gagne ! (et malheureusement je pense qu’en France c’est assez facile)
    Pour finir, une démocratie qui se respecte devrait inclure dans sa constitution le referendum d’initiative populaire, avec obligation de respecter le résultat.
    Bien sûr tout ça c’est en rêve, puisque qu’il n’y a qu’eux qui pourraient initier de telles réformes !

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