Comment transformer la politique?

DSC01257Plus j’écoute, plus je regarde et réfléchis, et plus s’affirme en moi la conviction que rien ne bougera en 2017, quel que soit le résultat des urnes, sauf improbable prise de conscience. L’enjeu n’est pas de changer de « tête » mais de transformer profondément la politique française au-delà des partis et des personnages: arrêter sa dérive mégalomaniaque et idolâtre pour la recentrer sur l’intérêt général; mettre fin au grand spectacle émotionnel et passionnel pour se rapprocher du gouvernement des choses; sortir des jeux de communication, manipulations, postures, en réhabilitant la notion de vérité; résorber la fracture – vertigineuse – entre les dirigeants et la population. Bien sûr, les solutions miracles permettant de tout régler d’un coup n’existent pas. Et comment ne pas être conscient de l’immense difficulté à promouvoir des réformes qui chamboulent les habitudes de la classe dirigeante et mettent en cause ses rentes de situation? Pourtant, il ne fait guère de doute que certains changements permettraient d’engager peu à peu  la France dans une autre voie:

  • Sortir de la politique professionnelle et revenir aux sources de la démocratie représentative, faciliter le brassage de la classe politique en limitant le renouvellement des mandats de député et de sénateur à un seul, donc dix ans maximum pour les premiers et douze pour les seconds.
  • Exiger, pour accéder à un mandat politique national, d’avoir travaillé, exercé un métier autre que politique, un métier réel, pendant au moins dix ans.
  • Principe d’un plafonnement des rémunérations totales et avantages liés à l’exercice d’un ou plusieurs mandats ou d’une fonction ministérielle, à des niveaux correspondant à la réalité des services rendus (à préciser bien sûr).
  • Obliger les fonctionnaires élus nationaux à démissionner de la fonction publique.
  • Passer au septennat présidentiel non renouvelable et réhabiliter la distinction entre le président de la République « guide national », gardien impartial – sans parti – de l’unité nationale et de l’intégrité du pays, et le Premier ministre seul en charge du gouvernement au quotidien sous le contrôle du Parlement.
  • Accomplir la décentralisation réelle et définitive, autour des régions et des communes, sachant qu’aujourd’hui, celle-ci n’est qu’illusoire au vu de la manière invraisemblable dont les collectivités sont traitées quotidiennement.
  • Renouer avec la responsabilité comme principe fondamental de la vie publique: tout échec, parole non tenue, drame national, comportement déviant, appellent un principe de transparence et le cas échéant de sanction.
  • Ouvrir le grand chantier fondamental de la réforme de l’Europe pour remplacer l’Europe de la bureaucratie, des normes et de la judiciarisation par une Europe puissance, Europe des Etats capable de maîtriser son destin face à la menace extérieure.
  • Imposer un principe de neutralité absolue des médias bénéficiant d’un financement public: toutes les opinions et les expressions démocratiques doivent y bénéficier de la même couverture en imposant un principe d’égalité du temps de parole et de présence visible entre les dirigeants et l’opposition.
  • Faciliter la démocratie directe par le recours fréquent au référendum.
  • Réhabiliter l’intelligence à l’école avec l’ambition, à l’échelle de plusieurs décennies, de construire une citoyenneté intelligente et critique, autour de la relance des savoirs fondamentaux: la langue française (y compris la grammaire et l’orthographe), l’Histoire  chronologique, les langues vivantes mais aussi le latin et le grec.

Mon discours dans son ensemble est inaudible aujourd’hui, je le sais bien. L’idée n’est pas de supprimer les héros nationaux et les messages politiques, bien au contraire, mais de les centrer sur le monde réel, l’action, les résultats obtenus, dans le respect du peuple, de la vérité, de l’esprit critique, pour en finir avec toutes les formes d’idolâtrie imbécile qui envahissent l’espace public, purement médiatique et sans consistance, la mégalomanie, la manipulation permanente,  fuite dans les limbes du paraître et du faire-semblant, de l’illusion et du rêve.  En outre, je me répète et cela, je le sais aussi. Mais pourquoi ne pas espérer peu à peu, contribuer même à un modeste niveau, à la prise de conscience sans laquelle rien jamais ne changera…

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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64 commentaires pour Comment transformer la politique?

  1. Gustave Bermond dit :

    Monsieur,
    Rassurez-vous votre propos n’est ni inaudible ni ridicule. Il recoupe même les aspirations d’un grand nombre de citoyens qui, en raison même de la nature et du fonctionnement du système politique et médiatique que vous dénoncez, sont largement inaudibles.
    Inaudibles de bonne volonté et de toutes professions et origines, unissez-vous ! (hors des partis traditionnels de préférence …)

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