Un excellent projet de réforme constitutionnelle

220px-Michel_Winock_20100330_Salon_du_livre_de_Paris_2La vie publique donne lieu parfois à des surprises heureuses. Le projet de réforme de la Constitution rédigé par l’historien M. Winock correspond presque exactement à ce que je crois nécessaire pour la France: septennat non renouvelable, mandat de parlementaire renouvelable deux fois seulement, référendum d’initiative populaire, réduction drastique du nombre de parlementaires. Cette réforme permettrait de refonder la République française sur des bases nouvelles tout en revenant aux sources de la Ve: un chef de l’Etat impartial, incarnant l’unité nationale, traçant les grandes orientations, non obsédé par sa réélection, laissant gouverner au quotidien le Premier ministre; un référendum d’initiative populaire pour combler l’abîme destructeur entre la France d’en haut et la France d’en bas; limiter le mandat de parlementaire dans le temps pour permettre une respiration démocratique. Gouverner, choisir, décider, de jolis mots en voie d’extinction dans la France d’aujourd’hui. Quel beau projet, clair, cohérent, intelligent!… Voilà qui remettrait la France dans le sens de la marche. Bien sûr les politichiens montent au créneau et poussent des cris d’orfraies accusant son auteur de vouloir abolir la Ve. C’est tout le contraire! La Ve est morte sous la torture politichienne depuis au moins 15 ans, et ce projet permettrait d’en faire revivre l’essentiel! Rejeter par principe ce projet de réforme parce qu’il implique M. Bartelone et vient d’une initiative dite « de gauche »? Quelle bêtise, quelle crétinerie, quel obscurantisme! En réalité, les politichiens ont simplement peur pour leurs petits privilèges, leurs intérêts personnels, leurs rentes de situation et leurs prébendes minables. Pour une fois, je dis bravo à la clairvoyance, à l’audace, à la vision qui s’expriment dans ce projet! On sait que ce ne sera pas simple, que les politichiens ne sont pas prêts à lâcher leur bout de gras. Mais quand même, un éclair de lucidité, inattendu, cela fait tellement plaisir! L’intelligence est d’autant plus précieuse qu’elle se fait rare en ce monde et elle est notre bouffée d’oxygène.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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40 commentaires pour Un excellent projet de réforme constitutionnelle

  1. Ysengrin dit :

    A propos de réforme de la constitution, il me semble intéressant, avant que d’aller plus loin, de jeter un regard sur notre passé, et d’essayer de faire un constat.

    De 987 à 1789 (Mettons de côté les siècles précédents, au cours desquels la France, si elle existait, n’en était pas pour autant parfaitement unie), il n’y eu qu’un seul régime, la monarchie. Huit cents ans de monarchie. Et pourtant, un nombre de crises important, mais qui furent toutes surmontées, sauf la dernière (révolution) pour un tas de raisons, et ce n’est pas l’objet d’en discuter ici.

    De 1789 à nos jours, soit environ deux cent vingt-cing ans, il y eut, au minimum, une dizaine de régimes. Chaque crise grave (Guerres, émeutes, etc.) entrainait la chute du régime.

    La première réflexion, au-delà de toute idéologie, c’est que la monarchie fut un régime extraordinairement stable. Notre cinquième république et ses cinquante ans d’existence fait pâle figure à côté des huit cents ans de la monarchie, et de ses soixante-dix rois.

    La seconde, c’est que la monarchie n’avait pas de constitution, rien, pas même une petite charte. A contrario, tous les régimes post-révolutionnaires avaient une constitution, ce qui ne les a pas empêché de disparaître.

    Une réforme de la constitution de la cinquième république s’avèrerait-elle une solution à la crise que nous traversons ? Pourquoi un régime sans constitution a-t-il pu durer huit cents ans ? Les textes gravés dans le marbre sont-ils les garants d’un bon régime ?

    Au fond, les textes ne valent pas le papier sur lequel ils sont écrits. ils correspondent à l’expression d’une volonté nationale, à un moment donné de l’histoire, voire à un homme particulier (exemple type de la cinquième république), mais, les années passant, ils finissent par tomber dans une forme de désuétude, et s’avèrent être plus des entraves à des adaptations nécessaires.

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  2. en passant dit :

    Voici une autre critique de ce rapport :

    http://www.debout-la-france.fr/article/revenir-l-esprit-de-la-cinquieme-republique

    je ne suis pas d’accord avec eux sur différents points. Mais eux non plus ne pensent pas que le rapport permette un retour à l’esprit de la Ve.

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  3. Mildred dit :

    La conclusion que je tire de la lecture comparée de votre article avec celui de monsieur Baudet est la suivante : monsieur Baudet qui est un universitaire, est clairement entré en dissidence avec la classe politique, dans le sens où l’entend Philippe de Villiers. Tandis que vous qui êtes un énarque et qui êtes passé par toutes les arcanes du pouvoir, vous espérez encore pouvoir recoller les morceaux avec ceux que pourtant vous appelez des « politichiens ».

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    • Mildred, oui, je suis un énarque, un sale énarque, un énarque comme Philippe de Villiers lui-même d’ailleurs, un énarque un peu spécial (blogger) mais un énarque quand même, et le pire de tout, c’est que j’en suis fier!
      Maxime

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  4. en passant dit :

    Si vous souhaitez un retour à la Ve nous serons d’accord. Mais il me semble que ce n’est pas ce qu’ils proposent.

    Il y a un retour sur la durée du mandat après le passage de 7 ans à 5 ans (encore un coup de VGE, aurait dit Pasqua), mais c’est à peu près tout.
    Il me semble que le fait de ne pas pouvoir se représenter est plutôt de nature à affaiblir le président en fin de mandat, et que le fait de ne pas se préoccuper d’une réelection serait plutôt de nature à accentuer la rupture avec la « France d’en bas » par la recherche de postes dans les divers organismes supranationaux.

    Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi on empêcherait les députés de se présenter plus de 2 fois. Il y a de très bons députés en poste depuis longtemps, sur des dossiers complexes (nucléaire civil, diplomatie…) où il faut du temps pour bien connaître les dossiers sans trop se laisser influencer par les passions médiatiques du moment. La stabilité peut être une bonne chose pour l’indépendance des députés…

    Et le référendum d’initiative populaire risquerait, en pratique, de donner encore plus de pouvoir aux médias et aux groupuscules qui en jouent ; alors que c’est l’inverse qui est souhaitable.

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  5. alexrebelde dit :

    Tant qu’une démocratie directe, comme en Suisse que je connais bien, ne sera pas mise en place, rien, absolument rien, ne changera. Tout le reste n’est que pipo.

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  6. Christophe dit :

    Bonjour Maxime !
    En effet, projet intéressant à la seule condition que nous retrouvions notre souveraineté. Donc sortir
    de l’Euro ce qui ne signifie pas sortir de l’Union Européenne. Pour ma part, je reste persuadé que nous ne ferons pas l’économie de ce débat. Il faut bien trancher dans le vif.
    Cordialement et en toute liberté.

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