Parole d’homme d’Etat?

220px-Hubert_Vedrine_2006_01_06La vie politico-médiatique française semble poursuivre sa plongée dans la folie hystérique et imbécile: tyrannie des postures moralisantes, polémiques stériles, minables, à vomir, culte de la personnalité outrancier, ridicule, digne d’une dictature d’opérette, sectarisme mensonger et crétin. Chacun comprend cette déchéance accélérée comme une fuite éperdue devant le réel et les responsabilités, présentes ou à venir. Dans cette chronique pour le Figaro Vox, j’en ai développé un aspect: l’obsession élyséenne, comme expression de la mégalomanie et du narcissisme ambiant. Tous des imbéciles? Non. Heureusement, il reste des hommes politiques dont l’attitude et le discours, demeurent axés sur le sens de l’intérêt national, quel que soit le bord d’où ils viennent. Une parole un peu libre et sensée dans le maelström de crétinerie qui submerge la France d’en haut: elle est par exemple de Hubert Védrine, le 28 septembre sur France Inter (reprise par le Figaro): « Au moment de combattre Hitler, il a fallu s’allier avec Staline […] Daesh est l’ennemi numéro 1. »  Alors que le monde s’embrase et que la France d’en haut se contorsionne dans ses névroses, de tels propos montrent que le sens des réalités et de l’Histoire, de l’Etat et de l’intérêt général survit dans le cerveau de quelques-uns, même s’ils ne sont pas les plus médiatisés. Il nous en faut assez peu, au fond, pour conserver un minimum d’espérance en l’avenir.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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22 commentaires pour Parole d’homme d’Etat?

  1. La grenouille Hollande veut se faire aussi grosse que le bœuf Poutine. Et comme dans la fable, l’image internationale de la France va imploser pendant que la Russie continuera d’agir comme bon lui semble en Syrie.
    Je ne m’explique pas ce besoin qu’à notre président de jouer les gros bras devant le chef de l’état russe ? Que ce soit en Ukraine ou ailleurs, la France ne fera jamais la guerre à la Russie. La communauté internationale ne peut intervenir en Syrie sans l’assentiment des russes. L’actualité de ces derniers jours nous prouve que l’inverse n’est pas vrai. François Hollande adore revêtir l’habit de chef de guerre qui lui permet de faire oublier les résultats de sa politique intérieure. Mais quelle médiocrité d’exploiter le drame qui se joue dans les régions contrôlées par Daech.
    La France ne doit pas perdre de vue l’objectif poursuivi. Il s’agit d’anéantir Daech et ses réseaux terroristes, de rétablir des structures étatiques en Lybie et en Irak et de rétablir l’équilibre socio-économique au Proche-Orient. Le sort du président syrien n’est pas une priorité et son sort politique se jouera dans un deuxième temps.
    Alors que notre président de la République mette de côté ses stratégies électorales et retrouve la raison en acceptant les conditions du président russe. A défaut, la grenouille française va se retrouver isoler sur son nénuphar au milieu de la mare diplomatique onusienne.

    Laurent MéchantRéac pour mechantreac.blogspot.fr & mechantreac.fr

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  3. fredi maque dit :

    Védrine est certainement l’une des personnalités de gauche dont j’aime écouter les analyses. Il a ce recul sur l’histoire, cette capacité à la visiter froidement sans parti pris, comme le ferait un bon historien, qui est rare chez nos politiques.
    De plus il n’est pas du genre semble-t-il à se laisser aveugler par le dogmatisme.

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  4. Koufra dit :

    D’autant plus vrai … Qu’il n’y a aucun Staline actuellement.

    Si il y a eu des exactions en Syrie, il est à noter que beaucoup ont été en réalité le fait d’islamistes dès le départ (on se demande pourquoi une armée régulière égorgerait et éventrerait des femmes et des enfants alors qu’une rafale de mitraillette aurait fait le même effet… À mon sens on a attribué beaucoup de crimes au régime syrien qui sont le fait d’islamistes) et qu’aucun document publié ne prouve que si il y a eu des armes chimiques employées, elle l’ait été par le régime syrien, depuis des armes chimiques ont été utilisé au profit des rebelles et personne ne dit mot…

    À moins que ce ne soit nos dirigeants qui se rapprochent le plus du modèle soviétique ?…

    Amitiés

    Koufra

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  5. Frederic_N dit :

    Védrine est considéré comme plutôt intelligent dans le milieu
    Pardonnez moi cette réflexion théorique.
    Il est important de rappeler que la politique étrangère des Etats occidentaux s’est construite il y a longtemps dans l’esprit du grand Machiavel. Ce serait trop long de détailler, mais si on voulait résumer son apport on dirait ceci : Machiavel a introduit le raisonnement stratégique dans la conscience des dirigeants là où il y avait de la passion et du court termisme. Ou si l’on veut : l’idée de chercher à comprendre et à anticiper les réactions des adversaires pour agir intelligemment : dût-on compter « le peuple » parmi l’un d’eux. C’est grâce à Machiavel qu’on pouvait dire du temps de de Gaulle que la France avait une politique d’Etat à Etat et donc juger sa politique extérieure en fonction de ses propres intérêts stratégiques et non pas de la politique intérieure de nos prtenaires. C’était considéré comme une banalité
    Depuis est arrivé la grande révolte morale dans les universités et en politique elle prend le nom de LeoStrauss : qui est aujourd’hui une référence majeure.
    . C’est lui qui va expliquer que Machiavel et ceux qui l’ont suivi sont des gens amoraux, et qu’il faut remettre la morale au centre de l’action des hommes d’Etat. En fait L Strauss c’est l’homme qui a le plus influencé G Bush ( par le biais des ex(?) trotskistes qui le conseillaient car on se demande si Bush a jamais lu un livre). L Strauss on s’en réclame aujourd’hui à gauche comme à droite. ..même et surtout si l’on n’y connaît rien. On voit le résultat

    Plutôt que les hommes politiques, c’est lui le véritable responsable . Car c’est par les idées que tout commence dans nos sociétés modernes.
    Maxime, après votre post sur Peguy faites en un sur Machiavel

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  6. PhD dit :

    Bonjour Maxime

    J’ai lu quelque part que dans les grandes démocraties « occidentales », quelle que soit la couleur politique du gouvernement, les ministres « régaliens » (et notamment celui de la justice) sont des personnalités faisant consensus aux yeux de tous
    Hubert Védrine en fait partie.

    J’avais d’ailleurs écrit en commentaire de « Le plan Sarkozy »
    Je ne peux plus faire confiance à Nicolas Sarkozy, …. qui, entre autres, :
    – a nommé Kouchner ministre des affaires étrangères (il aurait nommé Hubert Védrine, je n’aurais pas protesté ; voyez, je ne suis pas aussi sectaire que cela)

    La parole de Hubert Védrine est rare, heureusement pour nos pitres politicards, qui, comme les marins, ont besoin de faire des phrases

    Puissiez vous le convaincre de parler plus souvent et plus fort, cela ferait du bien…..
    A la France, pas aux branquignols qui sont aux manettes (Là encore, j’exclus Jean-Yves le Drian du mot branquignols)

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  7. ADB dit :

    J’ai lu votre chronique pour Figaro-Vox, je dois dire que si ces derniers temps, j’ai (trop) souvent été en désaccord avec votre opinion, ce n’est pas le cas cette fois !

    Cela dit, et pour revenir à ce qui me préoccupe actuellement, le sens de l’honneur et donc de la fidélité à ses idées doit, ou devrait (?), primer ce vieux slogan selon lequel « la fin justifie les moyens » et qui me semble tant animer les candidats aux prébendes étatiques ?

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  8. berdepas dit :

    Védrine, bien que « de Gauche », mérite, en effet, le respect.Ses analyses sont toujours intéressantes car empreintes de réalisme et dénuées de sectarisme.

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  9. en passant dit :

    De Gaulle dans Mémoires d’Espoir, Livre 1, Le Renouveau, L’Europe :
    « Pour moi j’ai, de tous temps, mais aujourd’hui plus que jamais, ressenti ce qu’ont en commun les nations qui la peuplent. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d’innombrables relations de pensée, d’art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu’elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation. C’est en vertu de cette destination de l’Europe qu’y régnèrent les Empereurs romains, que Charlemagne, Charles Quint, Napoléon, tentèrent de la rassembler, qu’Hitler prétendit lui imposer son écrasante domination. Comment, pourtant, ne pas observer qu’aucun de ces fédérateurs n’obtint des pays soumis qu’ils renoncent à être eux-mêmes ? Au contraire, l’arbitraire centralisation provoqua toujours, par choc en retour, la virulence des nationalités. Je crois donc qu’à présent, non plus qu’à d’autres époques, l’union de l’Europe ne saurait être la fusion des peuples, mais qu’elle peut et doit résulter de leur systèmatique rapprochement.»

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  10. Q dit :

    Pourtant Vedrine etait contre toute intervention en Syrie il n’y a pas si longtemps et comme dit tres justment Poutine, « L’Etat islamique n’a pas surgi de nulle part ».Meme l’hypocrisie est impuissante a etouffer ces fous.

    Vladimir Poutine à la tribune des Nations Unies le 28 septembre 2015

    extrait :

    L’intervention agressive extérieure n’a guère débouché à des réformes des institutions de l’État, le mode de vie tout entier a été anéanti et plutôt que le triomphe de la démocratie et du progrès, on a pu voir la pauvreté, la violence et la catastrophe sociale. Et les droits de l’homme, y compris le droit à la vie ont été gravement oubliés. On a envie de demander à ceux qui sont à l’origine de tout cela : est-ce que vous prenez au moins conscience de ce que vous avez fait ? Mais je crains que cette interrogation ne reste lettre morte, car les politiques qui se basent sur la confiance en soi excessive, le principe d’exclusivité et la certitude d’impunité, perdurent.

    Il est alors évident que la vie politique qui s’est instaurée dans certains pays du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord ont eu comme répercussion la création de zones d’anarchie qui ont immédiatement commencé d’attirer extrémistes et terroristes. Des dizaines de milliers de terroristes sont déjà venus combattre sous les drapeaux de ce qu’on appelle l’État islamique. Avec, parmi eux, d’anciens soldats irakiens qui en 2003 se sont trouvés à la rue à la suite de l’invasion militaire en Irak..

    Le recrutement était même organisé par le biais de la Libye dont les structures étatiques ont été démantelées suite à la violation flagrante de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. En ce moment des membres de l’opposition syrienne dite modérée et soutenue par l’Occident adhèrent à ces mouvements radicalisés. On leur donne des armes, on leur fourni une formation militaire et ensuite ils se retrouvent du côté de l’Etat islamique.

    « L’Etat islamique n’a pas surgi de nulle part »

    L’État islamique lui-même n’a pas surgi de nulle part. Il a été au départ nourri et choyé car apparaissant comme outil de lutte contre des régimes laïcs indésirables. Une fois sa ligne de déploiement acquise en Syrie et en Irak, l’État islamique continue inexorablement sa progression vers d’autres territoires pour assurer sa domination sur le monde islamique et au-delà. Son intention est manifestement loin de se borner à ces projets. L’état de chose actuel est donc plus que dangereux. Il est hypocrite et irresponsable de dénoncer solennellement la menace du terrorisme international tout en fermant les yeux par ailleurs sur ses canaux de financement et les soutiens au terrorisme. Notamment le trafic de drogue, la contrebande de pétrole et d’armes. Il est aussi irresponsable de manipuler ces réseaux extrémistes afin de les engager à ses propres services pour défendre ses propres fins politiques, tout en espérant ensuite leur régler leur compte et les anéantir.

    Ceux qui se comportent ainsi doivent l’entendre, mesdames et messieurs, vous avez affaire là à des gens cruels, mais absolument pas stupides pour autant et pas primaires. Ils ne sont pas plus bêtes que vous et on ne sait pas en définitive qui manipule qui ?

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  11. thierry dit :

    Bonjour monsieur Tandonnet, je vous lis régulièrement et j’apprécie souvent votre analyse ou réflexion.
    Que pensez-vous du dernier livre de Philippe de Villiers que je résumerai comme un bonde sur le fonctionnement des politiques et de ces hommes. Qu’avez vous à dire? vous qui avez vécu au centre du système.

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  12. Mildred dit :

    A la « parole un peu libre et sensée dans le maelström de crétinerie qui submerge la France d’en haut », vous allez pouvoir ajouter celle de Philippe de Villiers qui semble avoir beaucoup des choses très intéressantes à dire aux Français.

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  13. michelbonte dit :

    Merci pour votre analyse

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  14. Ping : LANGAGE | Boycott

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