Foutez la paix au Général de Gaulle!

Je ne dirais rien de la dernière polémique hystérique, celle d’hier. Je veux qu’on arrête de jouer avec la mémoire du général de Gaulle. Des petites phrases qui lui sont prêtées, tirées de conversations privées remontant à un demi siècle sont dépourvues de tout intérêt, toute crédibilité.  Le grand Charles est un homme de l’Histoire, l’homme du 18 juin, de l’appel à la Résistance, l’un des moments clés de l’histoire de France, pas de la politique politicienne ni des polémiques minables dont s’enivre notre époque. Transposer son modèle, à la hauteur des siècles, à notre petite vie politicarde est dérisoire, scandaleux. Je ne supporte pas ces politiciens de bas étages, y compris appartenant à un camp qui l’a haï jusqu’à vouloir sa mort physique, et qui osent se référer à lui. Sa mémoire appartient à l’histoire, à la France comme personne historique, à la France de Michelet et de Péguy, non aux guignols  médiatiques qui monopolisent nos écrans de télévision.  Sa pensée permanente tourne autour de constantes: l’autorité, l’espoir, la rigueur, l’indépendance, la grandeur, la vérité, l’effort, la Nation, l’unité du pays, le respect. « Il n’est qu’une seule querelle qui vaille, celle de l’homme ». Sur  la manière d’atteindre son idéal, confronté au réel, nul n’a le droit d’affirmer qu’il se serait comporté de telle ou telle manière. En 1958, il fut rappelé au pouvoir par la classe politique, y compris les généraux d’Alger, pour garder l’Algérie française. A la stupéfaction de tous, notamment de ses partisans d’alors, il a, en vertu de sa vision de l’histoire, pris le tournant exactement inverse. Trahison pour les uns, décision visionnaire pour les autres (dont moi, rétrospectivement). Il est honteux, de l’extrême droite à l’extrême gauche, de vouloir récupérer le Général de Gaulle. Sa mémoire, ses choix possibles, sa volonté, s’il revenait aujourd’hui, n’appartiennent qu’à la providence. Vouloir récupérer la mémoire du Général à des fins politiciennes, exhumer le grand homme d’Etat de l’histoire à laquelle seule il appartient pour des calculs intéressés est à mes yeux un comportement de charognard. Chacun pense ce qu’il veut, mais qu’il ait le courage d’assumer plutôt que de s’en remettre à des soi-disant paroles d’un personnage de l’histoire dont nul n’a la moindre idée de ce qu’il eût ressenti ou déclaré dans les circonstances présentes. Une certitude, il serait effondré de voir la France actuelle, sa Constitution en miettes, la classe politique si médiocre, de l’extrême droite à l’extrême gauche, rongée par un narcissisme qui confine à la pathologie mentale, son cher pays livré à la chienlit, à l’abandon, au découragement.

Maxime TANDONNET