Les Européens face au chaos migratoire

272AB10B00000578-3020411-The_new_migrant_camp_pictured_in_the_Les_Dunes_area_of_Calais_ha-a-29_1427840233706« L’histoire nous enseigne que les migrations améliorent le sort de ceux qui s’exilent mais aussi font avancer l’humanité toute entière ». Cette phrase de Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU prononcée en 2004 devant le parlement européen, exprime l’idéologie dominante, issue notamment de la mauvaise conscience coloniale de l’Europe, qui imprègne en profondeur la pensée de ses classes dirigeantes, ses élites médiatiques, politiques, intellectuelles .

Or, un sondage vient de révéler que l’immigration était aujourd’hui, désormais, la première préoccupation des Européens: 38%, bien loin devant les questions économiques (Eurobaromètre, juillet 2015) . Ce n’est pas la venue régulière en Europe de personnes du monde entier, désireuses d’y travailler en respectant ses lois et d’y élever leurs enfants, disposant d’un logement et d’un emploi, qui suscite cette réaction, ni l’asile offert aux authentiques victimes de persécutions. Non, ce que rejettent les Européens, c’est le chaos migratoire, le sentiment largement partagé de l’impuissance tragique des autorités politiques – nationales comme européennes – face à des arrivées non maîtrisées de migrants qui forcent le passage par tous les moyens dans une Europe qui compte 20 millions de chômeurs et confrontée à des difficultés gigantesques, sociales, financières, politique.

L’Europe « d’en haut », politique comme intellectuelle, est dans l’impossibilité absolue de penser, de concevoir, d’essayer de comprendre ce malaise populaire. Pour elle, il est le fruit d’un obscurantisme, que reflète l’usage du mot méprisant « populiste« , d’une vue de l’esprit puisque le phénomène migratoire, par définition, se confond avec le bien. Elle réagit exactement comme un apparatchik du Soviet suprême, dans les années 1950, auquel on aurait voulu expliquer que le « socialisme scientifique » n’est pas forcément l’avenir radieux de l’humanité.

Que peut-il sortir de ce gouffre entre l’Europe d’en haut et l’Europe des peuples?

– Scénario 1 – le pourrissement: tout continue comme si de rien n’était, sur la ligne actuelle, en essayant d’enfouir les problème et de détourner l’attention des peuples et de traiter leurs inquiétudes par le mépris. Peu à peu, à la faveur d’un chaos qui se répand, aux frontières comme dans les zones urbaines, nous assistons à un retour des nationalismes en Europe, une montée des tensions entre les Etats (France/Italie, France/Royaume-Uni); la défiance envers les politiques se généralise, s’exacerbe, les partis nationalistes, venus parfois de l’antisémitisme et du racisme, poursuivent leur vertigineuse ascension partout. Sur une vingtaine d’années, peut-être moins, on peut envisager l’arrivée de régimes autoritaires sur le continent, sinon de dictatures, un rejet viscéral de toute forme de solidarité européenne, des phénomènes de repli autarcique et une résurgence des haines nationalistes de la pire espèce.

Scénario 2 – la prise de conscience: les autorités politiques nationales et européennes réalisent enfin le danger auquel elles exposent le continent européen. Elles s’affranchissent des dogmes, des idéologies, de l’ordre moral qui conditionnent leur comportement sur ces sujets depuis plusieurs décennies. Un principe simple doit dès lors effectivement prévaloir: l’Europe est certes un continent ouvert et hospitalier, en fonction de ses capacités d’accueil, mais personne ne peut entretenir le moindre espoir d’y entrer ou d’y rester illégalement, c’est-à-dire en dehors du respect de son droit et de ses lois (communautaires et nationales). En contrepartie de cette clarification, l’Europe entreprend un gigantesque effort d’aide au développement des pays sources de l’immigration.

Hélas, l’aveuglement obtus qui prévaut aujourd’hui, la terreur du qu’en dira-t-on aussi, qui paralyse les élites politiques et intellectuelles, dans un climat de lâcheté et de narcissisme généralisé,  me font plutôt pencher vers la première alternative mais comme souvent, je peux me tromper et je l’espère sincèrement…

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

35 commentaires pour Les Européens face au chaos migratoire

  1. Georges dit :

    Les invasions les plus réussies sont celles où les implantations des envahisseurs furent définitives car d’une cruauté sans nom.Etant donne le fait que les européens ont perdus la plupart de leurs colonies considérons alors qu’elles furent moins efficaces que l’invasion ,par exemple.ottomane ou arabe.

    J’aime

  2. KOKO le nouveau Français bien chez lui dit :

    Vous et vos ancêtres avez détruit des peuples, des nations, des continents et vous colonisez encore….L’immigration est un juste retour des événements! Deux faces d’une même politique…Vous vous devez d’acceptez naturellement l’immigration comme un rééaquilibrage de votre karma collectif occidental plus que déficient! Faut payez les mecs maintenant, votre prédation! Votre sauvagerie se doit d’avoir un excellent retour, l’immigration…..et comme on dit « Dieu rééquilibre toujours la balance »! Souriez, vous êtes filmés…

    J’aime

  3. koufra dit :

    Cette phrase de M. Juncker révèle la nature pouvoir européen qui n’est plus démocratique depuis bien longtemps.

    Le pouvoir européen s’est clairement affranchi de toute légitimité populaire et se pense légitime par lui même, son projet contre les nations, contre les peuples n’aboutira pas à créer un peuple unique libre mais des peuples asservis et d’autant plus haineux qu’ils subiront cette condiiion trahi qu’ils ont été par les personnes à qui ils avaient confié le pouvoir.

    Il est urgent que cet homme soit exclu de toute fonction politique et de revenir à la base de la légitimité:
    Du peuple, par le peuple et pour le peuple….

    Amitiés

    Koufra

    J’aime

  4. berdepas dit :

    Cher Maxime,
    « L’Europe « d’en haut », politique comme intellectuelle, est dans l’impossibilité absolue de penser, de concevoir, d’essayer de comprendre ce malaise populaire. Pour elle, il est le fruit d’un obscurantisme, que reflète l’usage du mot méprisant « populiste« , d’une vue de l’esprit puisque le phénomène migratoire, par définition, se confond avec le bien. »
    Vous ne pouviez pas mieux dire.
    Ce matin même, Junker déclare :
    «Il y a des moments en politique où il ne faut pas suivre les populistes, sinon vous finirez par devenir populistes vous-mêmes, sauf que les électeurs, attirés par les propos simplistes des populistes, voteront toujours pour les populistes»
    Parfaite illustration de votre propos.

    J’aime

  5. michel43 dit :

    MAIS…OUI…..nous somme ,une dictature, République, bananière, un Référendum, ou le peuple, Répond :NON et droite et gauche, en on pas tenu compte, on supprime, la proportionnelle du Président Mitterrand, pour éliminer, un partis politique ,ou la justice , se mêle de TOUT., ou les sans papiers, on tout les droits, la CMU est un exemple , tout cela au détriment des nôtres, LE peuple ,LUI. a compris le DANGER.. de cette invasions , et va répondre démocratiquement, dans les urnes ,

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.