L’avenir de l’euro?

sans-titreLe monde entre sans doute de nouveau en turbulence avec la chute  de l’euro à 1,20 dollar, l’effondrement des cours du pétrole et des bourses mondiales, la sortie possible de la Grèce de la zone euro, la déflation allemande. Les propos de l’Allemagne sur la Grèce sont certes détestables – donnant le sentiment d’une tentation hégémonique – mais aussi inévitables compte tenu du grand écart européen entre une monnaie unique et des situations économiques divergentes.

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20150105trib3eb44346c/europe-l-implosion-qui-vient.html

En France, les deux discours dominants sur l’euro sont aussi mensongers l’un que l’autre. Le premier, celui de l’apocalypse, effectue un lien vital entre la paix en Europe et la monnaie unique: sa disparition entraînerait l’explosion de l’Europe et le retour des passions nationalistes, voire la guerre. Ce raisonnement, source de toutes les lâchetés et les rigidités, est faux et absurde, car l’Europe – l’amitié entre ses peuples –  repose sur des fondements infiniment plus profonds – historiques, culturels – que ceux tenant à l’existence d’une monnaie qui n’est qu’un outil d’échange.  Le second, celui du bouc émissaire, démagogique, extrémiste, attribue tous les maux économiques de la France à l’euro (le chômage, la déflation, le déclin industriel). Il est tout aussi indéfendable et dangereux car les records de prélèvements obligatoires (47%), les hausses vertigineuses d’impôts, les rigidités qui empêchent les entreprises de recruter, les 35 heures, les déficits publics, gigantesques, ne sont pas dus à l’euro, ni à l’Europe, mais bel et bien à des gestions nationales calamiteuses. S’il y avait un homme public responsable dans ce pays, il prendrait la parole pour affirmer deux choses: 1/ le redressement  de l’économie  Française passe par des réformes radicales de l’économie et de la société, pour réduire les déficits vertigineux, les rigidités monstrueuses, le racket fiscal et social qui pèsent l’entreprise, et avant tout revaloriser le travail. 2/ Si la zone euro explose, ce ne sera pas la fin de l’Europe, ni la guerre, mais une crise extrêmement violente qu’il faut être prêt à affronter avec des solutions de rechange.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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13 commentaires pour L’avenir de l’euro?

  1. geoges dit :

    Madame Merkel est prête à lâcher la Grèce mais défend bec et ongle le dumping salarial qui permet à l’Allemagne de se maintenir au sommet de l’Union Européenne d’où cette propagande de contre manifestation pro immigration.L’union bancaire pour défendre cette saloperie d’Euro au détriment du citoyen…

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  2. francoiscarmignola dit :

    @koufra @René de Sévérac
    Vous oubliez ce que je disais juste avant vous:
    1) l’Euro est utile
    2) même ses détracteurs (le Grec qui n’a pas encore gagné l’élection, et qui de toutes façons devra passer alliance) ne souhaitent plus le quitter

    Il vous faut donc, si c’est possible pour vous, entrer dans la contemplation désenchantée du réel: oui Maxime il nous faut nous réformer, (l’Italie 3ème pays fondateur, aussi) et non, Maxime, la zone Euro ne va pas disparaitre.
    Pour finir, nous aurons des élections cette année, et d’autres bientôt.
    Il est possible d’exprimer son avis entre temps, et de changer de politique. Rien n’est écrit, ni n’est inéluctable et il ne tient qu’au peuple d’exprimer son avis, d’une autre manière que négative, avec d’autres volontés que de se plaindre.

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  3. Duff dit :

    Bonsoir à tous,

    Maxime, vous avez du avec le temps lire avec Annick qui fréquente le blog et moi même qu’il a de sérieux doutes sur la viabilité de l’euro y compris parmi des gens qui estiment être modérés. Que quelques pays très liés, très proches économiquement puissent partager la même monnaie sans une superstructure pour la gérer semble possible. Avec tous les membres actuels on se dirige vers cette superstructure avec le risque de technocratie ne rendant compte à plus personne pour la gérer (qu’on me fasse signe pour monter cette structure pour qu’elle puisse se montrer à la fois pertinente et démocratique)…

    Les deux bords que vous dénoncez avec justesses sont les alphas et omégas du discours ambiant. Dans l’histoire européenne, aucun traité n’est irréversible, la commissaire européenne a beau hausser le menton, elle est ridicule. Sortir de cette pétaudière dans la situation actuelle de la France sans réformes de fond au préalables équivaudrait à un suicide.

    J’ai vu Jules nous ressortir une très bonne vidéo qui montre combien l’UE est normative plus que démocratique. Si j’ai le temps, je vous ressortirais bien la dernière page du pamphlet de Charles Gave « Des lions menés par des ânes » écrit en 2001 dans lequel il prophétise que l’échec de l’euro peut amener de graves tensions sur la démocratie et une remise en cause des pouvoirs des états via l’UE citant l’Italie du Nord, le pays basque, l’écosse, la Corse et il oublie la Catalogne.

    L’UE et l’euro sont mal foutus. Pas de quoi les jeter par dessus bords mais si aucune clarification visant à les démocratiser et les rapprocher du peuple, nous allons au delà de gros soucis à n’en pas douter.

    Cdlt

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  4. Nycthéméral dit :

    Je n’y connais absolument rien en économie, et je peux me tromper… mais si j’ai bien compris ce que j’ai lu dans un article, si la Grèce quittait l’Euro, ou si on la poussait à le faire, cela ne nuierait plus, comme cela aurait été le cas en 2008.. Car au départ ce sont certaines banques qui avaient la dette Grec… Mais depuis, ce sont les états membres et la BCE qui ont repris cette dette pour éviter la bérézina à certaine banques. Ces dernières, débarrassées de la dette, sont à l’abri et donc, ceux qui risquent de perdre de l’argent, ce sont les états (donc, nous les contribuables..) ou la BCE (mais ce sont toujours les contribuables européens au final..). Bref, la « finance » mondiale ne risquant plus rien le destin de la Grèce ne l’intéresse plus, et peut quitter la zone Euro sans dommage pour elle…
    Maintenant, il est nécessaire aussi à madame Merkel de faire des annonces de ce genre pour démontrer sa toute puissance sur l’Europe et satisfait certainement ses électeurs..
    Rassurons nous, si la Grèce nous quittait, c’est d’abord les citoyens Grecs qui en feraient les frais, avec la finance mondiale pour lui maintenir la tête sous l’eau, et l’asphyxier (un exemple pour ceux qui auraient la même idée ?..), et nous « Européens » qui paieront la note..

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  5. bernard06 dit :

    Bonjour Mr Tandonnet,
    En politique, européenne ou autre, c’est comme dans la vie de tous le jours : il y a des intérêts et des rapports de force, rien d’autre ; qui paie commande voilà ce que se disent les Allemands. Ont-ils tort ?

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  6. Koufra dit :

    Bonjour Maxime,

    J’avoue être dubitatif sur les amitiés entre nations… Les nations ont des intérêts qui convergent ou pas, la notion d’amitié n’est pas un élément rationnel, à mon sens.

    si l’euro disparaît, les divergences d’intérêts seront telles que les « amitiés » disparaîtront bien vite, le monde ira vers la facilité et pas vers la complexité.

    Par ailleurs, la gestion de la France est calamiteuse certes, mais les politiques n’ont plus les pouvoirs régaliens entre leurs mains… C’est l’Europe qui les a repris. L’utilité des hommes politiques français est donc contestables mais l’échec de l’Europe telle qu’elle est est total… Économie, politique étrangère, défense, finance, culture, industrie, immigration: dans tous ces domaines, l’Europe était elle plus puissante en 2000 qu’en 2015?

    Certes l’Europe n’en porte pas toutes les responsabilité mais sa responsabilité est majeure.

    Concrètement, la Grèce a envoyé un message politique comme quoi elle n’entendait plus se soumettre aux injonctions de la BCE , du fmi … Des lors cela signifie la sortie de la Grèce de l’Europe rapidement puisque les aides seront supprimées car conditionnées à l’acceptation humiliante de toutes les conditions.

    Parallèlement, la France voit sa notation abaissée, il est donc relativement évident que la notation du fond européen va être abaissée à court terme, Italie, Portugal, Espagne devront emprunter à des taux supérieurs.

    Nous n’avons hélas plus rien pour amortir cette crise à venir.

    Combien de pays sortiront de l’euro ?

    Cette devis aura t elle encore une signification ?

    Si la France en sort et que l’euro perdure cela deviendra l’espace économique allemand… Qui se tournera vers la Russie et la Chine comme le fait déjà la Turquie pourtant membre deĺotan ?

    Ce n’est pas l’euro uniquement qui explose mais l’occident ?

    Amitiés

    Koufra

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  7. René de Sévérac dit :

    Après avoir posté mon commentaire,
    je découvre que vos commentateurs semblent hostiles à l’euro !

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  8. René de Sévérac dit :

    « l’euro bouc émissaire, [qui] attribue tous les maux économiques de la France à l’euro (le chômage, la déflation, le déclin industriel) ».
    Permettez-moi un détail, les maux économiques de la France ne sont pas dû à une monnaie, mais à une monnaie commune entre notre Nation et une nation de culture économique très différente, la première passant dans l’hinterland de la deuxième.
    Je ne dirais pas « le rêve d’Hitler » pour ne pas être désagréable.

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  9. francoiscarmignola dit :

    L’euro est une modalité de l’indispensable : des parités monétaires fixes entre les membres d’une zone d’échanges économiques quasi exclusifs. L’Europe est d’abord une zone d’échanges préférentiels et il faut les favoriser. Oui, le choix d’une monnaie unique pour mieux faire passer une possible, et souhaitée à tort par certains, pilule fédéraliste fut politique. Moi j’ai voté non à Maastricht et je ne le regrette pas.
    Mais vouloir faire sauter la chose parce qu’on arrive pas à se réformer et qu’on veut dévaluer est totalement et irrémédiablement déraisonnable. Même Tsipras ne le demande plus !!!

    La question est déjà autre chose et se trouve plus complexe, comme toujours : elle porte sur une « re négociation » et on verra si Tsipras, si il est élu, obtiendra plus que Hollande.

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  10. JulesXR52 dit :

    J’ai hâte de voir l’euro exploser, car cette explosion permettra d’espérer celle de l’Europe. Comme le dit Vladimir Boukovski: « En faisant l’UE, nous sommes en train de reconstruire une nouvelle URSS ». Qui peut souhaiter vivre en URSS, même si c’est sans le goulag ?

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  11. michel43 dit :

    Maxime et Michel Toutes vos propositions , vont dans le bon SENS..et l » ETAT doit OBLIGATOIREMENT , commander, toute lse dont telle a besoin..dans des entreprises FRANÇAISES..et les FRANÇAIS , doivent ,en PRIORITÉ , acheter des produits , fabriquer , chez nous et ce…Dans tout les domaines , cela peu faire, QUE du bien, a nous TOUS..

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  12. Bonjour Monsieur,
    Evidemment que l’Euro n’est pas la cause de tous les maux qui frappent la France et les Français (chômage de masse durable, croissance faible voire nulle, déficits publics, désindustrialisation, effondrement du pouvoir d’achat, etc.) mais son existence même ne permet pas de prendre l’ensemble des mesures qu’il faudrait prendre pour améliorer la situation. Son existence aggrave nos problèmes. Alors, oui, il faut réformer le code du travail, oui il faut simplifier la fiscalité et réduire les taux d’imposition, oui il faut améliorer notre système de formation et d’apprentissage, oui il faut faire bien des choses qui ne dépendent pas forcément de l’Euro. Mais sans retrouver une monnaie nationale, tout cela ne sera pas suffisant car la compétitivité d’un pays dépend en partie de la valeur de sa monnaie et si on veut sauvegarder notre système social alors il faut pouvoir utiliser cet instrument ce qui aujourd’hui n’est malheureusement plus possible.
    Cordialement,
    Michel Cavargini

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