L’esprit de destruction

famille3bLe plafonnement des allocations familiales dont le principe a été retenu  par le pouvoir socialiste n’est pas une décision anodine. Elle doit s’interpréter à plusieurs niveaux. En surface, pénalisant les 12% de familles « les plus aisées », comme disent les socialistes, elle va dans le sens de l’égalité, voire de l’égalitarisme, elle est donc conforme à la fois à leur philosophie et, en apparence, à l’attente de l’opinion qui approuve, semble-t-il, d’après les sondages, à 80%. Cette mesure répond au mot d’ordre classique popularisé dans les années 1970 par le parti communiste « faire payer les riches ». Certes, les cibles ne sont pas les détenteurs de comptes cachés et des résidences à l’étranger, mais peu importe… Il faut bien cogner quelque part, donc sur ceux qu’on a sous la main: plus de 6000 euros par famille et peu importe que ces 6000 euros proviennent d’un travail acharné, nuit et jour, samedi et dimanche. Tu seras pénalisé quand même, sur tes allocations familiales. Les socialistes ne se posent pas ce genre de question. Mais sur le fond, le choix accompli va dans le sens de la destruction. Il marque la fin d’un consensus national concernant la sanctuarisation d’une politique familiale indépendante de la politique sociale, qui fut l’un des atouts de notre pays depuis 1945. Il ouvre une brèche, un précédent: demain, tôt ou tard, le plafond de revenu sera inévitablement abaissé pour accomplir de nouvelles économies. Il sape donc l’un des éléments fondateur du pacte national depuis la Libération. Encore plus grave peut-être – à mes yeux –   il achève de décrédibiliser la parole politique, voire même la notion de parole. Dans sa campagne électorale de 2012, le chef de l’Etat s’était clairement engagé à le pas soumettre les allocations familiales « à conditions de ressources ». Des promesses ou engagements non tenus en raison du principe de réalité, cela arrive parfois à la suite d’une élection. En revanche, un choix politique actif, déterminé, volontaire, à l’encontre d’une promesse solennelle de ne jamais l’accomplir, il me semble bien (sauf erreur) que c’est la première fois dans l’histoire de la République que cela se produit… A quoi bon voter si la politique suivie est à l’inverse du programme sur lequel le bulletin de vote s’est porté? Nous venons donc de franchir une étape supplémentaire dans le démantèlement de la politique et de la démocratie française. Ce choix est malheureux, il est de ceux qui portent malheur.

Maxime TANDONNET

 

 

 

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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