Chronique incomprise

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http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/04/10/31001-20140410ARTFIG00103-dans-la-debacle-de-la-ve-faut-il-regretter-la-ive-republique.php

Hier, Figaro Vox a publié une tribune dont je suis l’auteur. A lire plusieurs commentaires défavorables, il me paraît nécessaire d’apporter quelques précisions sur le point de vue que je défends. Je ne dis pas dans cet article qu’un retour à la IVe République est souhaitable et ne défends pas ce régime même si je trouve excessif le jugement généralement porté sur lui.  Simplement, il me semble que la question des institutions – plus ou moins ignorée par les commentateurs –  est fondamentale pour comprendre l’impuissance publique. Il est plus spectaculaire et médiatique de fustiger les personnalités. Bien sûr le caractère, l’intelligence, le charisme des dirigeants sont à prendre en compte, mais force est de constater que les hommes passent et tous se brisent les uns après les autres sur la réalité. Il faut donc chercher au-delà des personnes. Le réflexe primitif est de s’en prendre à des boucs émissaires faciles, à l’extérieur, et de cogner dessus: les Etats-Unis, le « grand capital », « les banques »… Or, il me semble que l’une des causes profondes de nos difficultés réside dans notre organisation politique, notre règle du jeu nationale. La Ve République est en faillite. Elle n’a plus rien à voir avec la République créée en 1958, surtout depuis l’introduction du quinquennat en 2002 : confusion des fonctions de chef de l’Etat et de chef de Gouvernement; transfert progressif du pouvoir normatif au Conseil constitutionnel c’est-à-dire une juridiction non élue; irresponsabilité, inamovibilité de l’exécutif qui échappe de facto au contrôle de la Nation (à travers le Parlement ou le référendum comme sous le Général de Gaulle). La dérive des institutions conduit à la paralysie et à un climat d’impunité des gouvernants qui peuvent  s’adonner aux pires errements pendant 5 ans et livrer le pays au chaos sans risque pour leur maroquin. Une réforme profonde du système politique devrait être la priorité absolue de la prochaine majorité. Sinon, elle finira comme toutes les autres depuis 1980: dans le fossé…

Maxime TANDONNET

 

 

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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9 commentaires pour Chronique incomprise

  1. L'Amiral dit :

    Cher Maxime,

    Vous avez, une fois de plus raison, et ce qu’il nous faut c’est cesser de regarder avec nostalgie un passé réputé idyllique pour préparer un avenir viable.
    Personnellement j’attends de ceux qui proposeront une nouvelle alternance, non pas de nous faire des promesses intenables qui les discréditeront encore plus mais un vrai changement de paradigme en proposant une 6* République, non pas celle dont rêve Melenchon et ses amis, mais celle qui tournera définitivement la page douloureuse de la fausse victoire de 1945 pour faire la France, forte et fière d’être elle-même, du 21* siècle. Mais qui est prêt à endosser ce projet ?

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  2. MICHAUD Alex dit :

    Pour faire le bon choix, c’est comme pour les prix: pour bien consommer, il faut d’abord comparer.
    – Philippe BENETON. Les régimes politiques. PUF/Que sais-je?
    – Arlette HEYMANN-DOAT. Les régimes politiques. Repères/La Découverte.

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  3. anonyme dit :

    Bien d’accord avec vous, mais permettez-moi de vous poser une question : quelle est votre préférence entre un régime parlementaire et un régime présidentiel ?
    Vu que les Français se passionnent pour l’élection présidentiel, pourquoi ne pas préférer un véritable régime présidentiel avec des élections tous les 4 ans (sur le modèle américain, seul véritable régime présidentiel à ma connaissance) .
    De Gaulle en choisissant de faire élire le président au suffrage universel, avec la charge symbolique d’une telle élection, a dévié la 5e république vers un tel régime, d’où la logique ensuite du quinquennat – que 14 ans de mitterandisme et deux cohabitations auront précipité.

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    • anonyme, c’est une vraie question! Je ne prétends pas détenir la vérité, mais je sens mal le régime présidentiel en France. C’est un pays conflictuel, divisé, et le découplage entre le chef de l’Etat qui incarne l’unité et le Premier ministre chef de la majorité me paraît nécessaire…
      Maxime

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  4. Frederic_N dit :

    Bonjour maxime,
    Votre tribune me semble une vraie contribution au débat – je ne sais les critiques qu’elle a suscitées, mais elle dit quelque chose de construit et dans la situation actuelle , c’est un point très positif.
    Pourtant, je ne suis pas sûr de la partager et je voudrais m’en expliquer : peut-être que je me trompe, mais on a le sentiment que vous survalorisez le rôle créateur des Institutions. Et notamment de la 4ème. Aligner les décisions positives prises sous la 4ème est un rappel utile. Mais est-ce qu’on doit dire pour cela que c’est « à la 4ème » qu’elles sont dues ? Personnellement je crois plutôt que ces décisions positives ont été le fait des administrations qui , à l’époque étaient cohérentes, et pourvues d’une vision claire sur ce qu’il fallait faire : économiquement, nul ne doutait qu’il fallait s’appuyer sur l’Etat, et « copier » autant que faire se pouvait les américains. La politique scolaire était évidente. Partant de là les Ministres qui défilaient se contentaient de suivre leurs administrations. Il est connu que la politique énergétique de la France a été faite à EDF et non dans les ministères.
    Or aujourd’hui, le problème est qu’on manque cruellement de ce genre de vision. L’administration – pour ce que j’en vois – s’est cruellement affaiblie. Les ministères que je connais (économie, éducation recherche) sont peuplés de gens sans vision, ( cf les débats actuels sur la pédagogie) . Je suis sûr que dans votre Ministère, et si on en faisait l’exercice , on verrait que très peu de cadres ont une compréhension autonome des problèmes de délinquance. Ils suivent le vent
    Dans une telle situation ces structures sont terriblement sensibles aux modes idéologiques : et c’est pourquoi, je serais très réticent à un retour à la 4ème. Les ministres valsant, l’appareil d’Etat serait livré à lui même ou au Parlement ( qui sincèrement a été deux fois plus c.. que les Présidents de la République sur ces 10 dernières années) ..
    Je crois beaucoup plus à votre idée d’une union nationale sur des thèmes « conservateurs » (1) – la défense de notre industrie, l’école. Et je plaide pour que cela se fasse dans le cadre d’un choix européen clair et là aussi pour des raisons conservatrices ( notre expérience à nous européens est que l’union fait la force)

    (1) je dis que ces thèmes sont conservateurs car l’union nationale ne peut se faire que sur le constat d’une dégradation de notre situation et donc d’une défense

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    • FredericN, je suis tout à fait d’accord avec vous sur le rôle de l’administration, notamment dans la IVe mais je pense que les institutions politiques ont une importance vitale, pour avoir travaillé à l’intérieur du système pendant 7 ans, et avoir constaté son inefficacité chronique…
      Maxime

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  5. michel43 dit :

    JE SOURIS..ENCORE? depuis DE GAULLE; le problème, est l’État socialo–communistes; et ses 6 MILLIONS de Fonctionnaires; qui noyautes tout..le socialisme règne en MAITRE? les vrais patrons, les syndicats, la castre ,des hauts fonctionnaires,

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  6. MICHAUD Alex dit :

    Pour encore mieux comprendre le passage de la Quatrième à la Cinquième:
    – Paul COURTIER. La Quatrième République, PUF/Que sais-je?
    – Eric DUHAMEL. Histoire politique de la Quatrième République, Repères/La Découverte
    – Revue Parlements chez L’HARMATTAN: Gaullistes au parlement sous la Cinquième République, hors-série numéro 5, Septembre 2009 et L’homme providentiel, numéro 13, Juin 2010.

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