Politique le grand embrouillamini

Quelques réflexions éparses faute de temps, avec toutes mes excuses:

  • « Nous sommes et nous resterons le rempart à la violence illégitime et dangereuse » dit le porte-parole du gouvernement : c’est pourtant bien vous qui avez déclenché le chaos. Cette fois ci, après les GJ, faudrait vraiment un niveau de bêtise effarant pour marcher dans la combine.
  • La séquence actuelle est gravissime, bien au-delà de l’enjeu direct d’une réformette, car atteignant la quintessence de la fracture entre le peuple et la classe dirigeante jusqu’à la violence.
  • M. Zemmour s’est déclaré favorable aux 64 ans et affirme que les violences policières ne sauraient exister (la violence d’Etat étant selon lui par définition « légitime »). Il est décidément meilleur comme journaliste ou essayiste que comme politique.
  • Certains candidats quasiment déclarés à la prochaine présidentielle se taisent ou se montrent très discret dans cette secousse en prétendant se maintenir au dessus de la mêlée pour gagner en popularité. Erreur: peut-on se tenir à l’écart sur un tel sujet qui ébranle le pays? Je leur ai dit mais ils ne paraissent pas comprendre.
  • Jamais je ne pourrai regarder du même œil certains de mes anciens amis LR qui ont tourné le dos au peuple pour se rallier à la majorité présidentielle sur le dossier des retraites emblématique de la fracture entre la classe dirigeante et la Nation. Certains par calcul personnel, d’autres par inintelligence, ou enfin par résignation (je connais les trois cas de figure).
  • Rarement n’ai-je observé une telle dérive de la classe dirigeante et ses alliés dans le mensonge quand elle prétend que cette réforme (totalement insignifiante, sauf en ce qu’elle a d’injuste) est indispensable pour l’avenir des retraites et les finances publiques. C’est le mensonge (banalisé) qui me révulse.
  • La macronie s’appuie désormais sur une frange bien spécifique de l’opinion: la bourgeoisie urbaine la + fortunée, retraitée, conservatrice, en quête d’un protecteur contre LFI pour ces comptes en banques et ses PEA (plan d’épargne en action). C’est fort limité et contraire à sa prétention progressiste.
  • L’idée « d’accord de gouvernement » qui progresse chez les leaders traditionnels de LR relève du pur calcul politicien: elle consiste à vouloir constituer une troisième force avec la macronie pour récupérer le pouvoir en 2027 avec son soutien contre les dits « extrêmes » (Nupes et RN). Jamais rien vu de plus idiot: vouloir sombrer avec la macronie.
  • Le mépris (envers le peuple) est devenu l’idéologie dominante en France (de la classe dirigeante ou influente et ses alliés).
  • Les quelques frondeurs LR (les 19 qui ont voté la censure) ne méritent pas les insultes dont ils font l’objet (irresponsables, démagogues, gauchistes, etc.) Au contraire, moi je les trouve visionnaires, ils ont compris que les politiques devaient tendre la main au peuple en vue d’une réconciliation. Ils combattent la logique du mépris. On les accuse de pactiser soit avec Nupes soit avec RN. En vérité, ils sont les seuls vrais adversaires de Nupes et RN auxquels ils ne veulent pas laisser le monopole du peuple. L’avenir leur donnera raison. Enfin, je l’espère… MT

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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39 commentaires pour Politique le grand embrouillamini

  1. lambrays dit :

    Quand je lis ce qui suit, je crains fort que la confusion ne soit de votre coté. Mais peut être qu’en France la réalité est décrétée par une horde bigarrée composée de manifestants moutonniers brandissant leurs banderoles syndicales et d’énergumènes fanatisés.

    Je vous souhaite une bonne lecture de cet article de The Economist du 27 mars 2023.
    Je vois que le tableau accompagnant l’article n’a pas été reproduit dans la copie.

    Over the past week protests in France against the government’s pension reforms have intensified. On March 24th, after a mob set fire to the façade of Bordeaux’s town hall, Emmanuel Macron, the president, postponed a four-day state visit by Britain’s monarch, King Charles III. France is no stranger to protests. But Mr Macron’s decision to force through an increase in the pension age from 62 to 64 years has aroused particular ire.

    All rich countries with welfare states will, in fact, need to make similarly unpopular choices. The combination of fewer births and longer lives means that the old-age dependency ratio—the proportion of people aged 65 and older to those aged between 20 and 64—is expected to rise from one in five in 1990 to one in two by 2050 across the oecd, a club of mostly rich countries. And the time people spend in retirement has shot up in the past 50 years.

    In 1970 men, on average, retired at 66 and could expect to live another 12 years. In 2020 they retired at 64 and had 20 years ahead of them. French men, in particular, have some of the lengthiest retirements—some 25 years on average, double that of the previous generation (see chart). By contrast, although their life expectancy at retirement has also doubled over the same period, Mexican men today spend 16 years in retirement.

    Faced with an inevitable demographic crunch, how do governments reform pension systems without facing a revolt? Some 22 oecd countries employ “automatic adjustment mechanisms” which, for example, link life expectancy to statutory retirement age, or tie pension benefits to the size of the working population. The oecd recommends employing these tools to prevent pensions from crippling governments as populations age, while also reducing the political cost of pension reforms—a cost that Mr Macron was willing to bear, perhaps, because he cannot be re-elected after his second term as president.

    Britain, by contrast, has in recent years raised the state pension age with little fuss. The French have more to lose: state pensions account for a generous 60% of an average individual’s final earnings in France, whereas in Britain they account for just 20%, with private pensions providing further benefits. From the 1940s to 2010 Britain’s state pension age was 60 for women and 65 for men. Since then, the pension age for women has been equalised with men’s, and both have now been raised to 66. Two further increases will follow: to 67 by 2027, and to 68 in 2046. Legislation passed in 2014 now compels the pensions minister to publish reviews every six years; the next one is due in May.

    Yet even in Britain it is not all plain sailing. The government is hoping it might raise the pension age to 68 sooner, but British life expectancy has flatlined in recent years, which may make it harder for it to do so. Britain is not alone. Legislation in 20 of 38 oecd countries mandates an increase in the retirement age over the coming decades; but faltering life expectancy could make such plans much less palatable.

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    • Lambrays, oui le peuple, les 92 % de travailleurs qui rejettent cette réforme débile, c’est bigarré, c’est sale, c’est dégoûtant, mieux valent nos petits marquis poudrés et cet article de l’Economist qui semble d’ailleurs très mal informé (pas un mot sur les 43 annuités obligatoires et sur le taux de chômage des plus de 62 ans en France).
      MT

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    • Monique dit :

      Merci Iambrays, je me permets de mettre votre texte en français traduit par Reverso :
      « La semaine dernière, les manifestations en France contre les réformes des retraites du gouvernement se sont intensifiées. Le 24 mars, après qu’une foule ait mis le feu à la façade de la mairie de Bordeaux, Emmanuel Macron, le président, a reporté de quatre jours la visite d’État du monarque britannique, le roi Charles III. La France n’est pas étrangère aux manifestations. Mais la décision de M.Macron de faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans a suscité une colère particulière.

      Tous les pays riches dotés d’États providence devront en fait faire des choix tout aussi impopulaires. En raison de la diminution du nombre de naissances et de l’allongement de la vie, le ratio de dépendance des personnes âgées — la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus par rapport à celles âgées de 20 à 64 ans — devrait passer de un sur cinq en 1990 à un sur deux d’ici 2050 dans l’ensemble de l’OCDE, un club composé principalement de pays riches. Et le temps que les gens passent à la retraite a augmenté au cours des 50 dernières années.

      En 1970, les hommes, en moyenne, ont pris leur retraite à 66 ans et pouvaient s’attendre à vivre encore 12 ans. En 2020, ils ont pris leur retraite à 64 ans et avaient 20 ans devant eux. Les hommes français, en particulier, ont certains des départs à la retraite les plus longs, environ 25 ans en moyenne, soit le double de la génération précédente (voir graphique). En revanche, bien que leur espérance de vie à la retraite ait également doublé au cours de la même période, les hommes mexicains passent aujourd’hui 16 ans à la retraite.

      Face à une crise démographique inévitable, comment les gouvernements réforment-ils les systèmes de retraite sans se révolter ? Quelque 22 pays de l’OCDE utilisent des « mécanismes d’ajustement automatique » qui, par exemple, relient l’espérance de vie à l’âge légal de la retraite ou lient les prestations de retraite à la taille de la population active. L’OCDE recommande d’utiliser ces outils pour empêcher les régimes de retraite de paralyser les gouvernements à mesure que la population vieillit, tout en réduisant le coût politique des réformes des régimes de retraite, un coût que M. Macron était prêt à assumer, peut-être, parce qu’il ne peut pas élu après son deuxième mandat à la présidence.

      La Grande-Bretagne, en revanche, a augmenté ces dernières années l’âge de la retraite de l’Etat avec peu d’agitation.

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