Grandeur de la simplicité

Nous le sentons bien: le naufrage de la politique française dans l’hystérie quotidienne est la contrepartie de l’impuissance et du renoncement. De même l’arrogance prolixe et infatuée de nos plus hauts dirigeants actuels est le produit en ligne directe de la médiocrité (morale et intellectuelle). Comme le narcissisme absolu est le signe d’un néant, le sens de l’histoire conduit bien au contraire les grands hommes à vouloir s’effacer devant une cause qui les dépasse.

Au hasard de recherches historiques, je suis tombé sur le témoignage d’un compagnon du général de Gaulle, manuscrit et inédit, illustrant comment la modestie est le pendant de l’honneur.

« Quelle joie de retrouver de Gaulle, quand on a emporté de Paris l’odeur de la chienlit. Au monument aux morts, il a eu pour moi un geste affectueux. Au vin d’honneur, qui suit une très belle cérémonie à la cathédrale, il s’exprime avec une simplicité émouvante:

« Je suis un homme comme les autres parmi les Français! J’ai commis des erreurs, mais l’histoire a voulu, dans certaines circonstances, que je sois là où il fallait être [à Londres le 18 juin 1940] et que je fasse ce qu’il fallait faire. Elle a tracé une ligne dont je ne peux m’écarter parce qu’elle est pour moi celle de la France! »

[…] S’il existe une humilité du saint qui sait qu’il est saint et du héros qui sait qu’il est héros, cette humilité vraie parce que respectueuse de la vérité, jamais je n’en ai entendu une aussi belle leçon. »

Moi non plus!

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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69 commentaires pour Grandeur de la simplicité

  1. cyril dit :

    dans le livre de Daniel Cordier, compagnon de la Libération, il écrivait « une minorité de patriotes dont les martyrs ont restitué à la France son honneur perdu » (livre De l’Histoire à l’histoire, p85)
    D.Cordier a réalisé un important travail de recherches historiques, en axant ce travail davantage sur les documents (archives du BCRA etc) plutôt que sur les témoignages assez subjectifs. son but fut de défendre Jean Moulin, son patron.

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  2. Zonzon dit :

    MACRON/LE PEN
    On peut raisonnablement se demander s’il existe encore une volonté française de survivre.

    Est-ce Bertrand qui va nous sauver ?
    Ou Pécresse ?
    Ou Lagarde ?
    Ou Poisson ?
    Ou Dupond-Aignan ?
    Ou Dupond-Moretti ?
    Ou Asselineau ?
    …………………

    Tous les matins devant le miroir je mime la rencontre Macron-Tarel.
    Pour ne pas oublier.
    Pour le plaisir.

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  3. Annick Danjou dit :

    Peut-on continuer à parler du Général à notre époque ? Il est entré dans l’histoire et y restera jusqu’à ce que certains le déboulonnent. On peut l’admirer, le glorifier, mais qu’est-ce que ça change dans notre vie quotidienne d’aujourd’hui ? Les jeunes n’ont pour la plupart rien à faire des précédents présidents, ils voient ce qui se passe de nos jours au travers de leurs I phone et s’intéressent peu à ces époques lointaines pour eux. Personnellement je trouve un peu stérilisant de vouloir comparer le temps du Général au temps de micron!! A mon avis cela ne sert à rien. Il vaudrait mieux essayer de trouver des solutions pour nous sortir du pétrin dans lequel nous sommes actuellement. Mais ça c’est mon point de vue.

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  4. lehibou dit :

    Pour leur appartement du Palais de l’Elysée, De Gaulle et son épouse Yvonne payaient eux-mêmes les factures d’électricité, d’eau, de téléphone, etc.
    Cela en dit long sur la grandeur de leur caractère et leur respect du peuple.
    Peut-être me trompé-je, mais je n’imagine guère Macron et son épouse Brigitte faire de même…

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  5. Infraniouzes dit :

    Pour la modestie de Charles de Gaulle, quelques éléments de réflexion.
    Il refusa d’être élevé à la dignité de maréchal comme certains le lui proposaient.
    Il refusa qu’un musée de la Libération soit construit à Colombey.
    Il avait accepté qu’un grand acteur, Louis Seigner je crois, lui donne des conseils pour sa communication télévisée.
    Il refusa sa retraite de Président pour se contenter de sa simple retraite de général de brigade.
    La sécurité de ses déplacements en auto le week-end à Collombey était assuré par une minuscule équipe policière. Et sa protection devait, lors de bains de foules enthousiastes qu’il connaissait, être aussi discrète que possible. etc.
    Et si on considère que son train de vie privée à l’Elysée était celui d’un nabab, je veux bien être pendu.
    Mais lui, était aimé d’une large frange du peuple français et son orgueil était pour la France et donc, par retombée, tout au bénéfice des Français.
    Mais malheureusement, l’argousin Mitterrand, s’étant autoproclamé « dernier grand président de la V° République », le jugement de beaucoup a été gâté pour longtemps.
    Autres temps, autres mœurs: prestige et grandeur sont reléguées dans les réserves des musées de la politique.
    Aujourd’hui, on flambe.

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  6. lehibou dit :

    A propos de De Gaulle, dans un autre contexte:

    Le film de François Truffaut « Le dernier métro » (1980),avec Catherine Deneuve et Gérard
    Depardieu, -excellent au demeurant-, se passe dans un théâtre à Paris durant l’Occupation.
    Parmi deux techniciens qui travaillent dans ce théâtre et qui sont tous deux engagés dans la Résistance sans a priori le savoir réciproquement, l’un d’eux va utiliser son jour de congé hebdomadaire pour aller pêcher.
    Son camarade lui demande: ‘T’as préparé ta gaule? » « Oui, c’est fait » lui répond-il » Et le premier de répondre « Moi aussi, j’ai préparé la mienne, on pourra donc y aller ensemble. Comme ça on aura deux gaules »…
    Moi qui qui adore les jeux de mots, j’étais servi. Aujourd’hui encore j’en rigole.

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    • H. dit :

      Ce n’est pas exactement ça. La scène concerne les personnages de Maurice Risch et du regretté Jean-Louis Richard, respectivement Raymond Boursier, homme à tout faire du théâtre, et le journaliste collaborationniste Daxiat inspiré du journaliste et critique de « Je suis partout » Alain Laubreaux. C’est Maurice Risch qui interpelle Daxiat, le seul qui peut obtenir l’autorisation de jouer la pièce, et qui fait le fameux jeu de mots en lui montrant deux cannes à pêche.

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  7. Timéli dit :

    En vrac, pour alimenter notre réflexion, voici quelques citations d’auteurs connus et inconnus :
    ~ La modestie, c’est le luxe des gens dont la valeur est reconnue (auteur : ?).
    ~ La modestie est le meilleur appât pour aller à la pêche aux compliments (G.K. Chesterton).
    ~ La modestie, c’est la coquetterie des grands ambitieux (auteur : ?).
    ~ La modestie est le seul éclat qu’il soit permis d’ajouter à la gloire (Charles Pinot Dudos).

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  8. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet s’étant étonné de ce que j’étais beaucoup mieux renseignée que lui, sur la carrière de Gérald Darmanin, qu’il me soit permis de dire, pour ceux que cela intéresse, que Wikipedia fourmille de détails sur la carrière du « petit monsieur » :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rald_Darmanin

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    • Mildred, merci beaucoup mais sincèrement, le petit Monsieur ne m’intéresse absolument pas si ce n’est comme symptôme du déclin intellectuel et moral de la politique française, mais pour cela, je n’ai même pas besoin de regarder sa fiche wiki.
      MT

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    • Pheldge dit :

      qu’il vous déplaise soit, mais c’est un des ténors de LR (me semble-t-il) sinon de « la droite », et arriviste comme il est, il faudra faire avec pendant encore quelques décennies … personnellement je ne supporte pas la génération actuelle des politiciens de droite, mais je ne peux rien y faire, hélas, sinon brûler des cierges pour que l’Esprit Saint voire pour certains l’esprit simple leur vienne en aide ! 😉

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  9. Mary Preud'homme dit :

    « Je suis un homme comme les autres parmi les Français! J’ai commis des erreurs, mais l’histoire a voulu, dans certaines circonstances, que je sois là où il fallait être [à Londres le 18 juin 1940] et que je fasse ce qu’il fallait faire. Elle a tracé une ligne dont je ne peux m’écarter parce qu’elle est pour moi celle de la France! »

    Belle leçon d’humilité et de courage à laquelle je souscris sans réserve.
    Oui, inutile de se leurrer, il existe bien pour chacun d’entre nous, anonyme ou célèbre, une ligne directrice qui nous a été tracée sans équivoque et dont nous ne saurions nous écarter sans mentir à nous-mêmes et faillir au devoir et à l’honneur.

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  10. lehibou dit :

    A propos de De Gaulle:
    Dans le livre CHARLES DE GAULLE, « MÉMOIRES DE GUERRE » LE SALUT 1944-1946″
    (Presses Pocket < 1959, Librairie Plon, 531 pages),
    ce dernier mentionne l'idée de référendum au moins 4 fois.
    Pourquoi en France (au contraire de la Suisse), cette idée de référendum s'est-elle tellement éloignée au cours du temps au point qu'elle est devenue quasiment caduque et obsolète?
    Le peuple ne croirait-il plus en la démocratie directe, voire en la démocratie tout court? Serait- ce parce ce que le pouvoir est de plus en phagocité par des arrivistes, profiteurs, banksters et autre engeance, pour qui la voix du peuple, la fameuse vox populi, doit être remplacée par une pure politique de technocrates?
    A ce rythme-là, le fossé entre gouvernants et gouvernés ira de plus en plus en s'accentuant.
    L'amère expérience des Gilets Jaunes en est le symbole le plus marquant et le plus triste de ces dernières années.

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    • Sganarelle dit :

      @Hibou
      La façon dont on pose les questions dans un référendum est souvent orientée et sujette à discussions contestataires, ensuite un référendum a un prix et les Français peu enclins à se déplacer pour voter y sont récalcitrants
      Voilà ce qui m’a été répondu lorsque j’ai suggéré ce qui me paraissait également souhaitable.
      Reste qu’une fois de temps en temps n’est pas coutume et que pour les questions de société importantes l’avenir de tous est en jeu , mais comme toujours notre tempérament excessif est incapable de mesure et d’équilibre et ce n’est pas dans les mœurs.

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