La dictature selon Michel Onfray

Quand Michel Onfray parle de dictature, ce n’est pas au sens historique des dictatures sanguinaires qui assassinent ou emprisonnent les opposants. Voici un extrait de sa vision d’une dictature d’un type nouveau qui mérite bien autre chose que les caricatures ou l’ironie. Cependant, aux sept pistes qu’il a identifiées ci-dessous, il convient [selon moi]d’en rajouter une huitième:

« Pour détruire la démocratie et la politique au sens noble, il faut:  pratiquer le culte forcené de la personnalité; affaiblir ou anéantir les corps intermédiaires (Parlement, partis politiques, collectivités territoriales), manipuler sans vergogne le suffrage universel. 

Par Michel Onfray:

Comment instaurer aujourd’hui une dictature d’un type nouveau?

J’ai pour ce faire dégagé sept pistes: détruire la liberté; appauvrir la langue; abolir la vérité; supprimer l’histoire; nier la nature; propager la haine; aspirer à l’Empire. Chacun de ces temps est composé de moments particuliers.

Pour détruire la liberté, il faut: assurer une surveillance perpétuelle; ruiner la vie personnelle; supprimer la solitude; se réjouir des fêtes obligatoires; uniformiser l’opinion; dénoncer le crime par la pensée.

Pour appauvrir la langue, il faut: pratiquer une langue nouvelle; utiliser le double-langage; détruire des mots; oraliser la langue; parler une langue unique; supprimer les classiques.

Pour abolir la vérité, il faut: enseigner l’idéologie; instrumentaliser la presse; propager de fausses nouvelles; produire le réel.

Pour supprimer l’histoire, il faut: effacer le passé; réécrire l’histoire; inventer la mémoire; détruire les livres; industrialiser la littérature.

Pour nier la nature, il faut: détruire la pulsion de vie; organiser la frustration sexuelle; hygiéniser la vie; procréer médicalement.

Pour propager la haine, il faut: se créer un ennemi; fomenter des guerres; psychiatriser la pensée critique; achever le dernier homme.

Pour aspirer à l’Empire, il faut: formater les enfants; administrer l’opposition; gouverner avec les élites; asservir grâce au progrès; dissimuler le pouvoir.

Qui dira que nous n’y sommes pas? »

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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18 commentaires pour La dictature selon Michel Onfray

  1. Jack dit :

    Bonjour,
    « … la démocratie est obsolète, tout comme ses valeurs universelles. C’est une dictature inédite qui nous menace: c’est une Big Mother bien plus terrifiante encore que Big Brother. »
    Lire « L’homme Nu » de Marc Dugain et Christophe Labbé.
    Peut être auront nous un début de réponse à bon nombre de nos questionnements sur la France (et dans le monde ??)….
    Mais n’est il pas déjà trop tard ?? Terrifiant !!

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  2. Janus dit :

    Voila un article qui va dans le sens de vos critiques sur les dérives des institutions de la Ve république et qui fait un parallèle audacieux mais intéressant sur la durée de vie du système soviétique comparé à la durée de vie de la Ve république : 72 ans avant la chute pour l’un, 62 ans pour l’autre , encore en vie à ce jour, mais jusqu’à quand ?
    https://www.insolent.fr/2020/01/de-la-derive-du-pouvoir-pr%C3%A9sidentiel.html

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  3. MARECHAL dit :

    Emmanuel Macron a mis la France à genoux, voila la vérité.
    Dieu fasse que nous allions tous ensemble voter le départ de cet adolescent insécurisé.
    La solidarité dans le désespoir renaît, l’union nationale dans nos traditions françaises ancestrales, aujourd’hui piétinées, s’annonce plus combative que jamais.
    Les limites sont atteintes, les français n’en peuvent plus ..
    Vous voulez que je vous dise ? ce gouvernement est fini, n’a plus aucune crédibilité, et sa désintégration est proche ..

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  4. Madzi dit :

    Avec votre accord Monsieur Tandonnet, je me permettrai d’ajouter ceci https://blogs.mediapart.fr/olivier-tonneau/blog/180120/ci-git-letat-tue-dun-tir-de-lbd

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  5. PenArBed dit :

    Jean-Pierre Le GOFF  »L’impuissance politique est enrobée dans les bons sentiments » : source Figaro Vox le 25 mars 2016.
     »Nous vivons la fin d’un cycle historique où nombre de schémas de pensée et de façon de faire de la politique se décomposent à grande vitesse avec le sentiment partagé par beaucoup que cette période de décomposition n’en finit pas de finir. C’est toute une façon de faire de la politique au gré des évolutions, sans stratégie et sans vision, dans une logique de réactivité et d’adaptation à courte vue qui est en question.
    (…) Les citoyens ordinaires ont des raisons de ne plus croire à la capacité du politique à agir sur le réel et redonner confiance dans l’avenir. Face à un État incohérent qui navigue à vue, dit une chose et son contraire, avance et recule au gré des groupes de pression et des clientèles électorales, les citoyens désorientés perdent confiance dans la politique, se replient sur leurs réseaux et leurs communautés d’appartenance dans une logique de repli sécuritaire et de défense de leurs propres intérêts catégoriels.
    On assiste bien à la fin d’un monde avec des risques de conflits ethniques et de violences, une accentuation du chaos. Dans ces conditions, l’appel à l’optimisme, à la «mondialisation heureuse» a des accents de méthode Coué tant que ne sont pas clairement reconnues la gravité de la situation et les impasses auxquelles ont conduit une politique de l’autruche et de la fuite en avant qui n’appartient pas spécifiquement à un camp. Les politiques ne peuvent évacuer la question de la part de responsabilité qui leur incombe dans cette période critique de l’histoire que nous traversons. C’est l’une des conditions pour regagner la confiance du pays et des peuples européens et entamer une reconstruction qui tire les leçons d’une période dont on pourra dire qu’elle est vraiment terminée quand une nouvelle dynamique politique et historique verra le jour. »

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  6. E Marquet dit :

    Les écrits et thèses, à charge pour la plupart, de M.O m’ont souvent agacée, mais je dois reconnaître que je suis de plus en plus en accord avec ses dernières analyses. A-t-il mûri sa pensée, ou me suis-je convertie, je n’en sais rien, mais je suis en parfait accord avec la vision qu’il donne de cette « dictature d’un type nouveau ». Ce n’est pas réjouissant.

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  7. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    Peut-être est-ce le moment de revenir au livre de Raphaël Doan, « Quand Rome inventait le populisme »,et dans lequel ce brillant jeune homme nous donne à voir le parallèle – toutes proportions gardées, puisqu’il ne s’agit pas de la même société – entre Cicéron et Emmanuel Macron.
    Quand dans son premier discours, à peine élu consul en 63 av.J-C, il s’était exclamé :
     » Je serai en consul populiste ! », il ne laissa pas planer le doute longtemps, il se disait être populiste mais entendait en fait défendre la stabilité du régime, comme l’écrit Raphaël Doan.
    Lisant – et citant Cicéron – l’auteur songe aux « premiers de cordée » métaphore utilisée par Macron « une cordée …qui relie les plus hauts personnages du sénat aux plus humbles des citoyens… »
    . ».. Font partie des élites tous ceux qui sont ni malfaiteurs, ni malhonnêtes, ni forcenés, ni en difficulté dans leurs affaires privées. »
    Et voilà notre auteur pensant au panier de déplorables » de Hillary Clinton pendant la campagne américaine de 2016 !
    Jen suis là de ma lecture au chapitre intitulé « Cicéron, héraut du front républicain » !

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  8. cgn002 dit :

    Beau travail de MO :
    – d’observation (ça fait tout de même 7 ans d’exemples flagrants en France);
    – d’analyse approfondie (MO a fait ses preuves!)
    – de réflexion (par rapport à un référentiel humainement très acceptable).
    Hélas, il manque une dimension à la plupart des philosophes, c’est celle de l’action et de l’ engagement dans la gouvernance publique (les Montaigne n’ont plus leur place…)
    Ils n’en restent pas moins utiles, à travers l’oeuvre de remise en question qu’ils devraient – bien plus largement – susciter auprès des agissants.
    Et c’est là ou le bas blesse, la remise en question n’est pas compatible avec la course à la puissance de l’empire. Les forces de la finance sont bien en place pour pousser à cette course délétère.

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  9. Gerard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    Parler aujourd’hui d’instauration d’une dictature d’un type nouveau me semble quand même un peu excessif. Même si je reconnais bien évidemment que des coups durs ont été portés depuis quelques décennies notamment à la démocratie représentative (tripatouillage par tous les ministres de l’Intérieur des circonscriptions, mandat présidentiel de 5 ans concomitant avec les élections législatives, absence de représentativité réelle des élus au Parlement etc. )
    Bien sur, plusieurs lois liberticides ainsi que des décisions critiquables de la « Justice » ont, elles aussi participé à la limitation de notre démocratie et l’ont même par certains aspects bien écornée mais les mots ont un sens et même si le pouvoir actuel peut être qualifié d’autoritaire voire d’oligarchie bourgeoise et capitaliste, je pense que nous vivons depuis au moins quatre décennies dans des phénomènes de stratégies de manipulation de masse, bien plus sournois , machiavéliques et insidieux qui ont maintenant produit leurs effets sur l’ensemble de la société comme : faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion, maintenir le peuple dans l’ignorance et la bêtise, la satisfaction de la médiocrité, remplacer la révolte par la culpabilité etc.
    Nous aurons beaucoup de mal et il faudra beaucoup de temps pour nous sortir de ce cloaque psychologique.

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  10. Ce n’est pas très original. C’est très exactement la trame de 1984.

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  11. Citoyen dit :

    Ou, vu sous un autre angle … :
     » Tout dans l’Etat, rien contre l’Etat, rien en dehors de l’Etat.  »
    Signé, Benito Micron .

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  12. Tracy LA ROSIÈRE dit :

    GRANDEUR DU PETIT PEUPLE
    Petit aparté pour dire le bien que je pense de son dernier ouvrage :
    La « Grandeur du petit peuple » le dernier ouvrage de Michel ONFRAY est un bon livre. On oublie un livre moyen. Un mauvais, on le balance. Celui-ci mérite qu’on invite à le lire. Il plaira aux Gilets Jaunes, ce « petit peuple » qui, n’écoutant que lui, spontanément, sans aucun mot d’ordre ni syndical ni politique, investit les ronds-points le 17 novembre 2018, et dont beaucoup ont remisé la chasuble dès le troisième samedi en constatant la récupération qui en était faite, mais sont restés Gilets Jaunes de cœur. Les Gilets Jaunes prétendaient ne plus rester les invisibles de notre société. Leur révolte était anti-fiscale: une fiscalité particulièrement injuste qui s’exerce sur cette population rurale totalement dépendante de ses moyens de transport.
    « Grandeur du petit peuple » n’entre pas dans le genre littérature ou philosophie. C’est un livre de polémiste écrit d’une plume féroce: un journal politique livré tel quel, c’est-à-dire, avec des imperfections, quelques redites mais aussi la passion, du parti pris, des élans.
    Onfray décortique ce qu’il appelle « la stratégie macronienne », cette résolution affichée au fil des événements d’associer les G.J. à la violence, aux incendies, aux barricades, au désordre. C’est ce qui permettait d’enclencher la séquence du retour à l’ordre. Il en démontre les mécanismes.
    Comment, pourquoi, avec quelle arrière pensée, par exemple, les services de sécurité qui regardaient, comme tous les Français, des individus à genou en train de dépaver consciencieusement l’avenue des Champs Elysées – filmés pendant des heures en direct – pouvaient-ils ignorer que ces pavés serviraient comme projectiles contre les policiers ou contre les vitrines ? Pourquoi on-ils été laissés libres d’agir ?
    Pourquoi les bandes-son des images montrant les casseurs à l’intérieur de l’Arc de triomphe ont-elles disparu ? La vision des saccages avant disparition de la bande montrait que les individus n’avaient pas l’accent bourguignon… Onfray incrimine Éric Drouet qui, après avoir rallié la France insoumise et au nom d’une prétendue « convergence » avait rameuté l’islamo-gauchisme et quelques racailles des banlieues. Ils convenait pourtant d’en faire des G.J. – Ce qu’il sont devenus sur les chaînes d’information aux ordres de la macronie. Les G. J., eux, ont défendu la tombe du Soldat inconnu en chantant la Marseillaise…
    Les « élites », Joffrin, BHL, Quatremer (« délégué à la propagande de l’Empire maastrichtien »), Berléand ou encore Michel Wierviorka, (prétendument sociologue, spécialiste en tout n’importe quoi sur les chaînes d’information maastrichtiennes, il attribue le A cerclé à l’extrême droite…) ces élites qui n’ont eut de cesse de mépriser et d’insulter le mouvement sont chaudement habillées pour l’hiver.
    Onfray rend enfin hommage aux femmes sans lesquelles le mouvement n’aurait, peut-être pas eu lieu : Priscillia Ludosky, Jacline Mouraud, Ingrid Levavasseur, Marguerite Chauvin…
    Bref, Onfray a choisi son camp :  » le camp du peuple contre le camp de ceux qui l’étranglent ».
    Tracy LA ROSIÈRE

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