La grande moquerie nationale

Jusqu’où les Français sentent-ils à quel point on se moque d’eux? Cette campagne des Européenne atteint les sommets de la mystification et de la moquerie. Le thème de l’Europe est l’objet de la pire des impostures et des caricatures.

Les deux particules qui dominent les sondages et écrasent l’actualité malgré des taux d’adhésion dérisoires (moins de 10% du corps électoral) n’ont de cesse que de manipuler l’opinion. LREM se pose en chantre de « l’Europe ». Mais qu’est-ce que cela signifie? La vérité, c’est que l’Europe, en tant qu’aspiration à une solidarité ou unité politique se trouve en état de décomposition avancée: Brexit, dissidences polonaise, italienne, hongroise… La France est en conflit ouvert avec tout le monde comme elle ne l’a sans doute jamais été. Et même le « couple franco-allemand », supposé noyau de la construction européenne est – apprend-on – en pleine crise. Comment pourrait-il en être autrement dans le contexte d’une Allemagne rayonnante et superpuissance industrielle planétaire, avec ses 200 milliards d’excédents, face à une France en voie de marginalisation qui accumule les handicaps? Voilà la vérité.

Que reste-t-il de « l’idéal européen »? Le système bruxellois, la codécision, les directives et les règlements, la Commission et la Cour de justice? Mais qu’est-ce qu’une tête privée de corps? Une administration qui n’a plus rien à administrer? Un outil de pilotage sans objet à piloter? L’Europe, en tant que communauté politique, n’est plus qu’un champ de ruines. Il en reste une organisation bureaucratique vide de sens, sans âme et sans but, dès lors vouée à l’extinction. « L’Europe » de LREM est d’ordre idéologique, déconnectée de tout rapport avec le monde des réalités. Quant aux supposés souverainistes, ils se battent désormais contre un moulin à vent. L’enjeu, aujourd’hui, est de rebâtir quelque chose et non de détruire ce qui est déjà en miettes. Pourquoi nul n’a-t-il le courage de dire la vérité?

Mais le mensonge européiste, fondé sur la négation de la réalité, n’a d’égal en ignominie que l’imposture lepéniste. Lors des élections présidentielles de 2017, le FN n’avait d’autre mot à la bouche que la sortie de l’Union européenne et de l’euro. Toute sa propagande était fondée sur ce thème. Argument: rien n’était possible à l’intérieur de cette Europe. Désormais, virage à 90°: il n’est plus question de sortie mais de réforme de l’intérieur. Pourquoi? La posture de 2017 s’étant révélée non payante en termes électoral, le FN a radicalement basculé sur une conviction inverse. La démagogie n’a plus de limite. Et nul pour dénoncer cette mystification.

A quel spectacle lamentable assistons-nous depuis deux ans? La politique française se réduit un peu plus jour après jour à un phénomène de gesticulation narcissique hyper-médiatisé et au duel entre un supposé bien européiste et les ténèbres populistes. Ce cirque, cette bataille de néant, ne sert qu’à masquer une réalité pitoyable. Le déficit budgétaire de la France est le pire de toute l’Europe (3,2%) à l’exception de la Roumanie. La dette publique a atteint 99% du PIB, l’un des plus mauvais résultat du continent. Le niveau scolaire continue de s’effondrer comme le montrent toutes les études. Le chômage persiste avec un taux de 8,2% alors qu’il est de moins de 2 à 3% aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne. La pauvreté touche 9 millions de personnes. L’Etat est défaillant dans ses missions de maîtrise des frontières, de respect de l’ordre public et de sécurité des biens et des personnes. Les zones de non droit se répandent. La violence gagne tous les pans d’une société qui se fragmente dans le communautarisme.

Le naufrage de la vie publique dans la vanité, le cinéma narcissique, la posture mégalomane et les gesticulations quotidienne, l’esbroufe et le duel à sensation entre le « bien européiste » et le « mal nationaliste », tout ce grand cirque est strictement proportionnel à l’intensité du désastre d’une politique que l’on cherche à recouvrir. Nous sommes face à la faillite  d’un système français entièrement bâti sur l’exaltation de la vanité narcissique au détriment du sens de l’intérêt général. Voilà la vérité. Il faut que les Français le sachent. Enfin, ceux qui ne l’ont pas encore compris…

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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19 commentaires pour La grande moquerie nationale

  1. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    J’ajouterais à toutes fins utiles, et si vous me le permettez, un récit assez emblématique de nos moeurs politiques progressistes, trouvé dans « Le Canard enchaîné » toujours très bien renseigné.
    Le 7 mai dernier le président Macron avait invité à dîner des ministres, des chefs et sous-chefs de la macronie et bien sûr, Nathalie Loiseau et ses coéquipiers, pour parler Europe.
    « On peut se réveiller un matin avec des nationalistes qui empêchent toute majorité et paralysent l’Europe. Il faut donc arriver devant le RN », a dit Macron.
    Et au cours du même dîner, la conversation a roulé sur ces maires de droite (Estrosi, Moudenc, etc.) qui avaient fait miroiter leur soutien à LREM pour finalement se rallier à LR : « Je connais, pour certains, le poids des considérations locales dans leur décision. Je regrette leur choix, mais, aux municipales, ceux qui choisissent de ne pas nous soutenir dans le combat européen ne peuvent pas s’attendre à avoir notre soutien. »
    Qui donc disait que le Président de la République était au-dessus des partis ?

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  2. André Lugardon dit :

    Lu la semaine dernière l’affirmation suivante: « Les partis politiques français se balkanisent’.

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  3. Sganarelle dit :

    Si vous votez Le Pen il faudra continuer ensuite aux élections présidentielles sinon le« coup Jospin» qu’on prépare en coulisse verra revenir Macron aux commandes.
    Ce système yoyo du «moi ou le chaos » est assez bien rodé pour qu’on se fasse quelques soucis.

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    • artofuss dit :

      Macron ne reviendrait aux commandes, comme vous dites, que si TOUTES les droites étaient incapables de s’unir. Auquel cas les Français auraient fait la preuve de leur inconséquence politique et n’auraient que ce qu’ils méritent.

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  4. H. dit :

    Bonjour Maxime,

    Il y a longtemps que mon opinion est faite sur cette population et je n’en attends strictement rien. C’est pour cette raison que je ne vote plus et ce n’est pas le dernier « vote » de nos chers députés qui va me faire changer d’avis. A la faveur d’un amendement (déposé par qui, pourquoi, comment ?), la chambre d’enregistrement qui tient lieu dans ce pays de parlement vient de voter un texte qui bannit tout simplement, excusez du peu, le bannissement des voitures thermiques en 2040 (https://amp.lepoint.fr/2313395). Au delà de la stupidité manifeste d’une telle mesure, je m’interroge sur la santé mentale et les motivations de cette population qui s’arroge le droit de décider de la vie d’un pays et de sa société à 20 ou 30 ans de distance en se basant sur des présupposés qui tiennent plus de l’idéologie que de la rigueur scientifique et surtout, sans en référer à ceux à qui ils doivent leur sinécure. Curieuse conception de la vie démocratique.
    Notre pays sombre tous les jours un peu plus, laisse ses finances se parer d’un rouge inquiétant, devient la risée du monde de moins en moins dupe des mensonges proférés quotidiennement et … rien. Le vide, le néant, des débats de maternelles (et encore, je suis certain que les petits chérubins ont plus de bons sens), voilà ce qui tient lieu de débat politique dans ce pays. A pleurer. Ce monde politique ne représente plus que lui. C’est pour cette raison que la population s’en désintéresse. Il s’agite tout seul dans son coin et ne comprend pas que des gens puissent se dresser, parfois violemment, contre l’iniquité de certaines décisions ou de certains comportements. Il y a urgence à refonder la démocratie dans ce pays sinon, j’augure très mal de l’avenir.

    Bon après-midi

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  5. E Marquet dit :

    C’est le niveau zéro de la politique. Peut-on encore descendre plus bas ?
    Une partie de l’opinion s’est déjà fait complice de la manipulation. Elle s’est prise au jeu, acceptant de réduire ces élections européennes dont elle se fout complètement au duel qu’on lui a concocté. Elle compte les points et joue au loto son bulletin de vote, en espérant que le numéro choisi sera vainqueur. Il faut croire que la mystification que vous dénoncez leur plaît.

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  7. Gerard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    L’Europe actuelle est à l’image de la France d’E. Macron : une ruine où ceux qui dirigent passent maintenant leur temps à s’autoféliciter et à jeter de l’huile sur le feu. Leurs dirigeants méprisent les populations qu’ils devraient représenter et ne respectent même plus l’élémentaire démocratie dont ils se gargarisent à longueur de discours.
    Cela ne peut pas durer. En France, E. Macron considère que le mouvement des gilets jaunes a assez duré et qu’il n’y a plus rien à négocier. Il considère que les décisions Jupitériennes prises en Décembre 2018 et après le pseudo grand débat sont pour solde de tout compte. A-t-il déjà oublié les milliers de blessés tant du côté des forces de l’ordre que des manifestants dont plus d’une centaine gardera des séquelles à vie : une répression d’une violence jamais connue sous la Vème République. Croit-il déjà que ses commentaires imbéciles et provocateurs suffiront à empêcher les gilets jaunes de se rassembler les prochains samedis et sur les ronds-points pendant encore très longtemps ? A-t-il déjà oublié que près de la moitié des Français soutient toujours ce mouvement même s’il est de plus en plus manipulé hélas par des groupes violents et anarchiques.
    E. Macron n’a que très peu de sens politique, je dirais même qu’il en a encore moins que son prédécesseur qui ne brillait déjà pas par sa lucidité en la matière.
    Tout le monde à bien compris que son minable combat qu’il entretient à fleuret moucheté avec le RN et que tous les autres partis politiques dénoncent, ne sert qu’à mieux préparer l’échéance de 2022 mais ce qu’il oublie ou qu’il sous-estime c’est qui le pourra pas continuer à gouverner contre son peuple surtout quand plus de 70% se déclarent insatisfaits de ses décisions après moins de deux ans de « règne ». Ce quinquennat est fichu et se terminera sous peu dans un chaos sans doute plus grand que celui provoqué par le mouvement des gilets jaunes.

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  8. michel43 dit :

    Mais chère Maxime, le RN-FN respecte la volonté des électeurs, les gens ne veule pas changer de monnaie et veule une autre Europe ,Macron est rentrer en lice pour aider Loiseau qui ne décolle pas face a RN,,,il a tort, un président est au dessus des partis, donc ,normalement si il perd, il doit démissionner, ce qu « il ne fera pas, voila pourquoi je ne soutiendra pas notre droite molle ,pour MOI , battre Macron-Loiseau est essentielle Mais soyez rassurer » est pareil en Espagne,,,,,

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  9. Stéphane B dit :

    Bonjour

    Je ne suis pas d’accord avec vous sur le changement de posture du RN. Certes, il y a derrière quelques raisons électoraliste, c’est un fait, mais il y a surtout une tête pensante et dominante de 2017 qui a dégagé en la personne de Philippot.
    Aussi, au fur et à mesure que le temps s’égraine lentement, le RN ne retrouve ses idées économiques du père Le Pen et des idées plus libérales (pas au sens du micron macron mignon ou anglo-saxon, i.e. socialiste), avec le fait dès lors que chacun doive assumer ses choix et ne pas compter sur un Etat nounou.
    Car au final, si on regarde bien, la faillite de l’Europe que vous dénoncez est la même que celle de la France, celle d’un collectivisme socialiste ou la puissance publique doit s’occuper de tout, du chiotte jusqu’à la bien-pensance que chacun doit avoir, du politiquement correct et du dédouanement des actions individuelles: ce n’est pas la faute de l’individu, mais de la société qui l’a éduqué.

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  10. Citoyen dit :

     » L’Europe, en tant que communauté politique, n’est plus qu’un champ de ruines. Il en reste une organisation bureaucratique vide de sens, sans âme et sans but, dès lors vouée à l’extinction. »
    Exactement comme un poulet, avec la tête coupée, qui court toujours ! … avant de s’effondrer …

     » L’enjeu, aujourd’hui, est de rebâtir quelque chose et non de détruire ce qui est déjà en miettes.  »
    Ce n’est pas par hasard que LREM (dont la véritable définition est : « La République En Miettes » ) est arrivé à prendre les commandes …

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  11. artofuss dit :

    j’avais bien sûr voulu écrire « du temps ».

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  12. artofuss dit :

    Certes. Vous avez entièrement raison. ENTIEREMENT.
    Cela dit, l’urgence est au BLOCAGE du groupe LAREM aux élections de Dimanche prochain. Et nous savons très bien que LR n’est pas en mesure de le faire. Il lui faut encore du tempos pour parvenir à « maturité », qui serait, selon moi, l’union des droites. On en est loin.
    Le 26 mai, il ne s’agit donc pas d’envoyer le RN au pouvoir en France, mais seulement de contribuer à la constitution, à Bruxelles, d’un groupe de représentants souverainistes susceptibles de résister en partie ( mais c’est mieux que rien) à l’immigrationisme et à l’islamisation. Il s’agit aussi d’infliger à M. Macron un coup d’arrêt, surtout depuis qu’il a lié son nom, comme vous l’avez vous même fort judicieusement fait remarquer, à cette élection.
    Donc ?????

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  13. pampa dit :

    Ce qui reste de « l’idéal européen », c’est l’euro, qui détruit les pays latins dont la France au profit des pays germaniques, à commencer par l’Allemagne.

    A la lecture de votre billet, il se confirme qu’il ne faut surtout pas laisser LR accéder au pouvoir : ils n’ont rien oublié, et ils n’ont rien appris.

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  14. loonloonychantemerle dit :

    tout ce que vous écrivez dans cette analyse me paraît tellement vrai que cela me conforte dans mon choix : pas d’abstention, mais voter pour le parti animaliste – les animaux, eux, sont sans fourberie ni imposture, ce qui les expose à la domination de l’homme qui se croit tellement supérieur au reste de la planète !

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    • artofuss dit :

      …Et vous comptez sur eux pour vous protéger de l’islamisation et de l’immigration , sans doute ???? A moins que je n’aie pas perçu votre ironie, ce qui ne serait tout à fait impossible à une semaine d’une élection-pivot dans une atmosphère où beaucoup de gens me désespèrent…

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    • michel43 dit :

      Merci au Berger Allemand qui nous protège ,avec nos policiers , nos chiens des douanes ,,,,je rigole,,,,,

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