« Prestige de la fonction présidentielle »

Dans une interview passionnante et remarquable, le philosophe M. Marcel Gauchet, se félicite d’une « restauration de la fonction présidentielle ».

Le thème est à la mode est un large consensus dans la France médiatique, intellectuelle, journalistique, politique, prévaut sur ce point: le « prestige de la fonction présidentielle » a été restauré.  Qu’il nous soit permis de nous intéresser à ce phénomène qui relève largement de la psychologie collective.

Le prestige de la fonction présidentielle touche à la forme, l’allure, l’apparence, la posture, la représentation, l’image donnée. Il est courant d’affirmer que M. Sarkozy, par sa nervosité, et M. Hollande, par son allure débonnaire et sa logorrhée, « desservaient la fonction » au contraire de l’actuel titulaire, qui par sa prestance, sa jeunesse, son allure et de sa silhouette, la rehausse, au dedans comme au dehors.

Or, même dans une monarchie, comme dans une république, cette idée me semble à la fois illusoire et malsaine. Le mot prestige a une signification bien claire: Illusion dont les causes sont surnaturelles ou magiques (Robert). Invoquer, comme un but en soi, « le prestige de la fonction », est une manière avérée de mépriser les citoyens, considérés comme les dupes potentiels de l’illusion, de causes surnaturelles et magiques.

Alors, vaut-il mieux parler de respect de la fonction? Chacun ressent la respectabilité d’une fonction selon ses valeurs personnelles. Ainsi, pour un citoyen qui déteste furieusement la vanité, sous toute ses formes, la considérant comme la quintessence de la bêtise et de la vulgarité, il sera infiniment plus respectable, de la part d’un responsable politique, de descendre spontanément dans la rue et de parler sans ostentation avec les passants, que de fanfaronner comme un paon à l’occasion d’une cérémonie solennelle ou devant les caméras de télévision.

La seule vraie question qui compte: qu’est-ce que la dignité, (ou l’honneur), d’un responsable public? De fait, elle ne tient qu’à l’accomplissement de son devoir: se retrousser les manches et se salir les mains, en humble serviteur du pays, en ouvrier de la nation qui le rétribue. Elle se définit uniquement par  l’action en faveur du bien commun: restaurer l’autorité de l’Etat face à la violence et au chaos quotidien qui détruisent la liberté, assurer la sécurité, maîtriser les flux migratoires, baisser massivement les impôts et la dette publique, améliorer le pouvoir d’achat, renouveler l’école et l’intelligence collective, réduire le chômage de masse et la pauvreté. En finir avec le terrorisme islamiste (qui vient encore de frapper).

Telle est la véritable et la seule dignité qui compte. Le fameux « prestige de la fonction », dont les médias et la presse se gargarisent, n’a aucun rapport avec l’intérêt général. Les responsables politiques n’ont pas pour mission de pavoiser, mais d’améliorer le quotidien des Français et de préparer l’avenir. Le reste, le « prestige de la fonction », dans  une société  médiatique malade d’obséquiosité et privée de repères intellectuels, n’est qu’un leurre, un écran de fumée et le paravent d’une déliquescence dans les profondeurs du pays.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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22 commentaires pour « Prestige de la fonction présidentielle »

  1. Colibri dit :

    @Maxime Tandonnet, aux lectrices et aux lecteurs de ce blog les deux liens suivants:

    https://criminocorpus.hypotheses.org/23576
    et
    http://museedelaresistanceenligne.org/media6130-Unis-comme-A

    C’est quand nous ne sommes plus libres que nous pouvons devenir libres. C’est quand tout va mal que se lèvent des femmes et des hommes étonnants.

    Que leur souvenir éclaire notre présent et nous donne la force d’affronter l’avenir.

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  2. michel43 dit :

    vous savez tous ,que le président en FRANCE a trop de pouvoir ,il fait ce qu » il veut ,quand il veut ,voyez SARKO ,lui a fait fort ,désormais ,avec Macron ,c » est pire ,et les béni- oui -oui lui colle au basque ,LR ne représente que peut de gens ,et l » espoir du copain de notre Maxime ,a peut de chance de réussir ,donc ,il va falloir trouver une alliance ,il y a encore quatre ans pour cela ,,,,,,

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  3. Ghislain dit :

    « Même dans une monarchie », vous dites. Oui, mais le monarque n’est pas dans le paraître, il incarne. Il n’a pas besoin d’être un illusionniste, il n’a besoin que d’être un père, un fils, un homme, un roi (ou une mère, une fille, …). Nulle prestidigitation là-dedans ! Donc je dirais qu’en monarchie seulement, le prestige de la fonction n’est pas usurpé. S’il est surnaturel, s’il paraît magique, il n’a rien d’artificiel, de fabriqué. Il n’est demandé au roi que de faire fructifier ses talents, pas d’être un demi-dieu ou un surhomme. Pas d’être un homme sans allégeance, sans attachement (comme beaucoup de nos politiques qui doivent tout sacrifier sur l’autel de leur ambition personnelle). Pas d’être un deus ex machina, expression que j’employais dans un de mes premiers commentaires sur votre blog pour caractériser notre République de dupes, mais d’être un fils et un père, un héritier et un bâtisseur, un homme parmi les autres qu’un hasard providentiel a investi d’une fonction qui le dépasse.

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    • Sganarelle dit :

      Toujours « l’Etre » et le »paraître ».
      Vous avez très bien fait la différence entre un roi et un président. L’habit bien endossé peut tromper un temps mais la fonction manque de prestige quand il faut rêguliērement mendier des voix pour l’occuper

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    • Ghislain dit :

      @ Sganarelle

      Exactement. D’ailleurs, le sacre, loin d’être une divinisation de la personne royale, ne fait que la subordonner à un ordre supérieur. Le roi ne s’agenouille-t-il pas quand il se fait sacrer ?

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  4. loonloonychantemerle dit :

    déclinaison (décadence) : prestige, prestigiateur, prestidigitateur, l’illusionniste au pinacle…

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  5. Tarride dit :

    Cher Maxime Tandonnet
    Chers Amis

    La notion même de « prestige de la fonction Présidentielle » est équivoque et donc dangereuse en une époque da forte médiatisation.

    Toutes choses égales par ailleurs, les hauts dirigeants politiques sont confrontés à une situation que les Avocats pénalistes connaissent bien.

    Quand l’affaire est médiatique et que le jour de l’audience le public et la presse sont là, l’Avocat peut facilement succomber à la tentation de se servir de la cause, et quelquefois même de ses aspects les plus sordides, pour se faire valoir lui-même et rehausser son prestige. Il multiplie alors les effets de voix et de manches. Il peut même parvenir à ce que les gazettes estiment qu’il a brillé de mille feux, prouvé son immense talent et son charisme avant que soit prononcée contre son client une inévitable lourde condamnation.
    Il lui faut en revanche de la force d’âme pour tenir un discours sérieux et sans envolées qui saura convaincre autant qu’il est possible. Il lui faut de la force d’âme pour se limiter à des faits sobrement exposés.
    Il arrive que certains commentateurs disent ou écrivent alors :  » on comprend mal pourquoi, après une défense aussi terne, la décision de la Cour fut aussi indulgente ».
    A mon avis, c’est un grand compliment qui démontre que l’Avocat n’a pas confondu sa fonction avec sa personne et que c’est bien sa cause qu’il a servi.

    Etienne Tarride

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  7. Jean-louis Michelet dit :

    « France sans avenir Vs France avec avenir  »
    Au delà de la question sur  » le prestige de la fonction présidentielle  » sur laquelle chacun aura un avis, il est sans doute plus important de s’arrêter sur le cœur de l’exposé et des arguments développés par Mr Gauchet ,à savoir  » la France sans avenir Vs la France avec avenir  » ainsi que la place et le rôle de la Nation avec l’Europe en toile de fond.

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  8. artofuss dit :

    Si le  » prestige » se mesure à la qualité du noeud de cravate et aux plans avantageux des photographes (avez-vous remarqué l’usage assez intensif de la contre-plongée, un peu comme dans l’Italie des années trente?) , alors nous sommes en effet sauvés. A condition d’aimer le théâtre d’ombres et de s’en tenir aux apparences.
    Au passage, comment peut-on tolérer qu’un porte -parole du gouvernement dise tout benoîtement après un attentat mortel qu’il n’y a quasiment rien à faire pour empêcher ce genre d’acte ??? Ce Monsieur est-il conscient de l’encouragement ainsi apporté à ceux qui veulent nous égorger ?… Devons nous prendre ses dires comme la nouvelle doxa, un constat d’impuissance officiel et un « chacun pour soi » de la part de l’Etat qui est censé nous représenter et nous protéger ?…

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  9. Mildred dit :

    Eh bien oui, monsieur Tandonnet, tout se passe comme si « la France médiatique, intellectuelle, journalistique, politique » entonnaient d’une seule voix : « On a l’béguin ! »

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  10. Via dit :

    Les images de proximité physique avec Donald Trump inspirent plutôt répulsion et dégoût. Comment peut-on dire que l’image présidentielle est restaurée ? La fonction présidentielle suppose plus de distance et de tenue. Mais les médias se nourriraient-ils d’une pitance aussi insipide ? Qu’auraient-ils à nous raconter si les pantins se comportaient avec dignité ? Ils seraient contraints d’énoncer des faits et ainsi nous informer avec la plus grande objectivité. Vaste programme.

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  11. Infraniouzes dit :

    La fonction présidentielle et l’arrivée à la magistrature suprême ont dû en déconcerter plus d’un. D’un seul coup, les ex-futurs candidats devenus lauréats flottent dans le prestigieux costume qu’ils ont enfilé avec délices et se prennent les pieds dans un pantalon trop grand. Passés l’ivresse des premiers jours l’élu est vite rattrapé par la rigueur et la grandeur de la fonction. Il en est comme dans les entreprise où un médiocre, à force de courbettes et de filouterie, arrive à convaincre un responsable qu’il peut exercer une fonction d’encadrement. Une fois nommé, l’ambitieux montre ses limites mais il est trop tard.
    Macron, et c’est ma faiblesse de le penser, ressemble assez à un Napoléon moderne: force de travail, intelligence tactique, rapidité dans la décision, capacité à appréhender les choses compliquées et à corriger le tir si besoin. Mais il lui manque le principal: le pouvoir absolu. C’est peut-être la caractéristique des démocraties. Le Président décide de tout mais n’agit que dans les limites du pouvoir conféré.

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  12. Citoyen dit :

     » le « prestige de la fonction présidentielle » a été restauré.  » … ???
    Ha Ha !! Il devrait faire attention à ce qu’il boit, le Marcel, …. ça lui trouble la vision …
    Figarovox inaugure une rubrique comique ?… C’est nouveau … et à suivre.
    Si le micron restaure la fonction, …. où va-t-on ?… c’est qu’elle devait être bien malade !
    C’est simple, il la restaure tellement bien, que dans tous ses derniers déplacements, il passe pour un clown …
    Vous avez raison Maxime. La fonction à été tellement dénaturée au fil du temps, qu’ils ont perdu de vue ce qu’elle devrait être … Au point que dans leur inconscient, de la fonction, il ne reste plus que le pseudo « prestige » … pour occuper l’espace médiatique … Comme une monarchie, à qui il ne resterait plus que l’apparat.

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  13. E. Marquet dit :

    Il est toujours surprenant de voir combien nos élites sont fascinées par tout ce qui brille, c’est sans doute pourquoi ils savent si bien manier la brosse à reluire !
    « Ô pompe extérieure, qu’il t’arrive souvent d’extorquer le respect craintif de la multitude insensée, par l’éclat de tes vêtements, de ton enveloppe visible et d’enchaîner les sages séduits à tes fausses apparences » (William Shakespeare. Mesure pour Mesure 1604.)
    « Une noble simplicité a mille fois plus de dignité aux yeux du monde même que tout le vain appareil d’une magnificence déplacée » (JeanBaptiste Massillon, Maximes et pensées 1742).
    Le prestige de la fonction, s’il existe, ne peut pas être réduit à une simple parade théâtrale, il devrait se trouver dans le triptyque : Décence, Dignité, Gravité. Le dictionnaire de Diderot et d’Alembert en donne la définition suivante :
    La décence renferme les égards que l’on doit au public,
    La dignité, ceux que l’on doit à sa place,
    La gravité, ceux qu’on se doit à soi-mème.

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  14. Gérard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    Tout à fait exact, il faudrait que les médias et les Français comprennent ce que doit signifier : « la restauration de la fonction présidentielle » telle que vous la définissez.
    Seulement voilà, depuis le début de la Vème République, et en dehors des deux premiers Présidents on ne peut pas dire que les six suivants aient participé d’une quelconque manière au « prestige de la fonction » notamment dans leur vie privée d’où peut-être cette perte de repère et cette confusion qui arrangent bien nos médias transis d’estime et d’amour pour notre Président.
    E. Macron donne l’image d’un homme cultivé, sérieux, calme, déterminé et fidèle voilà tout ce qui importe pour eux et qui doit être de nature à rassurer « ceux qui ne sont rien ».
    Il faut dire que face à l’image donnée par D. Trump, il n’a presque aucun mérite !
    Mais au-delà d’E. Macron et parmi nos leaders politiques Français, quels sont celles et ceux qui pourraient prétendre sincèrement redonner de la dignité à leur fonction ? C’est pour certaines et certains le contraire qu’ils entretiennent. C’est sans doute pour cela que ce n’est pas demain la veille que la fierté et l’honneur seront de retour chez nos politiques.
    La politique devrait être comme la religion : un sacerdoce et non une sinécure.

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  15. CLAUDE YVES MARECHAL dit :

     » Les âmes communes ne paraissent grandes que dans le succès. Il est si facile de briller quand on a obtenu un poste éminent ou qu’on vient de gagner une bataille ! Les grandes âmes ne le paraissent jamais tant que lorsqu’elles descendent »
    Jean-Baptiste Say (Petit volume contenant quelques aperçus des hommes et de la société, p.101, Deterville, 1817)

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  16. Xavier .de Fürst dit :

    Quel prestige peut avoir un élu qui accuse son propre pays de crime contre l’humanité depuis l’Algerie et au mépris de la réalité historique et juridique ?

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  17. Colibri dit :

    Pour vivre dans une démocratie exemplaire il faut des êtres humains exemplaires et nous ne le sommes pas, loin s’en faut. Je me souviens de l’élection de François Mitterrand. La France n’était pas soudain devenue majoritairement de gauche. Des femmes et des hommes de droite ont voulu punir Valéry Giscard d’Estaing qu’ils jugeaient responsable de la chute du Général De Gaulle en lui faisant perdre sa ré-élection. L’élection de François Hollande, la gauche n’était pas majoritaire mais une partie de la droite a lâché Nicolas Sarkozy. Marine Le Pen a perdu les dernières élections présidentielles mais elle a gagné sur un point: elle a mis à terre l’UMPS. Les assassinats politiques de nos jours ne se font plus au poignard, au fil de l’épée, au poison. Ils se font à l’aide des chaînes de télé. Le résultat est le même et ce sont toujours les mêmes qui en pâtissent. Périodiquement tout au long de notre « longue » Histoire nous nous mettons dans des situations difficiles qui nous usent et nous affaiblissent.

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  18. astrojournal dit :

    Sur la forme, cela ne pouvait être que mieux. Mais sur le fond ?

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