Un modèle politique empoisonné

Voilà ce que j’aimerais tant faire comprendre à mes amis. Critiquer un homme n’a aucun intérêt. Haïr et dénigrer M. X, Y ou Z, président de la République, est à mes yeux aussi stupide que le vénérer, le même signe express de crétinisme. Lynchage et idolâtrie sont les deux faces d’une même bêtise. C’est un système politique qui atteint aujourd’hui la quintessence de la médiocrité. D’après ce modèle, qui prévaut depuis des décennies – il ne date pas de 2017 – , la France, manipulée par les journaux télévisés et les radios, se donne un roitelet pour cinq ans, avec l’adhésion initiale d’environ un cinquième du corps électoral. Celui-ci, bavarde, gesticule, rayonne, se pavoise dans les écrans de télévision, captant à lui seul toute la lumière médiatique, et écrasant les autres sources réelles ou supposées du pouvoir politique, gouvernement, Parlement, collectivités locales. L’image personnelle d’un homme, chèrement conquise pendant le scrutin, s’impose comme le but ultime de toute politique avec, en toile de fond, une priorité absolue : sa réélection. Mais derrière le grand spectacle émotionnel, d’amour ou de haine, autour d’un culte de la personnalité, le pays s’enfonce peu à peu dans l’indifférence, de décennie en décennie: écrasement fiscal, dette publique, violence, terrorisme, communautarisme, désindustrialisation, chômage de masse, pauvreté, bidonvilles, hausse des flux migratoires, record européen de prélèvements sociaux et fiscaux, effondrement du niveau scolaire, déclin scientifique, pauvreté galopante, exclusion, destruction de l’autorité de l’Etat. Le système politique est intrinsèquement impuissant: centré autour de l’image d’un homme, fondé sur le principe de vanité, il tend inexorablement vers le renoncement. Il n’a qu’un but, manipuler l’opinion pour sauvegarder l’image. Dès lors, il verse dans la communication à outrance, et pire, les fausses réformes, qui doivent faire un maximum de bruit mais heurter le moins possible le monde réel  pour éviter le risque de provoquer une crise fatale à cette image. La démagogie est son essence; l’agitation, les polémiques, les scandales, son quotidien servant à couvrir sa fuite devant la réalité. Emblématique de la médiocrité ambiante, le compliment suprême qu’agitent en ce moment la presse et les médias: « Il incarne bien la fonction ». La question n’est pas là! L’essentiel est-il l’intérêt de la France à long terme ou la splendeur d’une « fonction »? Mais en l’absence d’une prise de conscience du naufrage d’un système et de la révolution politique nécessaire, bien au-delà d’un changement d’homme dans cinq ans, rien ne sera plus jamais possible.

Maxime TANDONNET

 

 

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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27 commentaires pour Un modèle politique empoisonné

  1. Georges dit :

    Le poison serait-il la politique ?

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  2. Que cet article est intéressant.
    Mais je pense que l’actuel président n’est pas la de la volonté du peuple Français.
    Seul une organisation internationale à pue l’imposer à nôtre pays.
    Je pense bien sûr aux Franc-maçons, mais surtout aux Unimathies.
    C’est leur puissance à manipuler les journalistes qui a permis l’élimination de la droite et de la gauche traditionnel.
    Je pense ne pas être loin de la vérité.

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  3. E. Marquet dit :

    Naufrage d’un système, révolution politique nécessaire, nous en sommes tous d’accord. Vous en faites l’analyse avec pertinence. Mais, si j’étais votre élève, à la fin du cours je vous poserais la question bête et méchante : quelles solutions concrètes et réalistes pour y remédier ?
    Réformer l’enseignement de science-po et de l’Ena qui fournissent la majorité de nos décideurs étatiques, que ce soit dans nos administrations ou dans notre représentativité nationale ?
    Impuissance politique, démagogie, culte de la personnalité, médiocrité ambiante, démagogie, communication à outrance : on fait quoi ? qui peut faire bouger les lignes et changer le comportement des élites ?
    On est soi-disant en démocratie. Le cèsame serait le bulletin de vote. Mais une fois qu’on l’a en main on ne sait plus quoi en faire. Jamais les citoyens, quoi qu’on en dise, ne se sont autant intéressés à la politique, mais plus ils s’y intéressent, plus ils sont en désarroi, car ils se rendent compte qu’on n’arrête pas de les prendre pour des billes. Alors que leur restent-ils pour changer le cours des choses ? Sentiment d’impuissance totale.
    Avez-vous des solutions, outre des voeux pieux ?

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    • E Marquet, merci beaucoup, oui, ce billet, relatif au constat, sera suivi de mes propositions de solutions…
      MT

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    • Annick Danjou dit :

      La solution était de ne pas voter du tout, refuser le moins pire des deux et créer ainsi une crise exceptionnelle qui aurait peut-être fait émerger une bonne condidature?? Pourquoi continuons nous à mettre à la tête du pays celui qui nous semble le moins mauvais?Nous sommes pris pour des billes mais apparemment nous aimons ça. Nous ne devrions pas être impuissants, mais il faudrait une sacrée volonté de tous les citoyens qui se sentent floués. Et malheureusement, ils se sentent floués mais ont la trouille au moment de prendre une décision importante.

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    • E. Marquet dit :

      Annick Danjou, Je ne crois pas qu’il s’agisse en l’occurence de volonté ni de trouille. J’ose croire que chacun agit en son âme et conscience, après mûre réflexion. Personnellement et je l’assume, je me suis abstenue au 2ème tour, tant des prèsidentielles que des législatives. C’était une grande première, après avoir voté scrupuleusement pendant 50 ans, souvent par défaut ces dernières années. Mais cette fois ce n’était plus possible.
      C’est actuellement le sentiment d’une réelle impuissance qui prévaut.
      Aujourd’hui ce sont les minorités qui imposent leurs règles à l’ensemble de la population au mépris de l’intérêt du plus grand nombre. La majorité est silencieuse, dispersée, et non violente, mais son silence est consterné, mème si vous pensez qu’il est consternant !

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    • Georges dit :

      Des événements extérieurs voire des stratégies étrangères bousculeront le monde occidental .

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  4. Citoyen dit :

    « la France, manipulée par les journaux télévisés et les radios, se donne un roitelet pour cinq ans, »
    Ben voila, Maxime, et tous ceux qui se goinfrent avec ce système, font tout ce qu’il faut pour le perpétuer …
    La toute dernière sortie, avec le 80km/h sur les routes, donne une idée précise de l’imposture des abrutis et des nuisibles, qui ont la prétention de gouverner ce pays depuis quelques décennies …
    Et ça marche !… Pourquoi se priveraient-ils, si personne ne les en empêche ?

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  5. Patrick dit :

    Bonjour à tous,
    « Le succès, c’est la hauteur à laquelle vous rebondissez quand vous avez touché le fond », général Patton.
    Il faut croire que la France n’a pas encore touché le fond car elle n’est pas prêt de rebondir. Le sauteur fait de belles pirouettes, amuse les spectateurs mais pendant ce temps là, les élastiques français s’effilochent et les risques de chute s’amplifient.
    Vous parlez de « révolution politique nécessaire » ; une révolution, c’est une tour complet autour d’un astre. La révolution du cycle de l’image n’est pas encore achevé. Quand cela prendra t-il fin ? Bien malin qui pourrait le deviner. Cela adviendra et d’un cercle (révolution) vicieux, nous pourrons renouer les fils d’un cercle vertueux.
    Cela ne signifie pas que l’on ne doive rien faire (ce modeste blog le démontre) mais qu’il faille attendre, inébranlables, les prodromes d’un nouveau cycle.
    Quant à parler de « culte de la personnalité », cela rappelle « les heures les plus sombres de notre histoire »… A quand une chanson :
    « Macron, nous voilà !
    Tous tes marcheurs qui t’aiment
    et vénèrent tes pas »

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  6. Timéli dit :

    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous à propos du lynchage. Je pense qu’on a le droit d’exprimer son mécontentement à propos d’un homme et de le critiquer vertement, tout en restant correct dans l’emploi de son vocabulaire bien entendu, dès lors qu’on n’apprécie ni ses propos, ni son comportement, ni ses actions. Il m’arrive de le faire, et je ne me trouve pas stupide pour autant. C’est ma part de liberté, que j’assume totalement. Pourquoi taire son opinion, si on reste cependant respectueux ? J’avoue avoir un côté rebelle, ne m’en veuillez pas…

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  7. Gérard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    « Si le peuple vote mal, il faut changer le peuple » a dit un jour Berthold Brecht !
    Dans cette phrase, le vocable « changer » devait être interprété comme « améliorer » , « évoluer » et non « remplacer », malheureusement nos « élites » ne font rien depuis des décennies ou plutôt font exactement le contraire pour amener le peuple à changer, pour l’amener à lire, analyser et comprendre, améliorer un programme électoral, à se bousculer pour voter, s’engager, participer activement à la vie de leur pays.
    Non, le peuple Français préfère somnoler, geindre, se planquer…alors nos élites en profitent pour eux, faire « changer » le peuple mais pas dans la même acception que celle de B. Brecht. Nos « élites » veulent d’abord se substituer au peuple, le corriger, le réformer jusqu’à le renverser pour qu’il leur soit soumis.
    La crétinisation de masse étant maintenant durablement installée nous ne sommes surement pas prêts de « changer ».

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  8. Infraniouzes dit :

    La vie sociale et politique est un désastre en France. Le politiciens font ce qu’ils veulent, aucune sanction ou punition ne les menacent, leur impunité est totale sauf faute excessivement grave. Ils pleurent à tout bout de champ, j’en veux pour preuve leurs pleurnicheries devant les restrictions des dotations aux collectivités; impossible pour eux de réduite la voilure: leur réélection impose toujours plus de gabegie. Le gouvernement Macron va donc inventer une nouvelle taxe (impôt) pour que ces seigneurs retrouvent le flot d’argent dans lequel ils baignent.
    Qu’est ce qui régit la vie politique ? Mise à part une morale au-dessus de tout, (ne rêvons pas) c’est la Constitution. La changer pour la durcir devient une affaire urgente. Il faut revoir le système électoral et tout ce qui laisse une grande latitude aux élus lesquels se votent à tour de bras tous les avantages possibles et inimaginables. Je ne dis pas qu’il faut être un saint pour gouverner (encore que le mot « élu » évoque bien le statut) mais il faut une rigueur morale et une conscience aiguë de son devoir. Mais qui peut durcir la Constitution sans être aussitôt accusé de fasciste ? Aucun élu qui dépend d’une camarilla ou d’un clan ou d’une coterie. Je ne parle pas de pronunciamiento ou de putsch mais une poigne de fer dans un gant de velours semble indispensable. On dit que, pardessus tout, le dernier mot reste au peuple. Quelle farce de nos jours. Le peuple français se trouve au milieu du triangle des Bermudes: encalminé, donc hors course.

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  9. Tarride dit :

    Cher Monsieur Tandonnet

    Vous posez de manière quasiment explicite une question redoutable pour tout Gaulliste, celle de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.
    Il serait trop facile de s’en tirer en affirmant que ce mode d’élection était nécessaire à l’époque mais est devenu obsolète pour telle ou telle raison. Il faut en revanche rappeler quatre considérations fondamentales.
    – L’instauration du quinquennat qui fait coïncider dans le temps les mandats du Président et de l’Assemblée a considérablement aggravé les choses.
    – Tous les Présidents de la République après Georges Pompidou ont été élus par défaut, c’est à dire par hostilité à leurs adversaires principaux.
    – Les Présidents réélus l’ont, l’un et l’autre, été en qualité de candidats de l’opposition du fait le la cohabitation.
    – Les seconds mandats ont été infiniment plus négatifs que les premiers, alors que le Président pouvait juridiquement se représenter.

    Rien ne permet de penser, bien au contraire, que l’abrogation de l’élection présidentielle au suffrage universel ne créerait pas un retour aux conditions de faiblesse de la 3 ème et 4 ème République, l’instabilité gouvernementale chronique. Dans un système d’Assembléet s’ils avaient été au pouvoir donc Premiers Minsitres, Sarkozy aurait été renversé plusieurs fois, Hollande beaucoup plus, Macron n’aurait pas survécu à la réduction des APL.

    Ceux qui se refusent à détruire ce que De Gaulle a voulu, et j’en fais partie, la moins mauvaise solution me semble être le retour au septennat mais unique, c’est à dire que le Président ne pourrait jamais se représenter. On peut espérer alors, sans en avoir la certitude, mais cette certitude n’existe pas sur la terre, qu’il se consacrerait à l’essentiel.

    Etienne Tarride

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  10. Colibri dit :

    Une petite note de folie en ce début d’année 2018:

    Heureux les riches, ceux qui ont de l’argent dans le sang, qui peuvent tout se payer, ceux dont les pieds sont solidement ancrés dans la terre, ceux qui courent derrière les honneurs, ceux qui jonglent avec leurs pouvoirs et qui sont considérés pour leur puissance. La terre est à eux.

    Mais non, dit Jésus: heureux les pauvres, non pas ceux qui baignent dans la misère, car la pauvreté imposée est un scandale et l’homme n’est pas fait pour la misère. Heureux ceux qui ne sont pas gonflés de leur importance, qui ne sont pas bourrés du désir de posséder, ceux qui sont ouvert à leurs frères et qui ont un intense désir de Dieu, dont le coeur est assez dégagé pour libérer des trésors d’amour.

    Père Jean Debruynne (1925/2006)

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  11. Sganarelle dit :

    Reçu 5/5 monsieur Tandonnet .
    Si je comprends bien ce que.vous combattez c’est le chiffon rouge que le magicien agite sous nos yeux pour pouvoir tranquillement nous manipuler en nous faisant croire à l’impossible . Ainsi pour occuper la galerie il nous distrait avec des hochets et nous passionne avec des ombres et on interprête les petites phrases on discute les postures visibles mais on oublie l’essentiel.
    Le représentant du pays devient plus important que le pays lui-même.
    Ce n’est pas nouveau , Louis XIV l’avait parfaitement compris et assimilé. Avec cette différence considérable que le résultat tenait les promesses de l’affiche. Le culte de la personnalité se trouvait alors pleinement justifié,bien qu’il n’ait jamais dit « l’Etat c’est moi » on peut de façon réductive rêsumer ainsi sa personnalité et son règne.
    Quand vous parlez de « roitelets » vous décrivez parfaitement la situation actuelle .

    Or je pense peut -être à tort que nous en sommes tous responsables et que si nous nous intéressions d’avantage aux faits plutôt qu’aux gestes nous serions moins abreuvés de faits divers dispensés par les medias qui en fin de compte n’existent que pour se vendre et nous apportent en abondance que ce que nous consommons le plus.
    Le vieil adage  » on a les idoles qu’on mérite » prend ici tout son sens

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    • Colibri dit :

      Je partage votre point de vue et j’avais déjà écrit sur ce blog que je trouvais que la médiasphère d’aujourd’hui ressemblait à la Cour de Louis XIV et en avait peut-être la même fonction qu’à l’époque du Roi Soleil. J’ai une idée reçue mais peut-être que je me trompe: à la fin de son règne il est ruiné et il vend la vaisselle royale à un banquier… protestant français réfugié en Allemagne. Si cette histoire est une légende merci aux lectrices et lecteurs de ce blog de me le dire.

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    • Sganarelle, ce vieil adage que j’ignorais est sublime…
      MT

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  12. michel43 dit :

    AH,,,que votre article me va très bien ,Moi ,du priver ,qui a critiquer ,c’est irresponsables ,qui dépensait plus ,que le pays gagnait ,pas toujours d’accord avec R,BARRE ,mais lui savait compter ,cars a ce jours le PREMIER budget de FRANCE ,sont les intérêts de la dette ,je me souviens de la cagnotte de JOSPIN ,il aurait fallu ,tout mettre sur cette dette ,pour la réduire un peu ,Alors Macron ,il va faire quoi ? pas grand chose ,cars l’Ogre ,c’est l » état socialo-communiste ,avec toute la fonctions publics, chez nous,le social est piller ,et ci on y ajoute les étrangers illégaux ,soutenue pars les associations a nos frais ,bien sur, plus la misère des nôtres ,cela pourrait très mal finir ,Merci a ceux qui on voter Macron, j »en rencontre ,et sont dans l » incertitude ,,,,Attendons ,nous en avons pas le choix

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  13. Jean-Louis Michelet dit :

    L’enjeu.
    En France, « Le progressisme » sous toutes ses formes, s’accélère depuis l’élection présidentielle et les législatives. Il devient la forme suprême de la représentation d’une classe sociale dite « haute » ou ayant de bonnes chances d’y accéder ,mais minoritaire concédant le droit de partager l’existence avec une classe sociale dite « basse » mais majoritaire .Il n’est pas croyable que cette classe sociale haute puisse arriver à une attitude aussi noble, si paradoxale, si anti – naturelle , c’est-à-dire partager son existence avec ceux qui sont dans la faiblesse , l’ignorance et la résignation, voire la pauvreté ; les exclus de la démocratie deviennent maintenant les exclus de la nation.
    C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que cette même classe sociale haute manifeste un désir impatient d’en être débarrassé .C’est une discipline trop difficile, trop complexe pour qu’elle s’enracine fermement en elle.
    Voilà l’enjeu. Qui osera le dire et s’y attaquer vraiment ?

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