Le grand décalage

M. François Hollande a annoncé qu’il restait dans la vie politique et qu’il entendait y jouer un rôle majeur. Sans doute, par delà les haines qu’il suscite, n’est-il pas pire que la moyenne. Il a réussi de belles études, dont science po et HEC, prouvant qu’il dispose d’un minimum de bagage intellectuel. Il est parvenu au sommet par la ruse et l’habileté, roulant dans la farine nombre d’adversaires, ce qui montre qu’il n’est pas bête. Mais voilà, le système politique français, présidentialiste, est une machine à produire de la folie. Il transpose des êtres moyens dans un statut de demi dieu au sens des dieux de l’Olympe. Dès lors, la raison humaine, fragile, ne peut pas y résister et la marche dans la déraison est inévitable. L’étrange décalage entre le statut de demi dieu, éblouissant, dans la lumière médiatique et la réalité d’une fonction présidentielle largement vidée de sa substance par les transferts de compétence aux bureaucraties et aux juridictions, ne peut qu’engendrer un glissement subreptice dans la déraison. Dès lors, tout sens des réalités se perd dans les limbes et le monde se peuple de chimères. M. Hollande, comme toute personne placée dans sa position, vit dans un univers parallèle et n’a absolument pas admis que sa « trace dans l’histoire », à laquelle il ne cesse de se référer, était déjà totalement effacée et que les Français ne voudraient bien entendu plus jamais de lui. Derrière cette dérive, ce n’est pas l’homme qui est en cause, ce serait trop simple, il suffirait de le remplacer par un autre. Les choses sont beaucoup plus graves touchant à la marche de la société, de la culture politique. Pour ma part je n’ai jamais douté que l’actuel ferait in fine, dans les cinq ans qui viennent, encore dix fois pire que M. Hollande et que son successeur, quel qu’il soit, dans un processus de chute irrémédiable, ferait encore dix fois pire que lui – sauf évidemment si ce système destructeur de la raison et de la politique vole en éclats d’ici là. C’est tout un mode de fonctionnement de la politique, qui entraîne le pays dans le déni du réel et dans une sorte d’illusion permanente d’une autorité qui n’existe plus et par conséquent dans le chaos.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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12 commentaires pour Le grand décalage

  1. CLAUDE YVES MARECHAL dit :

    CHARLES PASQUA je cite :
     » Quant à François Hollande, soyons clairs : il était fait pour être adjoint du préfet de Tulle ou sous-président de la commission des fêtes du conseil général de Corrèze, certainement pas Président de la République. »

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  2. CLAUDE YVES MARECHAL dit :

    L’étroitesse d’esprit qui caractérise François Hollande, chez qui la notion de départ a disparu, lui suggère d’intervenir plutôt que de faire pénitence ..
    Ces interventions ont toutefois le mérite de permettre aux français de se souvenir qu’il y a sur la terre plus d’imbéciles que de pâquerettes.
    Bien à vous Maxime

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    • CY Maréchal, je ressens son « retour » comme manquant de hauteur, de dignité…
      MT

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    • CLAUDE YVES MARECHAL dit :

      Oui en effet Maxime Tandonnet …
      Alessandro Baricco nous dit : « Il y a une dignité immense, chez les gens, quand ils portent leurs propres peurs sur eux, sans tricher, comme des médailles de leur médiocrité. »
      CYM

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  3. de Cydelah dit :

    Bonjour,

     » C’est tout un mode de fonctionnement de la politique, qui entraîne le pays dans le déni du réel et dans une sorte d’illusion permanente d’une autorité qui n’existe plus et par conséquent dans le chaos. »

    Ne dit-on pas que l’ordre renaîtra après le chaos ?
    Depuis des années, des grondements sociétaux plus ou moins souterrains se font entendre. En surface, il semble que des trainées de poudre sont savamment disposées pour que le moment venu, tout s’embrase à la vitesse grand vé.
    L’explosion genre guerre civile, en de multiples foyers , pourrait ne pas advenir. Une seule condition : Un état dictatorial militaire faisant régner la loi avec une tolérance zéro.
    Entre les deux, il va falloir choisir et très vite. Je demeure convaincu que des hauts responsables militaires y pensent en se rasant. Hélas, le risque est grand de subir un traître à la patrie et pour des décennies.

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  4. raimanet dit :

    A reblogué ceci sur Raimanetet a ajouté:
    http://tiny.ph/BEzu -> Hollande au mètre
    http://tiny.ph/lSK6 -> le langage politique
    http://tiny.ph/NTJ6 -> rêves de campagne

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  5. Gérard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    Je suis étonné que vous ayez omis de mentionner que Monsieur Hollande ait été élève comme vous d’une des plus grandes écoles élitistes Française, bien plus prestigieuse que HEC et l’I.E.P. : l’ENA. En fait, je plaisante et crois comprendre la raison de cet « oubli » !
    Connaitriez-vous un seul Président de la Vème République Française battu à une élection qui n’ait pas eu l’espoir de le redevenir ? Il se dit même que V.G.E. ait maintenu cet espoir au-delà du raisonnable…
    Il en est donc de même pour F.Hollande, toujours déconnecté de la réalité et dont la trace dans l’histoire se résumera probablement à quelques lignes dans les dictionnaires mentionnant qu’il aura été le 7ème Président de la Vème République Française.
    Pardon d’être un peu péremptoire mais pour moi il n’est qu’un tout petit monsieur dont je préfère taire les qualificatifs qui me viennent à l’esprit et qui pourraient être jugés comme injurieux. En tout cas bien éloigné du Français moyen, certes moins cultivé, mais disposant du bon sens et surtout d’une plus grande honnêteté intellectuelle.
    Quant à l’incroyable coup de chance qui a amené E. Macron, lui aussi surdiplômé au pouvoir, je crains qu’il ne se transforme en chemin de croix dans les semaines à venir.

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  6. Sganarelle dit :

    C’est vrai, pour accéder au pouvoir il ne suffit pas d’être intelligent , super doué , ou d’avoir fait de brillantes études en étant en plus le chouchou des médias ; il faut aussi être un « tueur » en oubliant d’étre un homme . Pas étonnant que ces merveilleuses qualités sans âme suppriment celles de base nécessaires à toute vie en société en faveur d’un être de pouvoir très loin du « normal » .
    Entouré de courtisans , à moins d’avoir une longue habitude, l’éducation et le recul nécessaire de l’exercice de la fonction.. il est difficile pour un être « normal » d’échapper à une certaine forme de griserie qui efface toute velléité d’auto-critique.
    La république est une fabrique de  » roi d’un jour » comme il y avait autrefois des  » reines d’un jour » dans les émissions médiatisées , avec cette différence d’obligation d’un succès (s’il y en a un,) qu’ils ne verront pas faute de temps et de continuelle remise en jeu de leur titre.
    Gouverner c’est dit-on  » prévoir » et parait-il qu’il faut « donner du temps au temps ». Or la république est impatiente, dès qu’un président a gagné il doit préparer sa prochaine élection , sachant qu’il n’a que cinq ans pour réussir des changements il est évident que le pari est perdu d’avance.

    Conclusion: le système est mauvais parce qu’il n’est pas performant et qu’il pervertit les individus , après cinq républiques il serait temps de cesser d’élire un président qui s’avère ensuite éloigné du peuple avec tous les défauts des rois sans avoir leur qualités .
    Réformer les institutions pour les rendre dans ce sens moins boiteuses serait sans doute un bon objectif si on veut éviter le culte de la personnalité.

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