Les causes d’un échec (Atlantico)

Hier, le site Atlantico m’a fait revenir, avec M. Edouard Husson, sur les raisons de la défaite du camp républicain en 2017 (voir ci-dessous). Comprendre le passé pour préparer l’avenir. Il me semble que la politique française  combine à un degré jamais atteint l’instinct grégaire, la lâcheté, le cynisme et la mégalomanie. La déloyauté, la sournoiserie, l’opportunisme, les coups de bluff, dans l’aveuglement général, ne sont plus l’exception mais la règle banalisée et admise. La relève? L’espérance? Qu’une poignée d’hommes et de femmes  honnêtes, parmi les républicains modérés, se lèvent et s’unissent pour dire sans ambages la simple vérité aux Français sur la nature de l’évolution politique en cours depuis des décennies, le nihilisme narcissique, en les regardant droit dans les yeux, avec l’ambition, à long terme, de remettre la vie publique au service de l’intérêt général et lui seul. Ce serait peu et énorme à la fois. Mais j’en suis à me demander sincèrement si dans ce pays, à l’exception de quelques intellectuels maudits, la flamme de la lucidité brûle encore quelque part.

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1-​Selon un sondage Ipsos Le Monde publié en 2016, 88% des français considèrent que la France « a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre, alors que 84% d’entre eux pensent que l’autorité est une valeur qui est trop souvent critiquée. Dans le même temps, un nouveau sondage Ipsos Sopra Steria indique que 65% de français estiment qu’il y a trop d’étrangers, 61% pensent que ces derniers ne sont font pas assez d’efforts pour s’intégrer, et que seuls 40% d’entre eux considèrent que l’Islam est compatible avec les valeurs de la société française. Au regard de tels résultats, comment expliquer la victoire d’Emmanuel Macron sur des valeurs telles que le « progressisme  » ou la « tolérance » ou, plus frontalement, comment expliquer que les candidats qui ont porté des thèmes apparaissant comme majoritaires ne sont pas parvenus à remporter la Présidentielle ?

 Il faut remarquer qu’Emmanuel Macron a été élu avec un niveau d’adhésion au premier tour assez faible : 17% des électeurs inscrits. Idem aux législatives : compte tenu du taux d’abstention considérable, de plus de 50%, En Marche a obtenu une majorité absolue en sièges à l’Assemblée nationale avec 16% des participants. Le camp conservateur était probablement majoritaire dans le pays en termes d’idées. Il a perdu en raison de la puissance électorale du fn de 20 à 25 qui lui enlève une grande partie de son potentiel. Depuis 1980, c’est à cela que sert le fn très médiatisé : faire perdre le camp républicain. Il a perdu aussi en raison du gigantesque scandale touchant François Fillon, qui a broyé le débat d’idées. De fait les questions de fond ont été totalement évacuées de cette campagne présidentielle. C’est là toute l’absurdité du présidentialisme français. On vote pour une image, en fonction des passions du moment, attisées par les médias. Les idées et les projets n’ont plus grand-chose à voir avec le scrutin dans un contexte de conditionnement collectif qui fait peine à voir…

2- Quels ont été les erreurs commises par ces candidats « conservateurs » vis à vis de l’électorat ? Faut il y voir une incapacité d’apparaître comme des candidats « acceptables », un trop plein d’idéologique, ou de « populisme » ? Quel a été le rôle des personnalités elles mêmes dans cette défaite ?

 En dehors des maladresses de communication lors du scandale, oui de nombreuses erreurs ont été commises. Le candidat républicain, à mon sens, en a trop fait sur l’aspect identité chrétienne, par exemple quand il a déclaré « je suis chrétien ». C’est peut-être vrai mais ce n’est pas l’objet de l’élection présidentielle, dans une République indivisible et laïque. On n’imagine pas le général de Gaulle, catholique pratiquant, déclarer lors des présidentielles de 1965 « je suis chrétien ». La religion est personnelle. Et puis, peu importe la croyance d’un candidat, la seule chose qui doit compter, dans une République démocratique, c’est l’orientation politique qu’il donne, la ligne qu’il entend faire suivre au pays. Donc, il me semble que M. Fillon s’est trop enfermé dans une posture traditionnelle. Un candidat aux présidentielles devrait parler de sa vision du pays, et le moins possible de lui-même. Il aurait pu parler davantage de la politique migratoire de la France et de l’intégration des populations étrangères dans notre pays. Il avait un excellent programme pour cela. Un discours de réalisme et de fermeté, foncièrement républicain est possible sur ces sujets, sans dériver dans l’identitaire, le « je suis chrétien » maladroit dans une République qui ne reconnaît aucune distinction d’origine ni de religion. Je pense que in fine, cela l’a desservi.

  1. Inversement, et toujours au regard de ces sondages, comment expliquer que la majorité des électeurs aient pu porter la victoire d’Emmanuel Macron, incarnant volontairement le ni-droite ni-gauche, ou le « pragmatisme » face à l’idéologie ? Comment LREM a t elle pu séduire ces électeurs « majoritaires » ? 

Encore une fois, il faut relativiser l’adhésion initiale à LREM qui a bénéficié du contexte chaotique de 2017. Mais je crois surtout que le principe du succès de ce mouvement tient en un mot : le dégagisme. L’affaire Fillon est venue après une succession de scandales qui profondément traumatisé les Français : DSK, Cahuzac, Thévenou, « les sans dents », les livres de confidence du président Hollande, puis, cerise sur le gâteau, cet épouvantable psycho-drame qui a entaché les présidentielles. Il me semble que les votes de 2017, présidentielles puis législatives, ont été dominés par un immense mouvement d’humeur contre la classe politique. M. Macron a su avec un talent formidable, incarner le renouvellement à un moment donné. Sur cette vague de mécontentement, il a triomphé. Toutefois les visages ont changé mais les problèmes et les inquiétudes des Français demeurent. A aucun moment, sur un cycle électoral de six mois, les questions de fond n’ont été abordées. Tout s’est joué sur fond de polémiques, de postures et d’images. Nous sommes encore dans la phase d’éblouissement. Mais la France risque de payer un jour ces élections sans débat démocratique.

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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39 commentaires pour Les causes d’un échec (Atlantico)

  1. michel43 dit :

    et pendant ce temps LA. .;des dizaines de milliers de Musulmans illégaux arrive en FRANCE..et tout leurs des du…l’Etat est laïque ,vaste rigolade ,Nous savons tous, le poids des religions chez nous…et comment expliquer ,qu » avec des millions de chômeurs 8 Millions de retraiter a moins de 800 euros et 10 Millions de travailleurs pauvres ,plus nos SDF ,l’Etat offre plus au illégaux ,sans papiers ? cela finira mal…voila pourquoi Mme LE..PEN a approcher les 11 MILLIONS d » électeurs

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    • Colibri dit :

      Le point de vue d’un Algérien insolent, provocateur et grossier:
      Raciste, et j’assume
      Je suis un peu raciste. Je l’avoue et je l’assume.
      Comment ne pas être raciste?
      Les migrants subsahariens ont imposé leur présence dans l’espace public algérien. Encore confinés dans les endroits les plus sordides, ils sont pauvres, ils mendient, et vivent dans des conditions d’hygiène déplorables. Ils squattent les dessous des ponts et érigent des bidonvilles dans un pays qui est sur le point d’éliminer les bidonvilles.
      Ils ont quitté leurs pays pauvres, parfois ravagés par la guerre et la sécheresse, pour venir vivre dans des conditions misérables en Algérie. Ils ont laissé des pays en guerre ou menacés de guerre pour trouver refuge dans un pays qui vient de sortir d’une terrible épreuve.
      Peu d’entre eux travaillent, ce qui ne les empêche pas de faire des enfants.
      Tout cela me pousse évidemment à devenir raciste.
      Raciste anti-cons.
      Raciste contre tous ces cons incapables de voir la détresse de leurs semblables, de sentir la tragédie que vivent des gens plus faibles qu’eux, plus vulnérables, désespérés, des gens qui ont vraiment besoin d’une main affectueuse, d’un geste de tendresse, d’un sourire, d’un coup de pouce, d’un geste de solidarité.
      Abed Charef

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  2. Jean-louis Michelet dit :

    Un autre « dégagisme » latent.
    « Le Macronisme » dans sa forme initiale, est la forme suprême de la représentation d’une classe sociale « haute » ou ayant de bonnes chances d’y accéder ,mais minoritaire concédant le droit de partager l’existence avec une classe sociale « basse » mais majoritaire ; plus encore, avec ceux qui sont dans la faiblesse. Il n’est pas croyable que cette France d’en haut puisse arriver à une attitude aussi noble, si paradoxale, si raffinée, si anti – naturelle.
    C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que cette même classe sociale manifeste un désir impatient d’en être débarrassée .C’est une discipline trop difficile, trop complexe pour qu’elle s’enracine fermement dans notre société.
    Avant leurs discours au Congrès et à l’AN , Il aurait été certainement très utile que nos deux dirigeants principaux méditent cela :
    « Une bonne société, c’est celle où les chances de tout membre pris au hasard, sont aussi grandes que possibles »
    Sans faire référence à certains sondages, nous en sommes très loin.

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  3. Sganarelle dit :

     » le maître des horloges » est « en marche » mais l’horloge prend du retard et je crains qu’à part de belles pages de sa littérature soporifique on attende longtemps les changements nécessaires .

    A propos de la religion que Fillon a abordé avec courage mais fort maladroitement , avez-vous remarqué l’ostensible signe de croix de monsieur Sarkozy aux hommages rendus successivement en Allemagne et dans la cour du Louvre ? Autrefois il était normal de se signer devant un mort , or il a été le seul à le faire chaque fois. Est-ce conviction tardive ou provocation? .. Il ne nous a pas habitué à pareil geste.
    ( je rappelle que de Gaulle avait une chapelle privée à l’Elysée et personne n’en a pris ombrage. )

    La religion catholique fait partie de notre Histoire et de notre civilisation et du fait de la laïcité elle n’a aucune force politique. On ne peut pas en dire autant des autres religions, sectes , loges et autres communautés.

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  4. La religion est personnelle sans doute mais elle a un impact social et politique. Puisqu’il semble que vous devez reprendre des cours de théologie (je n’ose pas dire de catéchisme) sur ce sujet, voici une bibliographie non exhaustive d’ouvrages absolument majeurs sur ce thème et plus généralement sur ce qu’est le catholicisme (chose que vous semblez complètement méconnaître comme toute la caste technocratique française laïcarde, maçonne et ennemie de l’Eglise) :

    Henri cardinal de Lubac, Catholicisme : les aspects sociaux du dogme
    Jean cardinal Daniélou, LOraison, problème politique

    Joseph cardinal Ratzinger, NOTE DOCTRINALE concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique

    Pour combler votre ignorance crasse du catholicisme, l’ouvrage majeur du futur Benoît XVI:
    Joseph Ratzinger, La foi chrétienne hier at aujourd’hui

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    • theotimedesavoie, oui mais il y a quand même l’article 1er de la Constitution qui fait de la France une république laïque ne reconnaissant aucune distinction d’origine, de race et de religion. Je veux bien retourner au catéchisme et vous en 6ème en classe d’instruction civique!
      MT

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    • annick danjou dit :

      « La religion est personnelle. Et puis, peu importe la croyance d’un candidat, la seule chose qui doit compter, dans une République démocratique, c’est l’orientation politique qu’il donne, la ligne qu’il entend faire suivre au pays »

      Tout à fait d’accord avec vous Maxime. La religion doit rester personnelle et on n’a pas besoin ni de retourner au catéchisme ni de lire tous les ouvrages que theotimedesavoie nous propose pour pouvoir affirmer cela. On peut être non croyant et non pratiquant sans pour autant être ennemi de l’église. Personnellement je suis athée et j’estime qu’on n’a pas à me considérer moins bien que les autres pour cela. Dites moi theotimedesavoie vous n’allez pas nous brûler sur un bûcher pour ne pas penser comme vous j’espère? car là dans votre commentaire je ressens quand même un relent d’intégrisme.

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    • Je ne reconnais pas cette république maçonne qui se saoule du sang des enfants de France depuis 1793!
      Mais je reconnais et même établis des distinctions entre les races, entre les personnes et entre les religions! Cet universalisme abstrait des lumières (pas de majuscule pour moi) est une pure abstraction diabolique qui donna naissance à tous les totalitarismes.

      La France des Lumières, la république française, Mère abominable de tous les totalitarismes, de toutes les folies tentant de construire l’Homme avec un grand H, utopie qui n’existe et n’existera jamais mais débouchera toujours sur des crimes de masse.

      Je hais la république!

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    • Colibri dit :

      theotimedesavoie, la haine vous ne la trouverez pas chez Benoît XVI ni chez Jean Paul II d’ailleurs non plus. Je pense qu’elle n’est pas bonne en soi. Malheureusement elle n’a pas de couleur politique ni religieuse et même les meilleurs d’entre nous y succombent souvent. 🙂
      Annick Danjou, Maxime Tandonnet, la laïcité à mon avis fait fausse route quand elle se veut négation du fait religieux. Je vous invite à jeter un oeil sur le lien suivant:

      Dans l’impasse idéologique : Quand la gauche intellectuelle ne veut pas voir la religion


      Je pense que l’analyse faite dans cet article dépasse le cadre de la gauche. Il y a à droite aussi des personnes qui nient le fait religieux.

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    • Colibri, il me semble qu’il n’est pas question de nier le fait religieux, mais comme dit le Christ, de rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César.
      MT

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    • annick danjou dit :

      Colibri, j’ai dit: « On peut être non croyant et non pratiquant sans pour autant être ennemi de l’église » ce qui veut bien dire que la religion a sa place évidemment mais ne doit pas se mêler à la politique. Contrairement à theotimedesavoie je pense que c’est ce mélange et l’importance actuelle de la religion dans tous les pans de la société qui entraînent les conflits et la haine qui s’installe dans notre pays. Pourquoi considérer que la religion, même catholique qui fait partie de notre culture, devrait accompagner les décisions ou les actes politiques? La religion est personnelle et si nous en sommes arrivés là, c’est bien à cause d’une religion qui s’impose dans notre vie quotidienne et qui personnellement m’indispose par ce qu’elle engendre et représente. Lorsque j’étais jeune, nous n’avions pas ces conflits, nous n’y pensions même pas, à l’école nous étions tous mélangés et personne ne parlait religion, je serai incapable de dire si mes amies de l’époque, au lycée, à la fac étaient catholiques, juifs, musulmans ou athées, ce n’était pas le sujet et c’était parfait. Notre vie était plus sereine.

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    • C’est très beau ce que vous écrivez, Annick Danjou! Je le mettrais bien en page d’accueil à l’occasion si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
      MT

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    • Colibri dit :

      Annick Danjou, Maxime Tandonnet, je vais me faire un peu lourd et insistant. Je ne partage pas le point de vue que le fait religieux doit rester du domaine de la vie personnelle. A ce compte là pourquoi la politique ne resterait-elle pas du domaine de la vie personnelle? L’athéisme? La franc maçonnerie? Le sport? La musique? etc…etc… Je pense que la laïcité c’est organiser et codifier l’existence publique des religions et éviter si possible les débordements mais certainement pas les rendre responsables de tout ce qui ne va pas aujourd’hui. Nous vivons un monde sans foi ni loi et c’est sans doute ce qui pousse des millions de personnes à rejoindre des mouvances religieuses. Nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas dans la société de consommation. Elle ne leur apporte pas le bonheur et nombreux sont celles et ceux qui cherchent ailleurs à combler un vide intérieur que le culte du corps, de l’épanouissement personnel, de la consommation à tout crin ne comble pas. Un dernier point enfin, comme un train peut en cacher un autre, la religion de l’argent se cache derrière l’affirmation que ce sont les religions qui provoquent les guerres et les conflits en cours. C’est mon point de vue mais j’accepte bien entendu que vous ne le partagiez pas du tout.

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    • annick danjou dit :

      aucun inconvénient, Maxime, si vous le pensez

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    • Vu du Mont dit :

      La Bible est le livre par essence, déjà il exprime bien comment nous pouvons nous comporter au quotidien et vivre la foi car c’est bien de cela dont il s’agit avant toute chose.

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    • annick danjou dit :

      « Ce sont les religions qui provoquent les guerres et les conflits en cours », Colibri aussi loin que nous pouvons chercher, je pense que en effet ce sont le plus souvent les religions qui ont amené les conflits et qui continuent à le faire. Bien sûr il faudrait pouvoir débattre ce ce problème mais on aura du mal à me faire entendre le contraire et si chacun est libre de penser, de croire et de pratiquer sa religion, c’est son choix, mais penser également qu’il faille croire pour être bon, je ne suis absolument pas d’accord. Beaucoup de personnes athées que je connais ne s’engagent pas chez daesh et ils font le bien comme les autres. La Bible n’est pas le seul livre qui nous pousse à bien agir. Il y a sur terre des gens bons, des gens mauvais, des faibles et des forts.
      Quant à la politique elle s’adresse à tous les citoyens d’un même pays sans différence, rien à voir à mon sens avec la religion.

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  5. hugues dit :

    Soit, Le Pen, Fillon et le dégagisme de Mélenchon ont bien sûr contribué à la défaite de la droite.

    Mais plus fondamentalement, Edouard Husson donne les vraies raisons de la défaite de la droite. Un extrait ci-dessous de son interview:

    En France, la grande faiblesse des « conservateurs », c’est qu’ils restent dans le discours défensif. Ils sont soit dans la nostalgie d’une France disparue soit dans la dénonciation de tous les ennemis qui assiègent la nation. En fait, ce ne sont pas de vrais « conservateurs » au sens qu’a ce mot dans la tradition politique britannique. Le conservatisme politique n’a pas pour but premier de conserver mais de transmettre. Il s’agit de maintenir bien vivant le patrimoine de la nation et même, de le moderniser. Depuis trente ans, la famille Le Pen dénonce les ennemis de la nation, les forces qui menacent d’en détruire la substance mais ni le père ni la fille n’ont vraiment développé l’image d’une France positive, modernisée, reprenant l’initiative. La droite dite de gouvernement, elle, quand elle présente une face conservatrice, se concentre sur quelques valeurs « bourgeoises » et ‘familiales » mais elle exalte rarement la créativité du pays – Fillon; quand elle ne veut pas rester sur la défensive, cette même droite est prête à jeter par-dessus bord le passé pour participer à la modernité – Juppé. Le seul qui a réussi, ces dernières décennies, à formuler un authentique conservatisme à la française, c’est Charles de Gaulle, le Disraeli français. Mais remarquez comme il est capable de faire vivre le passé d’une part; et de donner un contenu moderne à cette France dont il exalte l’histoire millénaire, d’autre part. Chez de Gaulle, on identifie une troisième dimension du conservatisme: l’acceptation du monde tel qu’il est. De Gaulle ne rejette ni la société industrielle ni l’existence du bloc soviétique: il se demande comment la France pourra continuer à exister, à grandir, dans un monde façonné par ces manifestations de la modernité. Il passe un compromis avec elle afin d’en contenir l’expansion et de disposer d’un espace où peut se déployer « sa » France. 

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    • hugues c’est une grosse faute de qualifier de Gaulle de conservateur, sa politique de modernisation de la France, sur les plans militaire, industriel économique, et social (la participation), n’avait rien de conservateur, pas plus que l’appel du 18 juin 1940 qui fut un geste profondément audacieux et rebelle.

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    • Jean-louis Michelet dit :

      Et le droit de vote des femmes ….qui n’ont jamais été ingrates à son égard dans le cadre de beaucoup d’élections.

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  6. Tarride dit :

    Cher Monsieur Tandonnet

    Votre analyse est justifiée et cohérente. le peuple Français a, de fait, été privé d’élection présidentielle c’est à dire d’élection tout court puisque depuis l’instauration du quinquennat, il n’y a plus d’élections législatives en France.
    J’ajouterai un élément à ceux que vous détaillez : Depuis 2002 nombre de citoyens sont trompés par une idée fausse selon laquelle le Front National serait aux portes du pouvoir. Le Front National ne peut en aucun cas gagner une Présidentielle. J’en parle à mon aise puisque je fais partie de cette majorité de Français qui ne votera jamais FN quelles que soient les circonstances. Si Marine Le Pen n’avait pas totalement manqué son débat elle aurait frôlé ou atteint les 40 % ce qui n’eût rien changé. De toute manière, la presse et la télévision auraient, le lendemain du débat, souligné à quel point elle avait été ridicule, excessive ou timorée, en tous cas ou insuffisante quoi qu’elle ait pu dire ou faire.

    Le vote, donc, est influencé par cette idée fausse mais essentielle, faire barrage au FN ou, à défaut, faire barrage au candidat de 2 ème tour dont on peut être certain qu’il n’emmènera pas une partie du FN dans ses bagages. C’est en cela d’ailleurs que la « ligne Buisson » en 2012 garantissait à Nicolas Sarkozy une remontée, mais une remontée insuffisante.

    Quoi qu’il arrive, et tant que le bloc conservateur sera fracturé à savoir qu’une moitié ou trois quarts de ses électeurs selon les années voteront FN la défaite finale est assurée. C’est le piège de Mitterrand qui ne fonctionne à plein que vingt ans après. Les conservateurs ne doivent en aucun cas négocier quoi que ce soit avec l’appareil du Front National. Ils doivent écouter ce que les électeurs du Front National leur disent et répondre de manière argumentée plutôt que par le mépris.

    Un autre élément doit être pris en compte. Si l’extrême Gauche renait aujourd’hui, c’est aussi parce que des citoyens ont quelque chose à dire. Ceux là aussi il faut savoir leur parler sans mépris.Il faut même réfléchir à une modification de certaines de nos propositions, trop axées sur une rigueur que nous n’arrivons d’ailleurs pas plus que la Gauche à assurer.

    Enfin et peut-être surtout, les campagnes électorales françaises sont hantées par un fantôme, l’ Europe supranationale. je suis pour ma part convaincu que refuser clairement cette perspective nous ramènerait un grand nombre de citoyens qui votent aujourd’hui FN ou France Insoumise ou encore ne votent pas du tout.

    A nous de savoir enfin nous atteler à rechercher une forme d’organisation Européenne qui ne nous contraigne pas à renoncer sans retour à de plus en plus d’éléments de souveraineté. Nous avons quelques mois, pas plus je le crains, pour réfléchir à ce sujet capital.

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  7. M.H. dit :

    Les causes qui pour moi ont participé dans le passé (et qui participent et participeront encore) à la déroute de la droite :
    1) Le pouvoir des médias contre la droite
    2) Le pouvoir de la justice contre la droite
    3) La soumission d’une partie de la droite à la doxa de gauche
    4) La naïveté de la droite face aux manœuvres de la gauche et de ses amis

    Mais tout cela est déjà tellement ancien ! Depuis de Gaulle la droite n’a quasiment jamais réussi à contrecarrer la domination et l’influence exercées par les « pouvoirs » de gauche. Pire, elle a souvent participé au renforcement de celles-ci. La droite a abandonné petit à petit au FN une partie de son identité. Ses calculs électoraux, les prétextes de « rassemblement » ont camouflé sa soumission à la pensée unique mise en scène par la gauche et ses amis mondialistes. Quand on fait le bilan des dernières décennies on doit admettre avec une certaine admiration la réussite de ces pouvoirs unis contre la droite.

    N.Sarkozy est le seul qui a essayé de s’extraire du chemin balisé par les pouvoirs de gauche et qui a réussi pendant un court laps de temps grâce à son charisme à faire espérer un changement. Mais il a lamentablement échoué dans l’exercice du pouvoir par manque de conviction, de courage et aussi il faut bien le dire par manque de chance (la crise). Mais aussi et avant tout les pouvoirs contre la droite étaient et sont toujours à la manœuvre !

    Pour F. Fillon le système mise en place par ces pouvoirs pour empêcher la droite à accéder au pouvoir a réussi au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer. Quelle naïveté des uns et quelles bassesses des autres LR !
    Rares sont ceux qui à droite peuvent encore incarner un espoir, inspirer confiance à l’électeur de droite. B. Retailleau et C. Jacob en font partie. J’espère qu’ils participeront activement à la refondation d’une véritable droite lucide et combative.

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  8. Vu du Mont dit :

    Autrefois, la droite présentait aux électeurs l’épouvantail communisme allié aux socialistes pour faire gagner la droite. Mitterrand, le revanchard, a mis dans les pattes de la droite, le FN et depuis la lutte est âpre lors des élections, puisque le FN monte dans les esprits mal éclairés et sert à même jeu. Et qui aura le FN devant lui pour une échéance électorale importante est certain de l’emporter. L’affaire Fillon a fourni l’argument moralisateur de l’insincérité. Tout était rassemblé et organisé pour battre la droite et dont on ne voulait pas l’exposition des idées et du programme, puisque ces derniers contenaient les éléments qui permettaient le gain de l’élection. Fillon a opposé le mot chrétien sans qu’il ne l’est expliqué (altérité, bienveillance, fraternité… ) et comme nous sommes dans une société qui veut nier la chrétienté voilà qui était bienvenu. Donc tout c’est joué sur du passionnel, de l’émotion et non sur la raison (quel programme est bon pour nous tous).
    Aujourd’hui les structures sont cassées, le travail de renaissance va se faire car les idéaux et les valeurs restent toujours valables. La reconquête prendra du temps car mettre à plat les fondamentaux et la manière de se conduire demande du temps aux esprits. Ce n’est guère facile de se remettre en cause, tous les hommes savent cela. Et il sera nécessaire de trouver les leaders capables d’incarner cette nouvelle donne, puis le leader capable d’en être le représentant digne.
    Le changement opéré conduit à une société liquide dont la vocation est le consumérisme à outrance dans lequel vont s’effacer les références qui permettaient de vivre en commun et d’avoir du respect pour les autres.
    C’est l’homme et son essence qui doivent donner la direction et non pas un libéralisme ouvert à tous les vents et qui désunit au lieu de rassembler.
    Les valeurs portées par la droite traditionnellement devraient permettre de recadrer l’exercice de cet homme dans la société, pour et avec la société. Nous sommes une part de la société qui est à notre service comme chacun doit être au service de cette société.
    Il n’est plus temps de pleurer sur ce qui s’est passé, mais revenir sur les fondamentaux et travailler au bien commun, en expliquant les valeurs, leurs origines et leurs fruits, Voilà qui doit servir de base de travail à la renaissance. Mais l’interrogation doit être large sans mettre de côté des points d’humanité et de la capacité de construire une société éclairée et diverse.
    Le gouvernement actuel est constitué de techniciens, il se conduira en technicien, d’où le projet de liquéfaction ; la technique ne répond pas au sens de la vie; la technique est un moyen mais pas un but. La politique n’est pas l’affaire des experts, elle est l’affaire d’hommes doués d’émotions et de raison, doués d’un discernement bienveillant et constructif.
    A nous de reconstruire la droite humaine, pour le meilleur, dans une société ouverte à l’économie de marché mais pas au libéralisme.
    Le travail commence maintenant dans les partis structurés ou en devenir.

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  9. Colibri dit :

    Je ne devrais pas juger François Fillon et faire de commentaire sur lui. Il a exercé des responsabilités que je suis incapable d’exercer. C’est probablement un homme de valeurs et de convictions. Ce qui m’a retenu de voter pour lui c’est le conflit entre lui et Jean François Copé pour la direction du Parti. Ce qui m’a mis mal à l’aise c’est après sa victoire aux primaires de la droite lorsqu’il a dit « J’ai envie de casser la baraque, de renverser la table ». Et enfin ce qui m’a le plus dérouté c’est lorsqu’il n’a cessé d’affirmer qu’il y avait un vote caché en France et qu’au final il serait élu président. Dans ma vie de tous les jours autour de moi je ne percevais pas le vote caché en sa faveur. Bien au contraire. Comment peut-on s’aveugler ainsi à ce point?

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  10. Frederic_N dit :

    Bonjour Maxime

    J’observe depuis un certain temps une radicalisation de votre discours qui me laisse très interrogateur. D’abord parce que j’ai quelques heures de vol de plus que vous et la critique du « pouvoir personnel »,- à prononcer avec l’accent de Duclos et de Mitterrand – excusez moi, mais j’ai déjà largement donné : je vous rappelle que c’est sur ce thème là que la gauche s’est reconstruite dans les années 60 . Et à l’époque c’était contre de Gaulle. Vous vous « tirez  » de cette critique en essentialisant l’opposition de style entre De Gaulle et Macron, là où – la plupart des observateurs – voient au contraire des similitudes. Tout le mal viendrait de la présidentialisation du régime prétendument contraire à l’esprit des institutions…

    C’est léger comme explication, et cela vous entraîne à prendre des positions irréalistes, à aller de plus en plus loin. Ainsi maintenant, à vous entendre, il ne s’est rien passé aux élections : ce que vous décrivez, ce sont des électeurs manipulés , avec le coup classique qui consiste à ranger l’abstention dans votre camp . Et là il ne faut surtout pas vous suivre. Certes il y a eu coup d’Etat des médias contre Fillon, mais les médias ne peuvent pas tout : au-delà du cas Fillon il y a une véritable évolution de l’électorat – les abstentionnistes étant comme très souvent de facto à l’image des votants . On peut la résumer par ce terme « efficacité »., Marine en sait quelque chose. Ce n’est pas seulement la « tronche » des anciens dirigeants qui ne revenait plus aux électeurs. Mais leur impuissance. Partant de là,; il est logique que dans la Vème république on ait fait confiance à quelqu’un qui s’est donné les moyens de gouverner . C’est cela que vous ne voyez pas : la cohérence du comportement politique de Macron qui a réussi à nettoyer sa route de tous les contrepouvoirs possibles qui étaient autant de prétextes à l’inaction . Un exemple ?

    1. il n’ya eu qu’un seul invité au séminaire gouvernemental , la cour des comptes. Et l’on a mis en scène la nécessité de l’équilibre budgétaire . Voilà une communication bien utilisée
    2. la première mesure a été le gel des traitements de fonctionnaires avec le rétablissement d’un jour de carence.
    Evidemment c’est technique. Mais cela signifie qu’au lieu de céder comme d’habitude au premier lobby de France, le pouvoir utilise sa « réserve d’autorité  » à des mesures désagréables mais efficaces.
    On pourrait parler d’ailleurs aussi bien des Francs Maçons ( comme j’ai navigué dans les grandes entreprises publiques, je sais un peu de quoi je parle) .:
    Voilà des exemples que la presse ne commentera pas , car elle n’y a aucun intérêt. Malheureusement vous non plus parce que vous avez décrété que le premier ministre n’avait pas de pouvoir . Ce n’est pour le moment pas le cas. Et c’est pour cela que les français ont voté

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    • FredN, « Macron a réussi à nettoyer sa route de tous les contrepouvoirs possibles qui étaient autant de prétextes à l’inaction ». Je pense que vous êtes totalement à côté de la plaque et que, par delà votre éblouissement, vous n’avez pas la moindre idée, même la plus infime, de ce qu’est la réalité de la vie publique.
      MT

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  11. drazig dit :

    Tout ce « discours » est bel et bon.Mais je vois avant tout une représentante du mouvement Cinque Stelle élue maire de Rome, l’Angleterre sortir de l’Union Européenne, Donald Trump élu président des Etats-Unis, le FPO autrichien manquer de peu l’élection à la présidence de la République, l’AfD ne cesser de progresser en Allemagne, Victor Orban s’imposer au sein du groupe de Visegrad, Matteo Renzi abandonner la présidence du conseil en Italie, et en France, Hollande, Valls, Juppé, et Sarkozy, éliminés de la course à la présidentielle, tandis que Marine Le Pen réunissait le tiers des suffrages face à un phénomène Macron porté par l’illusion de la nouveauté: une véritable internationale populiste se met en place.
    Pour la France, relisez l’Histoire de France de Bainville: « Le peuple français est un composé, c’est mieux qu’une race, c’est une nation ». Les politiques n’ont qu’une mission: la construire et reconstruire (la tâche est rude en ces temps-ci).

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  12. Cyril45 dit :

     » le « je suis chrétien » maladroit dans une République qui ne reconnaît aucune distinction d’origine ni de religion. Je pense que in fine, cela l’a desservi.  »
    Peut-être, mais cela reste à démontrer. Mais à côté de cela, les mêmes médias qui ont tout fait pour éliminer F. Fillon qui aurait pu se qualifier (il a fallu peu de choses à commencer par un vrai soutien de sa famille politique), les mêmes médias dis-je se sont enthousiasmés pour l’élection du maire de Londres. Pensez donc, un musulman premier magistrat d’une des plus grandes villes d’Europe ! Même si cela s’est passé dans un pays voisin. Je crois que leur plaisir aurait été aussi bien exprimé, virant même à l’extase, si cela s’était produit en France.

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    • Cyril, oui, mais je pense que le chrétiens ne doivent pas entrer dans ce jeu là, et laisser la religion le plus possible hors de la politique, « rends à Dieu ce qui est à Dieu et à César, et. »
      MT

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  13. Sganarelle dit :

    Il me semble que la principale raison d’être d’un président de la république est de réunir tous les Français et de les représenter tant à l’extérieur du pays que dans les campagnes et dans les villes. Or depuis plusieurs mandats successifs la France profonde et celle des bobos citadins , celle des gens qui sont quelque chose et celle de « ceux qui ne sont rien  » ne se sent nullement représentée et comprise par un chef de l’Etat qui ne fait rien pour les réunir ni s’en rapprocher.

    Monsieur Fillon représentait la classe bourgeoise provinciale et conservatrice de confession catholique auto proclamée ce qui dans un pays laïc est comme vous le dites monsieur Tandonnet une erreur majeure . Si vous ajoutez un programme de rigueur qui en décourageait plus d’un , ses erreurs de tactique et son caractère peu communicatif et secret qui lui apportait plus d’ennemis que d’amis, il avait peu de chances d’affirmer sa position favorablement dès la premiere attaque.
    Que la droite se trouve divisé cela n’a rien d’étonnant , elle est aussi diversifiée que la gauche mais ce n’est pas le tempérament individualiste français qui en est la seule cause . L’amour de la discussion fait naître les controverses et nous adorons ratiociner … L’important est qu’il faudrait un président qui rassemble , or il n’en est rien . De par son aspect ses attitudes son bagage intellectuel pas assez mature pour faire place à l’humilité ( il surjoue .. en fait trop, manque de naturel ) le jeune monarque anxieux qui se ronge les ongles en secret n’a pas la tâche facile en grande partie parce qu’ il a été propulsé au pouvoir sans avoir l’expérience du vieux renard de la politique et la psychologie du sage et quoiqu’on en dise malgré l’euphorie de la nouveauté la politique est un métier et un dur métier.
    Souhaitons qu’il l’apprenne vite .. et sans trop de mal.

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  14. Timéli dit :

    Je pense que la raison du succès de Macron est facile à comprendre : il a tout simplement dit aux Français (du moins, 43%) ce qu’ils voulaient voulaient entendre. Il a parfaitement compris que les Français étaient comme les lapins : on les « attrape » par les oreilles, il suffit de savoir leur parler…

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    • Timéli, oui, c’est son grand talent, avoir su incarner le renouveau aux yeux des Français avec il faut le dire une phénoménale mobilisation en sa faveur des médias.
      MT

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  15. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    Il est tout de même curieux qu’en analyste politique expérimenté, vous posiez que le camp conservateur « a perdu en raison de la puissance électorale du FN », sans jamais vous questionner, et encore moins aborder les solutions possibles, pour remédier à cet état de fait qui va s’aggravant d’élection en élection, depuis plus de trente ans, jusqu’à voir aujourd’hui ce camp, majoritaire selon vous, n’être plus représenté que par un groupe croupion, à l’AN ?

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    • Mildred, oui, c’est ce que j’essaye de faire tout le temps en répétant que la politique devrait se recentrer sur le monde des réalités, le gouvernement des hommes et des choses en faveur du bien commun, plutôt que les satisfactions mégalomaniaques d’une poignée de semi déments.
      MT

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