Les véritables scénarios de 2017

sans-titreLe monde médiatique ne voit de l’année politique 2017 que l’écume des choses. L’attention se polarise sur la seule élection présidentielle. En effet, il est infiniment plus attractif de limiter la vie électorale à une bataille de quelques personnages. Le sensationnel, l’émotionnel, le romanesque dominent ainsi les esprits. Or, cette présentation, quasi généralisée, est largement trompeuse. En 2017 se tiendront deux élections: présidentielles et législatives. Le chef de l’Etat ne dispose pas ou peu de pouvoirs propres. Il ne peut décider et agir qu’avec l’appui d’une majorité parlementaire qui vote les lois et contrôle le gouvernement, pouvant renverser le Premier ministre et les ministres. Dès lors, on ne peut avoir de vision de l’avenir qu’en combinant les résultats des deux élections. Au stade actuel, 5 scénarios sont envisageables:

  • Une victoire de François Fillon suivi d’un succès des Républicains aux législatives: tel est l’unique scénario qui assure pour les cinq ans à venir la possibilité d’un gouvernement effectif de la France et la poursuite du système de majorité présidentielle qui domine les institutions depuis les années 1960. (Chances: 40%)
  • Une victoire de M. Macron aux présidentielles. Dès lors que celui-ci, situé au centre gauche, n’émane pas d’une force politique particulière, il est improbable qu’il puisse disposer d’une majorité stable. Il serait plus ou moins soutenu par une coalition instable centre-gauche/centre droite, sous les feux de la gauche et de la droite: après un bref état de grâce, une période d’instabilité politique s’ouvrirait renvoyant aux époques troubles de la IIIe et de la IVe Républiques. (Chances: 20%)
  • Une victoire de Mme Le Pen aux présidentielles, serait suivie d’élections législatives sans doutes marquées par des désistements droite/gauche puis une situation où le chef de l’Etat se verrait dépourvu de toute majorité et de toute possibilité de soutien parlementaire: d’où une paralysie totale, aucune réforme envisageable, impossibilité absolue de nommer un Premier ministre et de gouverner (y compris par référendum, supposant une proposition du Premier ministre). On peut imaginer soit une marginalisation radicale de l’institution présidentielle, soit un séisme politique, une crise majeure de six à douze mois, provoquant un blocage du pays, et s’achevant par de nouvelles élections. (Chances 15%)
  • Une victoire surprise d’un candidat socialiste à la suite d’une campagne éclair d’une puissance exceptionnelle (M. Valls, M. Montebourg, M. Hamon), marquée par un retournement spectaculaire de l’opinion. Une telle victoire à l’arraché, avec un score très faible au premier tour, à la faveur d’une deuxième tour face à Mme Le Pen, ne permettrait sans doute pas d’obtenir une majorité aux législatives tant le rejet du pouvoir socialiste est fort dans l’opinion. Dès lors, on entrerait dans une cohabitation conflictuelle entre un chef de l’Etat de gauche et une majorité de droite du type 1986-1988, ou 1993-1995. Mais le président ne serait pas Mitterrand – avec ses défauts mais aussi sa finesse politique. Au regard du niveau intellectuel des candidats socialistes tel que nous le constatons, il faut s’attendre au pire. (Chances 15%)
  • Autre: à ce stade, moins de 4 mois avant le scrutins, la percée d’un autre candidat, par exemple une surprise venue de la société civile aux présidentielles semble improbable mais ne peut être exclue dans le climat actuel d’exaspération  de la population. (Chances 10%).

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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57 commentaires pour Les véritables scénarios de 2017

  1. Georges dit :

    Les événements extérieurs et donc fatalement ,intérieurs ,nous rattraperons .

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  2. PG93 dit :

    François Fillon est la cible des médias et de tous les conservatismes.
    Incontestablement, il n’est pas un bateleur d’estrade comme se plaît à l’être le candidat d’En Marche, ni un dilettante congénital du genre de l’actuel président. Tout montre qu’il travaille, qu’il se prépare activement à mener une campagne, certes assez courte, mais néanmoins épuisante et non dépourvue de risques.
    Je doute fort que le candidat du PS (Montebourg ? Hamon ?) ira au-delà du 1er tour de l’élection présidentielle. Qui sera présent au second tour ? Fillon, très vraisemblablement… Le Pen, sans doute… Macron, peut-être… Comment imaginer qu’un candidat sérieux et bien préparé ne parviendra pas à démontrer la vacuité des programmes de ces deux bonimenteurs ?
    Certains craignent (sincèrement ? on peut s’interroger…) qu’en annonçant clairement ce qu’il fera, que François Fillon ne reçoive pas l’onction du suffrage populaire. Ils ont tort. La seule façon de vaincre les lobbies conservateurs, c’est d’obtenir un mandat populaire qui s’impose à tous. Et compte tenu de l’état du pays, ce n’est plus l’heure d’hésiter…

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    • PG93, il faut compter avec la versatilité et la volatilité du corps électoral!
      MT

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    • peine perdue dit :

      Mais…je ne comprends pas.

      Comment Fillon pourrait-il être la cible de lobbies conservateurs, puisqu’il se présente lui-même…comme le candidat conservateur ?

      Nous aurait-il menti ? Son programme serait-il incohérent ?

      Merci de nous éclairer, ô vous qui savez ce qui est bon pour le pays.

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  3. Vélo dit :

    Pourquoi omettre Mélenchon ? La dynamique qu’il insuffle en ce moment est exceptionnelle. 200 000 soutiens sur son site, 160 000 abonnées sur youtube, des millions de visionnages… Et surtout un % dans les sondages bien supérieur à ce qu’il a fait en 2012. Alors, pourquoi ne pas le citer ? Vous admettez qu’un candidat socialiste puisse gagner la présidentielle, donc je ne vois pas pourquoi l’hypothèse Mélenchon ne serait pas tout aussi crédible…

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  4. colibri dit :

    J’ai parfaitement conscience bien entendu que nous ne vivons pas dans un monde de bisounours et que tout le monde il est pas beau et gentil. L’affrontement peut avoir du positif qu’il soit sportif, économique, politique, amoureux etc… etc… Pourtant je ne peux pas m’empêcher de penser que nous sommes trop dans la détestation les uns des autres. La gauche vomit la droite, la droite vomit la gauche et à l’intérieur de chaque camp c’est pas génial non plus. Nous ne sommes pas satisfaits de nos politiques mais est-ce que nous nous engageons à leur place? Est-ce que nous ne leur laissons pas trop de place? Nous ne sommes pas satisfaits de nos médias mais rien ne nous empêche de nous regrouper pour faire de nouveaux médias. Le plus souvent ça ne va pas, rien ne nous convient et c’est la faute… à l’autre. J’ai trouvé ce matin une analyse de la situation présente que je partage en partie, c’est sur le lien suivant:
    http://media.blogs.la-croix.com/liquefaction-liquidation/2017/01/11/

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  5. Bernderoan dit :

    À mon humble avis, Marine Le Pen n’a pas la moindre chance de gagner cette élection présidentielle.
    Tant que la France aura l’euro comme monnaie, elle est condamnée à perdre.
    Pour le reste, tout est ouvert.

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    • Midred dit :

      Je dirais que paradoxalement cet argument pourrait inciter certains, qui hésitent encore à franchir le pas, à mettre un bulletin MLP dans l’urne dans l’idée de se faire plaisir sans prendre trop de risques !

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    • Françz dit :

      Je ne sais pas. Vous croyez qu’elle n’a vraiment aucune chance?
      C’était la même chose avec Trump, et quand je me suis réveillé le jour de son élection je me suis juré d’essayer d’arrêter de croire ce que le brouhaha générale qualifie d’impossible, d’invraisemblable, etc.
      Le temps joue en sa faveur, et ses positions sur l’UE et l’euro ne pourront pas être éternellement caricaturées (elle n’assimile pas l’UE à l’Europe comme aiment le répéter les analystes de matinale en matinale, ni n’est pour le retour au franc mais pour un euro monnaie commune avec des variables d’ajustement nationales (comme d’ailleurs NDA et Chevènement). Et puis les fractures… je ne les trouve pas si béantes que ça).
      En plus le FN n’est même pas (même plus?) un parti d’extrême-droite, c’est pour ça que les gens y vont. Être contre l’immigration et pour un retour à une certaine souveraineté n’a rien d’extrême, énormément de gens souhaitent cela, et ni LR (dont M.Fillon est membre jusqu’à nouvel ordre) ni le PS ni Macron n’y on fait quoi que soit.
      Malgré les contorsions de M.Dupont Aignan pour expliquer qu’il est très différent du FN, je ne voit honnêtement quasi aucune différence avec M.LePen, ce qui constitue une réserve de voies potentielle. Si Mélenchon n’est pas au second tour, qui dit qu’une partie de ses électeurs ne se rabattra pas sur MLP? Pareil si Fillon n’est pas au second tour, son électorat ne voterait pas forcément en nombre pour un candidat de gauche.
      Le plafond de verre finira par exploser, et peut-être plus tôt qu’on le pense.

      Peut-être que seul Fillon serait capable de la battre au second tour… Macron serait-il assuré de l’emporter au second tour face à elle? Et dans le cas Mélenchon (comme un commentateur l’évoque ci-dessus) vs MLP, ne l’emporterait-elle pas?

      Et les cartes seraient tellement rebattues avant les législatives que de nouvelles alliances verraient le jour (avec Debout la France, l’Aile souverainiste des Rep, etc).
      En tout cas cette hypothèse (dans le cas où MPL l’emporte) me semble être plus plausible qu’un blocage avec de nouvelles élections.
      D’accord cependant pour dire que l’Hypothèse Fillon reste la plus probable, la gauche étant très divisée.

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