Le baril de poudre

Ma dernière contribution au Figaro Vox, avant-hier, portait sur l’annonce de la décapitation et de la crucifixion d’Ali, un jeune chiite, arrêté en 2011 à la suite d’une manifestation en Arabie saoudite alors qu’il n’avait que 17 ans. Je ne sais pas si cette abomination a été commise, les médias ne donnent plus de nouvelles. Il faut dire que le royaume saoudien vient d’être frappé par une catastrophe, un mouvement de panique lors du pèlerinage de la Mecque qui a fait plus de 700 morts. Ces événements se présentent comme les signes d’un régime affaibli, au cœur d’une région en train de s’embraser. La fuite en avant dans une cruauté moyenâgeuse, comme une telle défaillance des dispositifs de sécurité se traduisant par un tel carnage, donnent l’image d’un Etat au bord du gouffre. Or, la stabilité de l’Arabie saoudite qui possède 1/5ème des ressources de pétrole de la planète, premier producteur (en moyenne) avec 12 millions de barils jours, est l’une des clés de la croissance mondiale, de la prospérité des pays occidentaux, du développement des nations les plus pauvres, et indirectement, de la paix internationale. Son effondrement serait un désastre aux conséquences incalculables. La France, l’Europe, le monde sont assis sur un baril de poudre. La classe politique française dans son ensemble, apparente, médiatisée, qui s’enivre en ce moment de petites phrases narcissiques et incantatoires, de communication, de coups, de provocations débiles et stériles, d’ambitions et de polémiques misérables, dans une surenchère démagogique,  tout à la surface médiatique et superficielle des choses, n’est clairement pas à la hauteur des enjeux et de la tragédie dont chacun perçoit le bruit des pas qui se rapprochent. Le jour où surviendra le séisme planétaire, les Français auront le sentiment d’être abandonnés dans un navire sans gouvernail.

Maxime TANDONNET