Sarkozy/Fillon, témoignage

fillon-sarko[1]François Fillon dans Valeurs actuelles de cette semaine, s’en prend explicitement à Nicolas Sarkozy « Aujourd’hui, je crois que je suis mieux placé que Nicolas Sarkozy pour l’emporter en 2017 ».  Quand j’étais conseiller à l’Elysée, de 2007 à 2011, j’ai été le témoin d’une bonne centaine de réunions d’une heure a une heure et demi, au fameux « salon vert », auxquelles assistaient le chef de l’Etat et le Premier ministre en présence des ministres concernés par l’ordre du jour. Je préparais les dossiers du président et en rédigeais les comptes-rendus. Jamais – j’en fais le serment solennel – jamais, je n’ai constaté le moindre désaccord, la moindre tension entre les deux hommes. Sarkozy parlait beaucoup, prenait des décisions. A chaque fois, il regardait son Premier ministre, peu prolixe, et lui demandait : « Si tu es d’accord, François, bien sûr… » Ce dernier pouvait parfois apporter des nuances bien sûr, ou des appels à la prudence (sur l’intervention en Libye par exemple). Un dialogue s’engageait alors. Il se terminait par un constat d’harmonie totale entre leurs positions. M. Fillon, pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, ferait mieux de critiquer le pouvoir socialiste et ses alliés objectifs, le monde médiatique et le fn, que son ex président avec lequel il a fonctionné pendant cinq ans en tandem. La déloyauté a quelque chose de profondément attristant sinon désespérant pour quelqu’un qui a vécu cette période de l’intérieur. Quant à savoir qui sera élu président en 2017, Fillon ou un autre, pourquoi pas, 65 millions de Français ont le droit d’en rêver, il me semble que cette question, posée aujourd’hui a quelque chose de misérable, méprisable. Plus généralement (au-delà de la personnalité de l’ancien Premier ministre), elle reflète l’effondrement du modèle démocratique français, de la politique en général, au profit de l’ivresse des ego. La présidence de la République souveraine et arbitre voulue par le général de Gaulle est totalement corrompue et trahie, transformée en hochet doré et scintillant pour gros bambins vaniteux. Ils le paieront un jour : l’Elysée sera rayée de la carte et nous reviendrons à un système politique classique où le Parlement, représentant de la Nation, délègue sa souveraineté à un chef de l’Exécutif responsable et sous contrôle. Gaulliste jusqu’au bout des doigts, j’en serais le premier malheureux. Ce sera la fin d’un  rêve, celui de la monarchie républicaine, de la grandeur. Mais la présidence de la République gaullienne est conçue pour les hommes d’Etat et non pour les politichien(ne)s.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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43 commentaires pour Sarkozy/Fillon, témoignage

  1. MICHAUD Alex dit :

    Mr de VILLEPIN n’avait pas retenu Mr FILLON lors de la constitution de son gouvernement. Mr FILLON en avait garder de la rancœur, en écrivant un livre à charge contre Mr CHIRAC, qui l’avait assuré de son maintien dans la nouvelle équipe à venir. Il s’était meme attribué le mérite des seules réformes courageuses du septennat chiraquien. Cet esprit revanchard l’a mené à rallier opportunément Mr SARKOZY, en pleine ascension à l’UMP.

    J’ai toujours estimé qu’il aurait du changer de PM à mi-mandat, suite aux échecs des régionales et des européennes, en 2010, comme il en fut question et pas spécialement pour Mr BORLOO, trop Centriste et velléitaire. Comme la venue du principal Chiraquien, Mr JUPPE, qui ne s’imposait surement pas. La Droite Populaire étant le courant majoritaire à l’UMP, à forçiori, avec la Droite Forte et la Droite Populaire, c’est de ses rangs que le Chef du Gouvernement aurait du venir, avec le label Sarkozyste en plus. Certainement, une occasion manquée, comme le fait de se retirer en 2012, au lieu de se faire réélire (dans un fauteuil) à Neuilly, afin de surveiller et tenir ses troupes pour 2017. C’est bien connu, les absents ont toujours torts, meme parmi les amis.

    Tout comme il aurait mieux fait de nommer au Conseil Constitutionnel, un ami comme Mr MADELIN, qui est avocat et avec lequel il avait mené la liste RPR-UDF aux Européennes de 1999 et qui a eu sa carrière brisée par Mr JUPPE en 1995. Au lieu de désigner des socialistes comme Mr CHARASSE, dans une institution qui lui était déjà hostile avec son Président, le très chiraquien: Mr Jean-Louis DEBRE, qui l’a montré lors de l’invalidation de ses comptes de campagne. L’Ouverture ne devant pas etre une fin en soi.

    Comme cette hérésie consistant à exiler Mr MILLON à Rome pour diriger l’UNESCO, alors que son courage et ses qualités sont beaucoup plus utiles à Paris. Le fondateur de La Droite n’a pas eu la carrière qu’il aurait du avoir, et c’est dommage pour le pays. C’est un vivier inexploité auquel aurait du penser Mr SARKOZY quand il fut élu en 2007. Les courtisans sont changeants et peu fiables sur la durée.

    – Charles MILLON. La tentation du conservatisme. BELFOND.
    – Hervé de CHARETTE. Ouragan sur la République. FIXOT.

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  2. Plume dit :

    Monsieur Tandonnet,
    L’émission ‘Entre les Lignes’, LCP : le journaliste de Marianne dit en substance : il n’y a pas preuves de la culpabilité de NS dans l’affaire Bettencourt, mais nous savons qu’il est coupable…
    Les journalistes, grands donneurs de leçons devant l’Eternel, sont aussi juges et leur verdict vaut vérité incontestable sous peine, si on leur porte la contradiction, d’être accusé de faire obstacle à la liberté d’expression et d’information.
    Les mêmes qui ont soutenu FH jusqu’à insulter NS, se posent tour à tour en critiques naïfs de FH ou essaient à force de mensonges, demi-vérités et militantisme qu’ils appellent ‘objectivité’ ou ‘impartialité’ de continuer à nous vendre la politique de la gauche au pouvoir.
    C’est là qu’on se dit que la blague de M. Longuet qui a outré le microcosme des journalistes est, en fait, hilarante et amplement méritée.

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  3. Hurluberlu dit :

    Bonsoir à tous.
    J’apprécie le témoignage de Maxime Tandonnet, et je suis d’accord avec l’analyse de Patrhaut. Les hommes sont ce qu’ils sont. Portés par un système sain, ils donneront le meilleur d’eux-mêmes au bénéfice de tous, mais plombés par un environnement dégradant, ils se laisseront aller à la démagogie, à la recherche de leur intérêt et à celui de leur clan, le tout au détriment de l’intérêt général.

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