La com et le réel

Les responsables politiques dans leur ensemble et les citoyens ne vivent plussans-titre dans le même monde, dans la même sphère. Cela explique le décalage croissant entre eux et le climat actuel de rejet de la politique. D’après un sondage CEFIPOF du 13 juin  87% des Français estiment que les hommes politiques ne se préoccupent pas des « gens comme eux », la politique inspire du dégoût à 31% des Français et à 36% de la méfiance. Les « grands politiques », je ne parle pas des élus de terrain, vivent pour l’essentiel dans la communication, le virtuel. Quel effet sur l’opinion, sur les rapports de force, sur l’image, aura tel ou tel mot ou formule? A cet égard le « pacte de responsabilité » annoncé par le M. Hollande est une trouvaille habile, il trouble les esprits, redistribue les cartes, frappe assez l’attention pour reléguer au second plan sa crise personnelle. Peu importe le sens: le chef d’un Etat qui cumule les déficits et 2000 milliards d’euros de dettes a-t-il vraiment des leçons de responsabilité à donner au monde de l’entreprise?  Le discours politique se construit sur des annonces (pour l’avenir) et non des décisions (à effet réel). L’opposition, prise au dépourvu, est contrainte de se recaler face à ce nouveau langage. Une baisse des charges annoncées pour 2017 restera sans doute  dans les limbes, peu importe, le président fait coup double: troubler l’opposition, sans inquiéter vraiment les idéologues socialistes. Pour les politiques, tout cela est bien normal. Ils vivent dans l’univers des mots, des tactiques et de polémiques. Or, les citoyens ne sont pas du tout dans cette optique. Eux vivent dans la réalité de leur pouvoir d’achat, des études de leurs enfants, de la violence quotidienne quand ils vivent dans les quartiers populaires,  du risque de perdre leur emploi. D’où une incompréhension totale, la montée de l’abstentionnisme, la défiance envers la démocratie et l’essor du vote protestataire ou extrémiste. Les deux mondes vont-ils continuer à diverger indéfiniment? Tout le laisse malheureusement penser…

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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16 commentaires pour La com et le réel

  1. Frederic_N dit :

    Bonjour Maxime
    On ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé dans cette conférence de presse,
    S’il ne s’était rien passé, Ayrault ne prendrait pas la peine de faire son numéro sur la finance, ni de reparler de « justice fiscale » comme il le fait : un numéro que les médias ont gentiment passé sous silence !
    Car nous sommes en démocratie, et en démocratie quoi qu’on pense les mots comptent , et ils comptent à gauche.
    Ils comptent par exemple parce que l’idée de restructurer l’Etat n’est plus taboue et que in concreto la structure du pouvoir de la gauche va se révéler
    On va voir par exemple les mandarins locaux freiner ( et sans doute réussir à bloquer ) la réforme des régions.
    Et les français feront le lien entre ces structures inutiles et le déficit de l’Etat : alors qu’avant c’était vague
    Les mots comptent parce que l’idéologie économique de gauche reste très forte dans les esprits. La preuve : marine le pen qui a viré à gauche justement !
    Or qu’on le veuille ou non, cette politique vient d’être un minimum décrédibilisée. Les gens sains diront : si même les dirigeants de la gauche y renoncent c’est qu’elle est mauvaise
    Quant à la gauche n’oublions pas la force de son refus du réel . Mais désormais à gauche on ne pourra plus se cacher que les tournants économiques à la Mitterrand sont la règle et non l’exception
    Et c’est la gauche de la gauche qui le paiera ! On la croira moins

    Qu’on ne dise pas , ce sont des effets d’annonce. D’une part 10 milliards ce n’est pas rien
    Mais surtout , il arrive ce que la gauche hollandaise voulait à tout prix éviter. Elle a désormais son sort lié à quelque chose de réel : la réussite économique du pays (ou plutôt son non effondrement)
    Que vous le vouliez ou non, quand on prend ce chemin, on est obligé d’aller chaque fois plus loin : on va par exemple bouffer sa cravate et renégocier avec Merkel .
    Et demain, quand la réalité des déficits va se manifester, je parie 5 contre 1 qu’on va reparler des intermittents du spectacle
    Alors bien sûr d’aucuns à droite semblent gênés. Mais ils ont bien tort .
    Car si la droite et la gauche sont d’accord sur une politique économique de droite – pensera le français moyen- alors il faut qu’elle soit menée par la droite. C’est plus cohérent
    amicalement

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  2. J’ajoute un point très important concernant la mentalité française actuelle, qui ne correspond pas aux génie du peuple français mais qui est né des dérives socialistes de l’assistanat et du sentiment de jalousie :

    en Suisse règne l’amour du travail bien fait dans une certaine forme d’humilité, le refus de se mettrre en avant, le respect indéfectible du patron ; en France, le travail n’est plus une priorité mais une souffrance et seule la grande gueule est respectée même si ses compétences sont nulles, le patron est un con et est jalousé car il s’en met forcément plein les poches sur le dos du travailleur….

    Ou, ce pays est foutu!

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  3. Etant de formation thomiste en philosophie, c’est-à-dire réaliste, je suis certain que le réel finit toujours par s’imposer aux idéalistes, malheureusemnt souvent brutalement, dans le sang et dans les larmes.

    Je ne crois plus qu’il soit possible de redresser le pays par des décisisons consensuelles, il est trop tard.

    Sarkozy avait encore un créneau. Malheureusement, il y eut la crise et les failles de sa personnalité et ce fut un échec.

    Le pays est au bord de l’abîme. Achetez Valeurs Actuelles de cette semaine si vous doutez encore du déclin de notre pays.

    Travaillant en Suisse depuis plusieurs années, je compare souvent nos deux pays et je note les points suivants qui me semblent importants :

    – unité nationale forte d’un pays multi-culturel contre divisions multiples d’un pays mono-culturel pour ne pas dire totalitaire
    – intégration forte de la jeunesse par l.armée et surtout l.apprentissage contre disparition de la conscription et mépris du travail manuel et plus généralement de l.entreprise
    -investissements réguliers dans l.outil industriel et dans le développement des territoires même les plus excentrés ou ruraux contre sous-investissement chronique à cause de la captation par l.Etat des richesses du pays, centralisation excessive, mépris des territoires marginaux, jacobinisme
    – préservation des identités locales fortes contre mépris du provincialisme
    – démocratie réelle et participative contre démocratie nominaliste, dérive oligarchique et mépris du peuple

    Nous n’avons que ce que nous méritons et tout cela vient de la Révolution français!

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  4. Duff dit :

    Bonsoir Maxime,

    Vous semblez minimiser la consternation des élus socialistes les plus idéologues, comprendre des communistes déguisés en socialistes, soit près de la moitié selon moi. Il ne faut pas se voiler la face tant la corrélation est troublante : Les élus socialistes de premier plan ont fait de bonnes études et carrière dans la fonction publique et sont généralement tous des enfants de Jacques Delors (social démocratie, européisme, progressistes lights) tandis que les second couteaux passés par des associations anti-racistes, le militantisme, le syndicalisme et qui n’ont jamais dépassé le stade de la licence en histoire ou en sociotruc, propulsés très jeunes au nom de la diversité plutôt que de la compétence dans l’immense galaxie de postes subalternes rémunérés qu’offre la politique, sont quasiment tous marxistes. Mais de peur de perdre leurs investitures, ils voteront à contre-cœur mais voteront… Des voix qui ont refusé de se soumettre tels des Philippe Seguin à droite ou des Jean-Pierre Chevènement à gauche sont rares et ce sont des hommes à l’envergure suffisante, raison pour laquelle Dupont-Aignan est inaudible au delà de la ville de Yerres…

    Pour conclure, l’inefficace action de Jean-François Copé à la tête de l’UMP s’explique évidemment par les risibles conditions de son élection ainsi que sa totale incapacité à promouvoir un changement de cap sérieux et crédible : Il n’a pas été ministre – de mémoire – entre 2002 et 2012. Qu’a-t-il dit et fait pour promouvoir cette forme de virginité? Supposons qu’Hollande réalise les grandes lignes de son discours de mardi soir, il va mettre l’UMP encore plus dans un corner et l’entraîner avec lui dans sa chute tant que l’UMP ne se démarquera pas et n’aura rien d’autre à lui dire que l’enfantine formule « chiche ».

    Donc soyons positifs : Si en 2014 l’abstention explose (j’ai écrit ici qu’à titre personnel, pour le moment, je n’ai pas envie de prendre part à cette mascarade politique déconnectée du réel et de l’ampleur des mesures à prendre) et que le FN n’apparaît pas comme la seule alternative possible alors il faudra simplement constater que l’offre politique est inadéquate et comme la nature a horreur du vide, la donne politique pourrait rapidement changer. L’UMP serait bien inspirée de retravailler son projet et dans la foulée de changer de président pour espérer trouver un nouvel élan.

    Cordialement

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  5. François dit :

    Je suis globalement en phase avec ce que vous écrivez, à quelques nuances près. Il importe peu de savoir si la conversion de notre président à l’économie de marché est sincère ou non (après tout, pourquoi pas !). Ce qui me semble important, c’est que sa majorité est elle loin d’être convaincue. J’attends toujours, à l’image du SPD, un Bad Godesberg du PS et de ses affiliés : pour faire court, l’abandon des chimères marxistes. S’il n’est pas suivi par ses propres troupes, les meilleures intentions du monde resteront lettres mortes et on en restera au stade du beau discours d’intentions.

    Ensuite, l’électorat socialiste restera-t-il l’arme au pied ? Ils avaient applaudi au discours du Bourget (« la finance est mon ennemie ») et on leur sert désormais un programme que même la droite n’a jamais osé (malheureusement) mettre en œuvre. François Hollande, l’homme qui s’est ridiculisé avec l’affaire Léonarda, fera-t-il preuve de courage à cette occasion ? Osera-t-il aller à contre-courant de sa propre famille politique ? Quelles contreparties va-t-il leur promettre pour faire passer cette potion plus qu’amère ?

    Enfin, les socialistes, dont le fonds de commerce est la fonction publique, vont-ils se tirer une balle dans le pied en se mettant à dos les fonctionnaires ? Le coût de ce « pacte de responsabilité » doit être compensé par des économies du budget de l’État. Mais rien n’a été dit sur les secteurs qui seront touchés en priorité (cf. ce que j’ai écrit supra sur le courage).

    Bref, on risque malheureusement de voir l’éléphant accoucher d’une souris. D’ailleurs, faut-il s’en étonner ? Une simplification administrative qui s’accompagne de 4 nouveaux comités Théodule et une assise électorale qui ira, au mieux, à reculons vers l’économie de marché me rendent dubitatif sur la capacité de notre président à conduire de telles réformes. Et tout cela sans même parler de nos élus locaux qui, face à ce qui annoncé sur la réforme territoriale et par peur de perdre leurs prébendes, ne vont pas tarder à ruer dans les brancards. Le maître mot, vous l’avez compris, est le courage et ce n’est pas parce qu’on collectionne les conquêtes féminines que l’on peut se prévaloir d’une mâle assurance…

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    • François, bien sûr, et toute cela relève du calcul politique, un bon mot pour attirer l’attention, diviser l’opposition, faire écran de fumée… Vous savez, je les connais, je les connais…
      MT

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  6. Annick Danjou dit :

    @koltchak91120 d’accord avec vous, le problème de l’opposition, c’est qu’elle est complètement absente, qu’elle se déchire et que l’ombre de N.Sarkozy flotte partout, dans tous les lieux où on entend où on voit les opposants, c’est plutôt déstabilisant. Il est comme un fantôme qui les poursuit jour et nuit, incroyable, non? On se demande si les chefs de file de l’UMP ne craignent pas sans cesse, dans leurs discours ou leurs engagements, de se faire sanctionner ou engueuler par Sarko. On réalise à quel point il a eu une emprise sur ses ministres et son gouvernement et c’est ce qui me fait dire que je ne voterai pas pour lui s’il se représente.

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  7. koufra dit :

    On arriverait peut être à créer une révolution en remontrant les émissions politiques de la campagne présidentielle et en montrant à quel point les journalistes sont … neutres. 🙂

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  8. Freddie dit :

    @Maxime, j’ajoute que les données seraient différentes si le Français moyen faisait l’effort de s’informer en dehors de la télé. On verrait moins les politiques se comporter comme des spécialistes du show-biz. Sur ce sujet, le dernier film de Tavernier avec Thierry Lhermitte, bien qu’un peu caricatural mais c’est normal puisque c’est une comédie de type boulevardier, était assez savoureux. J’entends trop de Français répéter comme argent comptant tout ce qu’ils entendent à la télé. Ils ont ensuite les politiciens qu’ils méritent.

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  9. Freddie dit :

    @Annick Dajou, à mon avis, les gens qui ont voté pour Hollande n’ont pas voté spécifiquement pour lui mais pour la gauche, et auraient voté pour n’importe qui d’intronisé par le parti. Les gens votent pour des familles politiques avant de voter pour des hommes (qu’ils ne connaissent pas, sauf dans le cas des municipales dans les petites villes). A part ça, je n’ai pas eu le courage de regarder son discours non plus. Je ne sais pas comment il peut y avoir des gens pour le trouver sympathique, mais il parait qu’il y en a. Il en faut pour tous les goûts !
    @Sceptique, si on force les gens à voter, cela ne risque de ne pas donner plus de voix aux candidats. Les indécis, indifférents ou protestataires voteront blanc !
    @Maxime, eh oui, c’est la télé qui fait les élections. Je pense qu’on arriverait à créer une vraie révolution en supprimant la télé.

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  10. koufra dit :

    Le discours présidentiel va à rebours complet de la politique menait depuis deux ans contre le bon sens…

    On peut donc légitimement se demander dans quelle mesure ils sont légitimes pour mener cette politique,… tout le monde a bien compris que la boite à outil sera restée dans le pacard car inutile et que la France aura perdu 2 années dans une situation de crise.

    Cette conférence de presse sera probablement suivi d’un changement de gouvernement.

    Mais ce retournement à contre sens de ce que défend le gouvernement depuis deux ans, n’est il pas imposé (même si c’est du bon sens…) par l’Europe?

    Si oui, ne serait on pas en passe d’être mis sous tutelle comme la Grèce ou l’Espagne?…

    on peut tirer sur l’elastique mais pas éternellement, la question est de savoir quand il va casser, et je pense que ça pourrait partir à n’importe quel moment,…

    la révolte en Tunisie est partie d’un incident banal. (la Tunisie y a t elle gagné, ou est elle mieux gérée maitenant… c’est une autre question). Un incident banal lors d’une manifestation risque fort d’aggréger les mécontenements.

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  11. koltchak91120 dit :

    Le problème avec l’opposition, c’est qu’elle semble toujours prise au dépourvu depuis la défaite de 2012. Sans parler de la guéguerre plus ou moins larvée entre Fillon et Copé, avec en guise de cerise sur le gâteau, la communication trouble de Nicolas Sarkozy qui annonce son retour sans l’annoncer vraiment, ce qui ne risque pas de stabiliser l’UMP.
    Par ailleurs, l’UMP n’a pas fait de véritable bilan sur les raisons de l’échec. De même, aucune véritable réflexion idéologique de fond n’a été conduite, ne serait-ce que pour renouer avec le logiciel de la droite française. Et je ne parle même pas de l’impasse sur un véritable programme réaliste.
    Partant de là, ils seront toujours à la ramasse.

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  12. Sceptique dit :

    Les absents ont toujours tort, et le pouvoir est réellement exercé par les soi-disants mal élus et indifférents sur leur petit nuage. Mais les « lobbies » qui veillent à leur mettre des bâtons dans les roues, sont, eux très présents, et très vigilants dans la défense de leurs intérêts. Dans l’affaire qui fait l’actualité, ce sont les lobbies syndicaux et gauchistes qui se lanceront à l’assaut des mesures prises pour redresser l’économie marchande. Le « bras de fer » se fera entre les politiques chargés de la mission de réussir ce projet, et eux.
    En cas d’échec de ce « tournant » réaliste, il ne restera plus à la majorité au pouvoir que le moyen employé immédiatement par les pays ibériques: diminuer de 20 à 25% les traitements et les retraites de la fonction publique.
    La question que personne n’ose poser, c’est celle de l’aptitude des français à la démocratie. Elle est faible. Mais leur aptitude à la dictature n’est pas meilleure. Il faudra réfléchir à rendre le vote obligatoire, et à simplifier son accessibilité….alors que pour le prochain scrutin municipal, des tracasseries et des motifs de nullité ont été ajoutés.

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  13. Annick Danjou dit :

    Maxime, je n’ai pas écouté Hollande, il ne m’intéresse pas. Déjà je ne l’aimais pas avant qu’il soit élu, c’était un personnage flou, incompétent, qui n’a jamais montrer de capacités réelles. Il a profité du système politique à tous les niveaux. Je n’ai pas encore compris que des français aient voté pour lui, je souhaite qu’il parte au plus vite et qu’on referme cette parenthèse, car pour moi c’est un imposteur et je suis triste et désolée d’avoir cette opinion de celui qui représente MON pays.

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