Eloge de la cohabitation

Bien sûr, la cohabitation entre un chef de l’Etat et un Premier Ministre s’appuyant sur une assemblée nationale d’un bord politique opposé n’est pas en temps ordinaire le mode de gouvernement idéal dans la mesure où elle risque  d’introduire un facteur de division au sommet de l’Etat.

Cependant, elle peut être souhaitable en certaines circonstances.

D’un point de vue historique tout d’abord, la cohabitation est un cas de figure classique dans notre pays et les exemples ne manquent pas : Louis Napoléon Bonaparte (1848-1952), puis Thiers (1871-1873), ont présidé le pays avec des chambres monarchistes méfiantes à leur égard ; Mac Mahon avec ses présidents du Conseil Jules Simon et Dufaure (1877-1879) ; Emile Loubet, républicain modéré avec Emile Combes, radical (1902-1904) ; Vincent Auriol, socialiste avec Antoine Pinay Indépendant en 1952 ; René Coty, Indépendant, avec Guy Mollet, socialiste en 1956 ; Mitterrand/Chirac en 1986-1986 ; Mitterrand/Balladur en 1993-1995 ; Chirac/Jospin en 1997-2002.

En France, la cohabitation n’a donc rien d’une anomalie.

Elle est logique sur le plan institutionnel, correspond d’ailleurs  à ce que pourrait être une « présidence normale ». Le chef de l’Etat incarne la République, il représente la France sur le plan international tandis que le Premier ministre gouverne le pays comme le prévoit l’article 20 de la Constitution. Dans un pays en crise profonde, économique, sociale, intellectuelle, elle peut avoir l’avantage d’exprimer une forme d’unité nationale. La droite et la gauche sont obligées de s’entendre sur l’essentiel, la règle du jeu. Il n’y a pas de perdant, aucun des deux camps n’est humilié par la défaite. Il faut impérativement que les deux têtes de l’exécutif s’accordent d’une manière ou d’une autre.

Les derniers développements politiques semblent créer une situation propice à ce type d’équilibre. Une majorité de Français a voulu changer de Président. A mes yeux, elle avait tort. Mais enfin, c’est fait. En revanche, sur les grandes questions politiques de cette période, l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, aucun engouement n’est perceptible envers les solutions proposées par le parti socialiste qui préconise des embauches supplémentaires de fonctionnaires, le droit de vote des étrangers, et un net recul sur la sécurité avec la suppression des peines plancher et de la rétention de sûreté.

Les Français n’ont pas non plus forcément envie de voir un seul parti, le PS, concentrer tous les pouvoirs : la Présidence, le Sénat, les mairies, les conseils généraux et régionaux, l’Assemble nationale, sans parler de la presse et des médias où il exerce un quasi monopole de fait.

Une cohabitation aurait enfin l’avantage de ne pas figer les choses pendant cinq ans. En cas d’échec d’une majorité, le Président pourrait dissoudre l’Assemblée au bout de deux ans et redonner la parole aux Français.

Voilà. Même si  les jeux semblent faits, je garde espoir que le bon sens des Français, leur caractère insoumis et leur goût de l’unité les pousseront à se donner une majorité parlementaire et donc un gouvernement de droite en juin 2012 pour appliquer une politique dans l’intérêt du pays et ne pas concéder les pleins pouvoirs à un seul parti.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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16 commentaires pour Eloge de la cohabitation

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  4. Willy dit :

    Bonjour Maxime,
    Si cohabitation il devait y avoir, j’espére que cela sera sans Coppé ni Jupé.

    Bien à vous

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  5. Anonyme dit :

    J’ai eu moi aussi cette pensée: pourquoi pas une cohabitation! Un tel scénario serait-il d’abord possible (même si cela me ferait bien rire). Comme l’affirme l’un des blogueurs de cette page, ne vaut-il pas mieux laisser la gauche s’empétrer dans ses contradictions et couler sous ses propres erreurs. Certes la France en patira. Mais de bien terribles situations se sont présentées au cours de notre histoire. Sans remonter au petit Roi de Bourges ou aux heures sombres de la révolution, on a souvent vu le Français plus fort dans la détresse.
    Quoi qu’il en soit, attendons déjà ce qui sortira du chapeau du nouveau Président avec ce premier gouvernement.
    Cordialement. Cyril45

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  6. jocelyne dit :

    Lorsqu’on regarde les résultats de la présidentielle, le faible écart entre la gauche et la droite, le fait que la petite victoire de la gauche ait été obtenue grâce à la stratégie électorale de MLP et non par un désir de gauche, on se dit que tout est possible.
    Les drapeaux étrangers de la Bastille, la nomination probable de Cécile Duflot au gouvernement avec les 2% d’électeurs d’EELV, l’abolition annoncée des peines planchers, le vote des immigrés ..tout cela va irriter les 2 millions d’électeurs de MLP et plutôt les inciter à faire élire localement un candidat de droite.
    De même on sent les électeurs de droite agacés par les déclarations des responsables UMP qui écartent toute idée d’accord local avec les candidtats du rassemblement bleu marine et on commence à se rendre compte que des rapprochements / accords officieux sont possibles entre FN et Droite au plan local, du moins à la base ….
    Le mot d’ordre devrait être « battre la gauche  » ( gardant à l’esprit que certains hommes politiques qui se disent de droite mais ont des idées de gauche ne méritront pas d’être repêchés aux yeux des électeurs FN )
    Tout dépendra du comportement des électeurs de base de l’UMP et du FN – Respecteront-ils les consignes ou n’en feront-ils qu’à leur tête ?
    Je crois que leur stratégie ne sera pas la même qu’à la présidentielle et je penche plutôt pour la seconde solution.

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    • Jocelyne, je suis d’accord, la sitution est des plus confuses et instables. Difficile de prédire ce qui va se passer: vague rose ou reflux et rééquilibrage?
      Merci pour votre commentaire éclairant.
      MT

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  7. Gérard1 dit :

    Bonjour Maxime,

    Je partage l’analyse d’ Yves Leclercq. Et non Cathy, cela ne serait pas utopique un tel revirement, les français sont plus soupe au lait que vous ne le pensez, pour le reste je suis d’accord avec vous. Pour ma part, ( et je souhaiterais que le contraire se fasse) mais je ne suis pas pour une cohabitation. Je sais bien que nous avons les fesses entre deux chaises, mais il serait souhaitable que la gauche ce casse les dents dans son ensemble et toute seule, président comme gouvernement de sorte que la droite n’ai quelques reproches que se soit. Je voudrais que la défaite de la gauche soit totale entière et sous leur seule responsabilité.

    Mes respects Maxime, et salutations à vos intervenants.

    Gérard

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    • Gérard, je vous comprends, mais 5 années de plein pouvoir au PS, aux écolo et au FDG, il vaudrait mieux l’éviter. Je pense qu’il ne faut pas souhaiter leur échec, car cela signifierait que la France s’enfonce un peu plus, mais voir les réalités: on ne peut s’en sortir que par l’effort alors qu’ils proposent tout le contraire… Je ne me fais aucune illusion sur ce qui va se passer…
      Bien à vous
      MT

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  8. michel43 dit :

    je suis actuellement en Espagne ,dans mon village ,je rentrerais en juin pour le vote,
    mais;ne rêvez pas trop;
    les droites son bien majoritaires;et faute d »accord,on va au suicide,,
    la gauche doit bien rire,
    la droite la plus béte du monde;n »a toujours pas compris que la droite national a changer;grace A M LEPEN et a ses jeunes cadres,contrairement a NOUS?
    le président SARKOZY a écouter ,les gens de la FRANCE du milieux et d »en bas?
    mais;il était trop tard;
    c »est bien contre lui;que les gens on voter;trop d »erreurs;trop de scandales;et de mauvais ministres;qui se sont mis a dos,l »électorat de droite;
    la suite bientot;;

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    • Michel 43, je ne rêve pas du tout, j’ai bien précisé que ce scénario était improbable, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer dans la têtes des électeurs… Bon séjour en Espagne.
      MT

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  9. Yves Leclercq dit :

    C’est une fausse bonne idée! Un désaveu de l’élection de François Hollande l’affaiblira, exposera le pays à une agitation des frustrés, et retardera l’épreuve de la réalité pour la gauche. Le Président Hollande pourra recourir à la dissolution et à de nouvelles élections législatives, et la droite connaîtra les effets de l’usure du pouvoir, de l’impopularité des mesures désagréables qu’elle aura du prendre, et qui seront critiquées par le président de la République en fonctions. Le quinquennat a été imaginé et voté par référendum pour nous éviter cet inconvénient.
    Les institutions de la Vème République sont solides, et aucun abus n’a été commis. La droite a possédé à un moment tous les pouvoirs, et elle ne les a pas confisqués. Le renfort qu’elle a apporté à la décentralisation a peut-être bien contribué à l’affaiblissement de l’État, et au succès des gauches locales, distributrices.
    Il me semble que ce sont maintenant les girondins qui sont de gauche et les jacobins de droite!

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    • Yves Leclercq, votre point de vue se défend, je le comprends,mais si les Français prennent conscience de la nocivité de certaines mesures proposées et choisissent une majorité de droite, il faudra bien gouverner le pays.
      MT

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  10. Cathy dit :

    Bonjour,

    Il est, je pense, de notoriété publique que le français est versatile. Mais retourner la situation en un mois de temps me semble tenir plus de l’utopie que de la réalité.
    Il semblerait logique que les français donnent une majorité de gouvernement à monsieur Hollande, même si, comme vous, je souhaite le contraire. Mais n’oublions pas la menace de nombreuses triangulaires (défavorables à l’UMP) et l’aspect affectif des législatives, où les députés en place qui sont appréciés de leurs concitoyens sont en général réélus.
    Je souhaiterais une cohabitation, n’étant pas du tout convaincue par les propositions de notre nouveau président, mais alors quel premier ministre? et combien de manifestations anti-austérité seront orchestrées par les syndicats ? Un gouvernement de droite pourra-t-il vraiment appliquer sa politique ?
    Que de doutes et de questionnements.
    J’attends avec une certaine impatience le nom du (de la) premier ministre, sans parler du gouvernement futur : écolos (2% des voix, ça laisse songeur), front de gauche (on va chercher « Louison ») ?

    Au plaisir de vous lire.

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    • Bonjour Cathy, la situation politique est confuse, on ne sait pas trop ce qui va sortir des urnes… Je ne sens pas une vague rose comme en 1981, le climat n’est pas le même mais je peux me tromper. S’il y avait un Premier ministre de droite, ce serait Juppé je pense, même si ce n’est pas vraiment ma tasse de thé.
      Bien à vous
      MT

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