La crise de la fonction présidentielle (pour Atlantico)

Existe-t-il une crise de la fonction présidentielle en France ? Si oui, à quoi est-elle due et à quoi ressemble-t-elle ?

Oui il y a une très grave crise de la fonction présidentielle en France. Dans la philosophie de la Ve République instituée par le Général de Gaulle et Michel Debré, le président de la République est le chef de la nation, au-dessus de la mêlée, impartial, chargé de fixer un cap au pays, de le représenter à l’international, garant de sa sécurité et de son intégrité territoriale. Il délègue au Premier ministre et aux ministres le gouvernement du pays au quotidien et la direction de la majorité. Son autorité repose sur la confiance du peuple. Un président de la République impopulaire est inconcevable. Il est illégitime. Quand un chef de l’Etat perd le contact avec le peuple, il pose la question de confiance à travers un référendum. Et s’il échoue, il démissionne. On voit bien que la fonction présidentielle n’a plus rien à voir avec cette conception. Le chef de l’Etat, surtout avec le quinquennat adopté en 2000, est devenu bien au contraire un super-Premier ministre, médiatisé à outrance et papillonnant d’un sujet à l’autre en donnant l’illusion de s’occuper de tout à la place du Gouvernement. De temps en temps, il se met en retrait pour laisser le Premier ministre assumer les catastrophes (taxe carbone, réforme des retraites). Mais personne n’est dupe. Considéré comme l’unique responsable de la situation du pays, il devient extrêmement impopulaire, voire détesté. Depuis François Mitterrand, en dehors des périodes de cohabitation, les présidents sont tous plus impopulaires les uns que les autres. C’est une anomalie évidente.

Y a-t-il encore des candidats ayant véritablement envie d’être président ? Qu’est-ce que cela dit de nos hommes politiques ? De notre société ?

Il n’y a pas de candidat, à ma connaissance, qui ait la notion de ce qu’est un président de la République, c’est-à-dire un sage, visionnaire, impartial, une autorité morale incarnant l’unité nationale, la permanence et le destin de la France tout en déléguant au Premier ministre et à une majorité élue sur un programme politique le pilotage au quotidien du pays. Nous en aurions pourtant bien besoin en ces temps chaotiques et troublés. En revanche, sans doute il y a-t-il beaucoup de candidats à la succession de M. Macron qui rêvent de s’installer sous les dorures de l’Elysée pour faire à peu près la même chose que lui c’est-à-dire le coup d’éclat permanent en vue d’occuper le paysage médiatique et de préparer la réélection. Des candidats potentiels, il n’en manque pas. Le problème c’est que, sauf surprise, produits du déclin de la culture politique, ils n’ont pas la capacité intellectuelle de concevoir ce que doit être la mission authentique du chef de l’Etat : le protecteur des Français et l’homme du long terme, plutôt que le feu follet bavard et virevoltant que les Français ne supportent plus.

Est-ce propre au système politique français ? Comment palier à cette crise de la fonction présidentielle ?

C’est une spécificité française en effet, une sorte d’autocratie virtuelle, impuissante et déconnectée de la réalité et du peuple. On ne peut pas le comparer au système américain qui est une fédération pourvue d’un puissant Congrès.  En Europe, le régime politique classique est parlementaire, reposant sur une ou deux assemblées qui contrôlent le gouvernement (en Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie). Certes, aucun système n’est parfait et tous ont leurs défauts. Le présidentialisme français est particulièrement pervers et explique en partie le déclin du pays sur le long terme. Il repose tout entier sur l’élection d’un personnage c’est-à-dire sur une image médiatique aisément manipulable, et non sur un choix de société ou un projet collectif. Il repose sur l’émotion de la foule médiatisée et non sur l’intelligence et le bon sens populaire. L’élection législative, qui ne fait qu’entériner la présidentielle, a perdu tout intérêt et toute portée. Ce personnage élyséen est ensuite obsédé par la mise en œuvre de quelques promesses démagogiques et sans cohérence qu’il a inventées pour être élu. En effet, il lui faut prouver qu’il a réalisé ses promesses aussi absurdes soient-elles, pour être réélu, ce qui est son obsession permanente. Pendant cinq ans, il peut faire et dire absolument n’importe quoi, quitte à se rendre insupportable, à provoquer la violence et le chaos, sans risquer la moindre sanction. Ce système, qui substitue la vanité d’un personnage au sens du bien commun de la nation est proprement scandaleux et indigne de la démocratie française. Il contribue au recul de la France.  Il n’y a pas besoin de changer de Constitution et d’ouvrir le grand chantier mégalomane d’une VIe République. Il suffirait d’appliquer la Constitution de la Ve avec un président impartial et un Premier ministre qui gouverne sous le contrôle du Parlement. Il faudrait que l’Assemblée nationale soit élue avant le chef de l’Etat pour rendre au Parlement sa souveraineté et restaurer un Premier ministre digne de ce nom. Il faudrait aussi mettre fin à l’expérience délétère du quinquennat et restaurer un septennat, sans réélection possible, pour rendre au président de la République sa mission de garant de l’unité nationale, de la paix civile et de l’intégrité du territoire au-dessus de la mêlée, de boussole dans la tourmente. Et restaurer la confiance populaire dans le chef de l’Etat.

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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33 commentaires pour La crise de la fonction présidentielle (pour Atlantico)

  1. Coucou dit :

    Bonjour à vous, de la lecture, comme dit Janus la France va Mal, Alors ?

    Racisme d’état, néo-colonialisme, discriminations institutionnelles,
    un certain nombre de citoyens français accusent
    aujourd’hui la France de fautes graves, voire de crimes.
    Dans leurs discours, la notion de « race » fait son retour à tel
    point qu’en quelques années, il est devenu normal d’évoquer
    « blancs » et « racisés », y compris dans les lieux de décision
    et d’influence les plus respectables.
    S’intéressant à la filiation de ce phénomène, Sami Biasoni
    remonte aux sources historiques et théoriques du discours
    racialiste implanté en France par la mouvance indigéniste,
    dite « antiraciste et décoloniale ».
    Anne-Sophie Nogaret, par les témoignages et verbatim
    qu’elle a recueillis lors de colloques, de sessions universitaires
    ou de rassemblements associatifs, dresse un état des lieux
    inquiétant : derrière l’idéologie affleure de plus en plus
    nettement la rancoeur, et même la haine, ne laissant rien
    présager de bon pour l’avenir du pacte républicain.
    Au point qu’il est temps de se poser la question : que reste-t-il
    de l’universalisme qui a politiquement fondé la France ?
    Biographie de l’auteur
    Anne-Sophie Nogaret est professeur de philosophie. Elle a publié Du mammouth au Titanic (L’Artilleur, 2017). Sami Biasoni est diplômé de l’Ecole normale supérieure, professeur chargé de cours à l’ESSEC et publie régulièrement dans la presse nationale.

    Français malgré eux: racialistes, décolonialistes, indigénistes : ceux qui veulent déconstruire la France (Français) Broché – 5 février 2020
    de Sami Biasoni (Auteur), Anne-Sophie Nogaret (Auteur)

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  2. Nicolardot dit :

    Cher Maxime,

    Votre analyse est remarquable mais elle me paraît ne pas aller jusqu’au bout de sa logique: comment un président, en tout état de cause élu par une partie du peuple contre une autre, peut il prétendre, arrivé à l’Elysee, à l’impartialité. Seul de Gaulle, du fait de sa dimension historique, a pu échapper un temps à cette contradiction. La constitution de 58 permettait aux français d’avoir à leur tête un homme au dessus de la mêlée , garant des intérêts supérieurs du pays, voyant loin…. Avec un personnage comme le général, cette perspective pouvait s’incarner. Cette parenthèse 58-69 refermée, c’est peu à peu le funeste régime des partis, tant dénoncé par De Gaulle, qui a repris son cours… Aussi n’y aurait il pas lieu de réfléchir sur les fondements même de notre système politique et, ce faisant, de considérer que la figure du président que vous appelez de vos vœux n’est ni plus ni moins qu’un…. Roi…!!!

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  3. Janus dit :

    Maxime, peut-être est-ce là le signe que vous attendez ? https://fboizard.blogspot.com/2020/02/et-si-le-naufrage-fiancier-du-rn-etait.html

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  4. E Marquet dit :

    L’article du Figaro Vox de ce jour de Gabrielle Cluzel, suite à la parution de son livre « Enracinés »   m’a ravie. Vive la « bourgeoisie blanquette de veau » nous dit-elle, reprenant des propos d’Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle, où il raillait la « blanquette de veau en famille » des « petits bourgeois », « des immobiles ».
    En ce Dimanche où nous étions peu enclins à affronter la tempête Ciara qui souffle sur l’Ouest, à moins de raffoler du ciré et des bottes, et puisque « Travailler c’est prier » selon St Bernard, j’ai décidé de réveiller mon côté « popote/blanquette de veau/boeuf bourguignon » et d’astiquer les cuivres de la maison.
    Pour ce faire, j’ai équipé ma table de cuisine de vieux journaux, et parmi eux, ô surprise, il y avait « La Croix » du 19 juin 2017 où s’étalait, en première page, une photo de Macron entouré de micros. Gros titre : «La vague Macron épate le monde, quatre correspondants étrangers basés à Paris racontent comment les élections présidentielle et législatives donnent l’image d’un renouveau de la France ».
    New York Times : « Cette séquence a changé le regard des américains sur la France ».
    The Economist : « Le contraste avec le chaos politique britannique est saisissant ».
    El Paìs : « Certains se voient en Macron espagnols »
    Frankfurter Allgemeine Zeitung : « Les Allemands y ont vu une décision sur l’avenir de l’Europe ».
    Quand aux éditorialistes de la Croix « Ce triomphe est pourtant en Trompe-l’oeil ». « Un second tour sans suspense ni passion ».
    L’euphorie progressiste de 2017 ne serait-elle pas bien vite retombée, comme un soufflé sorti du four ?
    Où est le renouveau de la France en ce début 2020 ?

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    • E Marquet merci pour ce lumineux rappel. Seul bémol: j’ai absolument horreur de la blanquette de veau, sachez le quand vous m’inviterez à déjeuner chez vous!
      MT

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    • @Maxime Tandonnet, et foie gras/confit de canard ça vous dit? (cela fait partie de mes racines ancestrales)

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    • E Marquet dit :

      MT, c’est noté ! Comme on le dit souvent « tout est dans la sauce ! » et « dégoûts » et des couleurs on ne discute pas. Cela me rappelle le merveilleux film américain « Fried Green Tomatoes »/«Les beignets de tomates vertes » ou « Le Secret est dans la Sauce » au Québec.

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  5. Timéli dit :

    L’actuel président de la République s’écarte de trop de la fonction originelle prévue par la Constitution de 1958, que vous rappelez très justement dans votre réponse à la première question posée. Macron a « personnalisé » la fonction et l’a faite à son image : colossale erreur ! Sans doute a-t-il voulu se prendre pour le Général de Gaulle, mais il n’en a ni le charisme ni la stature.Comme le veut la Constitution, iI n’y a plus d’équilibre entre les institutions de la République, c’est-à-dire entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Le régime politique est devenu essentiellement présidentiel, avec toutes les dérives que celui-ci engendre. Maintes fois, sur ce blog, l’évocation d’un homme (ou femme) providentiel a été ardemment souhaitée. Et, à chaque fois, on n’a pu donner le nom d’un seul « sauveur ». D’où cette misère que nous traînons comme un boulet…

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  6. carlo dit :

    Merci Monsieur Tandonnet pour cette analyse, tellement juste.

    « Le président de la République est le chef de la nation, au-dessus de la mêlée, impartial »
    C’est à cette condition seulement qu’il peut incarner l’unité de la Nation. Voilà pourquoi la candidature d’une personnalité capable de transcender le clivage droite-gauche serait particulièrement bienvenue. On peut même se demander si ce n’est pas le vœu inconscient des Français et l’explication du deuxième tour de la dernière élection présidentielle, marqué par l’effondrement des anciens clivages.

    « Un président de la République impopulaire est inconcevable. Il est illégitime. »
    Cette idée, qui devrait s’imposer à l’esprit, est combattue par les médias qui ne cessent de répéter que l’action d’un PR ne peut être jugée qu’à la fin de son mandat, le moment étant alors venu de savoir s’il a tenu, ou non, les promesses de campagne … « absurdes », « démagogiques et sans cohérence qu’il a inventées pour être élu ». Ceci conduit à la situation aberrante que nous connaissons aujourd’hui : EM doit mener à son terme sa réforme des retraites parce qu’il avait promis qu’il ferait cette réforme et ce, bien qu’une majorité de Français y soient désormais hostiles.

    « Il faudrait que l’Assemblée nationale soit élue avant le chef de l’Etat pour rendre au Parlement sa souveraineté et restaurer un Premier ministre digne de ce nom. »
    Telle serait en effet la solution, à condition que les candidats à l’élection présidentielle cessent de s’y présenter avec un programme … de gouvernement. Le Conseil Constitutionnel ne devrait-il pas être chargé de préciser aux candidats le rôle du PR et de rappeler à l’ordre les candidats qui promettent aux Français de faire des choses qui ne relèvent pas des compétences du chef de l’Etat ? La fonction première du PR étant de veiller au respect de la Constitution, ne serait-on pas en droit d’exiger des candidats à l’élection présidentielle, ainsi que des présidents élus, qu’ils s’y conforment strictement ?

    « Il faudrait aussi mettre fin à l’expérience délétère du quinquennat et restaurer un septennat, sans réélection possible »
    Cette réforme permettrait en outre d’éviter que le Président de la République en fonctions n’utilise les moyens de l’Etat pour assurer sa réélection. Combien de déplacements du chef de l’Etat en fin de mandat, et même de mesures coûteuses, ne sont en réalité destinés qu’à assurer sa réélection, de surcroît, au prix du mépris du principe d’équité ?

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  7. Gerard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et tous,
    E. Macron omniprésent, omnipotent, impérialiste, verbeux, insolent…Qui pourrait aujourd’hui prendre sa place tant il s’est rendu irremplaçable et nécessaire aux médias et commentateurs experts en tout et n’importe quoi qui, pour le moindre sujet, le moindre détail se moquent quand ils ne la ridiculisent pas, de la parole des ministres ou des autres politiques et n’attendent et n’coutent que la « parole divine » : celle de Jupiter qui seul détient la vérité sur tout, la solution et la seule déclaration intelligente.
    Peut importe qu’il raconte des âneries, des énormes mensonges, des contrevérités historiques ou qu’il rudoie ou se moque de ses interlocuteurs, quand Jupiter parle on est prié de l’écouter et de considérer ses paroles comme une vérité quasiment incontestable.
    Tous les laquais des pouvoirs exécutif et législatif sont béats d’admiration et celles et ceux qui osent critiquer ou désapprouver sont immédiatement catalogués de représentants du vieux monde, d’affreux conservateurs ou de réactionnaires.
    Mais en face de ce petit Caporal qui avons-nous ? des aboyeurs, des incompétents, des arrivistes mais absolument personne qui pourrait faire croire à un vrai personnage d’Etat . Les rares personnes qui en auraient apparemment l’étoffe se montrent bien trop discrets et en retrait et n’ont pas l’envie de défier l’impérator au risque de se déconsidérer et surtout de perdre leur statut et leurs avantages.
    Alors nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre l’inévitable prochaine énorme faute politique, la sortie de route, le chaos social ou la révolte populaire pour que peut-être émerge celle ou celui qui saura faire revivre la Res publica. .

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  8. H. dit :

    Bonjour Maxime,

    Il y a de cela un an, ce cher H16 traduisait en termes moins policés ce que vous dénoncez très justement : http://h16free.com/2020/02/09/65361-redite-les-francais-nauraient-pas-confiance-dans-leurs-elus-comme-cest-etrange
    A titre personnel, je n’ai strictement aucune confiance dans cette caste.

    Bonne journée

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  9. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    C’est parfait ! Quel est le candidat à la présidence qui propose ce programme ?

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  10. Jean-Bernard Lasserre dit :

    Je souscris entièrement à ce que vous écrivez au sujet de la fonction présidentielle. Mais nous sommes effectivement loin du compte.

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  11. PenArBed dit :

    Ce n’est effectivement pas la Vè République qui est en cause si on s’en tient à ses fondamentaux. Le problème est la médiocrité ambiante. Il suffit de relire De Gaulle :
    Discours d’Épinal – septembre 1946
    «Il nous paraît nécessaire que le Chef de l’État en soit un, c’est-à-dire qu’il soit élu et choisi pour représenter réellement la France et l’Union Française, qu’il lui appartienne, dans notre pays si divisé, si affaibli et si menacé, d’assurer au-dessus des partis le fonctionnement régulier des institutions et de faire valoir, au milieu des contingences politiques, les intérêts permanents de la nation. Pour que le Président de la République puisse remplir de tels devoirs, il faut qu’il ait l’attribution d’investir les gouvernements successifs, d’en présider les Conseils et d’en signer les décrets, qu’il ait la possibilité de dissoudre l’Assemblée élue au suffrage direct au cas où nulle majorité cohérente ne permettrait à celle-ci de jouer normalement son rôle législatif ou de soutenir aucun Gouvernement, enfin qu’il ait la charge d’être, quoi qu’il arrive, le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et des traités signés par la France.
    Il nous paraît nécessaire que le Gouvernement de la France en soit un, c’est-à-dire une équipe d’hommes unis par des idées et des convictions semblables, rassemblés pour l’action commune autour d’un chef et sous sa direction, collectivement responsables de leurs actes devant l’Assemblée Nationale, mais réellement et obligatoirement solidaires dans tous leurs actes, dans tous leurs mérites et dans toutes leurs erreurs, faute de quoi il peut y avoir une figuration exécutive mais non pas de Gouvernement.
    Il nous paraît nécessaire que le Parlement en soit un, c’est-à-dire qu’il fasse les lois et contrôle le Gouvernement sans gouverner lui-même, ni directement, ni par personnes interposées. Ceci est un point essentiel et qui implique, évidemment, que le pouvoir exécutif ne procède pas du législatif, même par une voie détournée qui serait inévitablement celle des empiétements et des marchandages. Le Parlement doit comporter deux Chambres: l’une prépondérante, l’Assemblée nationale, élue au suffrage direct, la seconde, le Conseil de la République, élue par les Conseils généraux et municipaux, complétant la première, notamment en faisant valoir, dans la confection des lois, les points de vue financier, administratif et local qu’une Assemblée purement politique a fatalement tendance à négliger.
    Discours de Bayeux – juin 1946
    « Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre dont, pour l’essentiel, nos Conseils généraux et municipaux éliront les membres. Cette Chambre complétera la première en l’amenant, s’il y a lieu, soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d’autres, et en faisant valoir dans la confection des lois ce facteur d’ordre administratif qu’un collège purement politique a forcément tendance à négliger. Il sera normal d’y introduire, d’autre part, des représentants, des organisations économiques, familiales, intellectuelles, pour que se fasse entendre, au-dedans même de l’État , la voix des grandes activités du pays. Réunis aux élus des assemblée locales des territoires d’outre-mer, les membres de cette Assemblée formeront le grand Conseil de l’Union française, qualifié pour délibérer des lois et des problèmes intéressant l’Union, budgets, relations extérieures, rapports intérieurs, défense nationale, économie, communications.
    Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, il va de soi que le pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d’aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu’un assemblage de délégations. Sans doute aura-t-il fallu, pendant la période transitoire où nous sommes, faire élire par l’Assemblée nationale constituante le Président du gouvernement provisoire, puisque, sur la table rase, il n’y avait aucun autre procédé acceptable de désignation. Mais il ne peut y avoir là qu’une disposition du moment. En vérité, l’unité, la cohésion, la discipline intérieure du gouvernement de la France doivent être des choses sacrées, sous peine de voir rapidement la direction même du pays impuissante et disqualifiée. Or, comment cette unité, cette cohésion, cette discipline, seraient-elles maintenues à la longue si le pouvoir exécutif émanait de l’autre pouvoir auquel il doit faire équilibre, et si chacun des membres du gouvernement, lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n’était, à son poste, que le mandataire d’un parti ? »

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    • Tracy LA ROSIÈRE dit :

      Vous avez raison et c’est valeureux de votre part d’avoir retranscrit des textes essentiels.
      On peut résumer d’un mot la question évoquée : c’est comme « pisser dans un violon » de gloser éternellement sur des dérives institutionnelles.
      Et l’abandon de la souveraineté ?
      Puisque vous citez De Gaulle, voila une des clés qu’il délivrait, le 27 mai 1942, sur la « Démocratie » : « la démocratie se confond exactement, pour moi, avec la souveraineté nationale. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, et la souveraineté nationale, c’est le peuple exerçant sa souveraineté sans entrave ».
      Nous savons, nous le peuple bafoué, insulté, trahi, que cette faculté nous a été ôtée en 2005.
      Un début de remède consisterait, peut-être – à un sage retour aux origines de la Ve République – dont j’ai le souvenir de quelques bons côtés.
      Voila un programme auquel pourraient s’attacher les jeunes LR. Mais c’est un vœu pieux puisque ce sont ceux-là même qui se sont acharnés à défaire cette constitution et qu’ils devenus , tous, maastrichtiens (et dont quelques-uns revendiquent encore et toujours – oh la tartuferie ! – l’onction gaulliste ).

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  12. Macron: le coup d’éclat permanent. 🙂

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  13. du Tertre dit :

    Bien vu ..mais quel personnage pourrait incarner la fonction?
    ..le verbe « pallier » est mal ecrit et mal employé..
    Il il a 2 « l » et il est transitif..

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  14. JF Bonnin dit :

    « Y a-t-il encore des candidats ayant véritablement envie d’être président ? ». Comme l’aurait pu dire Saint Mère Denis : « C’est bien vrai ça ! ».
    Mais j’ai beau regarder en long et en large, j’en vois pô un(e) seul(e) qui ait la moindre compétence. Vous aurez observé que je n’utilise pas l’écriture inclusive.
    Allez, bon dimanche !

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