GJ, encore et toujours…

Quelles leçons de la poursuite des émeutes des Gilets Jaunes? C’est la première fois semble-t-il qu’un mouvement de révolte de cette importance se prolonge au-delà de vacances scolaires et de la trêve des « fêtes ». Que faut-il en penser?

  • Crise de l’autorité de l’Etat: La scène emblématique des gendarmes ou policiers roués de coups sur un pont à Paris, est innommable: quand la loi de la jungle et de la force bestiale l’emportent sur un Etat de droit qui n’est plus respecté…
  • Le désastre de la politique française: le mélange de concessions précipitées  et de coups de menton vantards à la télévision qui se succèdent à tous les niveaux est désastreux, cette mixture de désarroi, de vanité, de provocation stérile et d’impuissance est un signe de faiblesse et de vide qui donne le vertige.
  • Le drame de la démocratie française bafouée: quand plus personne ne semble croire au suffrage universel, surtout après le grand séisme des élections biaisées de mai/juin 2017, la violence et la barbarie s’emparent de la rue comme un cancer.
  • Le prix de l’indécision: la grandiloquence et les postures ne sont que le voile de l’incapacité des dirigeants à agir et à s’adapter. Un tel chaos appelle des décisions fortes, des changements de têtes radicaux, voire un appel aux urnes. Rien ne se passe quand les boursouflures d’ego anéantissent toute forme de lucidité et sens de l’audace.
  • L’abîme qui s’ouvre: tenaillée entre l’affligeante médiocrité « d’en haut » et la poussée de la violence et du chaos « d’en bas », la France roule de plus en plus vite à l’abîme et une véritable catastrophe qui la guette dans les mois à venir.
  • L’absence de solution politique alternative aujourd’hui, et c’est peut-être ce qui est le plus terrible. Les « anti-systèmes » qui jettent de l’huile sur le feu ont sombré dans l’opportunisme affligeant et irresponsable et les modérés s’enfoncent dans leur dérive égotique, incapables du moindre geste intelligent (une prise de position commune par exemple).
  • Pendant ce temps, le monde est traversé de profondes tensions: une violente crise économique menace, l’Europe ne cesse de se déglinguer, dans l’aveuglement général, la Chine et la Russie tentent de s’unifier, les Etats-Unis se retirent du Moyen-Orient, la guerre civile fait rage au Yémen,  la misère progresse en Afrique sur fond d’une démographie hors contrôle. Et la France paralysée se noie dans les sables mouvants du désordre et de la médiocrité.

Maxime TANDONNET

 

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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40 commentaires pour GJ, encore et toujours…

  1. Philippe Dubois dit :

    Bonsoir Maxime

    J’ai participé à quasiment toutes les manifestations du samedi après-midi à Bordeaux, et je suis de plus certain que le gouvernement et ses sbires cherchent délibérément l’affrontement violent

    J’ai écouté notre premier ministre hier soir

    J’ai cru qu’il parlait de la politique que le gouvernement devrait suivre vis-à-vis des racailles de nos riantes banlieues enrichies par la diversitude.
    Ah mais non, les policiers ont des consignes de retenue, car si jamais un de ces jeunes venait à se casser un ongle lors d’un affrontement, on verrait défiler à son chevet tout ce que la République compte d’autorités et la presse ferait ses titres sur les insupportables violences policières.

    D’ailleurs,
    – Combien d’interpellations et de condamnations suite aux barbecues automobiles festifs du 31 décembre ?
    – Quelles condamnations pour les auteurs de violences contre les faces de craie ou babtous ?

    Par contre, je peux vous assurer qu’avec les Gilets jaunes, c’est open bar.
    Participant aussi à un groupe facebook de GJ, je vois passer quelques vidéos ou photos, telles que décrites par alexrebelde : 7 janvier 2019 à 00:39

    Pour en revenir à Bordeaux, la curiosité est un de mes (trop nombreux) défauts, donc, il faut que j’aille voir.

    Lors d’une manif précédente, tout se passait bien : une fille est venue esquisser une petite danse devant les CRS retranchés Place Pey-Berland : la foule de GJ s’est approchée et là plouf, direct au canon à eau alors que je n’avais pas encore vu de projectiles lancés.

    Samedi 5 janvier, j’étais à Bordeaux Place Pey-Berland lors des affrontements qui avaient lieu côté palais de Justice, et les casseurs, connus car militants d’extrême gauche, étaient comme d’habitude retranchés entre la cathédrale et les voies de tram (allez sur Google Street View) mais les CRS ont envoyé le canon à eau et les lacrymo sur la foule devant eux, pas sur les casseurs.

    Plus tard, nous étions un petit groupe (5 ou 6) de GJ en train de discuter tranquillement près de la statue de Chaban et c’est tout, plus quelques badauds, quand les forces de l’ordre (FDO) ont balancé du lacrymo sur toute la place : pourquoi gazer tout le monde, sans distinction, y compris des gamins, car ils ont aussi visé la rue du Loup, seule voie d’échappement ? Voie dans laquelle ils ont chargé. Pourquoi ? Les casseurs étaient derrière eux et nous n’avions aucune envie de nous (les 5 ou 6) affronter aux Robocop (BAC en l’occurrence).
    Par contre nous avons dû repousser les gens en leur hurlant de dégager le plus vite possible.

    J’ai évité aussi à des passants d’aller se jeter dans la charge des Gendarmes Cours d’Alsace et Lorraine, charge que j’ai évitée de justesse en me reculant dans la rue de Cheverus où j’étais : c’est là que j’ai bloqué les gens (heureusement, ils ont « obéi » au « Gilet jaune » que j’étais). Je dois reconnaître que les gendarmes ont été très corrects sur ce coup, car ils ont vu que j’assurais la sécurité des gens.

    Après, les FDO ont balancé du lacrymo vers la rue Sainte-Catherine, où il y avait encore des gens avec enfants qui faisaient leurs courses.

    L’impression que cela donne est que les autorités laissent agir tranquillement les casseurs pour avoir un prétexte pour « rentrer dans le tas ».

    Résultat : les GJ sont remontés comme des coucous, les FDO sont à bout aussi.

    Pourquoi le préfet ordonne-t-il aux transports en commun de déporter leurs terminus à plus de deux kilomètres des incidents ? Pour emm… les GJ pacifiques qui voudraient simplement rentrer chez eux ?

    Pourquoi ce gouvernement et ses préfets semblent-ils tout faire pour exacerber les tensions ?

    Je précise : aucun magasin n’a été pillé et aucune dégradation n’a été commise sur le parcours ; pourtant, il n’y avait le plus souvent pas un seul policier visible.

    Avez vous remarqué que le tube des manifs de GJ est la Marseillaise ?

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