Pourquoi M. Eric Ciotti a tort

Ci-joint, mon article pour le JDD.

Un président qu’il soit président de la République ou d’un conseil d’administration ou d’un parti politique ne devrait pas être un roitelet ou un tyranneau. Il a pour mission de présider, ou coordonner une équipe. La démarche isolée de M. Ciotti, un changement de cap radical, a priori sans l’accord des autres responsables de LR et sans même leur en avoir parlé, est une faute lourde. La mode est bien aux petits chefs narcissiques. Quant aux « militants », supposés soutenir sa démarche, ils ne sont pas le peuple français dont ils représentent à peine 0,001% et d’ailleurs, en l’absence d’un vote interne, qui peut savoir s’il existe vraiment un consensus sur la ligne Ciotti comme ce dernier s’en prévaut?

Son positionnement est politicien. Il consiste à vouloir sauver 60 sièges à tout prix. Il est exactement contraire aux positions prises par M. Ciotti notamment sur les retraites – et ses ronds de jambes à la macronie l’an dernier. Il illustre une vision de la politique purement opportuniste, qui consiste à faire passer la course aux prébendes, mandats ou fonctions, avant le fond des questions. Il porte un nouveau coup dur (mortel?) à sa formation, minée par les trahisons ou compromissions de 2017, 2022 et 2023 en faveur de la macronie et désormais déchiquetée et encore plus décrédibilisée par ce nouveau psychodrame

Il relève d’une approche « petit-bras » de la politique. Si le RN obtient une majorité absolue, avec un tout jeune chef de gouvernement de 29 ans sans la moindre expérience des responsabilités ni même d’un travail quelconque, dans un contexte de blocage généralisé des institutions et du pays, harcelé par un chef de l’Etat retors, il va s’effondrer en quelques mois (jours?). Et s’il n’a pas de majorité absolue (le plus probable), avec une gauche radicalisée et pro-Hamas, redevenue extrêmement puissante, l’Assemblée sera une pétaudière encore plus violente et ingouvernable qu’aujourd’hui, dans un climat apocalyptique qui ne fera qu’amplifier le dégoût des Français envers la politique et les partis.

Dans un cas comme dans l’autre, un LR réduit à presque rien électoralement et rallié au lepénisme au sommet de sa gloriole, avalé, absorbé par ce parti, dévoré, avec ses 60 députés croupions du RN, serait emporté avec lui dans son naufrage inéluctable.

Les dernier chefs de l’Etat, pas seulement M. Macron, même s’il fut le pire, ont une grande part de responsabilité dans cette course à l’apocalypse: en sacrifiant l’intérêt général à leur arrogance et démence narcissique, ils ont ouvert la voie à l’hystérisation de la politique, à la violence et la course aux extrémismes.

Mais l’air du temps est aussi diablement volatil. Le macronisme est voué à disparaître définitivement du paysage politique, comme la fin d’un cauchemar au petit matin, en mai-juin 2027. Sa disparition pourrait mécaniquement affaiblir le RN qui tient sa force d’avoir su, mieux que quiconque, incarner le rejet du macronisme et de son bilan – notamment sécuritaire. Que va-t-il se passer alors?

Je croyais (je crois toujours d’ailleurs) que sur les cendres à venir de la politique française, dans l’apocalypse qui vient, l’espoir pourrait renaître d’une droite raisonnable, fondée sur un projet respectueux du peuple. Cela fait rigoler tout le monde. « Vous voyez bien que LR est mort! » Peut-être, mais la raison et le bon sens, eux, ne sont que blessés. Et, même infiniment minoritaires, aujourd’hui, j’espère qu’ils survivront au chaos et au malheur du temps et qu’ils reviendront au premier plan sous un autre manteau. Nous ne cèderons pas à l’abêtissement en cours, nous ne nous rendrons jamais.

MT

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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97 commentaires pour Pourquoi M. Eric Ciotti a tort

  1. lambrays dit :

    Avec moins de 5 % de suffrages aux élections présidentielles notre Marie Chantal, propulsée par un notable sclérosé, un technocrate aseptisé et un médecin LR malgré lui qui vient de s’allier avec toutes les composantes de la majorité de M. Macron, a emmené le parti LR au fond du trou. Les élections européennes avec 7,25 % des suffrages et la perte d’un siège nous placent derrière LFI et devant Europe écologie. Ce n’est pas vraiment glorieux et cela montre surtout que nous avons réussi à perdre nos électeurs.

    Lors des primaires tant le programme de François Fillon que la ligne défendue par Eric Ciotti étaient clairement orientés à droite. Je ne ferai pas d’hypothèse sur l’origine des peaux de bananes qui ont fait chuter M. Fillon et je constate que malgré un vote majoritaire pour Eric Ciotti, c’est un programme de droite édulcoré avec la candidate que l’on sait qui a été présenté aux électeurs. Ensuite aux élections législatives LR a obtenu moins de députés que le RN.

    Aujourd’hui après les élections européennes où LR enregistre un nouveau recul et le RN une forte progression, une direction normale devrait se poser des questions. Manifestement ce n’est pas le cas et MM.Larcher, Retailleau, Wauquiez, Pradié, Mme Genevard et consorts semblent se complaire dans une gestion notariale du déclin. L’initiative audacieuse d’Eric Ciotti peut éventuellement constituer une solution adaptée au nouveau paysage politique. Mais manifestement pour les cadres susnommés elle fait problème. Pourquoi?

    Comme dit Warren Buffett c’est quand la mer se retire que l’on voit ceux qui n’ont pas de maillot. Dans notre cas c’est la dissolution surprise de l’AN qui nous montre qui est de droite et qui ne l’est pas. Manifestement les anti Ciotti, qui comme M. Juvin, s’empressent de conclure une alliance avec les soutiens de M. Macron, ne sont pas de droite. Dans la continuité de Nicolas Sarkozy ils sont prêts à adopter une étiquette de droite, mais pas la politique qui va avec, notamment en matière d’immigration et de sécurité. Selon Joseph Goebbels, on sait qu’avec les masses populaires plus c’est gros et plus ça passe, et cela a permis à M. Sarkozy d’être élu avec son discours résolument à droite. Mais on connait la suite, donnée cette fois par Abraham Lincoln, on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps.

    La démarche d’Eric Ciotti me semble être une tentative désespérée pour nous sortir du déclin et nous redonner une visibilité. Mieux vaut devoir celle ci à une alliance avec un RN conquérant qu’au fait d’être des idiots de la macronie.

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  2. Mercredi dit :

    « La démarche isolée de M. Ciotti »

    Est-on isolé quand on a la majorité des électeurs avec soi?

    Votre façon de qualifier le chef d’un parti politique comme d’un supérieur qui coordonne une équipe ma paraît délirante! Non, le chef d’un parti politique doit oeuvrer pour satisfaire ses électeurs et séduire d’autres électeurs potentiels, pas pour satisfaire les égos de quelques membres du parti ou des intellectuels qui lui sont attachés.

    Pour des raisons que je ne connais pas vous refusez obstinément de voir que la majorité des électeurs LR sont favorables à une alliance avec le RN! Même les commentateurs du Figaro qui ne sont pourtant pas les plus radicaux sont en majorité pour!

    Ce n’est pas parce que vous n’aimez pas quelque chose que cette chose n’existe pas.

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    • Jeudi dit :

      M

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    • Jeudi dit :

      Mais pas du tout ! Qui vous dit que les adhérents LR sont majoritairement derrière Ciotti ? Ils n’ont pas été consultés. Pour ma part, je suis révoltée que Ciotti fasse campagne en faveur du RN avec l’argent de mon adhésion. C’est une pure trahison.

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