
On est en plein cœur de la déconnexion du pouvoir. Le macronisme consiste pour l’essentiel à magnifier un personnage, un individu pour sa double prouesse d’avoir conquis l’Elysée à deux reprises. Il faut se souvenir de ses déclarations initiales après son élection en 2017 : le président « Jupiter », ou celui qui « incarne les goût des Français pour le romanesque ». Le culte exacerbé de la personnalité est une manière de nier les malheurs ou les difficultés du pays. Sublimer un homme permet de détourner l’attention des problèmes de fond. Au fond, dès lors que le président est « beau et doué », comme l’affirme un admirateur, le pays ne saurait se porter si mal et ses habitants se plaindre. Et dans cette logique, le chaos des retraites s’expliquerait par le fait que le président Macron n’aurait pas été assez présent. Tout ceci dénote une parfaite incompréhension du pays. Les « 64 ans » de la réforme des retraites, jugés inutiles et injustes, ont pris une connotation emblématique de l’autoritarisme et de l’arrogance des dirigeants envers le peuple. Le mouvement de révolte qui en est issu, aggravé par le passage en force au Parlement et largement focalisé sur l’image présidentielle, est en vérité extrêmement profond et durable.
Dans ce contexte, pousser Elisabeth Borne à présenter une feuille de route alors que tout le monde s’accorde à dire que ses jours à Matignon sont comptés, n’est-ce pas risquer de ternir encore la parole publique et la crédibilité de son gouvernement ?
Les « cent jours » donnés à Elisabeth Borne semblent être un mode de communication à l’image du grand débat qui a suivi le mouvement des Gilets jaunes. La stratégie présidentielle consiste à présenter la cheffe de gouvernement en responsable des troubles qui s’installent dans le pays. Le chef de l’Etat regrette d’avoir été insuffisamment présent sur la réforme des retraites. Cela signifie que les autres, le gouvernement et sa cheffe, n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Désormais, Mme Borne, dans cette logique, a cent jours pour sortir le pays de la crise. Et si elle n’y parvient pas, elle sera tenue pour responsable et remplacée par un autre Premier ministre. Alors évidemment, après les Gilets Jaunes et le Grand Débat, la débauche de communication présidentielle à laquelle la crise sanitaire a donné lieu autour du fameux « nous sommes en guerre », puis les images élyséennes du début de la vraie guerre (en Ukraine), la parole présidentielle est banalisée, galvaudée, inaudible… Le spectacle n’intéresse plus personne, ou presque.
Pourquoi n’arrive-t-il pas à comprendre l’ampleur du problème ? Et donc à envisager comment y remédier ?
Sans doute, les traits de sa personnalité le portent naturellement à refuser de voir l’ampleur du problème. Mais ce serait superficiel de s’en tenir là. Nous vivons aussi les conséquences d’un système politique qui fait naufrage dans l’absurdité. L’élection présidentielle, dans des conditions qui procèdent largement d’une manipulation médiatique, consiste à porter sur le trône élyséen un personnage qui n’a pas nécessairement le caractère, le sens de l’Etat, la sensibilité populaire ou la vision pour incarner le pays. Cette conquête de l’Elysée, surtout renouvelée, a toutes les chances de favoriser chez lui un sentiment d’invulnérabilité ou d’infaillibilité qui l’éloigne toujours davantage du monde des réalités. La courtisanerie sous toutes ses formes, entourage politique et collusion avec le pouvoir médiatique de la radio et de la télévision, a pour effet d’amplifier encore cet isolement et cette fracture qui l’éloigne de la population du pays. La communication qui met en avant des contacts avec la foule ne fait même plus illusion. Pire : sur la base des promesses de « transformation » de son élection initiale, le président se présente, pendant les cinq ans de son mandat, comme le maître suprême du pays, celui qui tient seul ou presque la barre du gouvernement. Tel est le prix à payer du quinquennat et de la quasi abolition du poste de Premier ministre. Il est donc, de fait, l’unique responsable des échecs et des difficultés du pays. Son obsession quotidienne, comme une drogue, de s’afficher jour après jour dans les médias amplifie démesurément le phénomène d’usure du pouvoir et la banalisation de sa parole comme de son image. Toutes les conditions d’une catastrophe sont dès lors réunies.
J’aime beaucoup Bergoglio quand il joue franc jeu. Nou seulement il n’est pas allé à Kiev pour réconforter les Ukrainiens, majoritairement uniates, mais il a rendu visite aux Hongrois ( On croit, On croit !).
Un homme de paix qui déclare qu’il ne faut pas surarmer l’Ukraine » outre mesure » !
Il critique » l’infantilisme belliqueux du bloc occidental » et notamment l’Otan, responsable de la montée des tensions.
Il juge légitime la défense de l’Ukraine mais il s’oppose à l’envoi d’armes … sauf of course, les armes spirituelles !
Ce Patagon sera t-il le dernier Pape de l’Histoire ? En tout cas, après JP2 et Benoît16, il dénote !
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Bonjour à vous tous
«Tsunami» de Marc Dugain, un roman qui emporte
«Tsunami» de Marc Dugain (Albin Michel, 2023)
Isabelle Larmat
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27 avril 2023
Le romancier français Marc Dugain © Samuel Kirszenbaum / Albin Michel
La fiction déferle sur le réel à moins que ça ne soit l’inverse.
Après L’Emprise et Transparence, Marc Dugain signe un nouveau roman d’anticipation aux accents voltairiens : Tsunami. C’est une fable politique mâtinée de réalisme qu’on prend plaisir à lire tant elle multiplie les rebondissements romanesques sombres voire tragiques, ou, au contraire, cocasses. Sous le mandat du prochain président de la République qui navigue à vue dans un monde menacé par le réchauffement climatique et asservi au numérique, l’auteur croque une France révoltée et violente. Le narrateur du roman n’est autre que ce chef de l’État à venir qui nous donne à lire, chroniqués sur le vif, et émaillés de ses réflexions personnelles sur l’exercice du pouvoir, trois mois de son quotidien à la tête du pays. Fiction et actualité semblent alors miraculeusement fusionner pour un lecteur conquis.
Quand on fait remarquer à Marc Dugain la coïncidence, saisissante, entre notre actualité et la fiction, dans ce roman d’un délitement français, l’auteur rappelle ces mots de Goethe : « Les gens n’ont pas assez d’imagination pour imaginer le réel »
https://www.causeur.fr/tsunami-marc-dugain-259092?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=0f06054be4-Newsletter_4_fevrier_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-0f06054be4-57293949
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Il parait qu’une réception digne de son rang attend l’histrion au stade de France.
Nulle casserole ne saura franchir un filtrage (renforcé, n’en doutons pas), il est prévu plus subtil, d’après ce qui se dit; genre carton rouge brandi à la 49ème minute plus 20 secondes.
Ça aurait de la gueule !
Ira-t-il ?
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Voir livre de Stéphane Simon « les derniers jours de Samuel Paty ; pourquoi cette tragédie aurait dû être évitée » (éditions Plon 2023) , il est fait mention de la surdité de la DGSI, l’absence de soutien des collègues de Samuel Paty, de ce fameux Pas de vague qui gangrène les écoles.
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Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel, coauteur de « Vladimir Poutine. L’accusation. » (Fayard), est l’invité de 7h50.France inter
R Badinter : « nous ne réalisons pas assez, nous Français, qu’il y a une guerre en europe » 26 avril 2023
Dans cet ouvrage, l’ancien avocat écrit un véritable réquisitoire contre le président russe, et s’alarme de la situation en Ukraine, lui qui a connu la Seconde guerre mondiale. « Je pense que nous ne réalisons pas assez, nous Français, qu’il y a une guerre en Europe, aujourd’hui, à deux heures d’avion de Paris », s’inquiète Robert Badinter. « On l’oublie. Moi j’ai connu la guerre, je sais ce qu’est la guerre, et elle existe, elle est là. J’imagine simplement, et ce n’est pas qu’une invention de l’esprit, ce qui se passerait si un drone égaré ou un hélicoptère touché s’abattait sur une région truffée littéralement d’usines atomiques. Ce serait Tchernobyl multiplié par quatre ! »
« Les crimes contre les civils » et « l’horreur de la guerre »
Pour lui, Vladimir Poutine « est emporté par l’hubris, par la pulsion qui entraîne un dictateur vers ce que lui croit possible, et qui se révèle ensuite ne pas l’être ». « On en a un exemple avec l’Ukraine, qui a résisté à une agression de sang-froid, préméditée, c’est pourquoi on parle de crime. Il avait médité et préparé ce coup-là, qui est la négation absolue de la paix et de la diplomatie. »
Ce livre est « un acte d’accusation », pour Robert Badinter. « Voilà ce qu’entendrait Poutine s’il comparaissait devant une justice pénale internationale… Mais pour ça, il faut qu’il quitte le pouvoir. »
Il liste des crimes de guerre : « C’est la multitude des crimes commis contre les civils, les bombardements d’hôpitaux, d’écoles, les viols collectifs… C’est ça, l’horreur de la guerre. Les Ukrainiens et la Cour pénale internationale récoltent les preuves. Pourquoi ? Parce qu’on s’est aperçus, au moment du conflit en ex-Yougoslavie, qu’après coup c’était très difficile de réunir ces preuves, et qu’il fallait aussitôt le faire, de façon à ce que l’accusation soit prête. »
Vladimir Poutine et la « propagande totalitaire »
Robert Badinter s’inquiète aussi des discours changeants du pouvoir russe pour justifier son attaque contre l’Ukraine. « Chaque conflit a ses particularités, ses sources, mais quand je regarde l’agression commise, [Vladimir Poutine] disait que c’était pour empêcher le génocide des Russes par les Ukrainiens dans le Donbass. C’était au début ! Comme il n’y a pas la moindre preuve de ce génocide, il a laissé de côté cet argument. C’est le type même de la propagande totalitaire : il suffit de regarder les discours de Goebbels ou Hitler pour mesurer qu’il y a un constant mépris de la vérité et de l’interlocuteur. »
Y a-t-il un aveuglement européen et français sur ce qui se passe réellement en Ukraine ? Robert Badinter fait un parallèle avec les années 30, celles du Front populaire et de la montée du nazisme. « Au même moment où nous faisions passer la semaine de travail à 40 heures, Hitler faisait passer à 60 heures dans les usines allemandes tout ce qui concernait la défense nationale… Et tout concernait la défense nationale. Il y avait une espèce d’aveuglement, on ne voyait pas, ou bien on ne tirait pas les conséquences de ce qui se passait de l’autre côté du Rhin. Et là, je vois les défilés, justifiés, à propos de la question des retraites : mais la première question, c’est la paix et la guerre. Parce que ce ne sera pas l’allongement de l’âge de la retraite, ce sera la vie et la mort. C’est ça la guerre ; c’est la vie et la mort. »
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« Vladimir Poutine s’est trompé sur la volonté de résistance des Ukrainiens »
Robert Badinter
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