Lecture: Gouverner c’est aimer, (anthologie morale de l’art sublime de gouverner les hommes), Yves Marek, Balland 2022

« Gouverner c’est aimer » est un ouvrage hors du commun, une sorte de miroir inversé de notre époque. Loin de toute polémique, il met en lumière des vérités éternelles sur l’exercice du pouvoir, comme par contraste avec le caractère éphémère et superficiel des images qui nous assaillent au quotidien.

En 400 pages d’une incroyable densité, il convoque les grands écrivains et penseurs depuis l’antiquité pour mener à bien une réflexion sur la politique, l’art de gouverner pour le bien commun et toujours en creux, son naufrage actuel…

Près de 200 auteurs y sont cités dont par exemple Balzac, Bergson, Bossuet, Camus, Chateaubriand, Cicéron, Clemenceau, de Gaulle, Fouché, Hugo, Jünger, Louis XIV, Montesquieu, Montaigne, Napoléon, Nietzsche, Péguy, Platon, Rivarol, Stendhal, Saint-Simon, Shakespeare, Verlaine, Stefan Zweig…

Dans ce livre, tout se passe comme si l’auteur faisait appel aux esprits de l’histoire politique et littéraire pour définir ce que devrait être la science du pouvoir et dénoncer ses dérives. Une telle somme de lectures et de références littéraires est impressionnante – comme le livre d’une vie de lectures, crayon à la main.

Chacune de ses réflexions ou de ses pensées, adossée aux chefs d’œuvre de la littérature ou de la philosophie, décortique la science du pouvoir dans la tradition des moralistes. Quelques exemples:

  • Le propre de la vanité, c’est qu’elle est l’arme idéale pour gouverner les notables…
  • Par la crainte, on tient mieux les hommes que par la récompense…
  • En période de paix, les républiques négligent de faire appel aux grands talents qui comme de Gaulle, deviennent des Cassandre solitaires…
  • Veulent-ils nommer des gens de qualité? Ils découvrent avoir nommé des médiocres…
  • L’opinion est la boussole ultime en politique. Le seul danger qui la guette, c’est le risque de la séduction et des charlatans, des apparences de vérité, risques que la télévision les médias avec la facilité qu’ils offrent de raconter d’éphémères histoires fausses qui ont l’apparence de la vérité en jouant sur les émotions, accentuent…
  • Leur personnage est si inconsistant qu’ils pressentent intimement qu’ils doivent suggérer par imitation la comparaison avec un grand homme pour qu’on leur prête une envergure qui ne saute pas aux yeux naturellement. Nietzsche pouvait dire d’eux: « Cela un grand homme? Je n’aperçois en lui que le comédien de son propre idéal. »
  • La vie, dans ses formes diverses, offre en effet bien des raisons d’expérience de se méfier des prédictions. Bainville constatait justement: « Ceux qui appliquent leur esprit à calculer les événements, obtiennent des résultats qui valent à peu près ceux que donne l’observation du marc de café… « 
  • Peut-être que ceux qui ont si peur de n’être pas du côté des dernières modes et se cachent pour protéger de leurs peurs derrière de nouveaux systèmes rationnels et de nouveaux idéaux commenceront à entrevoir que leur progressisme même n’est pas le progrès mais une approximation rigide et maladroite, comme les dogmes d’une religion que l’on offre en première étape aux croyants mais qui ne sont pas l’éveil mystique et spirituel.

Enfin une leçon à méditer pour les dirigeants politiques, qui devaient tous avoir cet ouvrage comme livre de chevet: Il n’y a pas de grande politique sans amour du peuple, sans indulgence et tendresse pour tous les travers, ni sans croyance dans la supériorité, et pour la société et pour ceux qui la dirigent, de la vertu sur le vice.

MT

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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17 commentaires pour Lecture: Gouverner c’est aimer, (anthologie morale de l’art sublime de gouverner les hommes), Yves Marek, Balland 2022

  1. lambrays dit :

    Voila à l’image du pull over de Noël le candidat au livre à offrir pour Noël. Je préfère à toutes ces grandes pensées la lucidité de Will Rogers qui disait je ne me moque pas de ce fait le gouvernement, je me contente de dire ce que je vois ou de Robert Ingersoll qui observait que dans la nature il n’y a pas de punition ou de récompense, il n’y a que des conséquences.

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    • cgn002 dit :

      La nature humaine integre depuis des dizaines de milliers d annees un cerveau de l inhibition ( celui qui regule les pulsions, etc) un circuit de récompense ( très primitif, très puissant)
      La notion de responsabilité est toute récente.
      Jésus Christ a été un visionnaire il y a 2000 ans, car avant l homme était clairement un prédateur envers son prochain.
      Mais la responsabilité ( l anticipation des consequences) ne suffit pas : il reste à être convaincu de la finalité.
      Le monde n a plus de finalité qui le dépasse ou le guide.
      2000 années perdues…

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  2. Philippe dit :

    Bonjour Maxime, Bonjour à tous,

    Lorsque je vois le triste spectacle de nos politiques à la télé, et les français qui gobent cela se résume ainsi:

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  3. cgn002 dit :

    Nous sommes hélas trop peu nombreux à bien vouloir adhérer à cette saine réflexion.
    Tout le drame de notre époque tourne autour de l inculture qui prend le pouvoir sur la culture ainsi rejetee. Par le fait du nombre.
    La modernisation du monde a produit une écrasante majorité d esprits soit matérialistes, soit mystiques.
    L esprit des lumières qui pour nous est une évidence du progrès humain, est en train d être férocement combattu par un ensemble d autocrates qui se sentent capables d entraîner des milliards d humains vers un asservissement à la crasse la plus primitive des comportements.
    Faute d arbitre, faute d expression possible d une saine réflexion, dans la cour de récréation, en France ou sur la planète, ce sont les voyous qui imposent leurs vues.
    La bêtise est devenue l ingrédient premier du pouvoir. Par le nombre.

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  4. Anonyme dit :

    AIMER le peuple ? avec la vie tres chére ,l »énergie ,l » alimentations ,taxe et impots ,l » immigtations ,la drogue partout ,dans toute nos villes de France ,nos responsables politique font QUOI ? a un moment STOP ,,sinon cela va finir en révolutions michel43

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  5. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    Quel meilleur contrepoint apporter à votre auteur que celui de l’historien Thierry Lentz, invité hier au soir sur CNews, qui concluait son intervention jubilatoire sur le « saccage de l’État » ? ( à partir de 25’40) :

    https://www.cnews.fr/emission/2022-10-16/face-rioufol-du-16102022-1278449

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    • Gamain dit :

      Je n’ai jamais lu une ligne de Thierry Lentz je me suis borné à admirer la longueur des rayonnages des bibliothèques consacrés à ses œuvres. J’ai le sentiment que c’est un bon commerçant avant tout … les historiens que je fréquente ne font jamais référence à ce collègue … et puis, pour ne rien vous cacher, en matière d’Histoire Napoléon ce n’est pas trop ma tasse de thé.

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  6. Sganarelle dit :

    « Gouverner c’est aimer « 
    Voilà qui n’est pas une découverte , on pourrait enfoncer le clou en disant qu’on ne fait rien d’extraordinaire sans passion.
    Faut- il rappeler que c’est le grand principe sur lequel s’appuie presque deux millénaires de notre Histoire . La raison d’être des rois qui tenaient leur pouvoir de Dieu et du peuple et on eu à lutter toute leur vie contre .un entourage frondeur et une famille avide. Il a fallu une révolution sanglante et des années de pamphlets et de propagande pour imposer une autre civilisation .
    Le discours de la jeune reine ElIzabeth à son avènement est explicite quand elle dit se vouer à son peuple pour le servIr. Elle a continué et supporté cette charge sans nul doute pour et avec l’amour de son peuple.

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  7. Gerard Bayon dit :

    Bonjour toutes et à tous,
    Pas de risque que nos politiciens actuels adoptent ce livre comme livre de chevet. Ils sont trop sûrs de leur pseudo « intelligence « et de leur « subtilité », de leur destin tout tracé depuis leur enfance pendant laquelle un spectre ou leurs proches énamourés les ont convaincu qu’ils gouverneraient un jour le monde.
    Ces pitres là qui ont compris très vite qu’un travail productif et l’obéissance n’étaient pas fait pour eux, ont choisi pour la plupart de se goberger toute leur vie ou le plus longtemps possible aux crochets des neuneus qui les croiront.
    Ce qu’ils croient être leur charisme, ne repose en fait que sur leur faconde, leurs mensonges permanents sans vergogne, leurs gesticulations et leur capacité à humilier et intimider leurs interlocuteurs qui regimbent.
    Ils n’ont même pas été capables de retenir les leçons de Machiavel qui avait bien compris qu’il fallait séparer la politique de la morale et de la religion.
    « Le mépris et la haine sont sans doute les écueils dont il importe le plus aux princes de se préserver, ou d’Erasme, son contemporain : « L’esprit de l’homme est ainsi fait que le mensonge a cent fois plus de prise sur lui que la vérité.
    Non, nos politocards ne liront même pas la quatrième de couverture de ce livre et le dédaigneront comme un opuscule de bigot.

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  8. Anonyme dit :

    Rien de nouveau ce sont les principes mêmes de la royauté . Autrefois nos rois tenaient leur pouvoir de Dieu et ne régnaient qu’avec l’aide du peuple . Ils ont tous lutté contre l’avidité de leur entourage souvent même très proches car il est en partie le ferment de la révolution. Sans l’aide du peuple le roi n’existait pas. D’où les pamphlets et calomnies révolutionnaires et leur besoin d’écrouler le piédestal par des mensonges qui perdurent de nos jours. Le peuple des campagnes et celui de Vendée en particulier a été long à accepter l’ordre nouveau après des millénaires opposés.

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  9. Raymond dit :

    Bonjour monsieur,
    Bonjour à toutes et à tous,

    AAHHH !!!  AMOUR !?

    Tendre & Puissante lévitation du coeur,
    Point que tu nous offres l’éternité et l’infini,
    Mais, tu nous gardes hors du temps & de l’espace !
    Belle promenade des sentiments  où,
    Les maux sont vains, les mots ne sont même plus le pain de la vie,
    ! Boum ! ! boum ! Raisonne les battements de ton histoire,
    Tes souffrances & Cicatrices loin de nous soustraire, nous fortifient et marquent notre victoire
    sur le mal,
    Bord d’eau et campagne nous accompagne,
    Main dans main, évanescence des sens,
    Plaisir d’essence, frissons de Marianne …  » ! DRING !  »

    DRINGGG!!!! Raymond ! RAYMOND !! QUOI ?
    C’est l’heure ! ? RÉVEILLE – TOI !?
    Debout ! C’EST lundi, jour en  * I * …

    Dans ce monde de brut
    De moins en moins raffiné
    Nous passons Leclerc de notre temps
    A faire l’Esso sur des routes, pour,
    Au Total, quel Mobil ?
    On se plaint d’être à sec,
    Tandis que le moteur économique,
    En ce temps peu ordinaire,
    Est au bord de l’explosion,
    Dans un avenir qui semble citerne.
    Il conviendrait de rester sur sa réserve,
    Voire, jauger de l’indécence de ces bouchons
    Qu’on pousse un peu trop loin.
    Il y a des coups de pompes
    Ou des coûts de pompes
    Qui se perdent.
    La vérité de tout cela sortira-t-elle du puit de pétrole ?
    Qu’en pensent nos huiles ?
    Peut-on choisir entre L’éthanol et l’État nul,
    Voilà qui est super inquiétant!
    C’est en dégainant le pistolet de la pompe
    Qu’on prend un fameux coup de fusil.
    Je vous laisse réfléchir sur cet axe-là ou sur ces taxes-là…

    Bonne route à tous !

    A suivre,
    Cordialement

    Sentiments les meilleurs,
    Car, en Vérité je vous le dis,

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  10. jean claude fraternel dit :

    bonsoir,
    on peut toujours essayer d’envoyer déjà un exemplaire à notre maitre des forges et à son équipe qui oublie et çà devient une habitude qui oublie d’anticiper
    mais tant que l’arrogance le mépris l’ignorance et le j’ai toujours raison l’emporteront ce sera difficile pour eux d’ouvrir ce livre.

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  11. Gamain dit :

    Merci Maxime pour ce beau texte et pour l’envie de méditer sur le livre de cet auteur.
    Mais en aurons-nous le temps ? Le temps de le lire … tout va si vite en ce moment !
    Bon Dimanche à tous

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  12. Monique dit :

    Bojour Maxime Tandonnet et tous,

    Un grand survol sur notre belle littérature au fil des siècles d’histoire et aussi entrer dans la vie de quelques politiques qui ont fait parler d’eux, en bien ou en mal, je retiens une phrase « pour gouverner il faut aimer le peuple », j’ai une grande admiration pour le Général de Gaulle plus près de nous et pourtant n’avait il pas dit « que les Français étaient des veaux »?? depuis, ils l’ont bien prouvé. De Gaulle aimait la France, mais cela veut il dire qu’il aimait aussi ce peuple ?
    Le peuple, c’est la voix du moment, il est changeant, avec les médias, le peuple se fie à eux, c’est justement leur livre de chevet, pourquoi réfléchir et on connait tous les travers de notre époque, ses modes, ses aberrations, ces hommes et femmes politiques qui se distinguent dans ce qu’ils ont de pire, de lâche, je cherche mais je ne vois personne qui puisse dire « j’aime le peuple » mais il y en a encore une poignée qui aiment la France ! dans le fond, c’est elle qu’il faut sauver, c’est elle qui est en danger, le peuple, lui, c’est la voix défigurée de ce que notre société montre en exemple aujourd’hui.
    Les grands diplomates, les grands politiques, je pense qu’ils aiment d’abord le pouvoir et tout ce qui s’y rattache, aujourd’hui c’est la carrière et tout ce qu’elle peut apporter d’intérêt. Je ne crois plus aux vocations politiques, on arrive député par hasard et ensuite quelle belle image que de préconiser « d’aller manger ses morts » ou bien de loger la virilité dans le barbecue. Quand au choix des ministres, notre époque ne demande que des paillassons qui parlent, en exemple un ministre de l’EN qui n’a pas compris que la laïcité c’était vital, qu’il fallait savoir mettre un frein énergique à l’islamisation de l’école. Les idéaux sont des meurtriers !
    Pour ce qui est des prédictions, c’est comique et pourtant « gouverner c’est prévoir » attribué à Adolphe Thiers, qui de nos présidents récents à su « prévoir ». La France a toujours été le pays qui se retourne en disant « là on a eu tort ».
    Justement la meilleure pour Hugo qui lui, était un visionnaire : « Quand le peuple sera intelligent, alors seulement le peuple sera souverain. »

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  13. Gribouille dit :

    « Le propre de la vanité, c’est qu’elle est l’arme idéale pour gouverner les notables…
    (…)

    L’opinion est la boussole ultime en politique. Le seul danger qui la guette, c’est le risque de la séduction et des charlatans, des apparences de vérité, risques que la télévision les médias avec la facilité qu’ils offrent de raconter d’éphémères histoires fausses qui ont l’apparence de la vérité en jouant sur les émotions, accentuent… »

    On pourra par exemple, par médias interposés, faire croire à certains notables qu’ils sont vertueux et que leurs concurrents ne le sont pas ; et on pourra alors leur faire faire n’importe quoi, en tout cas on les fera agir en dépit du bon sens et de l’intérêt général.

    Ces notables devraient essayer nous aimer un peu moins, et d’anticiper un peu plus…

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  14. Cher Maxime T :
    – Le rêve est gratuit;
    – L’espoir fait, sinon vivre, du moins respirer un petit peu;
    – « Par la crainte, on tient mieux les hommes que par la récompense… » : chute sèche et brutale.
    J’ai un peu de mal à me remettre de la lecture de ce livre de LEGUTKO Ryszard « The Demon in Democracy: Totalitarian Temptations in Free Societies ».
    Bon dimanche en dépit de ces pensées sinistro-métalliques.

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