L’abominable système présidentialiste

Le régime présidentialiste n’est pas pour rien dans l’effondrement de la France depuis plusieurs décennies: économie, chômage, niveau scolaire, sécurité, frontières, dette publique. Nous avons pris la sale habitude de substituer la sublimation d’un histrion au bien commun du pays. En Angleterre, en Allemagne, en Espagne et en Italie, par exemple, rien n’est évidemment parfait mais les citoyens votent pour une majorité et son projet et une équipe pour le mettre en œuvre. En France, ils votent pour un pitre, un guignol narcissique adoubé par le pouvoir médiatique, le plus clownesque possible, ses grimaces, sa petite gueule, ses coups de menton, ses sourires, ses cabrioles, ses promesses en l’air et sa démagogie purulente. Certes on s’habitue à tout et on ne se rend même plus compte à quel point on nage dans la crétinisation. Les provocations monstrueuses (parfois bien dégueulasses) qui font parler de soi et exploser le compteur des sondages, la scandaleuse gabegie des crédits publics, les dépenses lamentables pour s’attirer les voix, l’avalanche de démagogie, de contradictions et de mensonges les plus flagrants, les plus caricaturaux et pourtant banalisés, la démence sondagière, le triomphe d’une vanité pathologique comme principe de gouvernement : c’est notre système! Non que les autres régimes soient parfaits. Rien n’est jamais parfait, ni en Angleterre ni en Allemagne, ni en Espagne, ni en Italie ni ailleurs. Au moins, ils ne sont pas ridicules. Certes, nous avions jadis une dramatique instabilité gouvernementale. Mais aujourd’hui, ce que nous avons désormais, aggravé par le quinquennat, est mille fois pire: à l’impuissance s’ajoute la tyrannie de la démagogie, du mensonge, de l’hystérie quotidienne, les déchirements, la violence verbale, la fuite en avant dans le grand-guignol. Et ce grand-guignol hystérique étouffe désormais le débat d’idées et la préparation de l’avenir. D’ailleurs, le plus abominable de tout cela est cette bêtise qui ruisselle de partout et nous dévore. Il suffit d’ouvrir les yeux quelques instants pour prendre conscience du grotesque de la situation. Les prochaines élections de 2022 auront peut-être au moins l’intérêt de pousser cette démesure dans la bêtise et le ridicule à sa dernière extrémité et d’obliger le pays à s’interroger enfin sur la démence de son système politique entièrement tourné vers l’exubérance vaniteuse de n’importe quel zozo au détriment de l’intérêt du pays.

MT

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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64 commentaires pour L’abominable système présidentialiste

  1. Yanka dit :

    Chaque nouveau président en rajoute dans l’abjection et le n’importe quoi. Celui-ci se surpasse, gonflé à l’hélium de l’hubris (on pensait avec Sarkozy avoir eu un phénomène, on n’avait encore rien vu), ivre de son pouvoir et rageux du fait de son impuissance, haï, donc haineux. Des pouvoirs spéciaux, des décrets, un parlement tellement réduit à que dalle qu’on pourrait le supprimer demain, une opposition plus molle que la cuisse blette d’une actrice décatie dans son EHPAD, des citoyens qui se bouffent le nez derrière leurs masques… Et l’autre qui s’en allait chantant : « Douce France… » Ça ne peut que très mal finir, et c’est heureux.

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  2. Georges dit :

    Et d’aucuns osent vilipender Poutine…

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  3. jpmjpmjpm dit :

    Bonjour Maxime,

    Je vous suis complètement en phase avec vous sur l’aspect néfaste de notre système présidentiel. Pour être dans la construction… quelles évolutions proposeriez-vous ? Pourquoi ? Et quelle stratégie suggérez-vous pour que ces évolutions deviennent réalité ?

    Le sujet est passionnant. Surtout le point en gras. On parle toujours du quoi. Rarement du comment, à tort car c’est souvent le plus important.

    Un futur post !?!

    Amicalement, jpmjpmjpm.

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  4. Georges dit :

    Ouiiii mais les enseignants voteront pour …..qui promet de doubler le salaire.

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  5. Janus dit :

    Petite réflexion philosophique toujours d’actualité et mise en musique par ce génie poétique et maitre es ironie, connaissant bien les français, leurs rêves de grandeur, leurs délires et leur inconstance : Monsieur de La fontaine :

    Les Grenouilles qui voulaient un Roi :

    Les grenouilles se lassant
    De l’état démocratique,
    Par leurs clameurs firent tant
    Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
    Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique:
    Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,
    Que la gent marécageuse,
    Gent fort sotte et fort peureuse,
    S’alla cacher sous les eaux,
    Dans les joncs, les roseaux,
    Dans les trous du marécage,
    Sans oser de longtemps regarder au visage
    Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau.
    Or c’était un soliveau,
    De qui la gravité fit peur à la première
    Qui, de le voir s’aventurant,
    Osa bien quitter sa tanière.
    Elle approcha, mais en tremblant;
    Une autre la suivit, une autre en fit autant:
    Il en vint une fourmilière;
    Et leur troupe à la fin se rendit familière
    Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi.
    Le bon sire le souffre et se tient toujours coi.
    Jupin en a bientôt la cervelle rompue:
    « Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue. »
    Le monarque des dieux leur envoie une grue,
    Qui les croque, qui les tue,
    Qui les gobe à son plaisir;
    Et grenouilles de se plaindre.
    Et Jupin de leur dire: » Eh quoi? votre désir
    A ses lois croit-il nous astreindre?
    Vous avez dû premièrement
    Garder votre gouvernement;
    Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
    Que votre premier roi fut débonnaire et doux
    De celui-ci contentez-vous,
    De peur d’en rencontrer un pire. »

    Le poète connaissant bien la gens jacassante qui est toujours aux manettes dans ce ridicule pays femelle qui se fait bousculer dans les herbes folles par le premier bellâtre venu, lequel pille, vend à l’encan les bijoux, les vêtements de la belle et la laisse nue comme le jour de sa naissance. C’est la France toujours belle, toujours offerte et qui ne tire jamais la leçon de ses viols successifs.
    A ce sujet : Le contrat du siècle perdu et remplacé par des sous-maris nucléaires américains quand nous avons perdu toute capacité à vendre des sous-marins nucléaires puisque Macron, le dernier bellâtre en date, a vendu Alsthom à Général Electric avec l’aide de l’UMP Clara Gaymard au moment même ou se négociait le contrat avec les Aussies… Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre…

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  6. there dit :

    L’idée de départ n’était pas idiote : créer une figure paternelle forte et rassurante qui nous manque viscéralement. Le problème est que le process de sélection vicié ne nous donne que des figures incapables d’endosser le costume. Alors le spectacle est -surtout depuis Hollande- affligeant : des petits fats méprisants dans des habits trop grands pour eux se promenant dans un faste décalé qui crie l’imposture. Le dernier en date semble trouver un malin plaisir à alimenter la farce. Ca va mal finir et ils diront que c’est de notre faute .

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    • jpmjpmjpm dit :

      L’idée de départ n’était pas idiote : créer une figure paternelle forte et rassurante qui nous manque viscéralement.

      Alors vraiment pas en ce qui me concerne, sauf dans ma petite enfance. C’était le Père Noël.

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    • Pheldge dit :

      faut dire que le truc de la « figure paternelle forte et rassurante », ça marche à tous les coups, et partout : Staline « le petit père des peuples », Mao « le Grand Timonier » et que dire de l’Oncle Xi , on pourrait multiplier les exemples … Relire la Boétie, encore et toujours, le peuple aime se soumettre !

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  7. Citoyen dit :

    Le constat n’est pas reluisant, Maxime. Et pourtant, il est le bon.
    La constitution de ce pays, a permis d’arriver au bout de la décrépitude.
    Il est urgent d’inventer des procédures, qui permettent à la population de dégager sur le champ des élus qui ont failli, ou qui deviennent nuisibles pour le pays à travers des institutions dévoyées.
    Faute de quoi, il ne restera que la guerre civile, comme unique moyen pour régler le problème, et tenter de sauver ce qui peut l’être avant la déchéance complète..

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    • Pheldge dit :

      la Constitution a bon dos : régulièrement modifiée, mais jamais dans le bon sens. t il faudrait vraiment être naïf pour attendre de nos politiciens, de nos candidats, qu’ils s’engagent à la modifier pour perdre du pouvoir au bénéfice du PM !

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    • Citoyen dit :

      « la Constitution a bon dos »
      la Constitution, et ce qu’ils en ont fait, Pheldge … Le Général n’avait pas prévu, probablement parce qu’il n’était pas assez tordu pour l’imaginer, ce que la pourriture qui viendrait après lui pourrait en faire …

      « régulièrement modifiée, mais jamais dans le bon sens. »
      Ben, voila.
      Fallait-il s’attendre à autre chose de leur part ?…

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    • Pheldge dit :

      je pense qu’au contraire le Général n’entretenait guère d’illusions, mais il s’est retiré, avec le sentiment du devoir accompli, après avoir donné tout ce qu’il pouvait.

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  8. Pheldge dit :

    « substituer la sublimation d’un histrion au bien commun du pays » euh, allô, Nicolas, Maxime Tandonnet a écrit un article où il cause de toi, lis donc, ça devrait te plaire …

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  9. Sganarelle dit :

    Monsieur Tandonnet vous demandez une personne qui «  travaille sobrement et laborieusement » (sic) pour le pays..autant demander un saint.
    Si cette personne n’est pas sacralisée par une religion ou une tradition quel est sa récompense?
    L’être humain a besoin de salaire ou récompense et s’il n’ en trouve aucune en réponse à ses efforts c’est du masochisme. Être à la tête d’un pays n’est pas de tout repos si l’ego n’y trouve pas son compte et sans dimension sacrée si la richesse et les honneurs ne suivent pas il est normal que vous ne trouviez pas des prétendants.

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  10. francefougere dit :

    Rectificatif, désolée, du Président et des

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  11. francefougere dit :

    Tout dépend du Président-net des électrices/ teurs/

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  12. Annick Danjou dit :

    Maxime quel beau texte et quelle clairvoyance. Je viens de le lire à mon mari qui vous applaudit des 4 mains en comptant les miennes.

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  13. Pie vert dit :

    Bonjour,
    Je vois que nous pensons la même chose.
    Nous ne sommes certainement pas les seuls.
    Aussi, si la France garde encore un minimum de culture démocratique, notre système politique devrait prochainement disparaître ou être très sérieusement modifié.

    .

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