Penser l’alternance (entretien avec Atlantico)

– Bien placés dans la compétition des régionales, après des municipales plutôt réussies, les Républicains ne semblent pas aujourd’hui en mesure de transformer l’essai au niveau national. Comment peut-on expliquer cet échec ? Le manque de candidat faisant l’unanimité est-il vraiment la seule raison ?

Les résultats nationaux des dernières élections municipales de 2020 ont montré que le courant politique que représentent les Républicains et leurs alliés était dominant dans le pays sur le plan local : 2,65% à l’extrême gauche ; 29, 63% à la gauche ; 4,38% aux Verts ; 15,98% au Centre (dont 2,22% à LREM, le parti du chef de l’Etat) ; 33, 71% à la droite ; 3,33% à l’extrême droite. Les sondages des régionales confirment cette domination. En revanche, les LR ne parviennent pas à s’imposer sur le plan de l’élection présidentielle où invariablement, les sondages annoncent un duel de second tour le Pen-Macron et une réélection de ce dernier.  Pourquoi ? D’abord les élections locales confirment des implantations anciennes qui bénéficient à LR. Ensuite la sensibilité de droite sur le plan des idées est probablement la plus proche de l’état d’esprit actuel des Français qui l’expriment dans des élections territoriales. Cependant, au niveau de l’élection présidentielle, à ce stade, les LR ont toutes les peines à s’imposer, sans doute parce qu’ils n’ont pas de leader naturel et aussi parce que les stigmates des grands scandales nationaux notamment le drame de la présidentielle de 2017, continuent d’imprégner la conscience politique. La confiance du pays n’est pas encore revenue…

– Selon le dernier sondage Ifop, dans l’hypothèse où il serait le candidat de la droite, Xavier Bertrand s’impose chez les 65 et plus (27% d’intention de vote, deuxième derrière Macron) mais ne séduit pas les catégories populaires (10% d’intentions de vote), ni les CSP+ (12%), ni les jeunes (2%). Comment expliquer un partage de l’électorat si déséquilibré ? 

« Il ne séduit pas ». Vous touchez à l’essentiel autour de la notion de séduction. En effet, Xavier Bertrand, comme d’ailleurs Bruno Retailleau, ne séduit pas, il n’est pas dans une logique de séduction. La politique est devenue avant tout un grand spectacle médiatisé. L’élection présidentielle est avant tout une affaire de séduction. A travers une posture, des slogans et des sourires, elle se joue sur la capacité à séduire des catégories d’électeurs. Cette séduction fit la force de M. Macron. Mais Xavier Bertrand n’est pas sur ce registre. Son style ne se prête pas à la séduction. D’une certaine manière, il tente de renouer avec la politique ancienne manière fondée sur le « faire » plutôt que le « paraître », le débat d’idées et le projet plutôt que le charme personnel. D’où les 2% que lui attribue ce sondage chez « les jeunes » qui ont grandi dans un climat plus propice aux héros des jeux vidéo et aux paillettes de la télé-réalité qu’à l’enseignement de l’histoire. La question est de savoir si, en douze mois, il est envisageable, pour lui ou tout autre, de réconcilier une Nation et notamment sa jeunesse avec la politique au sens noble du terme en l’arrachant à la logique de l’esbroufe. Ce n’est pas gagné…

– Le fait que les hypothèses les plus “crédibles” pour l’instant pour la droite soient des candidats qui ne sont plus à LR (Pécresse et Bertrand) est-il un élément d’explication de la panne du parti au niveau national ?

Une certaine confusion n’arrange sans doute pas les choses. Deux candidats potentiels sont hors du parti. Le seul candidat quasi déclaré interne au parti, M. Retailleau, ne fait pas l’unanimité dans l’état-major du mouvement. L’autre candidat potentiel en interne, M. François Baroin entretient le plus grand flou sur ses intentions. M. Wauquiez pour sa part fait régner le doute en annonçant qu’il ne restera pas inactif. D’autres LR, minoritaires, sont clairement entrés dans une logique de reniement de leur « famille » en se ralliant, par calcul opportuniste, à la candidature de M. Macron. En outre, la discussion complexe et indécise sur les primaires rajoute de la confusion à la confusion. Tout ce désordre ne contribue évidemment pas à convaincre ni à restaurer la confiance envers la droite sur le plan national. 

– Si Emmanuel Macron ne réussit pas à créer d’ancrage local, est-ce le problème inverse que l’on constate chez LR ?

C’est-à-dire que l’on observe un découplage entre le la vie politique locale et nationale. Dans la première, la vie politique locale, subsistent encore quelques notions de préférence politique, de projet et d’action pour un intérêt collectif. La seconde, la vie politique nationale, otage du pouvoir médiatique, est de plus en plus hors sol, déconnectée du réel, vécue comme un jeu vidéo, une émission de télé-réalité où s’affrontent des idoles. De fait, ni M. Macron ni Mme le Pen n’inspirent la confiance, l’estime ou la sympathie de la France profonde, mais ils s’imposent comme les figures obligées du Grand Guignol médiatique qu’est devenue la politique nationale. La logique de l’élection présidentielle dans le système du quinquennat – qui soumet les législatives au résultat des présidentielles – est profondément absurde et anti-démocratique : un jeu de séduction et de propagande médiatique devient la clé unique de l’avenir politique de la France. Tout débat d’idées et de projet est désormais réduit à néant par cette logique d’idolâtrie et de culte de la personnalité. Si des élections législatives authentiques, comme dans toutes les démocraties européennes avaient lieu, indépendamment des présidentielles, il ne fait guère de doute que la droite majoritaire aurait de bonnes chances de reprendre le pouvoir et de gouverner. Tel n’est pas le cas aujourd’hui. Le tout « présidentiel » cultive la bêtise, l’esbroufe, la mégalomanie et la médiocrité, la soumission à des idoles d’une rare médiocrité et aggrave l’extrémisme et la division du pays. Il est une des causes évidentes du naufrage français, sanitaire, économique, social, intellectuel. Mais comment faire comprendre cela aujourd’hui ?

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

92 commentaires pour Penser l’alternance (entretien avec Atlantico)

  1. roturier dit :

    L’élection locale est locale.
    L’élection nationale est nationale.
    Il n’existe AUCUNE raison de voter aux deux selon les mêmes critères.
    S’étonner que les Français votent différemment au national et au local c’est les prendre pour des imbéciles.

    J’aime

  2. Zonzon dit :

    DANS LE MÊME TEMPS où chez nous on étripe les flics et les pompiers dès qu’ils sortent de leurs casernes, que parfois on va même leur chercher noise à domicile, que le passant se fait molester régulièrement par des voyous maghrébins, que l’on coupe la tête aux profs et aux employeurs, que l’on se fellationne allègrement en famille, que l’on balance impunément les vieilles dames juives par les fenêtres, que l’on tue les fœtus deux heures avant leur naissance, que des judiciens européens font la loi en Corrèze, que l’on construit des mosquées aussi imposantes que des centrales nucléaires, que l’on trucide sa famille avant de partir en vacances, que l’on fracasse la tête des petites filles avant de les balancer dans le vide-ordure, que des épouses disparaissent sans laisser de traces, le Royaume-Uni nous a offert hier une cérémonie d’une qualité exceptionnelle.
    Les Britiches … pas encore morts.

    Aimé par 1 personne

    • Pheldge dit :

      hélas, je crains que bien peu de nos compatriotes aient perçu autre chose que les commérages habituels. La famille Royale incarne la tradition et l’Histoire du Royaume Uni, c’était palpable hier, et je ne vois rien de comparable dans notre république, qui puisse réunir tout un peuple, avec autant de ferveur, dans le recueillement.
      Nous avons pourtant eu notre lot de cérémonies dites « d’union nationale », après les massacres de Charlie, du Bataclan, le sacrifice de Beltrame du Père Hamel,et de Paty, et j’en oublie … mais, non, rien, rien de semblable, nous sommes bien plusieurs crans en dessous des Britts, dont on aime tant se moquer !

      J’aime

    • Pheldge dit :

      « La tradition, ce n’est pas l’adoration des cendres, c’est la transmission du feu » – G. Mahler

      Aimé par 1 personne

  3. Raymond dit :

    Vous qui n’avez de cesse d’implorer l’espoir ?

    BEN, LE VOICI !

    Je vous l’ai déjà dit ;
    ~ Le commencement, c’est maintenant ! ~

    On se bouge le popotin :
    On se renseigne, sur le jour et l’heure de la cérémonie,
    On fait du bruit,
    On arrête de bosser pendant 5 minutes et On a une bonne pensée (galvanisante) sur les significations les mots : Courage, Audace, Opiniâtreté,
    On fait quelques gestes de communions,
    (n’ayez pas peur vous ne risquez pas grand grand-chose. En tous cas, moins qu’à Ouistreham le《Jour J》).
    On célébre la vie d’un Homme libre.

    On dit, à ce Monsieur ;
    Monsieur, vous n’avez pas fait tout cela pour rien.

    En même temps, dans une France ravagée par le joug de l’oppression, et, bien que certains l’aient déjà interdit, le 6.6.44, ils n’étaient que 177 à galoper sur la plage !?!

    Nous serons guerre plus à célébrer sa gloire.

    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/mort-de-hubert-faure-l-avant-dernier-survivant-du-commando-kieffer-20210417

    Comme on dit chez ces Gens la !
     » UNITED WE CONQUER  »

    Respect à vous, Monsieur Faure.
    Merci pour votre exemplarité.

    J’aime

  4. Notes de lecture de fin de journée:

    « Les juifs affirment qu’ils ne savent pas ce qu’il y a après notre mort. Mais ils pourraient le formuler autrement: après notre mort, il y a ce que nous ne savons pas. Il y a ce qui ne nous a pas encore été révélé, ce que d’autres en feront, en diront et raconteront mieux que nous, parce que nous avons été. »

    « Méfions-nous du langage. Ecoutons la violence ancestrale qui dort dans les mots. Sommes-nous certains qu’en eux ne se cache pas une bombe que nous ne saurons pas désactiver? »

    Source: « Vivre avec nos morts » de Delphine Horvilleur chez Grasset, pages 180 et 190.

    J’aime

  5. Annick Danjou dit :

    Très bel article Maxime et si bien vu. Comment amener les jeunes à voter intelligemment ? Comme vous le dites, ils aiment les héros de la télé réalité, les beaux gosses, les belles nanas qui le plus souvent n’ont qu’un pois chiche dans la tête. Ils likent, tweetent et se répandent sur face book , c’est ça qui les anime, la politique ça sert à quoi? Je pense qu’on aura un mal fou à reprendre le flambeau et c’est peine perdue que d’essayer de leur en parler, ils sont impénétrables. J’essaie parfois mais c’est plutôt décourageant.

    Aimé par 1 personne

  6. Raymond dit :

    Bonjour monsieur,
    Bonjour à toutes et à tous.

       ~   Le tout « présidentiel » cultive la bêtise, l’esbroufe, la mégalomanie et la médiocrité, la soumission à des idoles d’une rare médiocrité et aggrave l’extrémisme et la division du pays. Il est une des causes évidentes du naufrage français, sanitaire, économique, social, intellectuel. Mais comment faire comprendre cela aujourd’hui ?   ~

    Ben ! Va falloir raconter l’histoire de ;

     » La taupe, le corbeau et le serpent  »

    Bien sûr, j’aurais pu vous servir la chose de manière beaucoup plus * Hot * ,
    à notre époque cela fait ☆ in ☆ et génere plus d’écoute et d’attention, le buzz quoi !?
    Et vous demander ;

    Quand vous faites l’amour à Marianne, vous êtes plutôt : Visuel ou Auditifs ?

    Mais, il paraît que c’est deux concepts n’existent pas, et mon côté vieille France, pardon pour ce gros maux, me pousse en ce cas là, à donner davantage de crédit à la réflexion qu’à l’émotion.
    De plus, je ne souhaite pas monsieur, nous attirer un quelconque mauvais œil de la police de la pensée.
    Aussi, au sein de notre ♤ brainstorming ♤ permanent, qui finit par offrir des céphalées à bon nombre, je propose une perspective d’un autre genre, pour insuffler la flamme.
    Nous serons d’accord sur le fait, qu’une année  de conflit et quelques décennies d’errance  préalable, ont fini par user les cerveaux et par voi x/e de conséquences les comportements et attitudes de nos peuples de France.
    Nous le serons toujours, si je vous dis que la Jupitérienne lueur n’a finalement que la pauvre influence, de renvoyer un grand nombre au sombre silence de leurs taupinières, et, de permettre à certains autres de remplumer leur ancestral et dérisoire ramage.
    Alors, je vous glisse discrètement ma théorie, et vous donne ma technique du romuage de popotins !

    Il est l’heure d’agiter le bocal de nos hémisphères droit et gauche.

    Il est l’heure de remuer le pois chiche de nos taupes et de corbeaux.

    Il est l’heure de réveiller le reptilien !
    Bien géré, cette vieille bête porte la voie/x de la guérison.

    《Au commencement était le verbe ?
       Non ! Au commencement était l’action.》
       Faust.

    ALORS, LE COMMENCEMENT ?
    C’EST MAINTENANT !

    Le Philosophe Scythe
    Jean de La Fontaine.

    Un philosophe austère, et né dans la Scythie ,
    Se proposant de suivre une plus douce vie,
    Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux
    Un Sage assez semblable au vieillard de Virgile,
    Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux,
    Et comme ces derniers, satisfait et tranquille.
    Son bonheur consistait aux beautés d’un jardin.
    Le Scythe l’y trouva, qui la serpe à la main,
    De ses arbres à fruit retranchait l’inutile,
    Ebranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
                Corrigeant partout la nature,
    Excessive à payer ses soins avec usure.
                Le Scythe alors lui demanda
    Pourquoi cette ruine ? Etait-il d’homme sage
    De mutiler ainsi ces pauvres habitants ?
    Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage.
             Laissez agir la faux du temps :
    Ils iront assez tôt border le noir rivage.
    J’ôte le superflu, dit l’autre, et l’abattant,
                Le reste en profite d’autant.
    Le Scythe, retourné dans sa triste demeure,
    Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure,
    Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
                Un universel abattis.
    Il ôte de chez lui les branches les plus belles,
    Il tronque son verger contre toute raison,
                Sans observer temps ni saison,
                Lunes ni vieilles ni nouvelles.
    Tout languit et tout meurt. Ce Scythe exprime bien
                Un indiscret stoïcien ;
                Celui-ci retranche de l’âme
    Désirs et passions, le bon et le mauvais,
                Jusqu’aux plus innocents souhaits.
    Contre de telles gens, quant à moi, je réclame.
    Ils ôtent à nos coeurs le principal ressort :
    Ils font cesser de vivre avant que l’on soit mort.

    Cordialement …_

    Aimé par 1 personne

  7. Annick Danjou dit :

    Le Figaro.fr: « Un professeur fait polémique en décalant un examen en raison du Ramadan »

    Voici un autre article du figaro, l’alternance arrive à grands pas!

    Aimé par 1 personne

  8. Annick Danjou dit :

    https://www.bvoltaire.fr/bernard-carayon-sur-les-amenagements-pour-le-ramadan-dans-le-tarn-cette-autorisation-prefectorale-est-une-soumission-de-letat-a-une-pratique-religieuse/

    En rapport avec ce que je vous disais il y a 2 jours le 2 poids 2 mesures qui est plutôt la trouille des soulèvements. Pourquoi voter alors pour des personnes qui n’ont aucun courage face à l’envahisseur?

    J’aime

    • there dit :

      @Annick et les vigies pascales se sont faites à 6h du matin, ce qui est formidable avec nos élites, c’est qu’elle ne déçoivent jamais : on sacrifie les alliés , on cire les pompes aux ennemis, une telle constance dans la trahison forcerait presque le respect.

      J’aime

    • Pheldge dit :

      pour rappel, il n’y a pas eu la moindre dérogation pour la messe de la Veillée Pascale des Catholiques au point que dans ma paroisse, elle a eu lieu le jour de Pâques à 6 h du matin !

      Aimé par 1 personne

    • Annick Danjou dit :

      There et Pheldge tout à fait d’accord avec vous, aucun accommodement quand il s’agit des fêtes catholiques mais les catholiques n’égorgent pas, ne brûlent pas, ne menacent pas. Il serait peut-être être temps d’y réfléchir !
      Et pour ne pas me répéter les gens qui nous gouvernent sont des couards, ils ont peur pour leur peau et préfèrent se coucher devant l’envahisseur.

      J’aime

  9. Eteindre la télé, rallumer les livres:

    « L’Homme fait des plans et Dieu rigole. »

    Proverbe yiddish

    Source: « Vivre avec nos morts » de Delphine Horvilleur chez Grasset page 156.

    Pour en savoir plus sur le livre et l’auteur:

    https://www.grasset.fr/livres/vivre-avec-nos-morts-9782246826941

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.