Lecture: Louis XVI, Jean-Christian Petitfils, Perrin, 2007

Voici un ouvrage remarquable et passionnant, une somme considérable de 1114 pages consacrées à Louis XVI et à son règne. La richesse de ce livre tient à l’extraordinaire galerie de portraits qui émerge du récit factuel. Maurepas, Choiseul, Rohan (l’affaire du Collier), Vergenne, Turgot, Calonne, Necker, tous ces noms célèbres prennent vie au fil des pages et le couple que forment Louis XVI et Marie-Antoinette que le lecteur découvre, sous un jour nouveau.

Louis XVI n’est pas vraiment celui que l’on croyait et la mémoire collective reste imprégnée par les immondes mensonges et les calomnies qui ont jalonné sa descente aux enfers: tout le contraire d’un tyran, d’un criminel et d’un monstre comme l’ont dépeint les Montagnards. Tout le contraire aussi du benêt peureux et sans conviction dont l’image est passée à la postérité.

Le fond du problème est que Louis n’était pas fait pour être roi de France. Et comment le lui reprocher? Le tableau psychologique que l’auteur esquisse de lui est fascinant. Déjà, le destin lui a joué de mauvais tours. Les décès prématurés de son frère aîné, un caractère dominateur (tout son contraire) qu’il vénérait Louis-Joseph (1861), puis la mort de son père, Louis-Ferdinand (1765) l’ont placé en première ligne pour la succession de Louis XV en 1774, un Louis XV qui méprisait vaguement son successeur, en raison notamment de ses piètres performances « au lit ».

Juste avant son exécution dans un testament secret, sauvé de la sauvagerie de ses geôliers, Louis XVI écrit à son fils, le dauphin âgé de sept ans, qu’il aime passionnément: « Si tu as le malheur de régner… » Tout était dit. Louis XVI, dès son plus jeune âge, déteste les apparats du pouvoir, le poids et les contraintes de l’étiquette, le protocole, la courtisanerie, cette abomination à ses yeux. Passionné de chasse, il n’est lui-même que dans la solitude de la forêt ou dans son atelier de serrurerie. Jamais roi ne fut plus étranger que lui à la vanité et aux bienséances qui lui font horreur.

Justement, Louis XVI a pourtant tout d’un visionnaire. Trop intelligent pour être roi, se demande-t-on à cette lecture? Il se passionne pour les progrès de la science, de la marine, des grandes découvertes et la transformation du monde. Excellent stratège de politique étrangère, il prend le parti des Insurgent américains et remporte une brillante victoire sur l’Angleterre après l’humiliante défaite de la guerre de Sept ans, sous Louis XV, ayant privé la France du Canada et de l’Inde. Extrêmement bon et généreux, multipliant les grâces et les secours aux indigents en toute occasion.

Un authentique réformateur, qui voit venir avec lucidité l’effondrement de « l’ancien régime » et veut sauver la monarchie en la réformant profondément. Tous ses efforts pour moderniser le régime, la fiscalité, la justice et l’administration, avec Turgot, puis Calonne, enfin Necker, se heurtent à l’égoïsme et à l’aveuglement de l’aristocratie. Celle-là même qui après avoir joué la politique du pire, fuira lâchement le pays au moment de la Révolution, abandonnant la famille royale à son malheureux destin.

Alors bien sûr, Louis XVI est aussi responsable de son malheur. D’un courage, d’une générosité et d’une intelligence indéniables, il a aussi d’inexcusables défauts, les défauts de ses qualités, pour un monarque, qui ont fait sa tombe et celle de sa famille et le malheur de la France. Au cœur de son idéologie et de ses convictions, un pacifisme intégral, « incompréhensible » souligne l’auteur, et qui s’aggrave au fil du temps: son refus absolu réprimer la barbarie au prétexte d’éviter de faire couler le sang français se traduira par un chaos généralisé et la tyrannie sanguinaire de la rue (massacres des Tuileries le 10 août 1792, puis tuerie de Septembre).

Son indécision est parfois sidérante, exaspérante. A maintes reprises, il a l’occasion de prendre ses distances pour échapper au pire mais il se montre incapable d’agir. Et quand il bouge enfin, sa maladresse est telle qu’il aggrave les catastrophes (hallucinant récit de la fuite à Varennes).

Le secret de cette catastrophe, pour lui, pour sa famille, mais aussi pour la France plongée dans un innommable chaos sanguinaire (Loi des Suspects, Terreur, génocide vendéen)  et une effroyable guerre contre l’Europe de 25 ans: le gros homme, boulimique est profondément dépressif, au dernier degré, se murant pendant des jours dans un mutisme total dont il ne sort jamais et acceptant fatalement un sort qu’en tant qu’homme, il ne méritait évidemment pas.

Maxime TANDONNET

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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22 commentaires pour Lecture: Louis XVI, Jean-Christian Petitfils, Perrin, 2007

  1. Jacqueline Aberlin dit :

    Oui, j’ai acheté et lu ce livre il y a déjà quelques années, livre passionnant ! Quant au testament de Louis XVI , je l’ai acheté lors d’une visite à la conciergerie et à la sainte chapelle, maintenant est posé chez moi sur une table où tous les amis peuvent le lire… Tout un pan de notre histoire dont nous devrions avoir honte…

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  2. du Tertre dit :

    Bonjour monsieur je lis avec un indicible plaisir vos differents commentaires, d une part parcequ ils sont bien ecrits, d autre part car ils sont mesurés et je dirais objectifs..concernant le livre sur L XVI je partage entierement votre avis sur l homme qu il fut..toutefois j attire respectueusement votre attention sur la responsabilite de l echec de LXVI que vous attribuez en partie a « l egoisme et l aveuglement de l aristocratie »..certes il ne fut pas aidé, mais le terme d aristocratie ne me semble pas convenir..s il y a bien une responsabilite a engager c est celle du clerge tres soucieux de continuer a se faire entretenir..par la dime en particulier..et celle de la haute noblesse preoccupee de garder ses privilèges..beaucoup de cahiers de doleances mentionnent l indecence du train de vie du clergé et l inadaptation de la fiscalite.
    en particulier les droits feodaux..de sorte que le tiers etat et la noblesse en particulier celle de la province se retrouvent pour aborder une indispensable reforme fiscale aux etats generaux de 1789..et s il y a bien une responsabilite a rechercher dans l echec des etats generaux ce serait plutot le « blocage » du clergé et de la haute noblesse..c est pourquoi je pense que le terme d aristocratie n est pas adapte..
    Bien a vous
    LT

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    • Cher Monsieur du Tertre, vous avez entièrement raison et je vous remercie pour ces observations. Difficile pour moi de corriger le billet ce qui serait gommer a posteriori mon erreur mais je suis absolument d’accord avec vous.
      Bien cordialement
      MT

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  3. Encore un billet à coté de la plaque !
    Louis 16 a fait des erreurs stratégiques, à commencer par révoquer le triumvirat du chancelier Maupeou, du contrôleur général Terray et du secrétaire d’État d’Aiguillon, certes impopulaire mais qui commençait à obtenir des résultats.
    Mal entouré, mal conseillé !
    Dis moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es !
    Si tu es hanté par Alain Minc et Jacques Attali, tu es un perdant !

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    • Le rabouilleur, c’est le résumé en une page d’un livre de plus de 1000 pages, qui ne cache rien (ni le livre, ni le résumé) des faiblesses et erreurs de Louis XVI. Si mes billets tapent à côté de la plaque, quel intérêt de les lire et surtout de les commenter?
      MT

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  4. Simon dit :

    Merci de ce beau partage. C’est un roi qui m’émeut, un homme que je perçois simple et profond. Cet homme déployait son habilité â la serrurerie et envoya la Pérouse explorer le monde.
    Si je me souviens bien, hors Sorbonne, la révolution n’était enseignée dans aucune fac d’histoire. L’âge aidant, je suis de plus en plus persuadée que la monarchie était notre régime naturel et que la révolution était le fait d’une frange de la population qui voulait capter le pouvoir, comme aujourd’hui elle veut la PMA et appelle de ses voeux l’homme nouveau.
    Merci Coucou de nous donner à lire l’ émouvant testament de Louis XVI. Je profite de ce moment pour vous encourager, du moins ceux qui ne l’ont pas vu, à aller voir ce chef-d’oeuvre qu’est le film de Terrence Malik « une vie cachée ». Puissants ou humbles, tous broyés par des forces niant l’homme et son humanité.

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  5. Sganarelle dit :

    Ce malheureux roi ne souhaitait pas que son sang retombe sur la France. Hélas on sait que la pente est rude depuis son exécution
    De tous temps les rois se sont appuyés sur le peuple et de tous temps ils ont lutté contre leur entourage et ce n’est pas Louis XIV malgré son goût de la représentation qui fera le contraire alors qu’ayant subi la fronde et en s’entourant de roturiers ou de fans de petite noblesse il a su mieux que quiconque en qui il pouvait placer sa confiance
    Vous l’écrivez fort bien Louis XVI n’était pas fait pour faire un roi. Loin de l’étoffe d’un Louis XI et peu enclin comme Henri IV à changer de religion de nombreuses fois , il n’avait ni l’envergure ni la poigne nécessaire et il a payé fort cher ses faiblesses.
    Il n’y a pas qu’un historien qui rende justice à ce roi mais d’autres plus à gauche comme François Furet qu’on ne pouvait taxer de complaisance, ont aussi tenté malgré les propagandes républicaines de rétablir la vérité.
    Parce qu’il y a encore des royalistes en France et que la république a eu et a encore des craintes, il a existé dans l’enseignement avec Michelet entre-autres une omerta pernicieuse et une propagande sciemment orchestrée.
    Merci monsieur Tandonnet de donner à tous l’envie de lire et de se renseigner auprès de véritables historiens les plus objectifs possibles , les leçons du passé devraient servir au présent .

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  6. Janus dit :

    Il est tombé pour n’avoir pas su museler les parlements, ce que Louis XV avait fait et pour n’avoir pas su mettre au pas la noblesse, ce que Louis XIV avait fait. Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés : Mettre au pas les oligarques déchainés et qui ne sentent plus de limites dans leur course au pouvoir, mettre un terme au gouvernement des juges et châtrer la haute fonction publique, notamment Bercy, la prefectorale et le quai d’Orsay, voila le programme d’un vrai chef d’État. Ce travail brutal doit être fait sans souci du Conseil d’Etat (cf l’action de De Gaulle) et rapidement, le reste suivra. Et pour cela, il est indispensable que le futur responsable politique ne soit pas issu le la haute fonction publique et qu’il soit compétent et cultivé, : un oiseau rare dans les allées du pouvoir…

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  7. Coucou dit :

    Bonjour à vous,

    Testament de Louis XVI (manuscrit)

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    Louis-Eustache Audot
    Testament de Louis XVI et de Marie-Antoinette
    Gueffier ; Audot ; Plancher ; Pierre Picquet, 1816 (p. 19-22).
    ◄ Notice historique sur le Testament de la Reine Marie-Antoinette d’Autriche
    Testament de Marie-Antoinette d’Autriche ►
    Testament de Louis XVI
    Au nom de la tres Sainte Trinité du Pere du fils et du St Esprit. Aujourd’hui vingt cinquieme jour de Decembre, mil sept cent quatre vingt douze. Moi Louis XVIe du nom Roy de France, etant depuis plus de quatres mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple a Paris, par ceux qui etoient mes sujets, et privé de toutte communication quelconque, mesme depuis le onze du courant avec ma famille de plus impliqué dans un Proces, dont il est impossible de prevoir l’issue a cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun pretexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant que Dieu pour temoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser. je declare ici en sa presence mes dernieres volontés et mes sentiments.
    Je laisse mon ame a Dieu mon createur, je le prie de la recevoir dans sa misericorde, de ne pas la juger d’apres ses merites, mais par ceux de Notre Seigneur Jesus Christ, qui s’est offert en sacrifice a Dieu son Pere, pour nous autres hommes quelqu’indignes que nous en fussions, et moi le premier.
    Je meurs dans l’union de notre sainte Mere l’Eglise Catholique Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C. les avoit confiés. je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Eglise, les Sacrements et les Mysteres tels que l’Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. je n’ai jamais pretendu me rendre juge dans les differentes manieres d’expliquer les dogmes qui dechire l’Eglise de J.C. mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux decisions que les superieurs Ecclesiastiques unis a la Sainte Eglise Catholique, donnent et donneront conformement a la discipline de l’Eglise suivie depuis J.C. je plains de tout mon cœur nos freres qui peuvent estre dans l’erreur, mais je ne pretends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chretienne nous l’enseigne.
    Je prie Dieu de me pardonner tous mes pechés. j’ai cherché a les connoitre scrupuleusement a les detester et a m’humilier en sa presence, ne pouvant me servir du Ministere d’un Prestre Catholique. je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faitte et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonte) a des actes qui peuvent estre contraires a la discipline et a la croyance de l’Eglise Catholique a laquelle je suis toujours reste sincerement uni de cœur. je prie Dieu de recevoir la ferme resolution ou je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussistost que je le pourrai du Ministere d’un Prestre Catholique pour m’accuser de tous mes peches, et recevoir le Sacrement de Penitence.
    Je prie tous ceux que je pourrois avoir offensés par inadvertence, (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense a personne) ou ceux a qui j’aurois put avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croyent que je peux leur avoir fait
    Je prie tous ceux qui ont de la Charite d’unir leurs prieres aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes peschés.
    Je pardonne de tout mon cœur, a ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donne aucun sujet et je prie Dieu de leur pardonner, de mesme que ceux qui par un faux zele, ou par un zele mal entendu m’ont faits beaucoup de mal.
    Je recomande a Dieu, ma femme, mes enfants, ma Sœur, mes Tantes, mes Freres, et tous ceux qui me sont attachés par les Liens du Sang ou par quelqu’autre maniere que ce puisse estre. je prie Dieu particulierement de jetter des yeux de misericorde, sur ma femme mes enfants et ma Sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grace s’ils viennent a me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde perissable.
    Je recomande mes enfants a ma femme, je n’ai jamais doutté de sa tendresse maternelle pour eux, je lui recomande surtout d’en faire de bons Chretiens et d’honnestes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont comdamnes a les eprouver) que comme des biens dangereux et perissables et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Eternité. je prie ma Sœur de vouloir bien continuer sa tendresse a mes enfants, [mots raturés], et de leur tenir lieu de Mere, s’ils avoient le malheur de perdre la leur.
    Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrois lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut estre sure que je ne garde rien contre elle, si elle croioit avoir quelque chose a se reprocher.
    Je recomande bien vivement a mes enfants, apres ce qu’ils doivent a Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obeissants a leur Mere, et reconnoissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en memoire de moi. je les prie de [mot raturé] regarder ma Sœur comme une seconde Mere.
    Je recomande a mon fils s’il avoit le malheur de devenir Roy, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses Concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommement tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’eprouve. qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples quen regnant suivant les Loix, mais en mesme temps qu’un Roy ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité necessaire, et qu’autrement etant lié dans ses operations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.
    Je recomande a mon fils d’avoir soin de touttes les personnes qui m’etoient attachées, autant que les circonstances ou il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée qui j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont peris pour moi, et ensuitte de ceux qui sont malheureux pour moi je scai qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’etoient attachées qui ne se sont pas conduittes envers moi comme elles le devoient, et qui ont mesme montrés de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent dans les moments de troubles et d’effervescence on n’est pas le maitre de soi) et je prie mon fils s’il en trouve l’occasion de ne songer qu’a leur malheur.
    Je voudrois pouvoir temoigner ici ma reconnoissance a ceux qui m’ont montrés un veritable attachement et desintéressé. d’un costé si j’etois sensiblement touché de l’ingratitude et de la deloyauté de gens a qui je n’avois jamais temoignés que des bontés, a eux a leurs parents ou amis, de l’autre j’ai eu de la consolation a voir l’attachement et l’interest gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrées. je les prie d’en recevoir tous mes remerciments, dans la situation ou sont encore les choses, je craindrois de les compromettre, si je parlois plus explicitement mais je recomande specialement a mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconoitre.
    Je croirois calomnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recomandois ouvertement a mon fils Mrs de Chamilly et Hue, que leur veritable attachement pour moi, avoit porté a s’enfermer avec moi dans ce triste sejour, et qui ont pensés en estre les malheureuses victimes. je lui recomande aussi Clery des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi comme c’est lui qui est resté avec moi j’usqu’a la fin, je prie Mrs de la Commune de lui remettre mes hardes mes livres, ma montre ma bourse, et les autres petits effets qui ont estés deposés au Conseil de la Commune.
    Je pardonne encore tres volontiers a ceux qui me gardoient, les mauvais traitements et les genes dont ils ont cru devoir user envers moi. j’ai trouvé quelques ames sensibles et compatissantes, que celles la jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
    Je prie Mrs de Malesherbes Tronchet et de Seze, de recevoir ici tous mes remerciments et l’expression de ma sensibilité, pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.
    Je finis en declarant devant Dieu et pret a paroitre devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. Fait double a la tour du Temple le 25 Decembre 1792.Louis

    Cliquer pour accéder à testament_de_louis_XVI.pdf

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  8. Catherine Billard dit :

    Cher Maxime,
    Depuis déjà quelques années, je sais que Louis XVI ( et Marie-Antoinette ) ne sont pas les personnages que mes enseignants m’avaient appris à mépriser. Le portrait que vous faites du Roi d’après le livre de JC Petitfils donne envie d’en savoir plus, donne envie de réhabiliter le couple royal. Je suis allée voir une expo à la Conciergerie concernant Marie-Antoinette ; c’était instructif et très émouvant.
    Bonne soirée.

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  9. carlo dit :

    La fuite de Louis XVI à Varennes me fait penser à celle, encore plus rocambolesque, de Carlos Ghosn.
    Le 8 avril dernier, Maxime Tandonnet avait écrit « ce qui me sidère c’est la facilité avec laquelle tout ce beau monde l’a abandonné ».
    Mais l’évasion de Carlos Ghosn afin d’échapper à un procès au Japon ne donne-t-elle pas rétroactivement un peu raison à ceux qui l’ont abandonné, il est vrai assez lâchement ?
    S’installer dans un pays n’implique-t-il pas d’en respecter les règles, même lorsqu’on n’est pas persuadé de leur bien-fondé ?
    N’est-il pas toujours possible dans ce cas de choisir de s’expatrier dans un autre pays … ou même de rester dans le sien … en se contentant d’une rémunération moindre, voire bien moindre ?
    Que pensons-nous nous-mêmes des étrangers qui, installés en France, refusent de respecter nos lois au motif qu’elles ne correspondent pas à leurs propres coutumes ?

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    • Louis XVI et Carlos Ghosn je ne sais pas si c’est vraiment comparable. J’ai l’impression que des deux hommes n’étaient pas dans le même registre, sur la même « longueur d’onde », n’avaient pas les mêmes motivations. Je ne sais pas non plus s’il faut vraiment respecter les règles du pays où l’on vit quand ces règles ne sont pas bonnes. « J’interroge la loi, si elle n’est pas humaine, elle n’est pas la loi ». Je crois bien que c’est de Jean Anouilh. Carlos Ghosn a fui le Japon. C’est humain et pas donné à tout le monde de pouvoir le faire. Se retrouver en prison et vouloir s’en évader cela doit être commun à beaucoup de monde. Il n’a tué personne et fait tuer personne. Je ne sens pas chez Carlos Ghosn la dimension religieuse qu’il y avait chez Louis XVI.

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    • carlo dit :

      @ André Lugardon
      Je ne comparais évidemment pas Louis XVI à Carlos Ghosn mais l’évasion de l’un m’a fait penser à celle de l’autre et je me suis alors souvenu de ce que MT avait écrit à propos de CG.
      « Je ne sais pas s’il faut respecter les règles du pays dans lequel on vit quand ces règles ne sont pas bonnes » (ou plutôt quand on trouve que ces règles ne sont pas bonnes).
      N’est-ce pas exactement ce que nous attendons (et même ce que nous exigeons) des étrangers qui vivent dans notre pays, ou même des touristes qui le visitent ?
      Que dirions-nous si nous voyions un étranger violer ouvertement nos lois au motif que ce ne sont pas les siennes ?
      « Se retrouver en prison et vouloir s’en évader cela doit être commun à beaucoup de monde »
      Bien sûr, mais que d’autres, très nombreux, veuillent aussi le faire, ne donne pas pour autant le droit de s’évader. D’ailleurs tout le monde ne le fait pas : Socrate ne s’est pas évadé bien qu’il en ait eu la possibilité et que sa condamnation fût injuste.
      « Il n’a tué personne ou fait tuer personne ».
      Même en France, on peut être mis en prison sans avoir tué personne.
      « Je ne sens pas chez Carlos Ghosn la dimension religieuse qu’il y avait chez Louis XVI. »
      Louis XVI avait dans doute plus de ferveur religieuse … mais CG aime peut-être davantage le palais de Versailles que Louis XVI ne l’aimait.

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  10. GC dit :

    « une effroyable guerre contre l’Europe de 25 ans » dites-vous, ce fut plutôt une effroyable agression constante de « l’Europe » aiguillonnée par l’Angleterre contre la France durant 25 ans !

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  11. Did63 dit :

    Il faut remercier les historiens lorsqu’ils contribuent à rétablir la vérité, même si c’est 250 ans plus tard. Seront-ils lus ? L’éducation nationale en tiendra-t-elle compte pour amender sa vision de la Révolution ? Des générations d’écoliers français, dont je fais partie, ont appris en 3e-seconde que, en 1789, la France était passée de l’ombre à la lumière. Le remarquable travail de construction de l’unité nationale que l’on doit à la Monarchie a été ignoré par l’école de la République qui a magnifié la Révolution pour assoir sa légitimité dans l’esprit des Français, quitte a prendre quelques libertés avec la vérité. J’ai absorbé ce message avant de m’en éloigner progressivement mais tardivement. Aujourd’hui, je suis convaincu que la monarchie – qui aurait évolué dans le temps – est le système politique naturel pour la France. D’ailleurs, qu’est-ce donc que le président de la République française sinon un monarque…républicain ?

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    • michel43 dit :

      un monarque républicain ,Voulue part le peuple ,démocratiquement

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    • Sganarelle dit :

      « Un monarque républicain «  dites vous Did63 ? Non . Un nouveau riche qui n’a pas été élevé dans le sérail et à qui on n’a pas inculqué la notion de «  servir » mais de « profiter »
      En république on n’ apprend l’Histoire qu’à travers les trous de serrure en se délectant du côté ragots et sexualité …à se demander comment nos «  rois qui on faits la France » s’y prenaient pour diriger un pays et l’agrandir avec un gouvernement restreint et si peu de possibilités de communication. Ils devaient quand même travailler un peu non ?
      Un livre passionnant aussi le « Louis XI de Paul Murray Kendall …. » et quand vous aurez le virus pour l’Histoire objective vous deviendrez un addict. !

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    • Tracy LA ROSIÈRE dit :

      Did63
      Je n’ai pas l’ambition de me hisser au niveau des éminents érudits qui rivaliseront sur les bien fondés de l’un ou l’autre régime mais il m’apparaît que la « diabolisation » du Régime Ancien se cristallise au lendemain de la défaite de 1870 et ceci en raison du fait que la République qui s’installe est précaire. Elle le demeurera une bonne dizaine d’année. THIERS est d’ailleurs nommé « chef du pouvoir exécutif de la République française », avec cette réserve: « en attendant qu’il soit statué sur les institutions de la France »! Les monarchistes provoquent son renvoi et son remplacement par Mac MAHON, favorable à la monarchie. Cette monarchie est à portée de main. Elle ne tiendrait, ou pas, à la stupide obstination du « prétendant », le comte de Chambord qui s’arc-boute sur une question de couleur de drapeau. Les monarchistes n’ont alors comme recours que de faire durer afin qu’il amende sa position intransigeante. Ils font voter la loi des sept ans (20 nov. 1873) destinée à prolonger le mandat de Mac MAHON. Le 30 janvier. 1875, l’amendement WALLON reconnaît l’institution de la République mais ne passe que d’une voix d’écart…
      La République ne tient donc que par un fil. Elle ne doit sa survie qu’à la l’insondable bêtise des monarchistes. Elle va dès lors s’attacher à enraciner ses grands principes par le biais de l’Education. Elle disposera pour cela d’une armée inégalée: les  » Hussards de la République » qui, s’appuyant sur les œuvres d’un MiCHELET ou d’un HUGO focaliseront l’Histoire sur l’opposition de Ancien Régime oppresseur à la Revolution émancipatrice et ils forgeront de bons et irreductibles républicains.
      Cordialement.

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