Le pourrissement de la honte

En ce 9 janvier de mobilisation, le conflit social atteint son 36ème jour, tous les records historiques sont pulvérisés. Mais derrière les jours qui passent, il y a la galère depuis plus d’un mois: des commerçants ruinés, des jeunes qui ne peuvent pas se rendre au cours ou aux examens, des salariés privés de leur gagne-pain, et des centaines de milliers de gens qui s’entassent sur les quais des transports en commun se battent pour monter dans un train ou un bus, et suffoquent littéralement, à pleurer, pendant un transport interminable. Les victimes sont de la France d’en bas, celle qui n’a pas les moyens de rouler en taxi ou avec une voiture de fonction. Les victimes sont de la France qui se lève tôt pour aller au travail. Un pouvoir politique, déconnecté du monde, enfermé dans sa bulle qui laisse délibérément et indéfiniment perdurer cette situation, jouant le pourrissement au prix de la souffrance d’une partie de ses compatriotes est profondément indigne. Les syndicats sont ce qu’ils sont. Mais ils sont élus pour la défense d’intérêts catégoriels, et non pour le bien commun de leurs compatriotes. Tandis qu’un pouvoir politique, lui, a pour première mission d’assurer la sécurité et le bien-être de la population. Nous atteignons les sommets du nihilisme narcissique: cette réforme des retraites est purement idéologique et électoraliste. Pour faire croire au « nouveau monde » et à la « transformation de la France », à « l’universalité », et au nivellement égalitaire, ils ont joué sur le mythe de la « table rase », l’idée invraisemblable de fondre 42 statuts spéciaux en un seul « régime à points ». Mais d’ores et déjà, comme ils cèdent au fur et à mesure des menaces, il est acquis que les policiers, les gendarmes, les juges, les pilotes, les enseignants, les acteurs, les cheminots, etc. garderont un régime particulier. Le but désormais n’est pas de sauver la réforme pour le bien commun, une réforme déjà morte,  mais de sauver la propagande, l’illusion de la « transformation de la France ». Nombre d’instituts de sondage et de médias radio-télé collaborent lâchement à cette manipulation en faisant semblant de ne pas la voir.  Et beaucoup d’imbéciles plus ou moins venus « de droite », environ la moitié de son électorat, suivent comme le troupeau bêlant et béat devant cette supposée manifestation de fermeté qui ne manifeste rien d’autre que la déconnexion, l’indifférence et le nihilisme narcissique, sans autre horizon que les prochaines échéances électorales. Bref, le syndrome du bunker. Nausée, écœurement et dégoût infini. De tout cœur, en pensant aux jeunes, aux femmes et aux hommes naufragés de la galère, à tous ces pauvres gens, les miens, qui galèrent depuis 36 jours, en pensant aussi aux salauds et aux crétins qui s’en foutent,  je souhaite que cela se paye d’une manière ou d’une autre. Et chèrement.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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63 commentaires pour Le pourrissement de la honte

  1. carlo dit :

    @ Zonzon
    « Êtes-vous pour ou contre le droit de grève pour les agents des services publics ! »
    Il ne serait pas cohérent de vouloir aligner la situation des agents de l’Etat sur celle des salariés du privé, notamment en ce qui concerne leur système de retraites, et de souhaiter que leur soit retiré le droit de grève …. dont jouissent les salariés du privé.

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  2. Zonzon dit :

    Peu nous en chaut que les jardiniers de la ville de Paris se mettent en grève.

    Pareil pour les bibliothécaires municipaux, pour le corps de ballet de l’Opéra, pour les intermittents du spectacle, les archivistes départementaux, les douaniers, les animateurs de soirées festives, les chirurgiens esthétiques, les tatoueurs, les sculpteurs sur bois, les techniciens des radios d’état . . .

    Et même les 120.000 fonctionnaires de Bercy !

    Ce qui nous importe ce sont ceux qui font fonctionner le « système circulatoire » des fluides indispensables à la vie de la Nation : le gaz, l’électricité, les routes, les ports, les voies ferrées, fluviales et aériennes !

    C’est la raison pour laquelle, dans ces fonctions vitales, on a constamment recruté les agents les plus valeureux à EDF, GDF, à la SNCF, la RATP, à ADP et parmi les dockers, les aiguilleurs du ciel, les raffineurs !
    Et si l’on omet les agents des Pététés c’est bien parce que ces malheureux ont pratiquement disparu des circuits, tués par la technique.

    Dans l’embrasement festif de la Libération, le « bon fonctionnement » du bazar fut confié à ceux qui le méritaient le plus : les ardents combattants que l’URSS nous avait alloués en vue de la victoire à venir.

    La CGT se rendit maîtresse du pays par le contrôle quasi exclusif des syndicats maison. Et la gestion des fameux Comités d’Entreprise leur apporta la richesse en plus de la gloire : prébendes, passe-droits, dotations, avantages de toutes natures.
    Le pouvoir et ses bienfaits !
    On leur fit même un paquet cadeau en abandonnant le droit de grève à ces serviteurs de l’État sans la prestation quotidienne et continue desquels le « corps » de la Nation s’asphyxierait et mourrait !

    Une telle inconséquence, cela va bien 5 minutes mais à force, même les plus acharnés défenseurs du progrès social s’énervèrent. Les intelauds dirent aux autres que ce droit de grève était réglementé pour les agents publics, que même en Bochie, rude contrée, il était streng forbidden !
    Il devint évident que ce pouvoir détenu par le moignon coco n’était plus admissible « dans une grande démocratie mauderne », que la vie devenait impossible, que l’avenir était hypothéqué, qu’il fallait réformer . . .

    Whouah !

    Pour réussir un tel coup il ne faut pas avoir que des glandes surrénales. C’est bien dire que notre « actuel » ne va pas y arriver tout seul !

    D’ou cette idée saumâtre, inepte, insensée, rejetée par la communauté internationale des politiciens haut de gamme : le référendum ; un mot ayant perdu toute signification depuis au moins les Romains.
    «  Êtes-vous pour ou contre le droit de grève pour les agents des services publics ! »
    S’aligner pur une fois sur nos amis allemands, ce ne serait pas du luxe !

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  3. there dit :

    Je souscris à votre texte. Cet épisode calamiteux en dit long sur la déliquescence de nos institutions. Nième épisode de la série Pouvoir, avec Macron dans le rôle principal, qui se croit tout puissant et refuse de voir qu’il n’est que la doublure du véritable film (la dolce vita ? Minuit dans le jardin du bien et du mal ? ) qui se tourne dans les coulisses. Après être passée par tout les états : tristesse insondable (81), espoir (86) , colère , rage impuissante, dégoût, j’essaye désormais la sagesse en prenant de la distance : je n’ai aucun aucun pouvoir sur la situation , je ne l’ai ni crée , ni entretenue et je ne peux l’améliorer . J essaye simplement à mon niveau de ne pas ajouter du mal à un mal déjà à l’oeuvre et de faire les actions que je juge bonne, continuer de m’informer, défendre mes idée et surtout, surtout de ne pas me laisser atteindre car ce serait encore une victoire de plus au leur crédit.

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  4. Zonzon dit :

    maximetandonnet dit :
    9 janvier 2020 à 18:02
     » Mildred, merci, sauf que moi, l’extrême droite lepéniste, avec ses « détails » et ses « bienfaits » me répugne tout autant que le délire narcissique actuel . »

    Cher Maître,

    Nous allons enfin progresser !
    Ni Macron ni Le Pen ! Une voie nationale honorable, aux braies propres !
    Au boulot ! Sans défaillance ni délire !

    Et un programme Binaire :

    L’UE : En sortir !

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  5. Comme une bouteille jetée à la mer avec un message dedans ma participation de ce matin aux échanges en cours:

    https://rcf.fr/actualite/actualite-religieuse/l-humilite-0?unkp=abdfbccb616e1b4d5227fb017efb503f

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