Sur « la clause du grand-père »

La clause du grand-père « Se dit d’une disposition qui permet de n’appliquer une réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail. » La formule est assez nouvelle semble-t-il. Elle est présentée par le système politico-médiatique comme une sorte de solution qui permettrait d’accomplir la réforme des retraites tout en évitant le blocage durable du pays par un mouvement social. La clause du grand-père serait la porte de sortie d’une crise annoncée. En vertu de cette clause, les actifs ne seraient pas touchés par la réforme, seuls les futurs embauchés le seraient. Que cela signifie-t-il? Que la réforme est nécessaire et qu’ un effort d’adaptation sera attendu des Français. Toutefois, comme ceux qui travaillent aujourd’hui ont des moyens de pression sur le pouvoir – la grève – il seront épargnés. En revanche, les futurs arrivants sur le marché du travail, les étudiants, les scolaires, ne peuvent pas, a priori, bloquer le pays. Le changement s’appliquera donc seulement à ces futurs salariés. La réforme portera sur leur retraite, c’est à dire à horizon d’une quarantaine d’années – au plus tôt. L’idée de la clause du grand-père a pour objectif de permettre au pouvoir de bomber le torse et d’annoncer sa « grande transformation » de la France sans toucher d’un iota le monde des réalités et en reportant la charge d’une hypothétique évolution (d’ici là, la loi pourra changer mille fois) sur les futurs générations, supposées inoffensives aujourd’hui ou d’une capacité de résistance limitée. Dans l’ordre de la lâcheté, le mépris des gens et le cynisme, la clause grand-père marque un point paroxystique. Elle est conforme au naufrage de la vie publique dans la posture, la communication, et les calculs narcissiques. Qu’une telle notion ait pu être inventée en dit long sur l’état de déliquescence de la politique et de l’esprit public dans notre pays.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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25 commentaires pour Sur « la clause du grand-père »

  1. Citoyen dit :

    « la clause du grand-père », proposée pour régler la supposée « réforme » des retraites, ressemble étrangement à la pseudo-réforme de la SNCF, initiée, il y a peu, par le micron et ses sbires, où les premiers effets ne seront visibles que dans 40 ans ! …
    Autant dire que « la clause du grand-père » au sujet des retraites, revient à dire : Nous ne sommes pas capables de traiter le problème, comme il conviendrait de le faire … Nous en avons conscience, et en prenons acte … En conséquence, nous renvoyons le problème à gérer aux générations futures, qui se démerderont avec … C’est le principe de la patate chaude, que l’on se passe de mains en mains ….
    Et cela nous est d’autant plus facile, que nous, vivant sur le dos des contribuables, n’aurons pas à en subir les effets sur notre propre retraite …

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  2. Janus dit :

    La réforme des retraites telle que préparée par DELEVOYE (un second couteau sans envergure, ni passé prestigieux) et Macron est une foutaise et vraisemblablement une future catastrophe :http://www.christiansaint-etienne.eu/2019/11/28/retraites-la-reforme-quil-faut-vraiment-faire/
    Avec de tels gouvernants, nous n’avons pas besoin d’ennemis ! Ou sont donc passés les COLBERT, LOUVOIS, D’AGUESSEAU, FLEURY, TRUDAINE ? Nous n’avons plus comme réformateurs que des ectoplasmes, paravents de la haute administration, cette dernière murée dans ses certitudes et sans aucun lien avec le peuple français qui n’est pour elle qu’un groupement indifférencié d’assujettis. Même au temps glorieux de la monarchie absolue, nous n’avons pas été traités en temps que peuple de cette manière, sournoise, méprisante et indifférente aux conséquences et aux externalités négatives. On ne saurait souhaiter le chaos qui détruirait tout sur son passage, comme cela a été le cas en 1789, mais que nous reste-t-il comme moyens d’action pour empêcher les psychopathes actuellement au pouvoir de nuire ?

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  3. Philippe Dubois dit :

    Bonsoir Maxime

    La parole de macron et de son gouvernement de nuisible est totalement démonétisée.
    La défiance règne entre le peuple et cette clique de nuisible

    Donc tout le monde pense que cette réforme est destinée à les tondre encore plus ras pour financer les gabegies de cette clique, gabegies destinées à détruire ce qui reste de la France et du peuple Français, dont l’immigration massive.

    Macron a pensé comme le technocrate obtu qu’il est
    Un grand machin unique bien réglé, taillé au cordeau, qui s’applique à tout le monde, faisant fi des variables relatives aux conditions de travail, de l’histoire des relations sociales et du peuple.

    De plus, d’autres technocrates ont ainsi espéré pouvoir faire main basse sur les réserves financières des caisses de retraites autonomes des professions libérales, caisses bien gérées, alimentées uniquement par les cotisations des membres, pour éponger les déficits faramineux de certains autres régimes.

    D’ailleurs, vous remarquerez que les médias les incluent dans le vocable « régimes spéciaux », confondant (volontairement ces caisses autonomes avec les régimes de la RATP, de la SNCF et d’autres qui coûtent une blinde au contribuable.

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  4. Artiste dit :

    Bravo

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  5. Annick danjou dit :

    Et la grand mère on en fait quoi? Où sont donc passées les féministes? Mais le grand-père c’est qui, celui qui a pondu cette clause?

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    • A Danjou, je ne comprends pas pourquoi cette clause s’appelle Grand-père, si vous avez une idée, merci de m’éclairer.
      MT

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    • E Marquet dit :

      MT,
      L’origine est américaine. A la fin de la guerre de Sécession, le droit de vote est accordé à tous. Mais des Etats du Sud s’y opposent. Finalement, il est décidé que pourront voter les personnes dont le père ou le grand père possédaient le droit de vote avant la fin de la Sécession. Cette Loi a été déclarée inconstitutionnelle une demi-siècle plus tard.

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    • Annick Danjou dit :

      le principe de la clause dite du grand-père : préserver une grande partie des droits acquis des personnes en place et changer la donne pour les générations futures.
      C’est cela la clause du grand père Maxime

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    • Annick Danjou dit :

      le principe de la clause dite du grand-père : préserver une grande partie des droits acquis des personnes en place et changer la donne pour les générations futures.
      C’est cela la clause du grand père Maxime

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    • Annick Danjou, oui, ça j’ai compris, c’est le choix du mot grand-père qui m’intrigue.
      MT

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    • Annick Danjou dit :

      Pierre Mendès France, quand il a aboli, en 1954, la transmission par héritage du privilège des bouilleurs de cru, avait préservé le privilège des personnes existantes et sa réforme ne commençait que cinq ans plus tard.

      Donc les anciens avaient encore le droit contrairement aux plus jeunes qui ne pouvaient plus le faire, c’était déjà la clause du grand père. Sauf que dans ma famille c’était la grand mère qui en avait le droit puisque le grand père était mort, d’où ma question: et la grand mère dans tout ça?

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    • Annick Danjou dit :

      Et bien Maxime je pense que c’est une fois de plus pour nous embrouiller mais tout bêtement c’est parce que l’ancien garde des droits que le nouveau n’a plus.
      Enfin moi je le comprends comme ça et c’est ce qui met les jeunes en colère. On pourrait ainsi supprimer tous les acquis obtenus par les plus vieux.

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  6. Pierre-Jean dit :

    Maxime Tandonnet,
    Cette réforme des retraites est mauvaise, et même détestable : il faut donc que ce projet extrêmement nocif soit retiré purement et simplement. Le vice fondamental de cette réforme finalement est, paradoxalement, son universalité présumée : mais traiter également des cas très différents, c’est réintroduire l’inégalité. Bien d’autres critiques peuvent cependant être formulées.

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  7. Mildred dit :

    En attendant que le Président Macron et son gouvernement soient au clair avec eux-mêmes sur la réforme des retraites, voici, à toutes fins utiles, un petit tour d’horizon des manifestations prévues pour le 5 décembre :

    https://www.bastamag.net/Greve-5-decembre-mouvement-social-reforme-des-retraites-RATP-SNCF-raffineries-hopitaux-education-justice-blocages

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  8. E Marquet dit :

    Il n’y a qu’un seul mot : INIQUE.
    Quel message individualiste pour la jeune génération qui peine pour beaucoup à se placer sur le marché du travail. On leur dit : bisque, bisque, vous aller payer nos retraites privilégiées, parce qu’on est nés avant vous, qu’on a bénéficié des périodes fastes de l’après-guerre, obtenu des avantages qui n’ont plus lieu d’être depuis longtemps, mais qui ont été gravés dans le marbre par des gouvernants inconséquents sous la pression des luttes corporatistes du « toujours plus » au détriment déjà des moins favorisés.
    Le rouquin de LFI a eu le culot de dire que le 5 décembre, lui et ses petits camarades allaient aller vers les usagers, privés de transports par les prébendiers des droits acquis, pour les amener à passer du côté des grévistes. On rêve !

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  9. Robert Marchenoir dit :

    Mais que voulez-vous, à la fin ? Les Français ne sont jamais contents. Si le gouvernement bouscule les habitudes, on hurle au mépris des travailleurs ; et s’il réserve la réforme aux nouveaux embauchés, ça ne va pas non plus.

    La « clause du grand’père » n’est nullement une invention, il faudrait sortir un peu du mouroir hexagonal administratif. C’est un anglicisme tout à fait courant, qui désigne une pratique banale dans le monde des affaires : si vous vous êtes abonné à un service à certaines conditions, et que celles-ci deviennent moins favorables à un moment donné, il se peut que votre fournisseur décide de vous faire bénéficier de la « clause du grand’père » : les conditions ne seront pas modifiées pour les anciens clients.

    Concernant la retraite en France (ou d’innombrables autres réformes souhaitables, d’ailleurs), la « clause du grand’père » est une option parfaitement raisonnable et juste — si elle est économiquement possible, ce que j’ignore. C’est là-dessus que devrait porter la discussion, et non, une fois de plus, sur le caractère supposé méprisable des décideurs.

    Nous avons besoin de plus de gens qui calculent, et moins de gens qui vaporisent des adjectifs (lâche, méprisant, cynique…).

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  10. Gerard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    Tout à fait d’accord avec vous.
    Une réforme de fond des régimes de retraite est devenue indispensable en France. A peu près tout le monde en convient puisque la plupart des caisses des régimes spéciaux se vident plus vite qu’elles ne se remplissent, alors que les caisses des régimes de retraite autonomes sont pour le moment excédentaires.
    Les impôts des Français compensent donc à coup de milliards d’euros chaque année ces régimes déficitaires. Il y a donc urgence et face à une telle situation, proposer une clause du grand père est la pire malhonnêteté et montre la pusillanimité des éminents politiciens auteurs de ce concept aussi fumeux que le projet de réforme étudié depuis plus de deux ans par l’équipe de hauts fonctionnaires managée par J.P. Delevoy.
    Nul besoin d’être mathématicien pour comprendre qu’un calcul de retraite basé sur une carrière entière est forcément moins avantageux que le calcul basé sur les 25 meilleures années ou les 6 derniers mois d’activité, les enseignants les premiers l’ont bien compris.
    Le monstre technocratique créé par E. Macron et son gouvernement est inapplicable en l’état sans une forte augmentation des salaires pour compenser les pertes de pension de retraite à venir et l’on atteint là la quadrature du cercle puisque l’état des finances de la France ne le permet pas.
    L’épreuve de force qui s’annonce à partir d’après demain verra sans doute le recul du gouvernement sur ce projet enténébré qui se transformera urgemment et provisoirement en un allongement de la durée de cotisation et la mise en place d’un âge pivot qui permettra à E. Macron de sortir provisoirement honorablement de ce bourbier en maintenant l’âge minimum de départ à la retraite qu’il avait promis aux Français de ne pas remettre en cause et en s’engageant sur la poursuite de l’étude d’une vraie réforme des retraites indispensable qui devra attendre des jours meilleurs et surtout une vraie réflexion sérieuse par des personnes compétentes, non idéologues et capables de proposer des solutions viables et négociables.

    .

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  11. carlo dit :

    « Dans l’ordre de la lâcheté, le mépris des gens et le cynisme, la clause grand-père marque un point paroxystique.  »
    C’est vrai mais, en même temps, changer les règles du jeu en cours de partie n’est pas juste. Il serait njuste, en effet, de modifier les règles de calcul de la retraite des fonctionnaires alors que certains agents ont pu faire le choix d’entrer dans la Fonction publique et d’accepter des salaires de début de carrière nettement plus bas que dans le privé pour bénéficier d’une meilleure pension une fois parvenus à la retraite.
    La clause dite du grand-père permettrait d’éviter cette injustice mais elle ne change en rien le réel, en effet, dans l’immédiat.
    Ce qui est frappant dans cette réforme est surtout son incohérence. On nous dit que notre système de retraite coûte trop cher et on nous « vend » une réforme qui risque de coûter encore plus cher à cause des compensations qu’il va falloir prévoir pour que cette réforme n’entraîne pas une baisse des pensions de certaines catégories de personnes (les enseignants qui ont peu de primes, par exemple).
    Par ailleurs, on nous présente cette réforme comme étant destinée à mettre fin aux régimes spéciaux alors qu’elle aura pour effet d’en recréer aussitôt d’autres puisqu’on a bien compris que les règles seront différentes selon la pénibilité des métiers (par exemple celui de policier). Qui sait si les conducteurs de train de nuit ou les agents de la SNCF qui travaillent sur les voies la nuit ne pourront pas prétendre à bénéficier à ce titre d’un regime special ?
    Voilà une réforme utile et bien pensée qui reconciliera, c’est sûr, les Francais avec leurs dirigeants.

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    • Carlo, on a peur des actifs, alors on s’attaque aux jeunes, c’est un peu répugnant quand même, d’autant qu’à horizon de 40 ans, cela ne servira à rien.
      MT

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    • carlo dit :

      @ Maxime Tandonnet
      « Carlo, on a peur des actifs, alors on s’attaque aux jeunes, c’est un peu répugnant »
      Le mieux serait évidemment de ne « s’attaquer » à personne.
      Sans la clause du grand-père et sans compensations, cette réforme est injuste. Avec, elle est inutile et incohérente car elle ne change rien dans l’immédiat et les compensations risquent de coûter plus cher que ce qu’elle rapporterait en termes d’économie de dépenses.

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  12. Il est lamentable de penser qu’une personne « normale » puisse se satisfaire de conserver des avantages et accepter allègrement que ses enfants en soient privés. Ce n’est malheureusement pas étonnant de la part de personnes pensant que le concept de famille est dépassé.
    Plutôt qu’une clause du grand père concernant même celui qui vient d’être embauché il y a quelques jours, il faudrait plutôt se limiter à une non rétroactivité sur les droits déjà acquis. Par exemple pour un fonctionnaire ayant déjà 10 ans de carrière derrière lui, on peut faire une simulation de ce que ces 10 ans auraient produit comme retraite (en gros 10/40 de la retraite obtenue après une carrière « normale ») et soit les convertir en points du nouveau système pour que cela fasse la même chose, soit simplement attendre qu’ils atteignent l’age adéquat pour que le service des pensions lui verse cette pension pour les 10 ans. Il est inutile de faire un grand chamboulement, il suffit d’affilier ces personnes au régime AGIRC/ARCCO pour la suite de leur carrière.
    La « non rétroactivité » ne devrait concerner que les années déjà travaillées, pas les années à venir.
    En revanche il faut bien voir que les espérances de vie à la retraite ont évolué, de même que les « pénibilités » de nombreuses professions, il n’est donc pas choquant que l’on fasse évoluer également l’âge de départ pour toutes les catégories. La réforme devrait donc être principalement paramétrique.

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    • JC Barescut, le fond de ma pensée? Le Gvt n’a strictement rien à faire de la réforme de la retraite, il est dans la posture pour préparer les prochaines élections et il n’y a que cela qui compte mais il a s’en ramasser une belle sur la figure.
      MT

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