18 juin, une date sacrée

Silence sur le 18 juin. Avez vous remarqué à quel point la France d’en haut politico-médiatique fait silence  sur cette date clé de l’histoire contemporaine, l’entrée de la France dans la résistance au nazisme? Le 18 juin est une date sacrée, peut-être la date la plus importante de l’histoire contemporaine, synonyme d’honneur, de refus de la médiocrité et de la soumission, clairvoyance, de vision de l’histoire. Au fond, tout le contraire de notre époque. Je ne parle pas de politichiens, comme disait de Gaulle, qui oseraient se comparer à lui. Ceux-là sont bons pour la maison de fous. Mais je regrette cette absence de mobilisation pour rendre hommage à l’appel qui sauve l’honneur de la France, dans une période actuelle aussi profondément troublée.

Quelles leçons, à tirer aujourd’hui du 18 juin?

  • La force de la solitude absolue: le Général de Gaulle est totalement seul, accompagné uniquement d’un jeune diplomate, Geoffroy de Courcel, seul face à un pays de 40 millions d’habitants, presque tous non pas « pétainistes » mais dominés par un « lâche soulagement ». Il n’a pas de parti, pas de soutien, pas de clan, il est absolument seul, seul à avoir raison contre tous.
  • La victoire de la lucidité, de la vision: l’attitude de De Gaulle se fonde sur son analyse de la situation planétaire. Quasiment toute la France, ses stratèges militaires, ses maîtres-penseurs, intellectuels, politiques, grands esprits, sont absolument persuadés de la victoire certaine de l’Allemagne. Lui, avec une vision hors du commun, à la fois stratégique et prophétique, se projette dans le futur, anticipe sur l’entrée en guerre contre l’Axe des puissances américaine et soviétique, puis de l’ensemble de la planète.
  • L’audace sans limite: le Général rompt avec toutes ses attaches, son passé, le cadre de la discipline militaire auquel il a jusqu’alors voué sa vie. Il brave la condamnation à mort par le régime de Vichy. Il est insulté, accusé de toutes les horreurs possibles, de trahison, d’être un rénégat, un « général félon » à la solde de l’Angleterre. Pourtant, il tient bon, contre toutes les forces du conformisme, se fiant à sa seule intuition.
  • La puissance de la foi: il y a une part de mystique religieuse dans l’attitude du Général, il pense être appelé par la providence, accomplir une mission d’essence quasi divine au service de la patrie (dans ses écrits de jeunesse, il avait anticipé une situation similaire à celle qu’il vit et se voyait déjà appelé à rendre un « service signalé à la France ».)
  • La victoire du sens de l’honneur: quand tout s’effondre, quand à l’évidence, tout semble perdu, quand le monde se précipite dans l’abîme, il reste toujours une petite lueur à laquelle il faut rester fidèle, celle de l’honneur. C’est elle qu’il faut suivre dans ces moments. Nous y sommes aujourd’hui.

VIVE DE GAULLE! VIVE LA FRANCE!

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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20 commentaires pour 18 juin, une date sacrée

  1. Hurluberlu dit :

    le conflit 1939-1945 comportait 2 volets: un traditionnel, guerre territoriale classique, et un volet idéologique: bolchevisme contre société libérale. Le pouvoir nazi pourchassait les communistes, et, les exterminait sans procès sans les camps de concentration ! Le Général De Gaulle, en raison de ses origines traditionnelles et de sa formation militaire, a gravement sous-estimé ce conflit d’ordre idéologique. Si en 1940, il a su redonné espoir à ses compatriotes déboussolés, en 1944 il n’a pas su résister aux exigences des bolcheviques rendus puissants, et, exigeants par la défaite militaire nazie . . .

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    • Georges dit :

      En virant l’OTAN et le « Je vous ai compris »il s’est peut-être mis à dos une autre grande puissance.Mai 68 fut peut-être une tentative de putsch et allez savoir qui furent et pour qui travaillèrent les »agents »de cette basse œuvre,des spécialistes en destabilisation certainement.En démissionnant il a ,encore un peut-être,sauvé sa peau ou échappé aune forme de « printemps ».

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  2. Ysengrin dit :

    Je m’en veux de venir gâcher un moment d’extase, mais, tout de même, il me semble qu’il faut un peu rester sur terre.

    Non, cette date du 18 juin 1940 n’est pas sacrée, c’est, bien au contraire, une date douloureuse pour la France, et pour la mémoire collective, car elle marque la plus grande et humiliante défaite de son histoire, et sur quinze siècles, on ne trouvera aucune défaite qui pourrait l’égaler.

    Alors après, vice d’intellectuels, on peut se raccrocher à des mots, à des textes, à l’esprit, qui peut gambader, s’échauffer, échafauder, puis finalement transformer la réalité en une victoire, en un moment glorieux « qui sauve l’honneur de la France ».

    D’autres furent lucides, par exemple le maréchal Pétain, lequel, le 16 juin 1940 (deux jours avant le 18) déclarait : « Il y en a pour longtemps, les Américains gagneront, comme en 1918. Il faut tenir jusque là » (du livre « Histoire de Vichy », de François-Georges Dreyfus)

    Donc, pour une fois, même si sans doute ce ne sont pas pour de bonnes raisons, le pouvoir a raison de ne pas commérer une défaite aussi pathétique.

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  3. drazig dit :

    J’étais à Alger en 1958 et 1959. Jamais je n’ai chanté autant de « Marseilllaise », j’ai vu des rondes de femmes jetant leurs voiles dans un feu en chantant le you-you, j’ai entendu mille fois « l’Algérie c’est la France », « la France de Dunkerque à Tamnarastet »,. Et puis, et puis, on mitraille des pieds-noirs à Oran, on abandonne les harkis etc…
    Jamais, jamais, je ne peux pas, c’est physique, je ne prendrai de Gaulle pour un grand homme.

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    • Janus dit :

      Hélas, drazig, un grand homme ne peut pas l’être tout le temps et la gestion de la fin de la guerre d’Algérie, l’octroi de l’indépendance à un gouvernement fantoche ne représentant pas les algériens, la gestion de la crise des harkis et des premiers jours de l’indépendance (cf ORAN où mon frère ainé était lors des massacres commis par la FLN ) par une armée de valets ayant trahi leurs propres citoyens, tout cela est à mettre au débit dans le bilan du Gal de Gaulle. il en est de même des accords d’Evian : Qu’avions nous besoin de faire des fleurs à ces escrocs et tortionnaires du FLN ?
      De Gaulle aura été celui qui a relevé la France en 1940-44 et peut-être celui qui aura créé les conditions de sa disparition au XXI siècle. Sic transit…

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    • Colibri dit :

      @drazig, j’ai déjà entendu et lu votre remarque. Vous n’êtes pas le seul à penser ainsi. J’avais cinq ans au moment de la guerre d’Algérie. J’en sais bien peu de choses. Ce que mes parents et grands parents ont bien voulu m’en dire, ce que mes collègues de travail qui ont fait la guerre d’Algérie ont bien voulu m’en dire, ce que mes camarades d’école puis de travail, enfants de pieds-noirs, ont bien voulu m’en dire. Je n’ai pas souvenir dans les cours d’Histoire au Lycée puis à l’école normale d’instituteurs d’avoir beaucoup entendu parler de la guerre d’Algérie. Mais j’avoue que je n’écoutais pas souvent et que je jouais beaucoup en cours avec mes camarades de classe. J’ai lu « Les fils de la Toussaint », consulté des sites de harkis. Un peu lu wikipédia. Bref je ne sais pas grand chose. D’où ma question d’aujourd’hui: De Gaulle est-il responsable du déclenchement de la guerre d’Algérie?

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  4. Patrick dit :

    Bonjour,
    Le principe de base est de ne surtout pas mettre en valeur le personnage, celui qui par sa réflexion, sa mystique, son projet, est capable de changer le cours de l’histoire, de donner une nouvelle orientation à la civilisation, de la sauver ou de la générer ou même d’en créer une nouvelle.
    Vous parlez d’un assourdissant silence, monsieur Tandonnet dans les commémorations du 18 juin. Surtout, ne pas faire rappel de l’homme providentiel incarnant une vision mise en mouvement et en action. Je crois qu’il s’agit d’instiller l’idée que les hommes ne peuvent pas changer leur destin ou celui de leur patrie, qu’il y aurait des forces (économiques, sociales) qui détermineraient le sens de l’histoire ; vieille querelle d’écoles historiques …
    Exit des programmes scolaires Alexandre le Grand, Vercingétorix et César, Napoléon (le Conquérant mais Bonaparte le réformateur est là), le de Gaulle de l’indépendance nationale après 1962 lui aussi a disparu en première.
    Faudrait surtout pas faire admirer des héros dignes d’épopées homériques, cela pourrait faire rêver et générer des imitateurs, non, vraiment c’est trop dangereux.
    Le 18 juin est encore dans les programmes, je ne suis pas sûr que sa flamme ne vacille pas déjà !

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  5. Philippe dit :

    Bonjour Maxime, Bonjour à tous,
    Maxime vous dites : « l’attitude de De Gaulle se fonde sur son analyse de la situation planétaire. » Ce qui caractérise les grands hommes et femmes, c’est leur culture, une culture historique, géographique, stratégique, ce que n’ont pas nos politicards d’opérette. C’était un visionnaire.
    E. Marquet dit : « Mais pour la plupart des jeunes aujourd’hui, c’est du passé lointain, et on ne peut tout de même pas leur reprocher d’être plutôt tournés vers l’avenir. » Pour se tourner vers l’avenir il faut connaître son passé, son histoire, ses origines, sinon il n’y a pas d’avenir ! Churchill disait ; « Ne pas connaitre son histoire c’est être condamné à la revivre ! »
    Et le degré d’inculture de nos jeunes est affligeant. Formateur en droit, je suis stupéfait par le manque de culture de nos jeunes, de nos cadres et cadres supérieurs. Ils ne sont pas responsables, je ne leur jette pas la pierre. On fait une société d’incultes. L’ignorance c’est le début de l’esclavage, l’ignorance du peuple nous assure sa soumission.
    Il suffit de voir le nombre d’émissions crétinisantes à la TV, plus c’est débile, plus l’audimat est élevé.
    Pour preuve un candidat qui fait les cinq tours de « Questions pour un Champion » repart avec un lot ridicule, et le candidat d’une émission débile repart avec un jackpot. Comme quoi se cultiver n’est pas dans l’ère du temps.
    Aujourd’hui on croit que le tout numérique sera la solution à nos problèmes, c’est de l’utopie, de la fumisterie.
    Des hommes comme De Gaulle, Churchill, des femmes comme Simone Veil, Indira Gandhi et bien d’autres hommes et femmes brillantes ne sont pas près d’émerger. De plus ils pensaient à l’intérêt général, à leur pays, ils étaient des patriotes aujourd’hui synonymes pour les bien-pensants de néo-nazis.

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    • E. Marquet dit :

      A Philippe,
      Vous ne pourrez pas me faire le procès d’oublier que nous sommes le résultat d’une longue chaîne d’évènements historiques. Toutefois, je ne pense pas qu’on soit condamnés à revivre une histoire quelle qu’elle soit, les époques et les contextes n’étant jamais les mêmes.
      Il ne sert à rien de fermer les yeux sur la réalité. De Gaulle (1890-1970) Churchill (1874-1965) sont des hommes d’une autre époque. Le contexte mondial est totalement différent. Qui peut savoir d’ailleurs ce qu’ils feraient s’ils étaient de notre époque ?
      Je suppose que vous avez été jeune. La culture que vous possédez aujourd’hui n’était pas un paquet cadeau déposé dans votre berceau. Vous l’avez acquise au fil du temps, et elle est lacunaire comme pour tout un chacun.
      Les jeunes ont des connaissances aujourd’hui dont nous n’imaginions même pas le développement il y a quelques années. Si la transmission d’un passé qui leur semble lointain, et qui, que vous le vouliez ou non, est entré dans l’histoire, n’est pas faite, la faute nous en incombe.
      Quant à mettre Simone Veil sur un plan d’égalité avec De Gaulle ! Notre époque a décidément vraiment besoin de panthéoniser !

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  6. CLAUDE YVES MARECHAL dit :

    Quelle clairvoyance d’esprit ! Merci Maxime de remettre les choses à leur juste place ..
    CHARLES DE GAULLE :
    « Rien n’est plus ridicule et plus méprisable que les gens qui travestissent la vérité dans de petites intentions contingentes, ou par snobisme, ou pour faire « plus beau », ou simplement par conformisme …
    La vérité est un absolu. »

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  7. Alain De Vos dit :

    Vive De Gaulle

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  8. E. Marquet dit :

    Bel hommage au Général, et sain rappel de certaines valeurs et vertus qui sont l’honneur d’un pays tout entier lorsqu’elles sont pratiquées par un des leurs, fut-il unique !
    Mais n’êtes-vous pas un peu sévère lorsque vous écrivez « Silence sur le 18 juin ». Notre Prèsident était au Mont Valérien. La cérémonie semble avoir été retransmise en direct par Radio Paris/France Info, en vidéo par plusieurs médias, et beaucoup de communes prévoyaient une cérémonie. C’est un silence bavard.
    Il faut vous y résoudre, le Général de Gaulle est maintenant un personnage historique dont l’action ne sera plus connue que par la transmission dans certaines familles, et par l’intermédiaire des historiens et des enseignants.
    Notre génération a été nourrie jusqu’à l’overdose par tout ce qui a été raconté, publié, débattu sur cette période. Mais pour la plupart des jeunes aujourd’hui, c’est du passé lointain, et on ne peut tout de même pas leur reprocher d’être plutôt tournés vers l’avenir. Un avenir sombre d’ailleurs que nous leur avons préparé avec légèreté, n’ayant pas su tirer les leçons des évènements dramatiques du 20ème siècle .

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  9. Anonyme dit :

    je vous remercie Maxime pour cet article, c’est tellement vrai
    cyril de fayet

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  10. Citoyen dit :

    « Avez vous remarqué à quel point la France d’en haut politico-médiatique fait silence sur cette date clé de l’histoire contemporaine »
    Il y a une volonté non dissimulée de leur part de revisiter le roman national à leur convenance, de réformer la mémoire collective, pour la rendre conforme à leurs desseins … Et donc, il faut expurger l’histoire des évènements qui pourraient venir contrarier ces desseins ….
    L’homme nouveau du socialisme se doit d’avoir une mémoire fabriquée sur pièce, consensuelle et non discriminante …

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  11. Janus dit :

    Il est logique que les macronistes ne fassent nul part allusion à ce fait historique qui est le point de départ de la résurrection de la France par l’effort du seul de Gaulle, car les macronistes sont adeptes de la fusion-disparition de la France dans l’Europe allemande. Nul doute qu’en 1940, nombre d’entre eux aient été les thuriféraires de la grande Europe, fascinés qu’ils sont par la taille et la réussite de l’Allemagne d’aujourd’hui. Ils devraient savoir que l’Allemagne n’est grande que parce qu’elle n’a cessé de penser à son destin national en utilisant l’Europe de Bruxelles, avec un réalisme tout bismarckien, pour rentrer dans le concert des nations et assurer sa nouvelle respectabilité. Jusqu’a POMPIDOU, l’Europe de Bruxelles était vraiment utile à la réussite de la France. Ensuite, les dirigeants français, glorieux, inconséquents, naïfs, voire imbéciles, ont laissé l’Allemagne s’emparer de l’instrument, avec l’aide de ses affidés du BENELUX et des pays germaniques, à son seul profit.
    La référence à De Gaulle quand il s’agit de Macron est une ignoble escroquerie !

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  12. Janus dit :

    Excellente chronique qui remet en perspectives ce que le Général de Gaulle a fait seul, et qui peut à nouveau être refait par un homme ou un groupe d’hommes neufs, volontaires sans peurs et déterminés. C’est ce que nous espérons tous pour « notre cher et vieux pays, recru d’épreuves »
    Merci encore.

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  13. Infraniouzes dit :

    Le poids du général de Gaulle se fait toujours sentir sur les épaules de nos politiciens. Sa stature gigantesque fait de l’hombre à bien des ambitieux. Pensez donc: un homme sans parti, sans soutien, sans expérience politique, qui a sauvé la France du désastre: du jamais vu. Cette singularité embête plus d’un politicien. Pour eux, il faut sortir du sérail, c-à-d avoir grenouillé longtemps dans les partis, pour prétendre jouer un rôle. L’extrême gauche a toujours eu horreur des militaires. Parmi eux sommeillent de vrais chefs, habitués à obéir puis à commander. Voilà deux raisons, à mon sens, qui obèrent le redressement de la France. Des hommes d’appareil d’un côté et, de l’autre, la mise sous surveillance de ceux qui ont une dimension humaine indispensable dans les grands drames. Alors que reste-t-il ? Un grand sportif ? Un grand explorateur ? Un grand intellectuel ? Avec eux, pas de problème. Le dernier mot restera aux politiciens.

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  14. Timéli dit :

    Depuis cinq ou six ans, le devoir de mémoire est devenu particulièrement sélectif en France. Ce n’est donc pas étonnant de constater que la commémoration du 18 juin 1940 se fera seulement du bout des lèvres.

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  15. Christine 69 dit :

    Merci Monsieur Tandonnet, d’avoir consacré une chronique à cette date o combien importante et rappelé sa portée dans notre histoire. Ainsi que l’état des lieux et surtout la force, meme d’une seule personne, de l’espérance envers et contre tout, qui ne peut trouver sa source que dans la foi.

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  16. michel43 dit :

    commémorations, ,,CLAMART 92140 nous y serons

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