L’idiocratie

L’Italie vient de se doter d’un gouvernement « antisystème » dirigé par M. Conte. Il n’a rien de sympathique et son programme démagogique de dépenses massives, notamment de création d’un revenu d’assistanat de 780€, pour 9 millions d’Italiens, le rend même détestable.

Mais ce choix de l’Italie s’inscrit dans une tendance lourde. L’Angleterre est en train de réaliser son Brexit. La Pologne et la Hongrie sont en état de quasi sécession. L’Allemagne écarte les propositions bureaucratiques et socialisantes de la France, prenant ses distances (budget et impôt zone euro). Le système Schengen de la libre circulation, fleuron de la construction européenne il y a quelques années, principe intouchable, tabou absolu, est aujourd’hui en capilotade.

Nous sommes sur un phénomène historique: la désintégration du monstre bureaucratique mis en place depuis Maastricht en 1992. Les phénomènes migratoires, que l’Union n’est pas parvenue à maîtriser, en sont la cause majeure, mais aussi cette impression tragique de confiscation de la démocratie par un groupe infime de bureaucrates déconnectés des réalités. Ce mouvement ressemble à s’y méprendre à l’explosion de l’URSS communiste de 1985 à 1991. C’est ainsi une constante de l’histoire: tout monstre bureaucratique, tout empire est voué au désastre et à la destruction.

Mais le plus frappant, c’est la cécité des classes dirigeantes face à  un phénomène qui se déroule devant leurs yeux. Elles ne veulent rien voir d’un monde qui s’effondre devant elles, sous leurs yeux. Plutôt que de prendre acte d’une désintégration et de réfléchir à de nouvelles perspectives, un renouvellement de l’organisation politique du continent, le choix qui est fait est celui du déni.

Là aussi, nous sommes face à une constante de l’humanité: l’aveuglement volontaire, le devoir d’idiotie. La politique colonialiste de la fin du XIXe siècle se traduira cent ans plus tard par un désastre (guerres de décolonisation, flux migratoires). A l’époque, presque personne ne veut ou ne peut le voir. Les nationalismes du même XIXe siècle conduiront à l’hécatombe et au massacre de 15 millions d’hommes en 1914-1918. Nul, en cette période, n’est capable de s’en rendre compte. L’idéologie et les politiques pacifistes des années 1920 et 1930 aboutissent à l’apocalypse de 1940. Qui le voyait?

Voici une constante de l’histoire de l’humanité: la bêtise maîtresse de ce monde, le pouvoir de l’idiocratie. Les diplômes ne sont d’aucun secours: X, HEC, sc po et autres. L’intelligence officielle est sans rapport avec l’intuition profonde du monde et des choses qui est hélas rarissime. Sans doute, la classe dirigeante française est-elle un peu plus crétine et obtuse que la moyenne. N’est-ce pas elle qui mise, à contre-temps, sur le renforcement d’un monstre bureaucratique en cours de décomposition? La bêtise, moteur de l’histoire, nous la voyons chaque jour un peu plus à l’oeuvre.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

51 commentaires pour L’idiocratie

  1. Citoyen dit :

    Eh oui, les italiens veautent mal !
    Du coup, dans la grosse commission de Bruxelles, il y a un étron de Teutonie, qui veut leur apprendre à veauter comme il faut !… Non mais !!
    Probablement un nostalgique, d’une époque où dans les camps, ils faisaient là où on leur disait de faire !… Manquerait plus qu’ils prennent des initiatives, et qu’ils élisent ceux qu’ils veulent …
    Mais où va-t-on ?… si les veaux ne font pas ce qu’on leur dit !… C’est le chaos assuré …
    Faut une reprise en main sévère, pour éviter que ces dérives se reproduisent …

    J’aime

  2. Ping : L’idiocratie | Boycott

  3. Annick Danjou dit :

    Nous sommes revenus à l’époque du pain et des jeux. depuis le week end on nous parle du héros malien et rien d’autre ne compte, tout le monde en remet une couche et cela occupe les esprits, entre ça et le foot que demander d’autre. Chacun a son téléphone portable pour filmer des scènes incroyables dignes des jeux de la télé réalité et tout le monde participe sur les réseaux sociaux, on lève le pouce et on crie des papiers…des papiers, une naturalisation…un boulot, un logement etc…etc…L’idiocratie dont vous parlez Maxime elle est là, chaque jour un peu plus et de jour en jour plus profondément. Les italiens ont mal voté selon vous mais pourquoi? ils en ont marre comme nous, comme moi, en particulier de tous ces politiques qui nous méprisent. Un petit tour à Vintimille et vous comprendrez le malaise de ces gens. Quant à Nice, on y vient tout doucement, les mendiants sont partout, de toutes sortes et de tous genres, les mineurs!!!! africains envahissent la coulée verte, leur Iphone à la main pour rester en contact avec la famille, on les héberge dans les hôtels ou centre ville, ils se battent dans la rue, s’insultent, mais ça c’est pas grave, il suffit de détourner le regard en les croisant. Le long de l’avenue J.Médecin, les hommes de l’Est (je ne sais d’où exactement) bourrés à 9h du matin hurlent et boivent encore et encore et ils pissent comme je pleure (comme disait J.Brel), et au milieu de tout ça les femmes voilées, en veux tu en voilà de tout âge, partout, en cette période de ramadan, à croire qu’elles nous narguent malgré les belles paroles de Mr Ciotti que, par ailleurs je soutiens, mais qui me semble largué, des peties filles de 5 ans avec des voiles, des maliennes, sans doute, comme notre héros car il y en a beaucoup ici, des femmes maliennes, ivoiriennes, ukréniennes, toutes enceintes avec des marmots tout autour, dans la poussette ou qui marchent à peine. Vous comprendrez Maxime que j’en ai marre aussi et que nos gouvernants qui vivent dans leur bulle et qui nous insultent, ne méritent pas les postes qu’ils occupent. Vous connaissez « Alice au pays des merveilles »…qu’on leur coupe la tête…I

    J’aime

  4. Colibri dit :

    Je ne me souviens plus de la phrase exacte de Coluche. Il affirmait je crois que si voter changeait réellement quelque chose il y a longtemps que le droit de vote serait supprimé. C’est un peu ce qui se fait de plus en plus d’une manière détournée chaque fois que le résultat du vote ne plaît pas, n’est pas conforme aux attentes, il n’en est pas tenu compte. Les électeurs ne sont pas si bêtes que ça semble-t-il. Ils ont la sagesse de ne pas voter ce qu’on leur dit de voter. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle casse…

    J’aime

  5. Eric dit :

    Bonsoir Maxime,

    Ma première réaction aux derniers événements italiens a été d’y voir une négation de la démocratie, ce qui, au bout du compte devrait conduire d’une manière ou d’une autre à la désintégration de l’UE.
    Mais les choses ne sont pas si simples car les politiques ne jouent pas franc jeu et les peuples ne savent pas ce qu’ils veulent.
    Essayons de transposer en France, imaginons une situation où les élus de Mélenchon s’allieraient à ceux de Le Pen pour constituer un front « anti-système ». Il est fort à parier que, pour une grande majorité d’entre eux, les électeurs des deux camps se sentiraient cocufiés et quelle politique pourrait être suivie par cet ensemble qui puisse satisfaire les électeurs des deux camps ?
    Pour en revenir sur l’Italie, je n’ai pas lu dans le détail les propositions de la Ligue ni du mouvement 5 étoiles mais avaient-ils, l’un et l’autre, clairement évoqué la sortie de l’UE qui implique assez naturellement la sortie de l’Euro ? Si oui, alors nous sommes clairement face à un déni de la démocratie et les dirigeants pro-UE ne pourront pas éternellement s’opposer à la volonté des peuples au risque de générer des réactions extrêmes.
    Si la question n’était pas clairement posée, que les nouvelles élections à venir soient l’occasion de la poser et il n’est pas certain que le résultat sera le même. Les italiens sont probablement conditionnés, comme nous le sommes, dans l’idée que hors de l’Euro point de salut. Et nombre d’opposant à l’UE auraient probablement un tout autre vote face à cette question cornélienne.
    Comme le bon sens commun l’a depuis longtemps formulé, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas vouloir sortir de l’UE et ne pas vouloir prendre le risque de l’éclatement de l’Euro. Pour leur plus grand bonheur, les britanniques, ayant conservé leur Livre Sterling, n’avaient pas cette question à se poser.
    Mais, allons plus loin, on ne peut pas en permanence se plaindre du système bureaucratique bruxellois et ne pas franchir le Rubicon de peur de courir le risque de voir son épargne voler en éclat. Nos prédécesseurs, au cours des siècles passés, ont eu des choix bien plus douloureux à faire.
    Bonne soirée,
    Eric

    J’aime

  6. drazg dit :

    L »Allemagne refuse un gouvernement euro-sceptique et le président italien exécute. L’Italie repart aux urnes jusqu’au vote conforme. De quoi vous plaignez-vous? Nous sommes sous la botte allemande, vous voyez bien, il n’y aura pas d’idiocratie, vous êtes rassuré; le peuple est une nouvelle fois bâillonné: l’ordre allemand est bien en place. (je pense à mon grand-père combattant de 14-18, et à mon père prisonnier et résistant).

    J’aime

    • drzig, ce n’est pas par des projets débiles (le revenu universel) que l’on résoudra la question du déficit démocratique de l’Europe, bien au contraire.
      MT

      J’aime

    • drazig dit :

      Réponse à la réponse de Maxime Tandonnet
      Peut-être, mais nous resterons sous la dictature d’un ancien membre du parti communiste de l’Allemagne de l’Est et de la STASI.

      J’aime

    • Philippe Dubois dit :

      @ maximetandonnet : 28 mai 2018 à 17:13
      C’est peut-être en laissant les Italiens décider de leur politique – aussi débile pensez vous qu’elle soit – que l’on pourra résoudre le déficit démocratique de cette saleté technocratique à tendance dictatoriale que l’on appelle communément union européenne.
      Par ailleurs, des économistes de tout bord, y compris des libéraux, sont favorables au revenu universel, pour lequel, à titre personnel, je suis extrêmement dubitatif

      J’aime

    • Colibri dit :

      Angéla Merkel membre du parti communiste et de la stasi, ils doivent s’en mordre les doigts. Je ne suis pas un spécialiste de l’Allemagne, le point de vue de Mauriac me convenait parfaitement « J’aime tellement l’Allemagne que je suis content qu’il y en ait deux. » L’Allemagne est réunifiée et ce qui nous avait été présenté comme une faiblesse, une source de problèmes, de déclin est aujourd’hui ce qui fait leur force. Ils ne devaient pas y arriver. Ils y sont arrivés. Angela Merkel est je crois bien le seul dirigeant d’Europe qui a connu la dictature. Et le communisme. Je crois qu’elle a envie d’autre chose pour son pays. Peut-être qu’une fois encore l’Allemagne a des envies de revanche?

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.