Laurent Wauquiez, entre diabolisation et retour de l’espérance.

Voici mon article du jour, pour le Figaro Vox:

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A la veille de l’élection du président des Républicains, la candidature de M Laurent Wauquiez est dominée par un paradoxe. D’une part, ce dernier est considéré comme ultra-favori, quasi certain de l’emporter. D’autre part, il fait l’objet d’une tentative de diabolisation sans précédent pour ce genre de scrutin interne à un parti. L’ensemble des médias, radio et télévisions, se sont engagés dans une entreprise de démolition de son image. M. Wauquiez est ainsi présenté comme une sorte d’intrigant, ambitieux est sans scrupule. Plusieurs des leaders de LR ont d’ores et déjà laissé entendre qu’ils le tenaient pour illégitime à la tête du mouvement et qu’ils le combattraient. Le centre-droit a rejeté par avance une alliance avec LR sous sa présidence.

Quel crime a donc commis Laurent Wauquiez pour mériter un tel traitement ? Son intégrité n’est pas en cause. Il n’a jamais été condamné ni mis en examen et rien ne permet de douter de sa probité à aucun moment de sa carrière. Pour s’en tenir à des aspects personnels, il a une réputation de personnage plutôt simple et cordial, sans prétention, à l’écoute de ses collaborateurs et des avis qui lui sont donnés par les uns ou par les autres ; en tout cas bien loin de l’image d’Epinal du fort en thème enfermé dans la tour d’ivoire se ses diplômes. Il s’est montré parfaitement loyal avec ses anciens patrons, Nicolas Sarkozy comme chef de l’Etat ou François Fillon Premier ministre : une qualité d’autant plus précieuse en politique qu’elle est rare. Les coups bas et petites phrases méchantes ne sont pas sa spécialité. Il est facile de l’accuser d’avoir tourné le dos à son mentor, M. Jacques Barrot : comme si toutes les carrières politiques, sans exception, ne reposaient pas sur le soutien initial d’un protecteur !

Enfin, Laurent Wauquiez n’a jamais, à aucun moment, eu la tentation de transiger avec le Front national. Il l’a toujours proclamé avec une absolue fermeté. Certes, lors du second tour des élections présidentielles, son refus d’appeler à voter M. Macron contre la candidate du FN a été fortement critiqué. Cependant, au regard du principe démocratique, le refus d’accorder un blanc-seing à M. Macron, en l’absence du moindre doute sur les résultats, ne valait en rien adhésion à son adversaire.

La source de la défiance envers lui provient-elle alors d’une « droitisation » excessive ?De prises de positions qui seraient contraires à la pensée unique, à l’idéologie dominante : fédéralisme qui ne dit pas son nom, société libérale-libertaire, sans- frontièrisme, principes de la « table rase » ?

Jamais Laurent Wauquiez, dans les solutions auxquelles il a réfléchi, n’a manqué au principe de réalité et de modération. Ainsi, il ne remet pas en cause le principe de la solidarité et de l’unité européenne, mais dans un livre paru en 2014, proposait une réforme profonde des institutions et du fonctionnement de l’Europe. De même, il a manifesté sa volonté d’améliorer la maîtrise de l’immigration en fonction des capacités d’accueil de la France, mais ne s’est jamais prononcé en faveur de « l’immigration zéro ». Par des gestes symboliques – celui de la crèche au conseil général – il a montré son refus des intimidations. Laurent Wauquiez a sans doute en perspective de s’adresser au 88% de Français qui selon le sondage annuel de Cevipof sur la confiance, considèrent que « les hommes politiques ne tiennent aucun compte de ce que pensent les gens comme eux. » Peut-on le lui reprocher ?

Dans un tel contexte, M. Laurent Wauquiez a-t-il la moindre chance de réussir, c’est-à-dire de conduire les Républicains à la victoire dans les années qui viennent ? Tout dépend sans doute de la vision qu’il aura de la situation politique.

Le mode d’exercice du pouvoir, en vigueur aujourd’hui en France, touche au paroxysme d’une évolution de longue date. Il repose à la fois sur une fuite dans la communication et sur la personnalisation du pouvoir à outrance, autour d’un personnage censé incarner l’autorité politique à lui tout seul, au détriment des outils de direction du pays : Gouvernement, Parlement, partis politiques, collectivités territoriales. Si l’expérience réussit, la question ne se posera même pas. M. Macron et son parti LREM seront reconduits triomphalement en 2022. Si elle échoue, cela signifiera que les Français veulent tout autre chose : un retour à la politique comme mode d’action collectif en faveur du bien commun et de la vérité. Dès lors, la chance de M. Wauquiez sera d’animer progressivement ce retour à la politique au sens noble du terme, en homme d’Etat plutôt qu’en créature providentielle, une politique fondée sur l’intérêt général avant l’image médiatique. Avant tout, il lui incombe de donner des gages de sa sincérité à s’engager dans la voie du redressement collectif et non, cinq ans à l’avance, dans une course à l’Elysée qui serait à la fois absurde et suicidaire.

Maxime TANDONNET

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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53 commentaires pour Laurent Wauquiez, entre diabolisation et retour de l’espérance.

  1. Timéli dit :

    A tort ou à raison, je pense que les médias vont s’en donner à cœur joie de « casser » du Wauqiez, comme ce fut le cas, en leur temps, pour Sarkozy ou Fillon. On va probablement assister à du « Wauquiezbashing » en permanence et instiller dans l’opinion publique ce poison destiné à détruire la Droite aux prochaines élections, et notamment, celle de la présidentielle de 2022.

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