Questions sur une élection

Un directeur d’une grande société privée française m’adresse un message éloquent:

« Merci pour vos excellentes analyses de la crise politique actuelle – car c’en est une, d’une violence inouïe pour les gens de convictions comme moi, mais les Français encore hypnotisés ne semblent pas en avoir pris conscience. La Vème est à bout de souffle, sous le poids de cette maudite élection présidentielle qui annihile tout débat de fond au profit des questions de personnes et d’apparences. Tout le monde parle de la crise de la droite, mais si les législatives avaient eu lieu en mars, avant la présidentielle, elle aurait eu 400 députés ! Un véritable hold-up démocratique qui durera ce qu’il durera… Le régime devient une dictature souriante, intelligente, mais une dictature quand même ! »

L’élection du chef de l’Etat au suffrage universel se comprenait sans doute en 1962, dans un tout autre contexte. Aujourd’hui, avec la médiatisation à outrance de la vie politique, le triomphe du spectacle, de l’émotion et des images, la disparition des hommes d’Etat au profit des communicants, la montée de la médiocrité intellectuelle et morale dans la classe dirigeante, il est pertinent de s’interroger sur le bienfondé de l’élection au suffrage universel du président de la République qui écrase l’élection législative et le débat d’idées, au cœur de toute démocratie. Le sujet est profondément tabou, inaudible. Il fait partie de « vaches sacrées » intouchables. Sans doute est-il irréaliste de songer à revenir sur le principe de l’élection du président au suffrage universel quelles qu’en soient les conséquences nuisibles. Mais qu’au moins, tout honnête homme ou femme puisse ouvrir les yeux sur un phénomène qui corrompt la vie démocratique française et s’interroger sur la possibilité de concilier l’élection du chef de l’Etat par le peuple avec des solutions de rééquilibrage des institutions destinées à rétablir la démocratie.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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31 commentaires pour Questions sur une élection

  1. Georges dit :

    Monsieur Macron va créer sa propre téloche ,Il se Berlusconise .

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  2. pier21 dit :

    Quand je lis la somme de commentaires plus intéressants les uns que les autres, mais en fin de compte sur un sujet futile, car comme le dit si bien Maxime: » Le sujet est profondément tabou, inaudible. Il fait partie de « vaches sacrées » intouchables. Sans doute est-il irréaliste de songer à revenir sur le principe de l’élection du président au suffrage universel quelles qu’en soient les conséquences nuisibles », à quoi bon pérorer sur l’inutile, sinon pour permettre à l’exécutif d’escamoter les vrais débats : Europe, réformes économiques, immigration?
    Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre, et pour l’instant, « ça marche »!

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    • Pier 21, vous avez raison, mais de mon point de vue, la recherche de solutions aux vrais débats passe par le politique et je trouve qu’il fonctionnel mal en France, doit être profondément repensé.
      MT

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  3. Christophe dit :

    Depuis quelques semaines,il y a du remue ménage et du remue méninges dans les partis politiques français,les primaires y sont pour beaucoup.Je n’ai pas participé à ces primaires,il faut bien admettre qu’elles ont fissurées des positions acquises et des convictions profondes.
    J’ignore ce qu’il sortira de tout cela!Cependant il faut regarder la vérité en face,notre mode de fonctionnement qu’il soit juridique,social,économique,judiciaire est complètement inadapté aux défis auxquels les français sont confrontés depuis des années.Tout bouge à une vitesse hypersonique.Je me demande si ce pays en vaut encore la peine!Je circule beaucoup dans ma ville et à pied,je suis effaré par la tenue vestimentaire des français:ca-ta-tro-sphique!N’en déplaise à ceux qui me liront mais cela en dit long sur ce que nous sommes et sur ce que nous voulons devenir.
    Il est impératif que nous reprenions notre destin en main afin de protéger toutes nos libertés.
    sinon…..

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    • Christophe, moi personnellement je ne me pose pas cette question, la France est la terre de mes ancêtres elle a déjà connu des situations épouvantables et il faut tout faire pour la sauver.
      MT

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  4. Philippe dit :

    Bonjour Maxime,
    Je vous rejoins entièrement dans vos propos.
    Aujourd’hui Macron et les médias commencent à me sortir par les yeux.
    Les titres,
    Macron joue au tennis
    Macron conduit un TGV
    Macron est hélitreuillé
    Macron Jupiter, Macron James Bond etc..
    Surmédiatisation à outrance, et hier un journaliste qui nous serine que Trump et Poutine redoutaient et avaient peur de Macron. Macron sauveur du monde et de l’univers, attention les Aliens! si vous venez sur terre « super macron » vous en chassera.

    Le discours stupide de Le Maire qui se prend pour Hermés. Je pense que là nous atteignons des degrés incommensurables dans la bêtise humaine. Et notre inculte Le Maire a oublié une chose Jupiter est un dieu romain et Hermès un dieu grec, si il avait eu un peu de culture il aurait dit Mercure, mais bon il faut bien se faire mousser. Les américains ont du se bidonner.
    Donc nous avons désormais au gouvernement Jupiter et tous les dieux pour nous protéger, les dieux romains et les dieux de l’Olympe, avec tout ça si en 2022 la France n’est pas la première puissance mondiale avec une croissance à deux chiffres et zéro chômeur, je ne vois pas comment on pourrait s’en sortir.
    Bien que pour satisfaire les dieux, il faut faire des sacrifices, là je pense que nous pouvons leur faire confiance et que les français vont vite découvrir, qu’ils vont servir de moutons et de veaux pour être sacrifiés afin de satisfaire nos dieux.
    Et il ne faut pas oublié que les jalousies existent chez les dieux et que certains ne se sont pas privés de faire des choses pas jolies jolies.
    J’avais oublié Hulot le sauveur de la planète.
    Je me demande jusqu’où peut aller la crétinerie.
    Mais nous dit-on les français ont élu majoritairement Macron, les français sont impassibles, aujourd’hui ils partent en vacances. Tout cela est derrière eux.
    Attendons la rentrée!

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    • Philippe, ah oui, moi aussi, ce matin je me suis aventuré sur Europe 1 et le « je » macronien se mettant en scène pour sauver le monde face à Trump m’a profondément indisposé.
      MT

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    • annick danjou dit :

      Nous disions à l’instant avec mon mari que nous attendons de Macron qu’il atterrisse sur la place Masséna de Nice, comme l’avait fait Johny lors d’un concert, avec paillettes et fusées crépitantes, lors de la commémoration pour les victimes du 14 juillet.
      Votre commentaire Philippe me fait penser à une série de livres pour enfants: « Martine », Martine à l’école, Martine au marché, Martine en vacances… ne pourrions nous pas lancer une série sur ce modèle, Macron joue au tennis,Macron conduit un TGV, Macron est hélitreuillé, Macron Jupiter, Macron James Bond etc.. Cela se vendrait bien je pense!
      Avis aux amateurs

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  5. Frederic_N dit :

    Bonjour Maxime
    La manière dont vous m’avez plus d’une fois répondu, me laisse penser que vous me trouvez indésirable sur ce forum.

    J’ai du mal à le comprendre, car l’intérêt de votre blog, est dans le débat qu’il suscite. Et rares sont les espaces dans lesquels on peut débattre un peu raisonnablement. Mais je persiste à penser que le débat que vous avez enclenché sur la présidentialisation assèche littéralement la discussion en nous entraînant dans une interminable plainte sur les dérives de notre temps.

    Et ce, au lieu de se poser concrètement les questions qui se posent à la droite.

    Mais cet espace c’est vous qui l’avez créé, à force de travail et de courage. J’imagine les pressions que vous devez subir, d’ailleurs pour le maintenir.

    Aussi dois je m’incliner sans hésiter

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    • FredericN, non ce n’est pas du tout ce que j’ai voulu dire, regrette que vous le preniez ainsi et vous présente mes excuses sincères si je vous ai blessé! Je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait que le nouveau gouvernement fait des choses positives qu’il faut prendre en compte et que la situation actuelle est bien préférable à l’élection d’un Hamon ou d’un Mélenchon dont tous nous avons eu si peur. Mais je pense que la pente générale est mauvaise et conduit à une impasse car les politiques pensent finalement en termes d’image personnelle plutôt que d’intérêt général, d’où la place de la communication, de la posture, des manipulations pour faire croire qu’on change la réalité alors qu’on la touche le moins possible, et les échecs constants des gouvernements successifs les uns après les autres depuis 40 ans… Il me semble qu’il est de mon devoir de faire part de cette conviction intime pour essayer de changer les choses à terme.
      MT

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  6. Mildred dit :

    Monsieur Tandonnet,
    La réponse à toutes vos questions peut se résumer en une seule phrase, elle a été prononcée par le Général De Gaulle, le 31 janvier 1964, en conférence de presse, soit près de deux ans avant sa réélection. Elle est citée par François d’Orcival, de l’Institut, dans Valeurs Actuelles :
    « Il doit être évidemment entendu que l’AUTORITÉ INDIVISIBLE de l’État est confiée TOUT ENTIÈRE au président par le peuple qui l’a élu, qu’il n’en existe AUCUNE AUTRE, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire QUI NE SOIT CONFÉRÉE PAR LUI… »
    Que vous le vouliez ou non, il semble bien que le Président Macron soit tout à fait dans les clous !

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    • Mildred, excellente question; en fait, le Général n’a jamais cessé de répéter (y compris je crois dans le même discours) que le quinquennat, la simultanéité du mandat présidentiel et législatif, la réduction du rôle du Premier ministre, le « présidentialisme » (à l’Américaine), étaient inconcevables pour lui, tout comme étaient inconcevables l’idée d’un président élu avec 18% des électeurs au premier tour, ou celle de présidents se maintenant à l’Elysée avec des cotes de confiance de 20% et moins… En vérité, la « présidence » dont il parlait n’avait me semble-t-il, strictement aucun rapport avec celle d’aujourd’hui. J’ajoute que le Général, et c’est là peut-être son erreur, car nul de ce qui est humain n’est infaillible, n’imaginait pas à quel point les titulaires du poste allaient sombrer dans la médiocrité. Comme beaucoup de personnes de son temps, je crois qu’il sur estimait le « peuple », ou le corps électoral, ne se projetait pas dans une France aussi appauvrie sur le plan de la culture politique.
      MT

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    • Jean-louis Michelet dit :

      Bonjour Mildred ,
      Je complèterais votre dernière phrase par ceci :
       » à un détail près et non des moindres, de Gaulle incarnait la légitimité nationale depuis 24 ans « .

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    • Sganarelle dit :

      « Il est des morts qu’il faut qu’on tue » je crois que c’est le titre d’un livre qui devrait s’appliquer souvent , non pour éffacer le souvenir de figures emblématiques et encore moins pour oublier l’enseignement en héritage, mais parce que les corconstances l’environnement les gens changent et que si l’Histoire peut se répéter elle n’est jamais la même .
      Se référer constamment au général de Gaulle est de la même veine que refaire la révolution de 1789 avec le recul, la connaissance et la mentalité de l’an 2000.. Et c’est oublier mai 68 et le rejet final.
      Le mal français a beaucoup d’origines et celui de notre république est d’être conditionné et axé sur les élections . Tout est fait en fonction dans un temps limité et pour une durée éphémère dans le changement perpétuel . Or comme disaient les anciens « pierre qui roule n’amasse pas mousse » . Les locataires de l’Elysée ne travaillent pas dans le permanent et la durée et ce n’est pas une affaire de famille. L’éclatement actuel des partis prouve le peu de solidité des convictions en faveur de l’opportunisme. Les familles politiques ont du plomb dans l’aile tout comme les nôtres. Nous allons vers l’inconnu d’une nouvelle civilisation sans certitudes ni boussole et nous avons peur.

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  7. michel43 dit :

    BON…de toute façons ,on en a pour 5 ANS. .Messieurs les pleurnicheurs ,et tout compte fait , je suis très comptant , de la raclée ,des vieux de la vieille ,tous dehors ,ENFIN..c’est fait ,désormais ,nous allons assister ,au cinéma de Mélenchon ,des syndicats ,et cela va peut être déplaire a certains, les hauts fonctionnaires sont bien LA. .le principal ,que je dénonce depuis le SARKO.. l’immigration incontrôlé ,de gens sans papiers , part les mafieux , et Médecins du Monde ,qui loue des bateaux ,pour les amener en EUROPE ,surtout en ITALIE et rentrant en FRANCE part MENTON ,et nous savons tous , sauf les hypocrites ,qu » il resteront ICI ,grace a notre social ,et le reste , c’est vrais que c’est mieux de s’occuper d’étrangers ILLEGEAUX , que des FRANCAIS ,dans le besoins….et il sont nombreux ,alors attendons tranquillement ,septembre…

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  8. Christian dit :

    Il ne faudrait laisser voter que les gens qui savent ce qui est bien

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  9. Gérard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    Bien sûr que le mandat présidentiel de 5 ans qui plus est, simultané à celui des députés est une ânerie, mais quel est le Président qui refuserait maintenant ce scénario à priori bien trop confortable pour mener son quinquennat.
    De même, il me parait impossible de ne plus faire élire le Président par le suffrage universel, ce qui serait considéré par toute la classe politique et associative comme un acte d’autorité insupportable et comparable à la pire dictature.
    Je continue néanmoins de penser que notre Vème République ne pourra pas durer encore très longtemps, car quinquennat après quinquennat les Français vont finir par s’apercevoir de l’énorme supercherie, et celle conduite par E. Macron relève du grand art politique car que voit-on après à peine deux mois de pouvoir: à peu près le même scénario que celui de Hollande en 2012, certes plus intelligemment proposé, avec une communication gérée au cordeau mais les faits sont là : on commence par augmenter les impôts, par faire semblant de trouver une situation économique catastrophique alors que l’on y a largement participé et qu’elle était connue de tous et l’on reporte à la fin du quinquennat c’est à dire pour les personnes encore lucides : sine die, les mesures compensant pour partie la hausse des impôts.
    Chirac, Sarkozy et Hollande ont procédé de la même façon et l’on voit comment s’est terminé leur « règne ».
    Depuis 2002, aucune réforme de fond n’a pu être menée malgré une Assemblée Nationale à la botte du Président, les impôts n’ont fait qu’augmenter comme le nombre de fonctionnaires, nos engagements budgétaires n’ont jamais été tenus, les rares réformettes engagées n’ont servis qu’à patienter jusqu’à la fin du mandat, les déficits se sont creusés et tout cela malgré des gouvernements soit disant préoccupés de la vie des Français.
    Décidemment plus on réfléchit et plus on s’aperçoit que J. Chirac aura peut-être été l’un des moins bons présidents de la République et un bien piètre homme politique, en tout cas il aura signé l’arrêt de mort de la Vème République le 2 octobre 2000, et nous allons le payer cher.

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    • Calot dit :

      Complètement d’accord avec vous Gérard ! Sans revenir sur la « vache sacrée » de l’élection présidentielle, la placer en même temps voire (encore mieux) après les législatives serait déjà un immense progrès, assorti par exemple d’une suppression du droit de dissolution. Plus que le quinquennat, c’est l’inversion du calendrier électoral qui a été fatal à la démocratie parlementaire. Désormais 8% des Français ne réfléchissent plus aux législatives : ils votent d’emblée pour le parti du président… quand ils ne s’abstiennent pas, estimant le résultat joué d’avance. Alors que les législatives sont l’élection clé de toute démocratie moderne ! 8%, c’est en effet l’écart, de 2002 à 2017, entre le score obtenu par le président au 1er tour de la présidentielle et celui de son parti au 1er tour des législatives (2017 : 32% contre 24). Et ces 8% font toute la différence. Ils amplifient inutilement une majorité déjà acquise de par le mode de scrutin, et surtout ils vident tout débat de fond de son contenu. Oui, sans aucun doute, si les législatives avaient eu lieu « à leur place », en mars, la droite aurait obtenu une large majorité bien méritée ! Cette notion de « crise » me semble donc très artificielle : ce n’est pas une maladie, c’est un accident de parcours aux conséquences dramatisées par notre système électoral absurde. C’est très différent !

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    • Vu du Mont dit :

      Macron a fait la leçon au congrès réuni et à donner une méthode aux députés et sénateurs à laquelle il a demandé d’adhérer. Point. Il aurait pu tracer les perspectives d’une France nouvelle ou renouvelée ou dont l’objectif pourrait être un axe positif de bien être, il n’en a rien été. Ce qui signifie qu’il n’a pas de vue sur ce que pourrait être notre société, le faire en commun. Son 1er ministre, libéral comme le président a une vision tout aussi courte, son action n’est que technicienne. Cela signifie que ni l’un ni l’autre n’ont de capacité à envisager une unité de notre nation. Ils peuvent se recommander de bien des choses malheureusement ni l’un, ni l’autre n’est charismatique. De la technicité, il en faut mais ce n’est qu’un moyen. La ligne, la trajectoire que nenni, ce sont de bons techniciens. Point. Notre pays, rendu où il est (ensemble de sujets et problèmes dont il est traversé) ne pourra pas se contenter de méthodologie. Comment faire de l’unité alors que des sujets fondamentaux concernant le sens ne sont pas entendus, partagés, discutés. Cette misérable façon de ne pas faire conduit à penser que notre pays n’avancera pas pour son unité. Et cela confirme la société liquide qui se met en place.

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  10. Annick dit :

    Bonsoir Maxime,

    « L’emprise du marché politique sur nos vies »

    « Avec la Révolution de février 1848 et l’avènement de la Seconde république, Bastiat est élu membre de l’assemblée législative comme député des Landes. Il siège à gauche, avec Alexis de Tocqueville. Là, il s’emploie à défendre les libertés individuelles comme les libertés civiles et s’oppose à toutes les politiques restrictives, qu’elles viennent de droite ou de gauche.

    L’inflation législative et étatique ne date pas d’aujourd’hui. Après le roi Louis-Philippe durant la monarchie de Juillet (1830-1848), c’est le « Peuple », sous la Seconde république, qui se met à taxer, réglementer et subventionner une part croissante de l’économie française. En 1848, le gouvernement place des chômeurs dans des Ateliers nationaux, subventionnant leur emploi. Alors que le périmètre de l’État s’accroit, ce dernier se met à fournir un nombre toujours plus important de « services publics » financés par le contribuable.

    Bastiat voit d’un mauvais œil de tels développements. En 1850, dans le pamphlet prémonitoire intitulé La Loi, il critique l’emprise exponentielle de la législation sur la société civile, dans tous les domaines. Il se demande si l’instauration du suffrage universel (sans les femmes) en 1848 est à même de résoudre ce problème : le peuple ne peut-il pas désormais élire ses représentants et les contrôler ? Hélas, force est de constater, dit-il dans La Loi, que le problème ne fait que s’aggraver. Avec le suffrage universel, on est passé à un système dans lequel chaque citoyen peut se tourner vers l’État pour lui demander de régler ses problèmes en faisant une loi. Et les groupes de pression bien organisés parviennent facilement à tourner ce système à leur avantage. Conséquence : les législateurs s’immiscent toujours plus dans nos vies pour les réglementer, avec l’assentiment du peuple… »

    http://www.institutcoppet.org/2016/01/30/la-loi-de-bastiat-son-resume-en-cinq-theses-fondamentales-par-damien-theillier

    Citation de Bastiat :

    « « …Un des phénomènes les plus étranges de notre temps, et qui étonnera probablement beaucoup nos neveux, c’est que la doctrine qui se fonde sur cette triple hypothèse : l’inertie radicale de l’humanité; l’omnipotence de la Loi; l’infaillibilité du Législateur, soit le symbole sacré du parti qui se proclame exclusivement démocratique. »

    « …En tant que démocratique, il a une foi sans limite en l’humanité.
    « Comme social, il la met au-dessous de la boue.

    « S’agit-il de droits politiques, s’agit-il de faire sortir de son sein le Législateur, oh! alors, selon lui, le peuple a la science infuse ; … sa volonté est toujours droite, la volonté générale ne peut errer. …Nul ne doit à la société aucune garantie. … Est-ce que le peuple peut se tromper? Est-ce que nous ne sommes pas dans le siècle des lumières? Quoi donc! Le peuple sera-t-il éternellement en tutelle? … N’est-il pas en état de juger pour lui-même? Ne connaît-il pas ses intérêts? … Non, non, le peuple veut être libre, et il le sera. Il veut diriger ses propres affaires, et il les dirigera.

    « Mais le Législateur est-il une fois dégagé des comices par l’élection, oh! alors le langage change. La nation rentre dans la passivité, dans l’inertie, dans le néant, et le Législateur prend possession de l’omnipotence. À lui l’invention, à lui la direction, à lui l’impulsion, à lui l’organisation. L’humanité n’a plus qu’à se laisser faire ; l’heure du despotisme a sonné… Ils veulent être bergers, ils veulent que nous soyons troupeau. Cet arrangement présuppose en eux une supériorité de nature, dont nous avons bien le droit de demander la preuve préalable. »

    Frédéric Bastiat, La loi – http://bastiat.org/fr/la_loi.html

    Amicalement,

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  11. Jean-louis Michelet dit :

    A bout de souffle.
    La V ème république – à bout de souffle ? Effectivement, elle peut terminer sa vie comme Jean-Paul Belmondo dans le film « à bout de souffle » mais elle peut très bien reprendre un nouveau souffle.
    La Constitution de la Vème ressemble à un cheval pur sang, si le cavalier ne la dompte pas, elle devient intraitable … et le désarçonne facilement. Il faut dire qu’aucun de ces cavaliers n’est passé par Cadre Noir de Saumur …Un chauffard accusera toujours sa voiture de mille défauts, un mauvais chasseur accusera toujours son fusil ou son chien … Une entreprise qui perd des parts de marché accusera la concurrence etc.…. les exemples ne manquent pas.
    Non, tous les français ne sont pas hypnotisés, le sont, ceux qui doivent l’être, à commencer par les médias associés à un melting- pot politique de circonstances qui bat le pavé médiatique parisien du matin au soir avec juste à côté , un peu en retrait et assez discrets , beaucoup d’employeurs qui en plus du CIR, du CICE bénéficieront de la loi travail mais surtout de la baisse de l’IS, de l’ISF programmées dans ce quinquennat …ils ne peuvent qu’applaudir . Hypnotisés eux ? Non, simplement réalistes et c’est tant mieux .Généreuse Gauche.
    Est-il besoin de rappeler, qu’après les discours du Président au Congrès et du Premier Ministre à l’AN , seuls 25 % des français ont été convaincus …Les autres se sont mis hors-jeu , dubitatifs , interrogateurs et perplexes sachant qu’ils n’ont rien ou pas grand-chose à attendre de ce nouveau gouvernement qui , déjà repousse les quelques améliorations promises ….
    Ce gouvernement ne voit pas que des conditions exceptionnelles sont réunies pour proposer à cette autre France un contrat social, un Plan Marshall, un New deal, que sais-je encore ?
    Cela aurait le mérite de remettre à leur juste place, dans leur juste rôle, les deux nommés ci-dessus.
    Mais comme trop souvent, on commence à renoncer à l’impossible et ensuite, à tout le reste, cela est aux antipodes de la philosophie gaullienne.

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  12. l autre H dit :

    C’est intéressant comme point de vue, cette proposition mais quelque chose me chagrine : Ce n’est pas le suffrage universel qui est mauvais en soit, ce sont plutôt les pratiques de ceux qui se présentent à ce suffrage. Majoritairement, l’abstention le prouve, les français se rebiffent contre ces parodies de démocratie. Pensez-vous qu’il sera plus compliqué de changer les pratiques de ces hommes plutôt que de changer le système ?

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  13. hugues dit :

    @H

    J’admire vos certitudes…

    L’espèce humaine, comme toute espèce animale, est vouée à disparaître un jour de la surface de notre planète. Jusqu’à récemment, on pensait que cela ne dépendait pas de l’Homme lui-même mais d’aléas sur lesquels il ne pouvait rien: pluie de météorites et ses conséquences comme celles qui ont engendré la disparition des dinosaures, modification de l’axe de rotation de la terre avec ses conséquences climatiques, etc.

    Mais il semble de plus en plus probable que, si l’Homme ne fait rien, c’est lui même qui va signer sa propre extinction: sur-population de la planète, sur-exploitation des resources naturelles (eau, forêt, etc.), désertification, percement de la couche d’ozone, pollution de l’air, etc. tout cela engendrant des conflits d’accès aux resources (guerres et migrations en sont premiers dont on peut voir les effets dès aujourd’hui)

    Même s’il est ridicule aujourd’hui de faire de ces enjeux le fer de lance d’une campagne électorale nationale (comme Hamon et Mélenchon l’ont fait), il me semble tout aussi ridicule qu’un gouvernement ne s’en préoccupe pas et décide de fermer les yeux (comme Trump semble vouloir le faire): toutes les grandes métropoles de la planète sans exception sont déjà confrontés à ces enjeux: avec l’augmentation de la population mondiale et son agglomération dans des mégapoles, le gestion des enjeux écologiques va devenir primordiale. Ne laissons pas aux écologistes politiques gauchisant la prise en compte de ces problèmes d’autant plus que les solutions technologiques et le développement d’un marché de produits et de services offre des perspectives très intéressantes pour notre industrie dans les décennies qui viennent.

    Donc mettre dans la constitution des éléments de préservation de notre planète n’est pas ridicule en soit, du moins pour des dirigeants qui se soucient du bien-être et de l’avenir de l’humanité: après-tout c’est aussi cela le but d’une constitution.

    Quant aux gaz et pétrole de schiste, d’un point de vue purement économique puisque c’est votre propos, il est aujourd’hui ridicule d’y investir: le prix de revient de l’exploitation est tellement élevé que cela est difficilement rentable aujourd’hui dans le cadre d’une sur-production mondiale, quand le pétrole et le gaz sont très bon marché, ceci grace au pétrole et au gaz conventionnels qui abondent. En outre, les réserves en Europe sont très faibles par rapport aux réserves des autres régions du monde ce qui augmenterait la durée d’amortissement des investissements.

    Bref il vaut mieux attendre patiemment le pic pétrolier, dont on estime aujourd’hui qu’il devrait arriver vers 2050, pour pouvoir éventuellement, et si cela est encore opportun, d’investir: d’ici là on aura peut-être appris à se passer des énergies fossiles(ou au moins diminuer fortement notre dépendance) et on peut espérer que les technologies d’extractions seront moins polluantes et moins couteuses.

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  14. E. Marquet dit :

    Ce n’est qu’en apparence que cette élection était au suffrage universel ! N’a-t-on pas plutôt assister à une élection censitaire ou capacitaire ? Et, à voir la composition de l’Assemblée actuelle, on a du mal à croire qu’elle est reprèsentative de la souveraineté nationale. Selon le terme en vogue, les « CSP + » ont pris d’ assaut les gradins et fauteuils pour le meilleur ou pour le pire. Une chose est sûre ils rouleront pour eux comme ils ont toujours su le faire. Comme disait ma grand-mère, c’est auprès de l’âtre qu’on se chauffe le mieux !

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  15. raimanet dit :

    A reblogué ceci sur Raimanetet a ajouté:
    http://tiny.ph/1etZ -> servir, c’ est accepter
    http://tiny.ph/Zp0v -> voter c’ est abdiquer

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  16. Bernard06 dit :

    Bonjour Mr Tandonnet,
    Pendant la campagne électorale on a pu voir et entendre, dans un reportage de France Télévision, une dame déclarer : »…il est beau, je vais voter pour lui… » Il est sidérant qu’une telle personne puisse avoir le droit de vote. Je ne prétends pas que l’exercice de ce droit, que certains appellent devoir, ne devrait pas être accessible à tout le monde ; mais cette question doit pouvoir être posée.

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  17. H. dit :

    Bonjour Maxime,

    Le pouvoir actuel, dont la légitimité (ratio pouvoir obtenu/nombre de votants) reste nettement discutable après le déni de démocratie des mois passés, continue sur la même lancée que ses prédécesseurs. En témoigne la volonté du marchand de bain-douche de vouloir inscrire dans la Constitution* la protection du climat et d’interdire (au nom de quoi et de quel principe?) les recherches d’hydrocarbure sur le territoire national (pour info, un puits de gaz de schiste rapporte 1 000 000 $/an. En se privant de ce genre de manne, on se tire littéralement une balle dans le genou pour les années à venir Rarement lu une mesure aussi stupide). Si c’était dans un autre pays, je sourirai et je plaindrai ses habitants. Là, je pleure devant tant de bêtise et en pensant au champ de ruine que devient ce pays. L’ami Corto fait une lecture intéressante du discours du premier ministre. En clair, on raque et c’est tout.

    Bonne journée

    PS: *cette pauvre constitution devient au fil du temps qui passe un morceau de papier sur lequel nos dirigeants ne font qu’inscrire leurs lubies d’un jour. Je ne crois pas que cela soit sa fonction.

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    • Sganarelle dit :

      Je vous conseille d’aller faire un petit séjour de vacances dans la région des extractions de gaz de shiste aux USA. et nous en reparlerons…

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