La question du pouvoir politique

imagesKXOQHPN0L’expérience du pouvoir politique finit toujours mal dans le monde moderne. Les derniers présidents américains ne laisseront pas un souvenir impérissable: Clinton, Bush, Obama. La campagne électorale américaine, de scandales en polémiques, atteint les sommets de la déchéance ou du ridicule entre Clinton (Madame) et Trump. Les dirigeants européens plongent les uns après les autres dans la catastrophe, Mme Merkel et ses tergiversations sur « les migrants », Schengen, la Turquie; M. Cameron et son Brexit, M. Hollande et ses 12% de popularité. M. Renzi est au plus mal en Italie, l’Espagne est sans gouvernement, la Grèce s’enfonce toujours un peu plus dans l’indifférence. Hussein, Ben Ali, Moubarak, Khadafi, etc:  sauf exception, le métier de dictateur ou d’homme providentiel conduit à un triste sort. Qui se souvient, car les gens ont la mémoire courte, à quel point les présidents Mitterrand et Chirac furent impopulaires sinon honnis à la fin de leur mandat? Et tout va de pire en pire. La vie politique française offre aujourd’hui un spectacle affligeant, entre ses cinquante candidats aux présidentielles, sa montée aux extrêmes, ses primaires débiles, sa violence croissante comme voile du néant, une poignée d’individus que l’on sent prêts à tous les mauvais coups pour garder la place à n’importe quel prix. Qu’est-ce que le pouvoir politique et pourquoi, dans le monde moderne, conduit-il presque inévitablement à l’échec sinon au ridicule? Une hypothèse: nous avons changé d’ère tandis que la politique fonctionne encore sur un vieux modèle désuet, dépassé par le monde moderne. La question porte notamment sur la personnalisation médiatique du pouvoir. Elle correspond à une époque dominée par la radio et la télévision, comme sources dominantes et à sens unique, de haut en bas, de l’information et de la communication politique. Notre planète a radicalement changé avec Internet et la mise en réseau de la vie sociale. Plus un dirigeant est médiatisé, plus il devient la cible d’une sorte de lynchage universel. Son prestige, son autorité, sa capacité à décider et à gouverner en sortent anéantis. Il se réfugie dans le grand spectacle de la polémique et la posture, les coups politico-médiatiques. Mais plus il communique, et moins il gouverne. Il s’enfonce en permanence dans le grotesque. Jadis, le culte de la personnalité incarnait le mal en démocratie. Aujourd’hui, il est banalisé, généralisé, absorbant la substance de la vie politique au détriment du bien commun. Il faut repenser le pouvoir politique, tendre peu à peu vers l’anonymat, la modestie, la dépersonnalisation, la dé-médiatisation, la simplicité, la proximité, le réel, la décentralisation, la volonté collective, le pouvoir du peuple (démocratie locale et directe).  Qui connaît le nom des dirigeants suisses par exemple? Et ce pays ne se porte pas si mal… Bien sûr qu’il faut un capitaine pour rendre in fine les arbitrages, comme me le faisait remarquer hier soir un ami auquel j’expliquais mes idées. Mais un capitaine est à la barre de son navire et à la tête de son équipage, pas sur la scène de spectacle. Peu importe son nom et son visage tant qu’il conduit, avec son équipage, les passagers à bon port.  Mon message est totalement inaudible dans le climat de bêtise et de mégalomanie ambiante. En tout cas, le voilà lancé…

Maxime TANDONNET

 

 

 

 

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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16 commentaires pour La question du pouvoir politique

  1. Frederic_N dit :

    j’ai une hypothèse plus simple que la vôtre Maxime. Elle est que la situation du monde occidental requiert une sorte de reprise en main d’elles-mêmes de la part de nos sociétés : cela veut dire pour chacun de nous , plus de responsabilités pour moins d’avantages matériels. Bref cela veut dire que le responsable de la situation n’est pas « les autres » , mais nous mêmes. C’est cela qui n’est pas vendable auprès des peuples de la part de qui on peut prévoir plus d’attitudes irresponsables à l’image de l’Angleterre de 2016, que d’attitude de courage à l’instar de l’Angleterre 1940 ( ou de l’Allemagne sous Schroder)
    Ce qui manque aux politiques s’est une théorie politique qui leur fasse comprendre cela et « jouer » avec .
    Mais je ne désespère pas. Ce genre de réfkexion commence à émerger.
    Par contre faites une croix sur la gauche : elle est existentiellement rétuve à tout discours de responsabilité collective

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  2. Cyril45 dit :

    J’ai entendu ce matin à la radio une jeune femme déclarant qu’avec cette victoire de la France en football, on retrouvait notre patriotisme.
    Consternant ! J’aimerais savoir ce qu’elle aurait fait en 1940.

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  3. Via dit :

    Complètement d’accord. La notoriété, la médiatisation fabriquent des figures, baudruches ou pantins à forte charge à la fois affective et identificatrice. « Je l’aime bien, j’aime pas, il est bien, il est nul, il est beau, il parle bien, il dit n’importe quoi… » et une haine de classe. D’où vient-il ? De quel milieu ? Les foules ne pratiquent plus l’admiration mais plutôt le doute et le dénigrement. Il est quasi impossible de s’en tenir aux faits, aux résultats. Nous avons besoin de pragmatisme et nous préférons la passion idéologique, l’émotion et les sentiments. Cela paraît incroyable qu’il puisse y avoir un lien entre une victoire au foot et la popularité d’un président. Quel est le rapport entre gouverner et jouer au foot ?

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  4. Philippe dit :

    Bonjour à toutes et à tous,

    J’adhère totalement à vos propos cher Maxime.
    Nous constatons ce même spectacle affligeant au plus bas niveau, communes, départements,régions, la même arrogance la même bêtise.
    Les habitants des communes n’ont plus leur mot à dire, ni même le Maire d’ailleurs, dans le cadre du RIP, nous sommes mis devant le fait accompli.
    Des associations essaient de faire vivre les villages, demandent des aides au département à la région, mais ils trouvent portes closes.
    Par contre dans notre ville le 6 juillet c’était l’Aîd- el -Fitr alors là, tous les élus étaient présents de la préfète en passant par les élus de droite comme de gauche, tout le monde se pressait pour être sur la photo.
    Il est fortement probable même sûr, que la France gagne l’Euro et les français seront heureux et 2017 repartira de plus belle et nous aurons certainement les mêmes au pouvoir.
    De l’assistanat et des jeux et le peuple est heureux!
    @Yves Doran
    Le peuple est à l’image de ceux qui le dirigent. Les gens sont des veaux ,il suffit de voir les élus avec des gamelles aux fesses que le peuple réélit sans aucune hésitation.
    Regardez les résultats du Bac encore cette année, ma nièce professeur de philo est catastrophée. Le bac est donné pour 50%
    Moi-même j’étais examinateur cette année encore pour les bac pro, le niveau baisse de plus en plus,
    L’ignorance du peuple vous assure sa soumission. De ce fait les médias profitent de cette ignorance, de la bêtise pour faire passer sa politique de grand spectacle de guignols.
    Nos élus de tout bord se fichent éperdument de la France , ils sont dans le culte de la personnalité, « élisez moi, parce que je suis moi et parce que je suis beau » cela se résume juste à cela!

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  5. Timéli dit :

    Vous allez à l’essentiel dans votre billet d’humeur, mais, la solution – et elle a été évoquée à plusieurs reprises sur votre blog – n’est-elle pas de nommer à la tête du pays un homme ou une femme issu(e) de la société civile ? Il y a de grands capitaines d’industrie, certes inconnus, qui ont fait leurs preuves. Y-a-t-il une grande différence entre diriger une entreprise de plusieurs milliers d’employés et un pays de soixante-six millions d’habitants ? Le résultat est le même : ne mettre ni l’un ni l’autre en faillite et faire en sorte que les uns et les autres soient heureux. Je sais : c’est caricatural et simpliste, mais n’empêche, ce postulat reste l’un des fondamentaux de la politique et nous l’oublions trop souvent.

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  6. Georges dit :

    Nous souffrons d’une omniprésence politique, d’un écœurement incommensurable .Mais pour qui se prennent-ils ces pauvres mortels …

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  7. Gérard Bayon dit :

    Bonjour à toutes et à tous,
    Malheureusement et quels que soient les partis politiques ce n’est pas avec les candidats déclarés ou à venir que l’on risque de tendre vers l’anonymat et la modestie ! Mais s’ils souffrent toutes et tous de mégalomanie et d’un orgueil démesuré, à qui la faute ? En premier lieu aux médias et aux sondeurs de tous horizons qui n’ont jamais été aussi puissants et présents 24h/24, 7j/7 à guetter le moindre mot ou petite phrase pour faire le buz comme on dit aujourd’hui et puis aussi à nous qui, quoi qu’on en dise, sommes de bons spectateurs et de bons lecteurs également toujours intéressés par tous les potins. A une autre échelle, il n’est que de voir en ce moment les 60 millions de sélectionneurs de l’équipe de France de foot qui ont tous un avis différent de celui qui a la charge de cette fonction.
    Ceci dit, comment faire pour qu’une femme ou un homme qui se présente à l’élection présidentielle et qui a donc un programme, des projets, une vision à faire partager et à défendre reste modeste et simple, même avec un excellent programme, peu critiquable, un tel personnage n’aurait aucune chance d’être élu.
    Vous évoquez également et je vous rejoints sur ce point, le pouvoir du peuple qui devrait normalement être celui qui détient le vrai pouvoir mais là aussi les derniers exemples en date ne plaident pas en faveur de nos politiques : le référendum de 2005, bafoué par NS et la consultation relative au projet d’aéroport de N.D. des Landes dont le résultat pourtant net est contesté par les perdants ce qui permet au gouvernement de ne rien faire avant les élections de 2017. Au moins le peuple Suisse n’a pas ce souci ni d’ailleurs ce souhait puisqu’il ne participe pas à l’élection du Conseil Fédéral et leur solide constitution est sensiblement la même depuis 1848…mais eux n’ont pas de compte à rendre à Bruxelles et savent utiliser à bon escient et surtout respectent la votation des citoyens lorsqu’ils la sollicitent.

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  8. yves Doran dit :

    Vous parlez d’or! Je reviens à un commentaire précédent. La médiatisation à l’extrême de la vie politique a sa contrepartie dans le vide culturel de ses animateurs. La médiatisation est totalement réductrice, n’importe qui, interviewé à la télé, se prend pour un grand expert en tout art, économie, religion pourvu qu’elle ne soit pas catholique! . Aucune vergogne à dire n’importe quoi. Prenez Juppé suggérant de réformer le Coran pour l’adapter à nos sociétés laïques.! Son ignorance basique de cette religion est abyssale et dangereuse… je m’étonne qu’il n’ y ait pas eu de fatwa contre lui .Mais ils ne s’y sont pas trompés.. Pas de danger, il est tellement insignifiant et totalement manipulable. ils sauront l’accommoder. Mais qu’un homme qui prétend à la première place ose dire de telles absurdités montre la vacuité de son esprit et son gouffre culturel. J’insiste sur ce point car pour moi il est fondamental . La culture nourrit la réflexion, mûrit le jugement, affine la pensée et rend modeste .
    Le pouvoir politique au sens où l’entendaient nos Rois n’ a plus rien à voir avec ce que le système « républicain  » en a fait. Qui assume le long terme ? qui assume la veille de la transmission aux générations futures ? qui analyse les enjeux d’avenir? Personne ! La haute administration qui, de tous temps jusqu’aux années 60 avait assumé ce rôle de gardienne du pré carré, est devenue le champ clos des luttes de factions politiques. La promotion Voltaire de l’Ena est la quintessence de ce système qui a fait du pillage, et du gaspillage de la richesse française ses 2 mamelles. L’irrespect de l’ensemble de la classe politico-administrative pour l’argent collecté par l’impôt est sans nul doute le fait majeur de ce système . Or cet impôt c’est de l’épargne forcée prélevée sur chaque citoyen. On lui retire une capacité de dépenser ou d’épargner pour son compte , donc une part de sa liberté, au profit de la collectivité et au nom de la solidarité. Si cela était vrai, ça se saurait! Sitôt collecté, les prédateurs officiels se jettent dessus sans le moindre respect pour celui qui a été prélevé.. Dans une démocratie digne de ce nom : l’argent du contribuable est sacré et sa dépense est sévèrement contrôlée . Or qui contrôle ? le Parlement :que nenni. La Cour des comptes, elle fait le job mais n’a aucun pouvoir . Alors qui ? personne . Il est vrai que lorsque le plus haute instance de l’Etat déclare urbi et orbi  » ça ne coûte rien , c’est l’Etat qui paie  » tout est dit . Là commence l’Esprit Public …. Yves

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    • Cyril45 dit :

      J’apprécie votre analyse, suite à ce billet toujours pertinent de notre hôte sur ce forum. J’adhère en particulier avec l’énoncé du pouvoir politique, tel qu’il était compris par nos rois.
      Quant à votre énoncé de la spoliation des contribuables, je viens de subir en héritant de ma tante !

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  9. drazig dit :

    Excellent papier! J’y adhère complétement.

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