Tous présidents?

588945Le nombre de candidats à l’Elysée explose: Bertrand, Le Maire, Fillon, NKM, Mme Morano, Juppé, Hollande (à sa réélection), Valls (en 2022), Mariton, le Pen (fille), etc. J’en oublie peut-être… Et ce n’est qu’un début, un an et demi à l’avance. Un jour, il faudra se demander: qui n’est pas candidat aux présidentielles? Ce phénomène a quelque chose d’intriguant. Sentiment profond d’être supérieur aux autres, par l’intelligence, le caractère et de pouvoir mieux faire? Boursouflure de la vanité, et fascination irrépressibles pour les splendeurs de la vie Elyséenne? Un mélange pathologique des deux? Bien sûr, chacun écrit son livre, fomente ses petits calculs et paraît-il, prépare son « programme ». Mais cela ne prend pas vraiment dans l’opinion. Il manque quelque chose: une force, une dynamique, une impression de sincérité et de désintéressement. Lors de la présidentielle, les Français choisissent un homme ou une femme par instinct, sur la base d’une intuition profonde, d’une attirance instinctive pour un personnage, une ligne directrice, une confiance qu’il inspire, un élan vital, et non sur la base d’un programme détaillé. Aujourd’hui, cette force d’entraînement est absente. Parfois, les Français prennent ce qu’ils trouvent, par dépit, mais ce n’est pas vraiment bon signe. Le catalogue des promesses, dans la logique des institutions de la Ve République, incombe à la majorité parlementaire et au futur chef de gouvernement, surtout pas au Chef de l’Etat, homme de la Nation, homme d’un destin, d’une orientation générale, d’un projet non d’un programme.  Tous ces candidats, dans leur multitude, donnent le sentiment de frapper à la porte de la providence; mais seule la providence, si elle le souhaite, choisit son  bras armé, au dernier moment et en toute liberté.

Hier, j’ai croisé dans la rue un ancien collègue du cabinet présidentiel, à l’Elysée en 2007-2012. Profondément ému, il m’a dit: « Tu te rends compte dans quel état est le pays? Tu te rends compte comme on s’est emmerdé pour en arriver là? » Puis, j’ai pris le café avec un préfet à la retraite, réputé d’une sensibilité « de gauche » qui tout au long de sa carrière, de quarante ans, a fréquenté les plus hautes autorités de l’Etat et  servi dans le secteur privé comme dans les cabinets ministériels, un grand Monsieur, par l’expérience, la lucidité. Il m’a dit textuellement (j’ai noté ses mots): « On n’a jamais rien vu de comparable, une pareille fuite devant les responsabilités et course aux privilèges. La classe politique se déshonore. » Le soir, j’ai pris un verre avec l’un de mes amis, un ancien homme politique important qui s’est totalement retiré de la vie publique: « Vous avez vu, hein? Quel spectacle! J’ai bien fait de passer à autre chose! »  Cette idée peut sembler paradoxale: il se trouve, dans le geste de partir, définitif ou temporaire, une expression de grandeur d’âme et de lucidité. Une signification: je ne suis pas indispensable, nul n’est indispensable, le salut  de la France n’appartient à personne en particulier, il est collectif, national, et ne relève in fine que de l’histoire et de la providence.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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29 commentaires pour Tous présidents?

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  2. Vu du Mont dit :

    Vous avez cité les mauvais, tous ceux qu’il ne faut pas la prochaine fois pour la France. Car ce serait achevé la France. Rassurez-vous les Français ne sont pas stupides, ils ont bien compris.
    La véritable alternance se fera avec d’autres personnes.

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  3. charles902 dit :

    Lino Ventura disait, dans le film « les tontons flingueurs »: « les cons, ça ose tout; c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnait ».
    Je ne suis ni ancien Ministre, ni Préfet, ni haut Fonctionnaire, mais il me semble qu’il est toujours sain de se démarquer de ceux qui génèrent l’échec.
    Pourtant abandonner la scène à ces « boursouflures de la vanité », n’est ce pas faire acte de traîtrise vis à vis des générations futures ?
    Il s’avère qu’en politique, l’incompétence n’est ni un délit ni un crime (les promesses ne valant que pour ceux qui y croient): il n’y a pas de notion de résultat opérationnel. Par contre, dans l’industrie, un mauvais résultat suffit souvent pour forcer le départ du patron.
    Tant qu’on ne peut pas concevoir un système permettant de mesurer l’efficacité de l’action politique, le résultat d’une élection sera suffisante pour valider le politicien et une politique clientéliste (« du pain et des jeux ») suffira à son action.

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  4. Mildred dit :

    J’ai effectivement dû mal vous lire car si je regarde les résultats des élections depuis celle de 1965, je ne vois guère d’exception. Il n’y a que De Gaulle et Pompidou qui aient dépassé les 55% (55,2 et 58,2) et bien sûr les 82,21% de Chirac en 2002 dont chacun rêve, tout en admettant que ce quinquennat fut calamiteux.
    Quoiqu’il en soit, aux prochaines élections nous verrons bien si les Français sont toujours des veaux ou si, avec le temps, ils seront devenus des taureaux vengeurs prêts à ruer dans les brancards !

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    • Mildred, ce n’est pas une affaire d’ampleur du score, ce que j’ai voulu dire c’est que les élections présidentielles, en général, sans que cela soit forcément une bonne chose, se jouent à l’instinct, l’intuition, l’air du temps, et non sur des critères de raison (comparaison des programmes).MT

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  5. Mildred dit :

    Vous serez sans doute heureux d’apprendre que, par moments, vous arrivez même à me faire rire !
    Vous croyez vraiment qu’en 2012 les Français ont choisi leur président « par instinct, sur la base d’une intuition profonde, d’une attirance instinctive pour un personnage, une ligne directrice, une confiance qu’il inspire, un élan vital…  » ?

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  6. Koufra dit :

    Je suis sûr que même Harlem Désir et Hervé Morin y pense …

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  7. Koufra dit :

    Si tout le monde est président, personne ne l’est et pourtant, on en choisira un dans le lot.

    Peut être que l’affaiblissement de l’état entraîne une pénurie d’hommes d’état.

    L’état n’exerce plus les fonctions régaliennes, ceux qui le dirigent ne se sentent plus investis, voir, ne voient plus dans leurs fonctions qu’un moyen … Un moyen d’acquérir avantages et pouvoirs pour eux mêmes.

    Le délitement des états est un phénomène mondiale.

    Et la où les états chutent, c’est le chaos.

    Une nouvelle forme de gouvernance apparaît en occident qui vident les états de leurs substance.

    Se met en place une forme de féodalité capitaliste, qui oserait dire que les hiérarques sont encore soumis au droit commun?

    Plus je pense à ce sujet et plus
    Il me semble qu’il fait résoudre avant toute chose les causes de l’effritement de l’état et de l’adhésion de la population à l’état.

    Cela doit passer par un recentrage de l’état sur les fonctions régaliennes.

    Les politiques ont pour beaucoup perdu ou n’ont pas les qualités d’hommes d’état. Le fait que l’Histoire et la géographique soient moins enseignées ou sous un prisme idéologique tend à réduire le nombre de candidats potentiels à devenir des hommes d’état. On ne forme plus que des « forts en maths »…. Enfin surtout forts pour résoudre leurs équations personnelles.

    Amitiés

    Koufra

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  8. François dit :

    Pourquoi une telle inflation de candidats ? La réponse est pourtant simple : tous les candidats regardent M. Hollande et se disent : si « crétinus ultimus » a réussi à se faire élire, j’ai toutes mes chances.

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  9. atoilhonneur2 dit :

    Un petit bémol, si je peux me permettre: Ne confondons pas  » candidat à l’Elysée  » et  » candidat éventuel à une primaire « 

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  10. Simon dit :

    Des paroles et des actes…Tout » baigne », le gouvernement est content, la population est contente…décidément, Maxime vous êtes un mauvais coucheur, et nous nous alarmons d’une tempête dans un verre d’eau !

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  11. Bernard dit :

    Maxime: François Fillon vs Manuel Valls dans des Paroles et des Actes animé par Pujadas. Je le sais tout simplement car nous écoutions la radio en remontant de Charentes ce matin….

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  12. Florence dit :

    Chacun de ces candidats doit se dire « après tout, Hollande a bien réussi à être élu, alors pourquoi pas moi ? » . Il faut reconnaître que Hollande a placé la barre très bas.

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  13. Bernard dit :

    Bonjour Maxime,
    Tout à fait d’accord avec vous. Maintenant est ce que nous n’assistons pas aussi à un abandon des idées personnelles sous l’influence des spin-doctors ? Je ne sais pas si je regarderai ce soir A 2, je suis tenté mais est ce que la série sur TF1 ou encore sur Arte ne seraient elles pas moins dures pour mes nerfs avec un risque de faire monter ma pression artérielle ?

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  14. Timéli dit :

    Le problème en France, c’est qu’on ne veut pas regarder la vérité en face, on ne veut voir et entendre que des choses complaisantes. Alors, quand il faut agir, ou bien voter pour le changement, il n’y a pas beaucoup de courageux qui répondent présents.

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  15. fredi maque dit :

    Moi je trouve ça beau tous ces hommes, toutes ces femmes, qui ne demandent qu’à servir leur pays, ne souhaitent qu’être utiles à leurs concitoyens. De façon parfaitement désintéressée bien sûr.

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  16. Bien évidemment je partage votre avis sur la médiocrité de la période que nous vivons et sur la fatuité des responsables politiques et des médias qui se concentrent sur des débats et polémiques dérisoires pour « meubler » leur statut absolument incroyable et privilégié: seul compte en fait de conserver ou d’améliorer son poste. Cependant nous arrivons à la fin de cette période détestable et je crois qu’un monde différent même en France va apparaitre.
    Peut être que ce renouveau viendra par la base et notamment par les Régions qui par leur nouvelle puissance pourront peser sur l’évolution du pays et à ce niveau au moins 2 candidats assez neufs des Républicains m’apparaissent aborder la politique de manière humble avec une vision et l’envie de servir l’intérêt général : c’est peu, j’en conviens, mais c’est un début.

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  17. Ping : UN ETAT FICTION | Raimanet

  18. Stéphane B dit :

    Bonjour

    Vous avez oublié Bayrou ! Nan je plaisante.
    Des personnes vides de toutes convictions, des girouettes qui ne pensent qu’à leur tronche et aux émoluments qui vont avec une telle fonction, …, vivement la révolution !

    Sinon, je vous invite à lire l’article ci-après, histoire de se souvenir d’un de vos précédents articles. Et ils font quoi pour les gens dans cette situation ? Rien ! c’est bien ce que je pensais.
    http://www.ladepeche.fr/article/2015/09/24/2183247-aux-mazades-les-squatters-font-la-loi-pour-un-toit.html

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