Le grondement sourd

Les lendemains de la manifestation du 13 janvier ont montré une France plus déchirée qu’elle ne l’avait jamais été au cours des dernières décennies, en pleine « guerre civile froide». Le profond mépris d’une caste dirigeante qui rassemble les militants dits « de gauche », du monde associatif, les media, les élites branchées parisiennes, contrôlant aujourd’hui tous les leviers de pouvoir et d’influence, s’est exprimé sans aucune limite. Un article publié par une parlementaire de la majorité reflète admirablement la morgue de ce milieu et encore n’est-ce qu’un exemple parmi tant d’autres : « La France réactionnaire a arpenté Paris en masse … Une France réactionnaire – surtout en retrait des grandes agglomérations. La France recroquevillée… …Bientôt l’Église fermera boutique… C’est par l’effet de ce même conservatisme que cette France-là a peur de l’Autre, un Autre qui peut être, au choix, l’étranger, l’immigré, l’Arabe, le musulman, le gay, le Rom, mais aussi le voisin, la femme de ménage, ou le petit jeune qui passe en mobylette… Et c’est par l’effet de ce même conservatisme qu’elle continue à redouter la mondialisation, comme elle a abhorré dans le passé le cosmopolitisme. Pourquoi donc lésiner sur la caricature, le cliché et la tarte à la crème? Tous les coups sont permis pour abattre l’ennemi! Son compte est bon : mort à la France « moisie », la France non parisienne, la France provinciale ou rurale, la France travailleuse, ouvrière et paysanne, de tradition chrétienne, la France d’en bas, la France profonde, « cette France-là » qui les révulse tant…  D’ailleurs, la répétition de l’insulte de base, « réactionnaire », nous rappelle la belle époque des totalitarismes triomphants. Mais qu’ont-ils donc à gagner à dresser ainsi, artificiellement,  une France contre une autre?

En face, qu’il y a-t-il ? Un pays qui n’en peut plus de subir le mépris et le bourrage de crâne de ses élites. Il faut voir cet extraordinaire sondage CEVIPOF de janvier 2013. Seuls 31% des Français font confiance à l’Union européenne (- 9% en un an), 31% à la présidence de la République, 28% à l’Assemblée nationale… 85% estiment que les politiques ne se préoccupent pas de ce qu’ils pensent. Seuls 12% font encore confiance aux partis politiques et 23% aux media ! 68% estiment que le clivage droite/gauche ne veut plus rien dire. La politique inspire du dégoût à 26% d’entre eux et de la méfiance à 38%. 65% pensent « qu’il y a trop d’immigrés » au rebours de l’idéologie officielle, martelée du matin au soir, selon laquelle « l’immigration est une chance ». Il est absolument sidérant que les résultats de cette enquête n’interpellent pas davantage les élites politiques, ces dernières ne manifestant aucune velléité d’autocritique. Le sentiment d’une fracture irrémédiable, croissante entre le peuple et ses élites est la cause de toutes les révolutions. Il n’y a qu’une façon d’en sortir pour éviter que la guerre civile froide ne dégénère en un véritable conflit ouvert: rendre le pouvoir au peuple, à travers le recours au référendum et le renouveau de la démocratie représentative.

Maxime TANDONNET

A propos maximetandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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56 commentaires pour Le grondement sourd

  1. georges dit :

    C’est à coire que certains veulent,depuis la fin de la dernière guerre,faire payer la facture de la collaboration à ceux qui éprouvent un attachement à leurs racines,à leur peuple et à leur identité patriotique cad à l’appartenance à une nation.Il faut absolument associer les conservateurs réactionnaires (quel joli compliment) à de monstrueux nazis.Simon Epstein nous a démontré magistralement que le collabo n’est pas celui que l’on croit.

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  2. Ping : L’heure tourne, les nuages s’assombrissent… Et tous mes voeux ! | •·.·´RASleBOLisTan DéChaîNé`·.·•

  3. Dagmar dit :

    Rien a change depuis 230ans. Les memes paroles que celles de vetted depute inconnue, ont etaient utilisees a l adresse des Vandeens. La France profonde resiste depuis 230 ans. Il n est pas facil de detruir une culture millenaire, Doncaster 230 ans n ont pas tout a fait suffit, mais pour combine de temps encore?
    Dagmar

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  4. Concernant la manifestation, j’ai suivis la réaction de la presse politiquement correcte (Le Monde, Libé, Nouvel Obs, etc), et j’ai été sidéré. Il est une chose d’exprimer notre intuition en dénonçant une société supposément démocratique, mais où l’information est en fait faussée, manipulée, biaisée, où le peuple est méprisé pour ses opinions. C’en est une autre que de le constater en direct, de façon irréfutable.

    Dans ce sens, cette réaction des Français a été véritablement révélatrice. Les articles des journaux grand publique, supposés selon eux être neutres et impartiaux dans leur traitement de l’information, ont systématiquement moqué, dénigré cette manifestation, la rangeant dans certains cas à l’extrême droite. Il faut lire pour le croire les articles comme celui de Libération, qui se termine sur la description ironique d’une mère abusive, traditionaliste et méchante, engueulant son jeune fils qui rechigne de froid parce qu’elle a osé le faire participer à la manifestation. Les chiffres ont été délibérément faussés : 350,000 selon la police, la désinformation est donc également orchestrée par le gouvernement. Ce n’est pas juste l’idéologie ambiante.

    Impact symbolique potentiellement énorme de cette manifestation, d’un peuple qui se réveille enfin pour tenir tête aux élites, très vite enterré par lesdits médias au profit d’autres nouvelles – médias que l’on peut donc considérer directement à la solde du pouvoir.

    Il y a vraiment deux peuples Français qui cohabitent, et qui se haïssent au point de s’autodétruire. Ou plutôt un seul peuple Français, nous, qui le sommes restés, et un autre qui a renié ses racines et son identité pour embrasser le projet mondialiste des élites.

    Le problème, c’est que malgré ce constat, compris désormais, je pense, par le plus grand nombre, il me semble que trop de gens se complaisent toujours mollement dans ce corps national idéologique hybride, façon Frankenstein, dont la tête est contrôlée par les élites dont vous dénoncez.

    Autrement dit, on sent dans la mobilisation pour cette manifestation l’ébauche d’un corps nouveau qui prend forme mais qui reste encore nébuleux et impalpable. Il n’existe pas encore d’entité assumant nos valeurs dans l’action, à laquelle les Français ayant participé à la manifestation pourraient s’identifier, et autour de laquelle ils pourraient se rassembler et agir. D’un côté, L’UMP semble encore trop politicienne, trop molle. De l’autre, le FN est déconsidéré aux yeux de la majorité des Français par trente années de démonisation médiatique. Il ne semble pas non plus constituer un choix réaliste, surtout du point de vue de la gestion économique.

    Pour l’instant, ça ne fait aucun doute à mes yeux, notre France se cherche.

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  5. La Gazelle dit :

    Bravo à M. Tandonnet pour la justesse de son analyse de notre démocratie française !
    Mais Hollande et Sarkozy, c est du pareil au même ! Il n y a que l emballage qui change…
    Ils font parie d une caste pour qui seule compte leur carrière politique, les avantages qu ils en tirent et l attrait du pouvoir.
    Notre assemblée nationale n est pas représentative.
    Elle fonctionne en système de partis.
    Nos députés ne votent pas selon leur conscience mais selon le mot d ordre donné par le parti, lui-même aux ordres des pouvoirs occultes et des lobbies.
    Une nouvelle constitution représentative s impose !
    Le peuple commencerait-il enfin à réaliser qu il est baillonné par le système en place, anesthésié par les medias ?
    Aux armes citoyens et que vive la France

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    • La gazelle, pareil au même, vous en êtes sûr? vous pouvez difficilement dire cela aux opposants du mariage pour tous qui manifestaient à Paris la semaine dernière, ni au millions de salariés qui bénéficiaient des heures supplémentaires défiscalisées, ni à tous ces ménages poussés à quitter le pays pour des raisons fiscales, etc…
      Merci beaucoup pour votre commentaire en tout cas
      Amicalement
      MT

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  6. Bourdoc dit :

    Cher Monsieur Tandonnet.
    Pensez-vous que ce que vous dénoncez avec juste raison puisse durer, voire se pérenniser?
    Ce qui est désolant c’est que malgré le fait que la plupart des Français ait perdu confiance dans les institutions, toutes les institutions, nos politiques qu’ils soient de droite ou de gauche persistent dans leur autisme. On a l’impression que les citoyens auxquels on fait appel au moment des scrutins ne servent qu’à élire des individus qui ne sont plus représentatifs de leurs souhaits. Et oh, combien s’en faut!
    Cette situation malsaine ne peut plus durer. Cela risque dans un avenir proche de dégénérer en un conflit national qu’il faudrait à tout prix éviter. Le pessimisme et le manque de confiance des Français en leurs « représentants » est inquiétant, voire mortel.

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    • Bourdoc, merci pour votre aimable message, franchement, je ne sais pas. A priori, oui, cette situation risque de durer compte tenu du blocage des institutions dont je parle aujourd’hui, mais l’histoire à de ces soubressauts, un peu comme un grand fauve que l’on pense avoir apprivoisé, qui font que rien n’est jamais certain ni figé d’avance.
      Bien amicalement
      Maxime

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  7. crisfi dit :

    Je suis consternée,sidérée, par ce qui se passe en France actuellement :
    Effectivement, le peuple « gronde », mais de manière « atone ». Les Français sont tous dépassés par cette situation, cela se ressent dans les rues, dans les magasins; la crise est là certes, mais il y a une autre dimension que certains ne peuvent analyser par manque d’informations « réelles » ou à cause de nos « marketeurs-politiques » qui s’y entendent pour « enfumer » le peuple.
    Certains blogs comme le vôtre Maxime, sont construits dans la réflexion, d’autres, spontanés, « brut de décoffrage », par la violence du vocabulaire, laissent présager malheureusement une issues peu souhaitable. Merci, Maxime, pour votre blog qui nous rappelle que nous ne sommes pas seuls dans notre « province »…

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    • crisfi, merci beaucoup pour cet encouragement. En effet, ce qui me déplait dans la violence des commentaires sur certains blogs ou sites, c’est le caractère lâche de l’attitude consistant à insulter derrière un écran et qui plus est dans l’anonymat. Personnellement, quand j’échange avec une personne sur Internet, je me demande toujours: lui dirais-je cela les yeux dans les yeux? Pour le reste, je suis entièrement de votre avis et partage votre consternation!
      Bien amicalement
      Maxime

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  8. Da Cruz dit :

    Bonjour Mr Tandonnet,

    Ce sondage, qui m’a l’air plus sérieux car mené à des fins d’études et non de commerce ou d’idéologie, me fait rire quand je repense à l’accusation de Mr Hollande faite à Mr Sarkosy sur le « champ de bataille » qu’était devenu la société française à cause de son action.

    Mr kalf$$, vos propos sur l’immigration montrent une volonté de complicité pour ce qui est ,dans les faits, une invasion, et une atteinte a l’origine et la culture d’un peuple, car la France c’est avant tout un peuple avec son origine et sa culture, le jour où ce pays ne l’aura plus cela ce ne sera plus la France, mais l’usurpation de son nom pour camoufler ce qui relève d’un génocide. (éloge aryaniste du métissage).
    J’admet néanmoins votre honnêteté et le droit d’exprimer votre opinion bien que la position inverse soit, elle, fortement puni.

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    • Da Cruz, il me semble que Kalaf décrit une situaiton qu’il pense inéluctable, comparée à une « colonisation à l’envers », mais qu’il ne s’en réjouit pas forcément.
      Bien à vous
      Maxime

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  9. Anonyme dit :

    Bloc-notes : la résistance de la société civile à la pensée dominante

    Par Ivan Rioufol le 18 janvier 2013 0h01| 295 Commentaires

    Le dimanche 13 janvier, la pensée dominante a pris un sérieux coup dans l’aile. Jusqu’au bout, une grande partie des médias audiovisuels aura tenté de ridiculiser, culpabiliser, délégitimer la mobilisation nationale contre le projet de mariage homosexuel. Mais les débats déséquilibrés et la propagande n’ont pas eu d’effets sur la France silencieuse. L’accusation en homophobie, brandie par le militantisme gay et l’idéologie conformiste, s’est heurtée au bon sens des gens. Ils sont venus en masse, à Paris, pour rappeler comme une évidence leur attachement à la filiation humaine et à la raison. Pas un dérapage n’a été rapporté par la presse à l’affût. Un peuple courtois, amusé mais déterminé, a pris possession de la rue, chasse gardée des « progressistes ». Un « printemps français » vient d’éclore à son tour. Il ne peut être ignoré sans conséquences.

    Les socialistes, qui disent défendre la diversité, n’aiment pas cette France-là : trop blanche, trop catholique, trop homogène à leur goût. Ils la croient agonisante. Pour eux, ces « oubliés » sont en voie de disparition. Or c’est une nation civilisée, dynamique, ouverte, qui s’est retrouvée au nom d’un idéal partagé par des jeunes et des vieux, des riches et des pauvres, des chrétiens, des musulmans, des juifs, des athées, etc. Simone Veil et Georgina Dufoix étaient là. Cette société civile, qui se défie des politiques, parle clair. Sa résistance au relativisme, qui aimerait faire table rase des dernières institutions encore debout (la famille, la nation), est portée par des valeurs humanistes (l’intérêt de l’enfant, la cohésion nationale) qui ne sont ringardes que pour les habituels railleurs. Une page s’est tournée.

    Le pouvoir commet une faute en jouant l’indifférence. (La suite ici)

    http://blog.lefigaro.fr/rioufol/

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